Topic de Duguesclin29 :

Journal d'un French Dreamer

Le 02 avril 2020 à 13:54:09 Groscrevard a écrit :
T'es mort l'OP ?

Du tout.

Seizième jour.

Les jours se suivent et se ressemblent.

Hier on a fait un pique nique dans le jardin, sous le grand cerisier en fleur. C'était assez agréable, même si le vent continue à souffler dru.

Ma femme est assez contente d'être confinée au final. Elle retrouve ses réflexes de quand on était jeunes et fringuant. Sa libido revient aussi. C'est assez agréable.

De mon coté, je continue à bosser depuis mon bureau, j'ai pu rattraper mon retard et même me faire de grosses sessions de lectures. J'ai déjà fini Peguy, mais aussi un peu de De Villiers.

Buisson aussi, avec son livre sur l'occupation. Très bon livre, il a en plus une superbe plume.

Plus j'en apprends et plus je me dis qu'on est gouverné par de foutus incapables. Cette interview de Cohen avec le Pr éminent Raoult me terrifie.

Un petit journaliste sans diplome qui se permet d'humilier un des plus grands chercheurs français, je ne comprendrais jamais ce pays.

J'espère qu'à la fin de cette crise, les gens qui ont permis ce gigantesque bordel paieront. L'avocat Castelnaud fait des démarches en ce sens. J'espère qu'elles aboutiront.

De mon côté, rien de folichon. J'ai enfin pu jouer à Doom Eternal : Bon jeu, très addictif. On dirait du DOOM 2016 mais avec encore plus de trucs. Parfois un peu trop, je trouve.

Les profs continuent à envoyer des devoirs et des trucs à faire. Je surveille le grand pendant que ma femme fait les ateliers avec les filles. Je me demande si tous les parents surveillent bien. Ca m'étonnerait vu les numéros que je croise à l'école du coin.

Prenez bien soin de vous en tout cas. Le temps est mauvais, c'est pas le moment d'attraper une merde.

Même si vu les chiffres, on est plutot tranquille dans l'ouest, particulièrement en Bretagne.

Un Khey m'a demandé ce que c'était qu'être breton : j'y ai un peu réfléchi, et j'ai pas de conclusion.

Je suis breton comme je respire, je ne suis chez moi que sur le sol de ma terre

La Bretagne c'est d'abord une terre, dure, ingrate parfois, pleine de landes mystérieuses, de monts, de bois denses, de petits chemins serpentant parmi les arbres, des binoj comme on disait chez moi.

La Bretagne, c'est aussi une mer, sauvage, dure, qui donne beaucoup mais prend toujours : le glas n'est jamais loin chez les bretons. Les marins partent, mais ne reviennent pas toujours. les ex voto en sont les témoignages

La Bretagne c'est une langue, difficile, anarchique parfois, mais qui arrive si bien à exprimer les sentiments, la colère, la force, mais l'amour surtout.

La Bretagne, c'est un caractère forgé par les humiliations : un caractère fort, impétueux caché derrière une façade de silence. A la fois passionné et pudique, révolté mais mutique. La Bretagne c'est ça.

C'est aussi et surtout une terre marquée par la foi : chaque chemin a sa croix, sa statue, son calvaire. Chaque église a sa dévotion à un saint local, Sainte Anne en tête.

Amalgame de celtisme et de christianisme, la foi en Bretagne, c'est d'abord du concret : des sources sacrés, des pardons, mélange de fête profane et religieuses, des pèlerinages, des troménies : une foi concrète et inscrite dans le pays, loin des élévation des mystiques. Une foi à hauteur d'homme

Bien sûr, je n'ignore pas les limites de ma race : une capacité à s'illusionner, à se faire avoir par tous les petits malins, un individualisme qui a poussé certains à la trahison, notamment de leurs idéaux.

Mais c'est la mienne, c'est mon pays et j'en suis fier.

Breizh eo ma bro.

Dix septième jour de confinement.

Ce matin, plutôt que de glander au plumard jusqu'au réveil des gosses, je me suis levé aux aurores pour me taper un petit jogging.

J'ai évidemment regretté ma décision quand je suis sorti, rapport au froid de gueux qu'il faisait. Mais bon, après 10 minutes à suer, c'est passé.

j'ai pu profiter de ma course pour écouter les petits oiseaux, beaucoup plus actifs à cette période de la journée. Ca et le soleil qui se levait, jetant des reflets d'ocre sur le ciel, m'ont beaucoup fait apprécier ma balade.

Ensuite, je suis rentré, à moitié gelé par le froid et me suis jeté sous ma douche.

Ensuite un petit café devant les actus natios.

Ca sera une bonne journée

Cet après midi j'ai eu des nouvelles d'un de mes anciens potes, appelons le A.

Ce brave A., programmateur génial de son état, s'était lancé dans une aventure dans la silicone Valley. Il s'y voyait déjà, embauché dans une grosse boite, prêt à tout pour réussir.

Il a fini par déménager avec toute sa smala, tout en se permettant deux trois petites crottes de nez sur le dos de son pays qui lui avait refusé sa chance (mais payé ses études, ce qui n'était pas grand chose apparemment...)

Il y est allé, et après deux trois allez retours et rebondissement, tout s'est bien passé.

Sur ses réseaux, il expliquait par le menu à quel point sa nouvelle vie était géniale, l'ouverture d'esprit des amerloques, le cadre de vie fantastique, j'en passe.

Son seul point noir : le cout de la vie, évidemment.

Pour rien au monde il n'aurait voulu rentrer en France.

Sauf que pas de bol : il a fait une demande de carte verte qui a été refusée.

Du coup, retour express en France avec sa femme et ses mômes, retour case départ, la boite qui voulait l'employer l'a laissé tomber comme une merde, logique, des gars comme lui, y'en a des caisses.

Obligé de faire revenir sa femme enceinte par le premier avion parce qu'il n'avait plus de quoi payer le loyer, vivant en flux tendu (En meme temps sa femme parlait à peine anglais, alors bosser là bas....)

Le revoila au pays, installé dans la campagne. Il a fait deux autres gosses et ne parle plus avec nostalgie de son séjour chez les ricains.

Les Expats, cette drôle de race de français...

J'en ai jamais rencontré des biens, la plupart ont de gros soucis.

Le pire que j'ai pu observer, c'était en asie du sud est : un couple de petit progressistes dont la femme s'était permise de faire la leçon aux locaux sur les droits des homosexuels, comme quoi il devrait y avoir une gai pryde la bas.

Ca se permet tout à l'étranger, tout en vivant en vase clos entre français expats, faudrait pas croiser les locaux.

Pour le moment je vais aller profiter du soleil avec ma maisonnée, il fait bon, l'air est frais.

Je vais pas m'échauffer la bile sur ce genre de sujets, ça n'en vaut vraiment pas la peine.

Le pire, c'est cet espèce de sous relent de racisme comme au bon temps de la coloniale, particulièrement chez les vieux installés au maghreb :

"les locaux sont ADORABLES, un PEUPLE CHARMANT", à prononcer avec un soupçon de mépris dans la voix, façon Marie Charlotte, Blogueuse beauté.

Je vous jure qu'ils me colleraient des coliques, eux et leur racisme infect.

Le grand classique, c'est encore le couple qui part à l'étranger et l'un ou l'autre succombe au charme des locaux, laissant tomber l'autre comme une merde qui finit par rentrer piteusement au pays.

Je l'ai observé chez les deux sexes, mais c'est souvent celui qui a décidé de déménager qui se barre avec une locale.

Faut dire de passer de la parisienne à la thaïlandaise, ça doit faire un choc quand on est pas préparé...

J'ai jamais tellement été tenté de faire ma vie avec une étrangère,

J'ai eu des relations, mais rien de plus sérieux. De toute manière, j'étais là que pour une durée limité, d'une semaine à quelques mois, pas de quoi créer une relation solide.

Et puis il y'a toujours cette incompréhension, cette dimension indépassable vis à vis de l'autre que tu ne pourra jamais franchir, jamais comprendre totalement.

Et puis je ne voulais pas que mes gosses soient déchirés entre deux cultures, deux origines, deux marqueurs. C'est un choix personnel, chacun fait comme il le souhaite, mais je le voulais pas.

Après, si je dois donner mes préférences, j'adore les latines et les asiatiques. Moins les maghrébines, et puis c'est beaucoup plus compliqué d'un point de vie sociétal de fréquenter au bled, surtout avec un blancos comme moi.

Dimanche, le jour du french dream.

Après m'être fait mon petit dej, c'est l'heure de préparer le repas dominical : C'est barbecue, j'ai acheté du poulet et plein de saucisses hénaff.

Je vais rentabiliser le barbecue en brique que je me suis fendu le derche à fabriquer y'a deux ans.

Je ressors la grille, le charbon, les allume feu et en avant.

Ma femme prépare la table, on va manger dehors.

Et moi, en attendant que la braise prenne, me voila assis sous mon cerisier en fleur, sur un transat en plastique vert délavé par les éléments, à observer ma progéniture qui joue à chat.

Le Frenchdreamer sur son trône.

Long vie au roi.

Une fois la braise bien chaude, c'est l'heure d'y mettre les saucisses, le poulet et aussi les patates, bien enveloppées dans leur robe d'alluminium.

Mon fils me regarde faire, il sait que c'est trop dangereux pour lui

"Plus tard, quand tu seras un homme".

Les filles jouent à la dinette dans leur cabane perchoir, en jetant des coups d'oeil aux oiseaux qui picorent les boules de graisse.

Une fois attablés sur la table du jardin, décorée d'une simple nappe, tout le monde mange au rythme des plats qui arrivent : une vraie vie de famille en somme, dans ce qu'elle a de pathétique et de merveilleux.

Si je devais définir le French Dream, ce serait cette scène précise.

Une fois le repas terminé, une fois le fromage et les glaces englouties, une fois les enfants couchés, je repense au chemin parcouru tout en débarrassant.

Une drôle de scène dans une drôle de situation dans une drôle de vie.

Parfois je l'aime, parfois je la regrette, j'ai pas de certitudes.

En ce dix neuvième jour de confinement, je suis les actus.

J'ai pas grand chose d'autre à faire. J'écoute les actus souverainistes. J'aime bien Rougeyron, il me semble le plus honnête de la bande. Philippot aussi, ainsi que l'UPR.

Quand je pense que je trouvais la ligne Philippot stupide alors qu'aujourd'hui le RN est est canard sans tête. La PME Le Pen doit tomber au plus vite, ils ont fait bien trop de mal au pays.

L'image de cet homme de 44 ans qui s'est jeté devant son fils pour le protéger de la lame du terroriste me hante.

Si y'a bien un truc que je peux comprendre, c'est bien cette action. Je sacrifierais sans aucune hésitation ma vie pour mes mômes.

C'est même mon devoir en tant que père.

Je préfère mourir et voir mon enfant vivre plutôt que de survivre au prix de mon gosse.

Enterrer un enfant, c'est perdre un morceau de soit qui reviendra jamais. On enterre une partie de ton âme avec toi.

Que même durant une étape aussi cruciale qu'une quarantaine, un réfugié islamisé finisse quand même pas poignarder des mecs, c'est un signe que ce pays est malade.

Je crains toujours un attentat en Bretagne, au coeur d'une cérémonie, du grand pardon du 26 juillet, de la Troménie, que sais je...

J'ai peur pour mes mômes.

J'ai parfois eu des gros coups de mou. Des épisodes dépressifs, suicidaires et j'en passe.

J'ai fait du sale avec des femmes, j'ai succombé à mes pires démons : l'alcool, la fête, la baise, la bouffe.

Mais depuis que je suis père, je me suis fait un devoir de me hisser à la hauteur du rôle.

Mon père n'en était pas un, trop occupé au bureau pour s'entretenir de sa progéniture.

Il en est mort et je ne l'ai jamais pleuré. Pas même durant la cérémonie d'enterrement, quand ses employés se sont succédés pour nous présenter leurs condoléances : Beaucoup ont cru à de la retenue. C'était juste de l'indifférence.

On ne pleure pas un inconnu après tout.

C'est pour ça que je me suis promis d'être meilleur que lui, plus fort que lui. De construire une vraie famille fonctionnelle, qui dure, loin de toutes ces bêtises de familles décomposées à la mode dans les médias.

Plutôt crever.

Une cellule famillial c'est un cocon qui sert à éduquer et faire avancer un enfant pour ensuite le laisser faire ses propres choix une fois adulte, pas un truc qu'on peut faire exploser ou fracasser juste parce qu'on aime plus l'autre.

J'ai jamais été un grand amoureux, sauf une fois, quand j'étais jeune ado. Depuis, j'analyse tout ça avec un pragmatisme parfait.

Froid ? Peut être, mais je sais être rationnel et agir pour le bien des miens.

Peut être que ce n'est qu'une façade, peut être qu'un jour je rencontrerais une femme qui me foudroiera et transformera ma vie en une tornade.

Mais ça m'étonnerait.

En attendant, j'essaie d'être le meilleur des pères possibles.

Ce topic qui donne presque envie de se tirer une balle. :rire:
Le french dream dans toute sa splendeur :rire:

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Duguesclin29
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18 mars 2020 à 12:08:20
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