Journal d'un French Dreamer
J'ai pu de paté hénaff.
j'adore ce paté, je pourrais en bouffer des kilos sur des tartines.
J'ai visité le musée et la boutique souvenir, j'ai encore les photos de mon fils devant une affiche avec un gros cochon rose, tout souriant.
Un vieux produit, avec des patrons patriotes qui prenaient soin de leurs employés.
Le paté hénaff, le paté du mataf !
Pendant que j'étais parti m'oxygéner, ma femme a créé un cheval a notre fils, avec un balais, une chaussette et de la laine.
Il est ravi le petit, d'avoir sa propre monture.
Il adore les chevaliers, et avec le bouclier et l'épée que je lui ai découpé et peint, il a toute la panoplie.
Pour les armes, j'ai pris le dragon galois sur fond du Kroaz Du. Aucune idée de ce que ça donne en langage hiéraldique, mais bon.
Il a son casque en plastique, son épée et son bouclier en bois, il est prêt pour le carnaval....
Qui n'aura pas lieu avec le coronavirus, autant vous dire qu'il est désespéré.
C'est comme Paques, aucun intérêt de chercher les oeufs sans les petits cousins dans le jardin de papy.
Et je vais pas faire une épaule d'agneau confite juste pour ma maisonnée, ce serait débile.
Non, ce virus tombe au pire moment.
En parlant de chevalier, vous connaissez Du Guesclin?
Voilà un petit noble breton détesté par ses grands parents, moche comme un cul et pas forcément très fin, qui devient, à force de rouerie et de violence, connétable de France et mariée à la plus belle femme du royaume.
Ca c'est un destin dont rêverait tous les célestins non ?
A la seule différence qu'il était taillé comme une armoire et a tué un de ses camarades à l'entrainement.
Sa devise : "le courage donne ce que la beauté refuse". La classe.
Bon les indépendantistes l'aiment pas parce qu'il a bossé pour la France, m'enfin bon, il a d'abord bossé pour son suzerain, Penthièvre, avant de penser à la France.
j'aime ta prose khey, avec un côté John Kennedy Toole dans la conjuration des imbéciles.
Mais depuis quelques post on ressent un auteur qui se repose sur ses acquis, sur de lui même et dominateur.
Le prétexte de la censure laisse beaucoup plus qu'un sourire amer au lecteur désabusé.
Reprend toi
Super sympa comme style.
moi ca me fait pensé à du Bukowski, des phrases courtes, rèches, parfois très banales, et parfois percutante.
Ca se lit bien
Le 29 mars 2020 à 20:57:05 lesangduchrist a écrit :
j'aime ta prose khey, avec un côté John Kennedy Toole dans la conjuration des imbéciles.Mais depuis quelques post on ressent un auteur qui se repose sur ses acquis, sur de lui même et dominateur.
Le prétexte de la censure laisse beaucoup plus qu'un sourire amer au lecteur désabusé.
Reprend toi
Je sais bien, mais dis toi que je peux pas y aller franco de porc au risque d'attirer GladOs.
Je peux donc pas aborder certains sujets sensibles comme je veux.
Et puis je suis pas tout le temps énervé ou amer, je suis parfois juste content de moi.
Ca reviendra je pense.
Treizième jour de confinement.
Ce matin en me rendant à lidl mon autre cousin, maurice, surnommé momo.
Lui c'est pas Pierrick, c'est l'inverse. Enfant d'une famille disfonctionnelle dont le père est allé chercher femme au maghreb, ce qui était déjà mal vu par les vieux.
je les cite : "Il est parti chercher à l'étranger parce que personne voulait de lui au pays".
Il a ramené sa femme, l'a épousée à la mairie et s'est mal occupé de ses mômes.
Le résultat c'est Maurice, un gamin livré à lui-même, desco, qui très tôt s'est enfoncé dans les conneries avec les mômes de la cité d'à coté.
Toujours dans les emmerdes, les embrouilles, il a fini par faire de la tôle parce qu'il a défoncé la gueule d'un clodo avec ses potes "pour rigoler monsieur le juge"
Aujourd'hui, il bosse sur des chantiers et est devenu l'incarnation d'une jeunesse perdue, en manque de repère et qui s'est rattrapé à ce qu'il a pu :
Pour lui, c'est la sous culture du rap, de la street et toutes ces conneries. Toujours sous fumette, il a adopté tous les attributs de ses modèles : agressivité, irresponsabilité et j'en passe.
Il s'est marié à une jeune maghrébine, s'est converti et porte désormais la barbe longue. Il jure en semi arabe et suit toutes les conneries genre bassem ou je sais pas quel autre cassos.
Il était là, ce matin, accompagné de sa smala : Ses trois gosses autour du cadi comme une nuée de mouche, tournant, virant, piquant des sprints dans les rayons en évitant les caissières.
Sa femme, portant le foulard, vérifiant la liste de course et remplissant le chariot.
Et lui en fin de peloton, le visage penché sur son Iphone, ne levant les yeux que pour hurler sur sa marmaille quand elle fait trop de boucan.
Son ainée passe devant moi et me salue, en me souriant de toutes ses dents. Elle est gentille cette môme, elle traine par la manche son petit frère pour le ramener à sa mère.
On se parle plus avec Momo depuis au moins 10 ans, depuis la mort de l'arrière grand mère. Je l'invite pas chez moi, lui non plus.
Pierrick, Maurice et moi.
Une même génération, trois destins.
Les deux premiers ont choisi d'embrasser la modernité jusqu'au nihilisme, en essayant de se reconstruire une identité à eux.
Parce que le passé était trop rigide, trop classique pour eux.
Moi j'ai choisi d'embrasser mon héritage, de couler mes pas dans ceux de mes pères, de continuer à cheminer sur un chemin déjà foulé par eux.
Qui a eu raison ? Qui a eu tort ?
Aucune idée.
On est la génération perdue, celle des postmodernes, des boomers qui ont choisi de couper le fil de la transmission pour nous libérer de la tutelle des "vieux cons".
Sauf que cette tutelle n'était pas une cage, c'était un modèle, un tuteur auquel se raccrocher.
Sans cela, chacun est parti de son coté chercher des réponses.
Et ça nous donne tous les trois : Maurice, Pierrick et moi.
Quand j'y pense, j'ai choisi la voie de la facilité :
Me raccrocher à mon héritage, ma langue, ma foi, mon pays. Je n'ai pas creusé mon propre sillon, je n'ai pas expérimenté.
Je me suis marié, j'ai fait des gosses, j'ai acheté une maison.
C'est un peu pathétique et sans panache quand on y pense, loin de mes modèles quand j'étais gosse ou de mes rêves d'ado.
Peut être que je le regretterais dans 10 ans quand ma femme aura achevé de me broyer les noix, que je pèterais un cable et que je partirais en asie du sud est en tant qu'expat.
Ou bien que je retournerais en Hongrie, qui sait.
Mais en attendant je suis bien, dans mon rôle de frenchdreamer.
Autosuggestion ? Peut être.
Quand je me connecte sur la messagerie pro en revenant des commissions, je constate que Jacques en fait toujours des caisses.
Ce type est l'incarnation du brave employé corvéable à merci, passionné par son boulot, même si c'est un bullshit job.
Ce brave salarié continue à bosser comme s'il ne se passait rien, il multiplie les rapports, les dossiers, tout ce qu'il peut faire, il fait.
Quand il est arrivé il y a 6 mois, je me demandais si c'était un rôle, pour se faire bien voir du patron ou choper une augmentation, j'en sais rien.
Hé bah pour avoir bavardé avec lui, figurez vous que non, c'est pas une façade.
Ce type vit boulot, pense boulot, mange boulot, dort boulot.
Même en face d'une bière fraiche dans un bar, le mec ne parle que boulot.
Il ne coupe jamais, même pas pendant un confinement.
Il m'a invité chez lui, un intérieur propret, avec des meubles à la mode, bien agencés, mais sans aucune âme.
On aurait dit une de ces chambres d'exposition chez Ikéa, mais avec plus de budget.
Je comprendrais jamais cette logique : j'aime mon taf, mais quand j'ai finis mon boulot, je coupe et je fais autre chose. Sans ça, je finirais cinglé.
Ou alors j'ai pas la passion, qui sait.
Me demande si sur son lit de mort, il repensera au dossier Chamard à plusieurs dizaines de K qu'il a empaqueté d'une main de maitre.
Ta plus l'impression de construire quelque chose avec ce "french dream" ou au contraire de le subir ?
Données du topic
- Auteur
- Duguesclin29
- Date de création
- 18 mars 2020 à 12:08:20
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