Journal d'un French Dreamer
Salut les kheys, j'ajoute ma petite pierre à l'édifice.
Je rédigerais des petits billets d'humeurs sur ce que je vois, rien de bien folichon, juste des idées, des pensées.
Post avant "balécouy ta vie".
Second jour, ma femme est confinée, pas moyen de faire du télétravail.
Elle joue et s'occupe des devoirs des petits dans le salon pendant que je bosse dans mon bureau.
Il fait beau, le temps est doux, mes cons de chats jouent sur la terrasse.
Ce matin en allant chercher le reste des médocs de ma femme, j'ai croisé que des vieux. A se demander s'ils tiennent vraiment à survivre.
Je me suis acheté Doom en précommande, mais à mon avis je pourrais pas y jouer avant un bon moment.
La télé va être squattée par les mômes. Je vais essayer de leur trouver de bons films pas trop pourris.
Cet après midi, j'irais faire le tour du parc pas très loin. J'ai aussi du bricolage et du jardinage, c'est bientôt la saison des semis.
L'image de cette grosse boomer à la télé m'obsède
"Vous avez acheté quoi de plus que d'habitude"?
"Chais pas, j'ai pris tout ce que j'ai pu".
Bordel mais à quel moment notre société a vrillé pour générer de tels crétins congénitaux et inconséquents.
Tous les rayons sont encore plein dans le supermarché du coin.
On est loin des pénuries annoncées et tout le monde respecte les distances de sécurité.
Je sais pas si la situation est moins grave qu'on l'a dit ou que la Bretagne est moins touchée.
Mystère.
J'ai été jouer avec les jumelles dans le jardin. Les premières fleurs éclosent sur les branches du cerisier.
C'était mignon.
Après mon cher fils a joué avec son sable magique et en a foutu partout sur la terrasse. Du coup pendant que maman nettoyait, on est allé faire une chasse au trésor dans le grenier.
J'ai retrouvé de vieux bouquins dont un B. Lugan dédicacé. Comme quoi.
Ce soir je vais préparer une petite tourte aux champignons et à la dinde avec une petite salade. Ma femme fera la vinaigrette, c'est le seul truc qu'elle arrive à ne pas foirer.
Je me connecte à la messagerie pro, 35 nouveaux messages, dont une bonne partie de suceurs qui expliquent à quel point ils n'oublient pas les consignes de l'entreprise et toutes ces conneries.
Festival d'hypocrite, concours de celui qui lèchera le plus.
Pas de ça chez moi, je vais pas bouder mon plaisir de rester chez moi avec mes enfants au lieu d'être coincé dans mon bureau.
En plus le temps est magnifique, idéal pour une petite balade mais ma grosse femme veut pas bouger "tu comprend avec la maladie..."
Te cherche pas d'excuse, t'as la flemme, mais à ce moment là, assume. Tout le monde sait que t'as pas dépassé le quintal en faisant des pompes.
Demain matin j'irais courir quelques kilomètres à l'aube dans les bois. Ca doit faire 6 mois que j'ai pas pu me faire une vraie séance de sport complète.
Bobonne se démerdera avec les mômes la matinée.
Second jour de confinement.
Bilan de ma matinée : je suis foutrement rouillé. Se taper 1h30 pour 7 pauvres kilomètres, c'est minable et je pèse mes mots.
Enfin, ça m'aura au moins bien décrassé, une bonne douche et ensuite boulot jusqu'à midi. Encore et toujours les mêmes bêtises et faux culs qui préparent leurs dossiers alors que les clients sont tous chez eux en confinement....
J'ai fait de l'administratif au son de grosses marches militaires asiats, françaises et russes. Ca rythme bien le boulot.
En écoutant la dernière chanson de Denez Prigent, j'ai appris qu'une de ses chansons avait été reprise dans south park et la chute du faucon noir. On en apprend tous les jours.
Ma tourte à la dinde est excellente, et encore meilleure froide avec une petite salade de mâche. Le froid l'a considérablement améliorée, elle est désormais consistante et se tient bien.
Les jumelles font les activités prévues par leur instit, c'est marrant à voir. Le plus grand essaie vaguement de faire ce que ses profs lui ont demandé, mais c'est juste pour la forme.
La maison est calme, tout le monde dort. Ma grosse se tape encore son replay de "demain nous appartient" alors que DOOM vient de sortir et je peux pas y toucher....
Ce matin, en me levant, j'ai vu une mésange sur la fenêtre emporter une partie de la boule de poil de chat laissée là tout exprès.
C'était assez touchant, à sa manière.
Je viens de passer un quart au plumard avec mon chat à coté de moi.
Y'a pas à dire, un chat ça relaxe vachement. Elle me regarde du plumard pendant que je marne.
En attendant, pas moyen d'aller à l'Eglise, ça me lourde. Bon je peux toujours le faire depuis chez moi, mais quand même, spa pareil.
Je vais donc suivre le tien.
Après midi tranquille.
Ma femme est toujours en pyjama à 15h30, bordel cette honte. On dirait une cassos à rester sur son cul à regarder des séries niaises.
J'ai joué avec les mômes tout l'après midi dans le jardin, on a joué à chat, aux chevaliers, aux pirates, au ballon. Je suis claqué, mais les voir sourire et les entendre rire en vaut la peine.
Ma femme a suggéré qu'on fasse l'amour. J'ai accepté. Rien de bien folichon, j'ai bien mis 20 minutes de va et viens pour finir par juter. En même temps il m'a fallu de l'imagination pour essayer de faire monter la sauce. Trois grossesses et un déficit d'hormones, ça laisse des marques, sachant que niveau initiative, j'ai rien à en attendre.
J'ai fini par tout balancer à l'intérieur après avoir pensé à une autre femme. Je pense pas qu'elle s'en soit rendue compte.
Le soir, après avoir bossé un peu, j'ai fini par descendre. Elle avait préparé un risotto au fenouil. C'était bon, même si elle a tendance a exagérer sur le sel.
J'ai couché les enfants, leur ai lu une histoire, fait un gros bisou et je me suis pieuté.
Cette journée a été claquante
Quatrième jour du confinement
Ce matin, les mômes nous ont réveillés à grands coup de chatouilles puis se sont lovés sous les draps. Heureusement que le plumard familial est de bonne taille, sans ça on aurait été serrés comme des sardines.
Je suis descendu le premier, me suis préparé un café, douché et habillé. Je comptais me rendre à la boulangerie pour acheter du pain frais à l'ouverture.
J'ai imprimé et remplis mon attestation. Ma femme me suggère de pas la dater ni la signer, "histoire de s'en resservir plusieurs fois"
T'as raison la grosse, je vais risquer 135 balles de prunes pour économiser 10 cts d'imprimante. Sans déconner elle m'étonnera toujours.
Une fois arrivée dans le bourg, je me suis félicité de pas l'avoir écouté : un schmidt, planté sur le trottoir, qui contrôle les attestations. Tout en lui tendant le papier, je repensais à l'idée de merde de ma femme, comme quoi....
A la boulangerie ils ont installés un genre de plaque en plexiglas en face du comptoir : c'est bricolé à la va vite et ca rend le paiement difficile, mais ça rassure les employés "On a plus de masques".
Intérieurement, je repense à cette vidéo qui tourne sur les réseaux, de ces sympatriques CPF dos à un stock de masque d'origine douteuse et qui les vendent à la sauvette 1e l'unité aux passants....
Mais rien ne pouvait me préparer à ce que j'ai aperçu ensuite. Ma femme voulait que j'aille faire quelques courses supplémentaires, acheter deux trois conneries manquantes, rien d'indispensable, mais bon.
Arrivé au supermarché, un spectacle apocalyptique : une cinquantaine de cadis à la file indienne, attendant l'ouverture comme des moutons à l'abattoir. Devant les portes, un vigile et un bleu font rentrer un par un les cadis à l'intérieur. On se serait cru au Vénézuela.
Ce qui me frappe surtout, c'est la moyenne d'âge des gens dans la file : Pratiquement que des boomers et des vieux, réunis devant le temple de la consommation par la peur de manquer.
Alors que ces gens avaient largement le temps de faire leurs courses avant, de se préparer ou même de se restreindre, les voilà agglutinés comme des mouches à attendre de pouvoir se rassurer en achetant 5 paquets de pates et des tranches de jambon... Un haut le coeur me secoue la poitrine.
J'abandonne l'idée d'y aller, j'envoie un message à ma femme et je rentre. Madame se passera de lait d'amande et de confiture de fraise.
Rien de notable cet après midi, j'ai croisé mes voisins de loin, on a vite fait discuté : ils galèrent avec leurs enfants, faut dire que vu les bestiaux, ça m'étonne pas.
De vraies petites terreurs accros aux tablettes et "hyperactifs" comme dirait leurs parents.
Je dirais plutôt "hypercasse coui.le", ces mômes sont des calamités ambulantes. La dernière fois que je les aient vu, ils essayaient de choper mon chat pour s'en servir de souffre douleur. J'ai collé une micro tarte à l'ainé en remettant la faute sur le chat. Ca leur avait fait les pieds.
Je les entend hurler à intervalle régulier derrière la haie en face. Je plains leurs parents.
Les miens sont adorables, même si l'ainé multiplie les conneries en ce moment.
J'ai chopé des courbatures, cette honte. 7km de course et j'ai les cuisses endolories, tu vieillis papy.
Ce soir, au menu, c'est courge à l'ail et au parmesan. Rien de très compliqué, mais ça fait toujours son effet. Avec une petite poelée de dinde façon teriyaki, ça passera tout seul.
J'ai reçu un sms de ma maitresse, elle est rentrée chez ses parents pour éviter le confinement tout seul et en peu déjà plus. En même temps, logique, déjà que y'a pas grand chose à foutre à ploufragan en temps normal, maintenant que c'est confiné....
Elle n'a qu'a réviser pour ses partiels, plutôt que de glander.
Mais bon, pour une yes life, c'est compliqué à gérer, la solitude, rester face à soi toute la journée.
Sinon je me suis aperçu qu'il y'avait les rois maudits sur la chaine youtube de l'INA, la version de 57, à l'époque ou la télé française ne s'était pas hanounisée. J'adore Jean Piat, cet acteur était vraiment un génie.
Allez, au plum.
Cinquième jour de confinement.
Ce matin, c'est moi qui descend pour m'occuper des mômes : petit déjeuner devant pierre lapin : je peux reconnaitre chaque dessin animé par son générique : je suis devenu un papa...
Ce matin, tartine de pain grillé au chocolat pour tout le monde. Les jumelles mangent en s'en mettant partout, leur grand frère les reprend alors qu'il laisse tomber du chocolat en poudre sur le canapé... C'est mignon les gosses. Parfois chiants, parfois chronophages, mais c'est mignon.
Ma femme m'explique qu'elle a peur de mourir, vu son état et son traitement : je lui explique qu'on ne risque rien vu qu'elle ne sort jamais et que je suis d'une prudence extrême quand je sors. Mais bon. Je lui fait un calin pour la rassurer. Elle a besoin d'être rassurée tout le temps.
Au début c'est mignon, je dis pas, mais à la longue, c'est lourd : t'es mère de famille maintenant, hisse toi à la hauteur de la tache, t'as charge d'âme, pas le moment de flancher.
Elle voudrait que je lui fasse des déclarations d'affection éternelle et n'arrête pas de me tendre des perches : "tu pleurerais ma mort ?"
Je répond sur le ton de l'ironie, je blague. Je suis pas un démonstratif, en Bretagne, on a la passion intense mais pudique. Bien sur que je pleurerais ta mort ma grosse, t'es ma femme. Mais compte pas sur moi pour te l'avouer.
Ce matin, je tombe sur un live de l'Abbé laguerie. Une bonne surprise, ca va rythmer mon boulot.
Rien de bien fôlichon en cet après midi.
Suite à une énième bêtise de ma femme qui a pété un vieux miroir trouvé dans un vieux grenier, me voilà à battre la campagne à la recherche d'un grand If dont je pourrais prélever un rameau afin de préparer un rituel de purification.
Pas compliqué de comprendre qu'un miroir reflète ce qu'il voit et l'emmagasine au moins en partie. A la mort d'un membre de la maisonnée, on voilait tous les miroirs, de peur que l'âme du défunt y soit leurrée.
On s'amuse pas à ramener n'importe quelle saloperie au prétexte qu'on en avait pas à la maison....
Mais bon, pour ma femme, aucun soucis. En même temps elle n'a pas le lien, pas grand chose à en attendre. Tous mes oncles étaient des passeurs de feu, des rebouteux, sentaient les choses. Dans sa famille, rien de tel.
Du coup me voilà à chercher une église ouverte pour prélever un peu d'eau bénite et un bel If massif dont je pourrais utiliser la branche.
Pas facile à trouver l'If, ils ont tous été abattus à cause de leur toxicité. Pourtant c'est un arbre sacré chez les celtes, et c'est pas pour rien. Mais du coup, trouver un arbre ancien relève de la gageure.
J'ai fini par en trouver un après bien 30 minutes de balade, reste plus qu'à accomplir les rites et gestes dans le bon ordre, histoire de faire partir l'anaon et d'être tranquille.
Données du topic
- Auteur
- Duguesclin29
- Date de création
- 18 mars 2020 à 12:08:20
- Nb. messages archivés
- 300
- Nb. messages JVC
- 300