Topic de Colonel_Bidon :

[PAVE ARGUMENTATIF] Pour en finir une bonne fois pour toute avec le débat d'avortement

Globalement d'accord. J'ai quelques réserves sur le point 15. :

15. « Si on pénalise l’avortement, on reviendra aux effet néfastes des avortements illégaux, mettant en danger la vie de la mère »

Premier point : La raison pour laquelle l'avortement illégal ne rime plus avec insécurité est en effet due à des avancées médicales et techniques. Mais il faut bien comprendre que ces avancées médicales et techniques sont dues à une recherche qui s'est elle-même émancipée du fait du droit à l'avortement. Cette recherche, cette innovation qui s'est développée dans le cadre d'une dépénalisation et d'une dédiabolisation de l'avortement, est issue du monde de l'avortement légalisé, puis s'est étendu par débordement au monde de l'avortement illégal.

Le retour d'une interdiction de l'avortement pourrait fortement réduire la transmission des savoirs et matériels nécessaires pour réaliser des IVG illégaux plus sécurisés, les rendant de nouveaux de plus en plus dangereux avec le temps. De même, rendre illégal l'avortement permet inévitablement à davantage de praticiens incompétents et charlatans de proposer ces services. Faire en sorte qu'une société ne puisse plus, de façon fiable, sanctionner les praticiens d'un secteur d'activité, c'est empêcher la discrimination des vrais experts des charlatans, par les patients non avisés.

C'est donc extrêmement dangereux pour les parents qui souhaiteraient outrepasser, la Loi.

Second point : Il y a dans cette partie de l'argumentaire une confusion manifeste et carrément lisible entre deux reproches que l'on peut adresser à une législation : le fait qu'elle soit non performative, et le fait qu'elle ait une balance bénéfices-dommages négative.

Dans le premier cas, il est évident que la critique de non-performativité, si tant est qu'elle soit valide, ne justifie absolument pas le rejet de l'esprit de la Loi. Pour être plus clair, ce n'est pas parce qu'une législation ne parvient pas à son objectif qu'elle n'est pas juste et désirable. On ne peut alors que lui reprocher d'être insuffisante, et donc qu'il faut la retravailler de sorte à la rendre effectivement performative. Ou, le cas échéant, il faut démontrer que l'atteinte de son but est impossible et donc qu'elle constitue un gaspillage d'énergie commune en société, ce qui me fait arriver au second cas ↓

Dans le second cas, où la balance bénéfices-dommages est négative, alors là ça peut parfaitement être une raison valable. Si une législation a des effets de bords faisant que son exécution théorique génère plus de maux qu'elle n'assure de bonheur et préserve de souffrances, alors on ne doit SURTOUT PAS la mettre en pratique. Cela tient pourtant d'une évidence : en désirant créer des législations par pur principe moral en faisant abstraction de tout pragmatisme, on marche sur les chemins de l'Enfer, ceux pavés de bonnes intentions. Le processus de création législatif DOIT prendre en compte la complexité du réel, qui montre qu'une société peut ne pas être prête et bien structurée pour convenablement profiter d'une Loi si celle-ci venait à être arbitrairement et immédiatement mise en exécution. Auquel cas il faut alors en premier lieu créer des Lois et institutions de préparation créant un terrain propice en société, ce terrain propice qui permettra d'introduire la législation initialement recherchée de telle sorte qu'elle produira davantage d'effets bénéfiques qu'elle ne génèrerait de souffrances, si elle avait été introduite sans préparer correctement la société avant.

Voici deux exemples :

A - On aurait pu considérer les confinements contre la COVID-19 comme des mesures acceptables si leurs effets de bords néfastes sur les plans sanitaires et économiques ne dépassaient pas les effets bénéfiques qu'ils apportaient dans le cadre de la lutte contre la COVID-19. En d'autres termes, il était assez évident que nos sociétés n'étaient absolument pas conçues pour que ses individus soient cloîtrés pendant des mois. Cette inadéquation a entraîné des dégâts économiques et sanitaires irréversibles, des souffrances, qui dépassent certainement en magnitude les bénéfices apportés dans la lutte contre les pics initiaux de contaminations à la COVID-19 et la protection des systèmes de soins.

B - On pourrait considérer l'interdiction de l'IVG comme pertinente si les sécurités affective, matérielle et intellectuelle des enfants issus de grossesses non désirées étaient mieux assurées. Présentement, le système d'adoption et d'accueil des enfants abandonnés par leurs parents est à la fois vétuste et boudé. Les enfants abandonnés en souffrant énormément et n'ayant aucune garantie de même réussir à retrouver une sécurité affective, cela alimente la culpabilité des parents génétiques. Cette même culpabilité, et cet avenir objectivement moins avantageux et plus douloureux pour les enfants non désirés et abandonnés, alimentent à eux deux l'argument selon lequel la souffrance générée par une interdiction immédiate et non préalablement préparée de l'IVG serait plus dangereuse qu'une perpétuation de sa pratique. Pour couper l'herbe sous le pied de cet argumentaire, il ne faut pas invoquer la morale, qui ici est inopérante car elle se confronte au pragmatisme. Il faut ici invoquer un compromis : l'IVG ne serait pas immédiatement interdite, nous devrions dans un laps de temps créer une grande réforme de l'orphelinat, de l'accouchement sous X et de l'adoption, prendre autant de ressources et de temps que nécessaire, et nous assurer de l'effectivité de ces réformes, dans l'objectif que les vies des enfants abandonnés se rapprochent drastiquement en confort de la vie des enfants éduqués dans leur famille génétique, et que les parents génétiques puissent prendre part à ce processus avec un bon suivi psychologique, et le tout surtout en toute gratuité. Une fois cet objectif atteint et pérenne, alors l'IVG pourrait être interdit*.

De même, concernant toujours l'interdiction de l'IVG, le bien-être des enfants abandonnés n'est pas la seule condition que l'on devrait atteindre. L'on doit aussi s'assurer de la bonne démocratisation des moyens de contraception. Chose prise pour acquise dans les grandes puissances occidentales (alors même que peu sont irréprochables en la matière), mais qui est loin d'être aussi évidente dans le reste du monde.

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.* (sauf cas extrêmes, par ex. viols, qui sont caractérisés par l'absence totale d'acceptation pour la femme du risque de tomber enceinte, car elle ne souhaitait pas avoir de pénétration. Auquel cas la grossesse ayant été produite par abus, sans consentement, et sans consentement d'un risque, elle n'aurait jamais dû être et doit cesser car il est manifeste que la femme n'en porterait AUCUNE responsabilité)

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Colonel_Bidon
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3 mars 2019 à 13:04:31
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