Tuto pour voyager des mois gratuitement

Je tenais aussi à vous remercier pour vos messages

J'essaie d'écrire le mieux possible, au plus près de ce que j'ai vécu et ressenti

Jour 2 :

Réveil très matinal, 7h15 environ. Et quel réveil. J'ai froid, froid, froid.Je suis en caleçon et t-shirt dans mon duvet et je claque des dents. Je jette un œil dehors et tout est humide, mes vêtements, mon vélo...
L'herbe est également trempée et je n'ai d'autre choix que d'enfiler mes chaussures...trempées !
J'enfile donc mes affaires détrempées. Je suis fatigué et frigorifié, mais j'ai pas le choix. Je balise déjà de la journée à venir, mais comme un mauvais moment ne dure jamais longtemps, je fais fis de la chose et je prends mon petit-déjeuner qui se compose de flocons d'avoine, d'un fruit et de bonbons. Je n'ai toujours pas d'appétit et, sur le moment, me soucie plus de la fraicheur ambiante que de mon estomac.

Néanmoins, le soleil pointe très vite ses rayons de soleil (aux alentours de 9h) et je serai très vite sec. De plus, si je roule bien, je dormirai chez mon hôte, ce qui signifie un repas chaud, une douche et un bon lit, tout ce dont j'ai besoin. Cette idée me boost le moral et m'accrocherai à celle-ci tout du long de la journée pour faire de mon mieux et me remonter le moral en cas de coup dur.

Après un petit-déjeuner avalé à la va-vite, je replie ma tente évidemment trempée, met des affaires plus ou moins sèches, accroche mes bagages et me met en selle.
J'avais peur de subir le contre-coup de la première journée et d'avoir les jambes sciées par l'effort de la veille. Etrangement, pas du tout, mes premiers coups de pédales sont assurés. Première bonne nouvelle de la journée.

Les coups de pédales et les kilomètres s'enchainent facilement, cependant, je commence à prendre conscience de l'ampleur de la tâche. Avec l'excitation, l'euphorie et les différents évènements de la journée précédentes j'avais pédalé sans vraiment "réfléchir". En pédalant, je prends conscience de l'aventure qui m'attend.

Je passe de village en village et commence à ressentir le Portugal rural, celui dont on ne parle pas, bien loin de Lisbonne ou Porto. Il fait vraiment bon vivre, les gens sont sympatique, calme, l'ambiance y est amicale. J'ai pas vraiment le temps de faire du tourisme, j'ai des kilomètres à faire, mais je suis certain que ça vaut le coup d'œil.

Pas de chance cependant, j'emprunte très peu de "petites routes" et me voilà sur une nationale, chose assez stressante après mon exploit sur l'autoroute. Je serre bien à droite, tout va bien.

Les portugais sont plutôt cool sur les règles et les lois, je n'ai pas eu de soucis sur la route. Un autre exemple plus tard...

On est dimanche et je profite de trouver un restaurant fermé pour me mettre à l'ombre et boire un coup. Et là, premier clin d'œil du destin ! Un jeune couple en voiture s'approche et me demande ou se trouve Portimao (ville qu'on venait de dépasser). Ils me parlent en anglais et par inadvertance j'ai bredouillé un mélange d'anglais et de français. La femme se rend compte que je suis français et on rigole. Je me sent un peu bête mais également troublé, parce que le pourcentage d'être dans cette situation es très faible. Le type me demande ce que je fous là et je répond que je voyage à vélo. Il ouvre de grands yeux, me félicite et salue mon courage. Ils me saluent et s'en vont. Moi je reste là, parce que ces mots me font chaud au cœur et je suis fier de moi. J'ai de nouveaux des ailes à la place des pieds et reprends mon trajet, gonflé à bloc ! Surtout que j'ai pas mal avancé. J'en suis à peu près à la moitié du parcours et il n'est que 12h40. Je repense à la douche et au repas tant espéré !

J'arrive dans en ville après deux heures de vélo supplémentaires.
La ville est petite, certains bâtiments sont décrépis et ressemblent à des bâtiments de western. Les routes sont défoncées à certains endroits et les trottoirs sont minuscules. Mais du charme, cette ville n'en manque pas. Je suis tenté de prendre un verre dans un petit bar, mais je renonce, encore trop timide.

C'est à partir de là que je vais commencer à piocher physiquement.

J'ai plusieurs centaines de mètres de montées successives et avec la chaleur, les quasi 30 kilos de bagages à tracter je commence à vraiment avoir mal aux jambes, qui me fait m'arrêter donc perdre du temps. Quand je ne suis pas sur mon vélo, je pousse avec mes bras... ce qui reviens et au même.
Surtout que mon hôte habite un véritable bled et je ne vois pas la fin du chemin. Je commence à perdre patience, d'autant que pour rajouter à tout ça mes bagages ne tiennent pas en place et tombent de mon vélo tout les 100 mètres... J'enrage et frappe dedans. Non, c'est pas la bonne solution... Je me calme, fais le vide dans ma tête. C'est les règles du jeu et je dois les accepter.

Encore deux kilomètres, un kilomètre, 500 mètres...

Je suis totalement perdu. Il n'y absolument rien aux alentours si ce n'est un garagiste, des maisons anciennes et des champs.

La situation devient tendue : il me reste moins de 10% de batterie sur mon portable, une bouteille d'eau (qui est trop juste avec cette chaleur. D'autant que la ville est bien trop loin pour un aller-retour.).
Tant pis, je tente un coup de poker, appelle et tant pis pour la crédibilité...
Mais je dois faire vite, ma batterie, tout comme moi fond à vue d'œil.

10%
J'appelle un première fois et explique la chose. Il a du mal à comprendre et je suis un peu sur les nerfs. J'ai peur d'être trop sec, donc je prends sur moi.
Je ne suis pas passé par le plan qu'il m'a donné et ne sais pas ou je suis. Moi non plus d'ailleurs. Il me dit de continuer à chercher, qu'il habite près de chez un garagiste... J'ai bien vu quelques voitures éparpillées sur la route, mais pas d'enseigne et encore moins de garagiste dans coin...

7%
Je décide de me poser à l'ombre et d'attendre. Je ne sais pas quoi mais j'attends.
Un rapide coup d'œil sur mon téléphone, 7%... Il va falloir faire vite ! Intérieurement j'en voulais à mon hôte d'habiter dans un bled pareil. Quelques insultes fusent, je m'en veux bien sur, mais vu la situation ça me calme. Bien sur, ce sont des paroles en l'air, au vu de ce que je vais avoir droit.

Deuxième clin d'œil du destin !
Un portugais arrive à vélo, s'arrête. "Tudo bém ? Are you ok ?" Sur le coup, il ne peut rien faire pour m'aider mais j'apprécie le geste. Je lui rend un sourire et lui répond que tout va bien.

4%
Bon là, plus le choix. Si je ne fais rien, je serai perdu et injoignable, sans eau et sans nourriture.
J'appelle une deuxième fois. J'ai l'impression de l'embêter, de gêner, d'être un boulet mais c'est seulement dans mon esprit et puis, j'ai plus vraiment le choix.
Je répète que je suis dans une impasse et que je n'ai quasi plus de batterie. Bingo ! Il vient me chercher ! Je le remercie chaleureusement et raccroche, le cœur léger. Ce soir je mange chaud et dors dans un vrai lit !

Je ne sais pas trop quoi faire, je décide donc de remonter près du garage, à l'intersection de quatre routes. Et c'est dans le mille ! Je vois arriver mon sauveur.
J'ai de nouveau une pêche d'enfer ! Il s'approche de moi, me tend une main franche que rend avec plaisir, à laquelle j'additionne un sourire franc et joyeux.
Le courant passe tout de suite. J'aime déjà ce type. Il est simple, joyeux, avenant, le cliché parfait de la personne que j'aime rencontrer en voyage. A peine quelques secondes en sa compagnie et tout les soucis de la journée sont envolés.

On arrive donc chez lui, et me rend compte que j'avais 200 mètres de trop.
Et là... Souffle coupé, sur le cul, tout ce que vous voulez, mais j'étais vraiment pas prêt à ce que j'allais voir et c'était bien mieux quand mes rêves...

J'allais passer la nuit ici, en compagnie d'un homme que j'aime déjà et tout ça, gratuitement. Je ne peut pas être plus heureux. Voilà pourquoi je veut voyager, pour ce genre de cadeaux que seul nous, pouvons nous offrir après de durs sacrifices.

Je suis fatigué, couvert de sueur et je viens de faire plus de 50 km en une journée, 2x fois plus que jour avant. Mais je suis heureux comme un gosse, parce que j'ai l'ai mérité, parce que j'ai sué pour avoir le privilège d'être là. Tout mes efforts ont payés. Encore une raison qui me pousse à voyager à vélo, parce que tout se mérite.
Intérieurement je suis euphorique, mais je garde la tête froide et reste poli. J'accepte une grande carafe d'eau que je vais prendre plaisir à vider. Mon hôte à des restes de pâtes et de bœuf haché qu'il m'ordonne presque de manger. C'est trop beau, j'accepte avec grand plaisir. Je me freine et me force à ne pas tout engloutir.

On s'installe sur la terrasse, il a ouvert une bière.

Dans la vie de tous les jours, je n'aime ce genre de situation. Je suis quelqu'un de timide, discret et réservé. Autant dire que discuter autour d'une bière n'est pas quelque chose de naturel. D'autant plus que je suis chez un inconnu, ce qui est une grande première et je ne sais pas quoi faire ni réagir.
Mais là non, je suis bien. Comme chez moi.
Il jette un coup d'œil à mon vélo, me donne quelques conseils et me pose quelques questions sur mon appareil. J'ai la bête impression de faire désormais parti d'une grande famille. Je joue le jeu avec plaisir.
Il me parle aussi un peu de lui, de pourquoi il héberge des cycliste. Il me parle un peu de lui aussi. C'est un Belge, il est installé depuis 30 ans au Portugal et fui la grisaille de son pays Il a pas mal voyagé, il envoie du rêve. Ca me conforte dans mon choix de vie : voyager à tout prix.

A mon tour de prendre une douche.
Je ne puais pas spécialement, mais ce fut quand même un moment d'extase.
Sentir l'eau tiède (avec la chaleur ça fait un bien fou) couler le long de mes muscles endoloris par les 50 kilomètres de vélo est un pur bonheur.
Je reste quelques instants inerte et ferme les yeux. Je fais un rapide flashback des deux derniers jours. Je suis déjà fier de moi, mais je veux aller plus loin !
Je me lave, me sèche et sors de nouvelles affaires bien propre.

Ca tombe bien, il m'invite au restaurant. Je refuse dans un premier poliment, mais il insiste, ça lui fait plaisir. Je lui fait comprendre que des pâtes me suffirait, mais il ne veut rien savoir, je dois reprendre des forces selon lui. J'accepte de bon cœur.
Re-explosion de joie intérieur. Cet homme est vraiment un ange ! Je trouve ça fait trop mais tant pis.

Avant, nous regardons la télévision. Il ne regarde que les chaines francophones, mais jamais les portugaises. Nous sommes devant France 2 et un sujet politique est lancé. J'en profite pour lui demander son avis. Les avis d'étrangers m'intéresse.
Pour lui, il n'y a pas de bon candidat, seulement de bonnes idées d'un peu tout le monde. Je partage son avis.

C'est l'heure d'aller au restaurant, dans la petite ville d'a côté.
Re-maisons mexicaines, re-petite ville, re-charme inégalable des petites villes.
Le resto est également petit, mais ça fait l'affaire. Nous nous asseyons, un serveur viens rapidement prendre commande et salue chaleureusement mon ange-gardien. Et pour cause, il vient ici tout les dimanches soir et nous sommes... le dimanche. Jackpot ! Il me salue aussi, je sors quelques mots en portugais.
Un match de football, est sur écran géant, parfait en cas de blancs dans la conversation. Mais ça n'arrive pas, ou très peu.
Je lui pose des questions sur son pays. Il me parle de la situation politique de la Belgique, la différence entre Wallons et Flamand, la situation politique du pays... Je passe un bon moment et j'apprends bien mieux qu'en cours d'Histoire.
Les plats arrivent et je rêve. Deux steaks, des frites, des légumes, du riz et un œuf. Après deux jours avec seulement du chocolat et des bonbons dans l'estomac, c'est pour moi le paradis. Je ne sais pas ou donner de la tête et attaque la viande de bon cœur. C'est un régal.
Les frites sont croustillantes, les légumes frais et croquants, la viande grillée à point...bref le paradis.

C'est alors qu'il me demande de regarder derrière moi. J'aperçoit un chat entrer dans le restaurant et se coucher dans un des fauteuil du bar. Je trouve ce petit moment fabuleux. Je n'aurai sans doute jamais vu ça en France.

C'est aussi ça que j'aime chez les Portugais, une sorte de décontraction vis-à-vis des lois et principes sociétaux, qui, pour moi, français, me font un bien fou.

Un hôte au grand cœur, un repas divin et copieux, un petit restaurant chaleureux : je suis au paradis, c'est une des plus belles soirées de ma vie. Le genre de soirées que je n'aurai faites si je n'avais sué sang et eau. C'est aussi ce qui rend ce moment magique.
Je ne pourrais jamais remercier mon hôte aussi bien qu'il a pris soin de moi, je profite un maximum de cet instant, parce que c'est pour ça que je voyage aussi.

Reste le bonheur ultime, une bonne nuit de sommeil dans un bon lit. Après la nuit glaciale de la veille, je n'avais qu'une envie : dormir dans un lit chaud !
J'installe mon lit en quelques instants, trop pressé de dormir.
Ca y est, le lit est près. L'instant est précieux, presque solennel. C''est stupide parce que c'est un acte quotidien totalement banal, mais en voyage, le quotidien n'a plus rien de banal...
Je soulève et les draps et me glisse en un instant sous les draps.
Que c'est bon ! J'ai un sourire béat sur les lèvres, c'est juste le bonheur absolu. J'étire mon corps fatigué avec un plaisir que je dissimule à peine. Je suis tellement bien que j'ai un frisson d'adrénaline qui parcours mon corps. Je suis bien, tellement bien. Je ferme à peine les yeux et succombe au doux appel de Morphée.

Voilà la suite

C'est un gros pavé, bon courage à ceux qui liront, ça vaut le coup

Beau récit encore une fois.

C'est marrant, qu'on voyage à pieds, en stop, en velo ou n'importe comment on se reconnaître dans ton histoire : Les réveils froids et humides qu'on connaît tous, se paumer, s'énerver, se calmer puis s'énerver de nouveau, l'effort après le réconfort, les signes du destin... C'est beau.

Pour les moments de galères comme ton histoire de portable qui n'a plus de batterie, quasiment plus d'eau etc tu verras qu'au bout d'un moment ça ne t'énervera même plus et te fera juste sourire. Y'a toujours des solutions à tout

Du coup tu n'as pas pu encore tester ton anglais vu que tu étais avec un Belge (francophone j'imagine), va falloir rectifier le tir.

Bon voilà, je me suis inscris sur workaway.

Quand vous contactez les hôtes, vous leur dites quoi ? Juste une petite description de vous et vos dates de voyages quoi ?

Ils répondent rapidement en général ? Tout à l'heure j'étais sur un profil et je vois "respond within 88 days "

Le 18 avril 2017 à 19:11:09 Deutschlandlied a écrit :
Bon voilà, je me suis inscris sur workaway.

Quand vous contactez les hôtes, vous leur dites quoi ? Juste une petite description de vous et vos dates de voyages quoi ?

Ils répondent rapidement en général ? Tout à l'heure j'étais sur un profil et je vois "respond within 88 days "

Ouais c'est ça, tu donnes te presente rapidement (inutile de repeter ton profil en entier), explique ce qui t'a interessé dans leur annonce, et tu leurs demande quand et pour combien de temps tu peux rester.

De ceux que j'ai contactés, ils répondent tous en moins de une semaine, même s'il y a marqué "35 jours"

Le 19 avril 2017 à 05:28:05 Lachaim3 a écrit :

Le 18 avril 2017 à 19:11:09 Deutschlandlied a écrit :
Bon voilà, je me suis inscris sur workaway.

Quand vous contactez les hôtes, vous leur dites quoi ? Juste une petite description de vous et vos dates de voyages quoi ?

Ils répondent rapidement en général ? Tout à l'heure j'étais sur un profil et je vois "respond within 88 days "

Ouais c'est ça, tu donnes te presente rapidement (inutile de repeter ton profil en entier), explique ce qui t'a interessé dans leur annonce, et tu leurs demande quand et pour combien de temps tu peux rester.

De ceux que j'ai contactés, ils répondent tous en moins de une semaine, même s'il y a marqué "35 jours"

Ok je vais envoyé des demandes.

Par contre j'avais fait un petit pavé dans ma description sur mon profil, mais il vaut mieux que je change pour me décrire dans les mails du coup non ?

Et après c'est long en général entre le moment ou tu les contacts et le moment ou ils te disent ok ?

Parce que j'imagine que si c'est long, les billets d'avion vont augmenter

Autre question :

Comment ça se passe pour aller chez eux ?

Dans mon cas, pour l'Angleterre, il y en a qui habite pas très loin de Londres / Southampton ou d'un grande ville avec un aéroport donc j'imagine qu'ils pourraient venir me chercher mais d'autres qui habitent un peu à la campagne. Il faudrait donc que je prenne le train / bus en plus.. ? Une idée des prix ?

Je suis un prolo

Oui il y a en Islande.

Je voulais aller la bas au début mais le problème c'est que c'est un grand pays et que les hôtes pour la plupart sont situés assez loin de la capitale donc pour s'y rendre, ça revenait cher.

Après oui ils parlent anglais.