[RISITAS] Le bièrevirus, une histoire de dépression et de mariage (saupoudrée de pistaches)

Le 29 novembre 2022 à 11:19:31 :

Le 29 novembre 2022 à 10:18:29 :

Le 29 novembre 2022 à 09:58:47 :
Vu comment tu en parles, j'imagine que vous êtes mariés et installés ensemble et peut-être même futurs parents... 😁 Je sais que tu spoileras pas ^^

Entre son titre et les chapitres précédents, l'issue du Risitas est assez évidente, à mon avis. Le récit est plus centré sur ce qu'il s'est passé avant la conclusion. Donc tu peux déjà prendre les paris sur l'issue, mais il y a eu pas mal de croustillance ou de moments touchants avant celle-ci, et c'est ça que j'essaie de retranscrire.

J'ai parfois l'impression que ça tranche assez des histoires habituelles où l'on suit les aventures d'un Célestin parvenant enfin à vaincre sa timidité et se débarrasser de sa virginité, donc ça s'adresse à ceux qui désespèrent un peu que leur vie stagne depuis trop longtemps. Ça peut démarrer à tout moment et emmener plus loin qu'on ne pouvait le prévoir.

Pur Célestin jusqu'à 25-26 ans, et célibataire jusqu'à mes 27 ans (j'en ai 35 aujourd'hui), marié et père de deux enfants, j'approuve totalement ton message ;-)

Ok pour les paris ahah, oui ça a l'air d'être une belle histoire de A à Z (j'avais oublié le titre)... félicitations

Ah oui, jolie performance et j'espère que t'apprécies le changement. Tu pourrais sortir un Risitas du style "De Célestin endurci à French Dreamer épanoui", si c'est pas déjà fait.

Pour étendre rapidement le sujet, j'ai deux amis qui sont un peu dans ce cas de Célestin endurcis, et Luna leur avait dit :
- Désespérez pas, les gars. Vous êtes à l'âge où vous avez enfin une situation stable, c'est le meilleur moment pour passer à l'action.

Ce qui, je pense, est assez vrai. Et ça me rappelait fortement une interview de Mister MV (chez DFG, il me semble), où il expliquait justement que ça avait été aussi son cas et que sa vie (sentimentale et pro) avait réellement démarré vers ses 30 ans. Comme quoi, c'est un type de parcours qui se retrouve assez régulièrement dans notre milieu. 🤔

C'est en effet très appréciable la régularité des posts de l'OP

Je confirme ce que vous dites plus haut, pour moi aussi la routourne à tourné entre 25-30 ans et ça été le cas pour quelques amis autour de moi.

Sweet

Partie 35 - Ce pays n'existe pas

Dans le courant de la semaine, Jean organisait une soirée raclette chez lui avec notre bande d'amis. Parmi eux se trouvaient Lucas et Fred.

Le premier était un ancien étudiant et diplômé de science-po, plutôt d'une gauche "à l'ancienne" (sans toutes les conneries wokistes qu'on nous sort ces dernières années).
Le second se rangeait plus dans une mouvance anarchiste et bossait dans le domaine de la santé (HP, mais aucun rapport avec Poudlard).

Vous l'aurez sans doute compris, ça parlerait pas tellement de nationalisme ce soir-là.

Luna attirait rapidement leur attention, étant curieux de connaître la culture et la politique de son pays. Je restais un peu avec eux pour aider à la traduction en cas de besoin ( Fred se débrouillant difficilement avec la langue de Shakespeare).

- Et donc tu fais ton Erasmus en République Tchèque, de que Jax m'a dit ?
- Oui, j'y suis arrivée le mois dernier.
- Et ça te plaît ? J'imagine que le changement de température doit être assez drastique, comparé à chez toi ?
- Le terme "gelé" est un euphémisme.
- Tu m'étonnes ! J'y avais aussi passé quelques mois en Erasmus, heureusement que la bière est pas chère, ça réchauffe à bas coût !
- Oui, hihi, par contre ils servent ça comme des sagouins, dans ta pinte c'est moitié mousse, moitié bière.
- Bah c'est mieux pour l'estomac, en fait, ça évite que le gros du gaz issu de la fermentation n'agisse à l'intérieur de toi, ça facilite la digestion.
- Aaaaaah... Je comprends mieux. Mais quand-même... Moitié mousse.
- C'est clair que c'est pas ici qu'on accepterait ce genre de conneries.
- Je confirme, j'ai jamais eu droit à ce genre de service.
- Et sinon, t'en penses quoi de ton président ? Paraît qu'économiquement c'est pas la folie, ces dernières années.
- Pareil que Jax avec le vôtre, je pense. Oui, c'est assez compliqué depuis une dizaine d'année, j'ai préféré ouvrir mon compte bancaire en euros, plutôt qu'en livre turques pour éviter que l'argent que je mettais dessus ne s'évapore littéralement à cause de l'inflation.
- C'est à ce point-là ?
- Il y a une dizaine d'années, on avait un taux de change à environ 1,5 livres turques pour 1 euro. Aujourd'hui on est dans les 17 ou 18 pour 1...
- Bordel de merde !

La soirée continuait, Luna semblait appréciait de rencontrer mes amis et naviguait des uns aux autres, harcelée de questions diverses, mais appréciant l'exercice et de pouvoir enfin connaître toutes ces personnes dont elle avait si souvent entendu parler.

- Au fait Luna, tu voudras du jambon cru avec ta raclette ?
- Avec plaisir.
- Ah ? Tu manges du porc, mais t'es pas musulmane ?
- Ah non, pas du tout. Et tu sais, la Turquie est un pays laïque, donc même si on a un président qui ne renvoie pas cette image, on a encore bien 50% de la population qui ne suit aucun dogme religieux.
- Oui, j'avais lu quelque chose à ce propos, c'est le leader de la révolution du début du siècle dernier qui avait séparé la religion et l'état, c'est bien ça ?
- Exactement. Je suis étonnée que tu saches ça, j'ai l'impression que notre pays est plutôt méconnu, à l'étranger. La plupart des gens que j'ai rencontré nous voient comme un pays arabe parmi tant d'autre... Je sais qu'on est proche du Moyen-Orient, mais quand-même.
- Je te rassure, je ne suis plus sûr de quand ou à quelle occasion j'avais lu ça, mais ça m'avait surpris.
- Et sinon, puisqu'on parle de ces sujets, qu'est-ce que tu penses du Kurdistan ?

S'ensuivit un long silence. Le visage doux et souriant de Luna venait de prendre la gravité de quelqu'un a qui on avait posé la mauvaise question.

- Ce pays n'existe pas.

Forcément, Fred avait pris le sujet à la légère, en tant qu'anarchiste, un peuple se révoltant était une discussion qui l'intéressait, mais il avait dû sous-estimer le détail qui était que c'était à l'intérieur du pays de Luna que ça se passait.

- Je vais essayer d'expliquer ça simplement, mais un peuple qui réclame l'indépendance en enlevant des enfants et en les formant à la guerre sans être capable de mettre en place un gouvernement stable ne mérite ni d'être autonome, ni de réclamer quoi que ce soit.

La tension dans la pièce était palpable.

- Salut les mecs, désolé du retard.
- Yvan ! T'arrives à point nommé !
- Ouais, je suis resté un peu plus tard que prévu au bar, mais j'ai tracé dès que j'ai vu l'heure.
- T'inquiètes, c'est pas plus mal.
- Ah bon ? Pourquoi ?
- Fred a failli déclencher un incident diplomatique.
- Oh merde ! À quel sujet ?
- Je crois qu'il vaut mieux que je t'en parle plus tard.
- Ben à table, alors !

L'arrivée tardive d'Yvan avait sauvé la situation. Et même si la légèreté de Fred avait quelque peu contrarié Luna, tout revenait rapidement à la normale et nous passions une agréable soirée tous ensemble.

Par contre khey, je me souviens plus trop mais t'avais pas offert un voile à la mère de Luna la première fois? Ou alors j'ai mal lu?

Ah sinon classique des Kémalistes, ils sont tolérants au niveau religieux mais dés que ça touche à la Nation..

Le 29 novembre 2022 à 14:34:40 :
Par contre khey, je me souviens plus trop mais t'avais pas offert un voile à la mère de Luna la première fois? Ou alors j'ai mal lu?

Ah sinon classique des Kémalistes, ils sont tolérants au niveau religieux mais dés que ça touche à la Nation..

Je lui avais offert un foulard, oui. Personne n'est voilé dans sa famille.

Exactement, et je trouve qu'ils ont une saine façon de penser la nation, globalement (il y a quelques points sur lesquels je ne suis pas en accord total, bien entendu, puisqu'ils soutiennent une forme d’expansionnisme qui me hérisse un peu). Mais en l'occurrence, quand tu avais l'habitude de la voir souriante et très ouverte à la discussion... Ça en avait refroidi un ou deux, ce soir-là.

Le 29 novembre 2022 à 14:39:56 :

Le 29 novembre 2022 à 14:34:40 :
Par contre khey, je me souviens plus trop mais t'avais pas offert un voile à la mère de Luna la première fois? Ou alors j'ai mal lu?

Ah sinon classique des Kémalistes, ils sont tolérants au niveau religieux mais dés que ça touche à la Nation..

Je lui avais offert un foulard, oui. Personne n'est voilé dans sa famille.

Exactement, et je trouve qu'ils ont une saine façon de penser la nation, globalement (il y a quelques points sur lesquels je ne suis pas en accord total, bien entendu, puisqu'ils soutiennent une forme d’expansionnisme qui me hérisse un peu). Mais en l'occurrence, quand tu avais l'habitude de la voir souriante et très ouverte à la discussion... Ça en avait refroidi un ou deux, ce soir-là.

On peut respecter leur patriotisme oui (j'ai jamais vu autant de drapeaux dans la rue qu'à Istanbul la veille des élections je crois), mais bon, étant d'origine grecque on va dire que ça met en porte-à-faux vis-à-vis de leur nationalisme sur pas mal de points.

Mais sinon c'est sympa de voir qu'elle arrive à s'entendre bien avec ton entourage, elle a appris un peu le français et toi un peu le turc ou vous avez globalement continuer de communiquer en anglais?

Le 29 novembre 2022 à 14:56:52 :

Le 29 novembre 2022 à 14:39:56 :

Le 29 novembre 2022 à 14:34:40 :
Par contre khey, je me souviens plus trop mais t'avais pas offert un voile à la mère de Luna la première fois? Ou alors j'ai mal lu?

Ah sinon classique des Kémalistes, ils sont tolérants au niveau religieux mais dés que ça touche à la Nation..

Je lui avais offert un foulard, oui. Personne n'est voilé dans sa famille.

Exactement, et je trouve qu'ils ont une saine façon de penser la nation, globalement (il y a quelques points sur lesquels je ne suis pas en accord total, bien entendu, puisqu'ils soutiennent une forme d’expansionnisme qui me hérisse un peu). Mais en l'occurrence, quand tu avais l'habitude de la voir souriante et très ouverte à la discussion... Ça en avait refroidi un ou deux, ce soir-là.

On peut respecter leur patriotisme oui (j'ai jamais vu autant de drapeaux dans la rue qu'à Istanbul la veille des élections je crois), mais bon, étant d'origine grecque on va dire que ça met en porte-à-faux vis-à-vis de leur nationalisme sur pas mal de points.

Mais sinon c'est sympa de voir qu'elle arrive à s'entendre bien avec ton entourage, elle a appris un peu le français et toi un peu le turc ou vous avez globalement continuer de communiquer en anglais?

Ahahah, j'imagine bien. On avait eu une conversation houleuse à propos de Chypre il y a quelques semaines. Mais c'est toujours intéressant, nos discussions. À défaut d'être d'accord, on apprend et on se comprend. :-d

Principalement en Anglais, j'ai appris quelques mots de Turc et elle de Français, mais on est encore loin de pouvoir flirter avec un niveau correct (d'autant qu'on a dû rajouter l'Allemand à la liste).

Bravo l'OP et merci!

Tu écris super bien et en plus, c'est une très belle histoire que tu partages avec nous

J'ai hâte d'en lire la fin (qui a intérêt à être heureuse)!

J'attends la fin avec impatience également

Triste que ça se termine, mais heureux de l'évolution de la situation pour toi Jax

Tiens, je ne savais pas pour l'enlèvement d'enfants... Finalement ils reproduisent la méthode qui était jadis utilisée par les Ottomans pour former les Janissaires...

Merci de la suite sinon ! C'est vraiment bien, on est presque au repas avec vous 👏

Le 29 novembre 2022 à 23:10:52 :
Tiens, je ne savais pas pour l'enlèvement d'enfants... Finalement ils reproduisent la méthode qui était jadis utilisée par les Ottomans pour former les Janissaires...

Merci de la suite sinon ! C'est vraiment bien, on est presque au repas avec vous 👏

C'est l'idée, malheureusement. ☹️

Merci bien, clé. 😁

Partie 36 - La magie de Paris (1/2)

Durant la semaine que je passais avec Luna, l'Allemagne m'avait fait une proposition de contrat que j'avais jugé ridicule et en parlais à ma supérieure qui me promettait d'en parler à la direction du groupe pour le faire revoir à la hausse.

Les jours passaient, et toujours pas de nouvelles.

Ça ne sentait pas super bon pour le respect des délais.

Pendant ce temps-là, Luna découvrait sa nouvelle addiction : Animal Crossing.

Les jours que nous passions en France étaient magnifiques, nous profitions enfin d'une semaine rien que pour nous, sans pression parentale ou culturelle lui faisant appréhender chacune de ses marques d'affection.

Nous en profitions également pour passer un week-end sur Paris, cette ville de l'enfer.

J'avais prévenu Luna quelque peu avant sa visite :
- Écoute, je veux bien qu'on aille y passer un week-end, mais je veux que tu me donnes deux ou trois lieux précis que tu veux visiter avant, pour organiser la visite. Il est hors de question qu'on traîne dans cette ville du diable plus que nécessaire.
- Oh... C'est si horrible que ça ?
- Je me fais pas de soucis sur le sujet, tu comprendras même très vite.

Nous prenions le train jusqu'à Paris. Le trajet se déroulait sans accrocs, et nous arrivions enfin à la Gare du Nord.

Nous descendions prendre le métro... Moitié des bornes d'achat des tickets en panne. Queue interminable. Froid automnal. Envie de purifier cette ville par l'atome.

- C'est tout le temps comme ça, Paris ?
- Non, t'en fais pas, t'es qu'au début du voyage.
- Comment ça ?
- Laisse-toi imprégner par les odeurs, la vue, les vraies sensations.

À chaque fois que j'y fous les pieds, j'ai la réplique de Travolta dans "From Paris with love" qui me vient en tête.
- Votre capitale de l'amour, elle pue la pisse.

J'ai beau déprécier la "culture" américaine, force est de constater qu'ils avaient bien raison sur ce point. Notre capitale n'est plus que l'ombre d'elle-même.

- Et t'as encore rien vu. Avec un peu de chance, on croisera un usager célèbre du métro de Paris.
- Ah bon ? Qui ça ?
- L'énorme cafard qui était gentiment posé à quelques sièges de moi, la dernière fois que je suis venu.
- Mais c'est dégueulasse !
- La magie de Paris !

En l'espace d'une heure, la pauvre Luna commençait déjà à entrevoir et comprendre pourquoi j'évitais cette ville autant que possible.

Nous parvenions enfin à acheter un carnet de tickets de métro et empruntions les lignes nécessaires pour arriver à notre hôtel, situé à la frontière entre le superbe quartier de Montmartre et celui d'une célébrité locale.

Luna avait souhaité que l'on visite la butte Montmartre, ainsi que les alentours de la tour Eiffel. Nous en profiterions également pour rendre visite à Émilie (vous l'avez déjà rapidement croisée ici : https://www.jeuxvideo.com/forums/message/1213429845 ), qui habitait à mi-chemin entre notre hôtel et la tour Eiffel.

Il faut bien avouer qu'hormis mon dégoût viscéral pour certains aspects de la ville, certains coins ont su conserver leur charme et j'appréciais de les découvrir aux côtés de ma bien-aimée.

Le lendemain matin, nous partions en direction de chez Émilie, chez qui nous comptions nous arrêter quelques heures et avoir un brunch non loin de chez elle avant d'aller visiter le quartier de la tour Eiffel.

- Allô Jax ?
- Allô Émilie ?
- Je crois que j'ai choppé une merde, j'ai passé ma nuit à dégobiller dans mes toilettes.
- Charmant...
- Ça te dérange pas si on annule votre visite et le brunch ? Je voudrais pas que vous attrapiez ça, et vu mon état, il vaut mieux laisser tomber le brunch aussi.
- Écoute, on passe pas tous les jours à Paris, surtout Luna, donc on va pas se raviser pour si peu. Au pire, annule le brunch et mets-toi un masque. On passe quand-même te voir et écourtera notre visite si jamais tu commences à te sentir vraiment mal.
- C'est super gentil, d'accord, on fait ça.
- Et vraiment, te bile pas, si tu te sens trop fatiguée et que tu préfères être au calme, tu nous le dis et on s'en va, pas besoin de jouer les timides.
- D'accord, j'hésiterai pas.

Luna était quelque peu dans l'attente d'informations, puisque nous avions conversé en Français.

- Alors, qu'est-ce qu'il se passe ?
- Émilie a dû attraper une gastro ou une joyeuseté du genre.
- La pauvre, elle va comment ?
- En dehors de quelques soucis d'évacuation hier soir, elle a l'air en vie. Je lui ai dit qu'on passait quand-même la voir, mais qu'on ne s'éterniserait pas.
- Je comprends, c'est déjà bien qu'on puisse la voir.
- Oui, surtout qu'elle se faisait une joie de pouvoir te rencontrer, c'est vraiment pas de bol pour elle, je suis sûr qu'elle aurait beaucoup aimé passer plus de temps avec nous.

Finalement, cette visite ne sentirait peut-être pas que la pisse.

Partie 37 - La magie de Paris (2/2)

Nous arrivions chez Émilie après un rapide passage dans le métro. Les effluves suintantes d'urine et de cadavre de rats avaient réveillé en moi le dégoût primordial qui m'animait habituellement, balayant les doux souvenirs du petit-déjeuner de l'hôtel ou des autres mets que nous avions pu savourer auparavant.

- Coucou, les amoureux ! Le trajet s'est bien passé ?
- ...
- Bonjour Émilie ! Oui, ça s'est bien passé, on a trouvé les lignes sans soucis.
- ...
- Ça va, Jax ?
- Hidalgo n'a aucune idée du service que vous rendez à sa ville. S'il n'y avait pas l'une ou l'autre de vous deux pour me donner une raison de venir, j'y foutrais pas les pieds.
- Ouais, je sais que t'aimes pas venir, mais bon, t'y vis pas non plus, ça va.
- Bah heureusement !
- Tu dramatises un peu, là, non ?
- C'est clair, c'est pas non plus invivable. La preuve, j'y suis déjà depuis plusieurs années.
- Et je ne me l'explique toujours pas. Sinon, comment tu vas ? Tu as pu te reposer un peu avant notre arrivée ?
- Oui, j'ai dormi une petite heure, mais je suis toujours en vrac.
- C'est vraiment pas de chance, j'aurais beaucoup aimé qu'on puisse te voir un peu plus.
- Merci, t'es trop gentille, mais malheureusement je pense que ma présence dans cet état vous gâcherait plus la visite qu'autre chose. Vous voulez un café ou un thé, au fait ?

Émilie nous préparait nos boissons chaudes et nous discutions un peu. J'en profitais pour lui remettre son cadeau d'anniversaire que je gardais depuis des mois, n'ayant pu trouver, l'un comme l'autre, un moment pour se rendre visite.

- En tous cas, je remarque que Luna est encore plus belle que sur les photos que tu m'avais montrées.
- Et encore, tu l'as pas vu en costume d'Ève.
- Roooooooooh ! Jax ! Un peu de tenue !
- Qu'est-ce que tu lui as dit ? Elle a pas eu l'air d'apprécier.
- Ah, elle a dit qu'elle te trouvait très belle, et je lui ai répondu que c'était rien en comparaison de ton plus simple appareil.
- Ah ben bravo, heureusement que tu sors pas des trucs pareils à mes parents !

Effectivement, ça finirait sûrement en écartèlement.

- D'ailleurs, en parlant de tes parents ! Émilie, t'as un truc de prévu d'ici avril prochain ?
- Non, rien de prévu pour le moment.
- T'as envie de venir te changer les idées en Turquie, pour les fiançailles ? Je comptais demander à ma mère de venir pour le côté officiel, mais t'es également la bienvenue.
- Ooooooooh ! Ça serait super ! Je vois pour bloquer une semaine de congés dès que je passe au bureau.
- Génial, ça me fera plaisir de te revoir, surtout qu'aujourd'hui ça risque de finir plus tôt que prévu.
- Oui, encore désolée pour ça...
- C'est pas comme si tu avais fait exprès, arrête de culpabiliser.
- Et on peut quand-même passer du temps avec toi, donc c'est déjà ça de pris.

Il faut savoir qu'Émilie était, à l'époque, dans une relation assez houleuse avec un mec faisant régulièrement preuve de dérives alcooliques et volages. Plusieurs années que j'essayais de lui expliquer qu'elle méritait de trouver mieux, mais bon, déficience affective et une propension maladive à apprécier de se faire maltraiter... Elle déprimait sec depuis quelques mois, ce qui avait motivé mon invitation, que Luna avait été heureuse d'approuver avant même de la rencontrer (solidarité féminine, toussa toussa).

Nous passions encore un peu de temps avec elle avant que la courante ne se fasse de nouveau ressentir de son côté. Elle nous recommandait malgré tout un petit restaurant où nous arrêter avant de terminer notre visite et notre week-end à Paris.

Luna et moi passions malgré tout un bon week-end. Je m'amusais à lui faire déchiffrer des panneaux et enseignes. Son accent la rendait encore plus chou.

La tour Eiffel... Quelle merveille de l'ingénierie française. Si belle, enfermée dans ses palissades, entourée de ses dizaines de vendeurs à la sauvette, les jardins si peu entretenus qu'un terrain vague pourrait presque lui faire de la concurrence.

Nos conversations en anglais attiraient rapidement l'attention de quelques commerçants locaux.

- You want souvenir?
- Mes excuses si vous le prenez personnellement, mais gardez vos merdes.

L'effet de surprise provoqué par l'alternance d'un anglais courant à un français natif lui avait perdre ses moyens et par la même, sa motivation pour essayer de nous refourguer ses babioles fabriquées en Chine.
Nous profitions de ces quelques instants pour nous éloigner de la tour et nous éloignions pour en avoir une meilleure vue.

La météo nous gratifiait enfin de quelques éclaircies et Luna parvenait à prendre quelques photos convenables de la capitale. Nous continuions d'errer aux alentours, allant de parcs en places et découvrant certains des lieux les plus chargés en histoire que comptent notre beau pays.

Malgré tout le mal que j'aurais pu penser de cette ville du diable, notre séjour sur Paris fut un moment que nous avions apprécié au-delà de nos à-priori. La capitale de l'amour n'était certes plus à la hauteur de sa réputation, mais nous avions passé ces jours ensemble et les quelques mauvaises expériences seraient autant d'anecdotes que garderions pour les soirées entre amis.

Partie 38 - Quand c'est l'heure, c'est l'heure

Revenus de notre escapade parisienne, nous passions encore quelque jours ensemble avant que l'heure du retour en République Tchèque ne sonne pour Luna.

Sur la route vers l'aéroport...

- Allô Jax ?
- Oui, qui le demande ?
- C'est Monique du marketing, je suis en Allemagne et apparemment ils attendent toujours ta réponse.
- Comment ça ? J'ai fait transmettre le contrat à Mme LOÏC car il était ridiculement bas en terme de salaire et elle devait s'assurer de savoir si c'était normal auprès de la direction. Il n'y a eu aucun retour depuis ?
- Non, mais Jax... Sérieusement... Tu peux pas te charger de négocier toi-même ?
- Bah j'en sais rien, un coup faut que je passe par la hiérarchie pour tout et n'importe quoi, et là on est dans un contrat à l'intérieur même du groupe et faut que je fasse ça moi-même ?
- Écoute, vaut mieux que tu t'en charges toi-même, parce que là, ils sont un peu inquiets de pas avoir de nouvelles. Donc appelle le directeur et vois ça avec lui, ça serait bien.
- Ok, ben je fais ça... Merci de m'avoir prévenu.
- Je t'en prie, à la prochaine.

Et après on s'étonne qu'on se dirige vers une société de contractualisation quand personne n'est capable de tenir parole...

- Alors, enfin des nouvelles de ton contrat ?
- Nouvelles géniales, Mme LOÏC n'en a rien révisé ou communiqué, deux semaines dans le vent alors que le temps est compté. J'adore.
- Chaud... Du coup ?
- J'appelle l'Allemagne.

S'ensuivait une rapide négociation et un accord sur le montant de mon contrat. Il était hors de question que je quitte le pays pour un salaire équivalent à ce que j'avais déjà via mon alternance. Le point était clair.

- Alors ?
- Mets l'apprentissage du Français en pause et commence l'Allemand.
- Super ! J'espère que tu te plairas bien là-bas et que le travail sera intéressant.
- Merci, j'espère aussi.
- Bon... Vaut mieux que j'abandonne tout espoir de finir avec toi, apparemment ?
- Je sais pas si je pourrais gérer deux relations à distance simultanément, Jean.

Nous arrivions à l'aéroport et raccompagnions Luna jusqu'à son terminal. Comme à chaque fois où nous nous approchions du moment de nous quitter, le temps semblait ralentir, et même si les blagues de Jean amélioraient un peu l'ambiance, nos cœurs n'étaient pas réellement enclins à la rigolade.

- Prends soin de toi et bon courage pour le déménagement.
- T'en fais pas, il est entre de bonnes mains.
- Ouais, tu dis ça, mais pas quelle partie de mon corps !
- J'hésite à partir, maintenant... Jean, t'as pas intérêt à essayer de me le piquer !
- Je peux rien garantir.
- Jax, promets-moi de résister à ses viles tentatives de séduction.
- Je ferai de mon mieux, promis.

Jean dit au-revoir à Luna et s'éloigna un peu. J'enlaçais Luna une dernière fois avant qu'elle n'aille passer les portiques.

- On se revoit pour Noël.
- J'ai tellement hâte.
- Moi aussi. J'essaie de me dire que c'est l'aurevoir le plus court auquel nous avons eu droit, on se revoit dans à peine deux mois.
- Oui, ça passera vite.
- Surtout que maintenant tu as de quoi tromper l'ennui.
- Merci de m'avoir tant gâté.
- C'était censé être tes cadeaux de Noël, mais t'avais l'air de tellement déprimer que je me suis dit que tu en aurais besoin avant.
- Je t'aime.
- Moi aussi.

Une fois encore, je la voyais s'éloigner. L'odeur de ses cheveux devenait plus ténue à chacun de ses pas.

- Ça va, poulet ?
- Je vais tellement l'épouser.

Partie 39 - Moi je dis aux Français allons-y, quoi.

Je finissais de tout préparer pour mon départ en Allemagne, avec l'aide de Jean.

Les différentes carabistouilles administratives me faisaient prendre un peu de retard sur le programme initial, mais je parvenais tout de même à ne pas excéder 4 jours.

Le matin de mon départ.

- Oublie pas de donner des news de temps en temps, hein ?
- Je garantis rien, mais hésite pas à m'envoyer un message si je te manque un peu trop.
- Ahah, te bile pas pour ça. Fais gaffe sur la route et bon courage.
- Merci, on se tient au courant. Et merci pour tout ce que t'as fait. Je sais pas si je m'en serai si bien sorti sans ton aide.
- T'inquiètes, ça m'a fait plaisir de te filer un coup de main.

Ce bro.

La voiture était chargée et j'attaquais mes 8 heures de route vers ma nouvelle vie.

Après quelques heures, je recevais un appel d'Yvan.

- Hé, mais t'es parti sans dire au-revoir !
- Mais qu'est-ce que tu racontes ? On s'est vu il y a deux jours pour le petit dîner avec tous les copains.
- Ouais... Je sais... Mais ça me fait bizarre de me dire qu'on se verra plus aussi souvent.

Faut savoir qu'Yvan et moi arrivions de la même région du Sud de la France et nous connaissions depuis le lycée. C'est un peu à cause de lui que j'avais atterri dans le Ch'Nord après notre baccalauréat, donc forcément, je comprenais le sentimentalisme dont il faisait preuve. Près de 13 ans côte-à-côte qui prenaient fin.

- Ça veut pas dire qu'on se reverra plus jamais non plus.
- Je sais...
- Et tu sais que t'es le bienvenu pour venir passer un week-end ou quelques jours ?
.
.
.
- Bah tu sais quoi ? Je viens te voir ce week-end !
- Bordel ! Je vais même pas avoir le temps de poser mes affaires que tu seras déjà là !
- Ouais, mais j'ai envie de te voir, alors je viens.
- T'es au courant que je sais même pas encore à quoi ressemble l'endroit où je vais crécher ces prochains mois ?
- Pas grave, au pire on foutra un matelas gonflable par terre, j'ai ce qu'il faut.
- Bon, comme tu le sens.

Faut dire qu'Yvan est un grand spécialiste des plans finis à la pisse, ce qui ne me rassurait pas des masses.

Je reprenais la route et avalais les heures restantes jusqu'au patelin où j'avais rendez-vous pour prendre l'appartement qu'une de mes futures collègues de travail avait pu me trouver. J'arrivais en milieu de soirée. Je descendais de ma voiture, fatigué mes heureux d'enfin poser pied à terre.

Le propriétaire venait m'accueillir et me faire visiter ma location, une petite chambre à peine plus grande (mais mieux équipée : cuisine et salle de bain) que ma première chambre étudiante, 11 ans plus tôt. Et surtout : deux fois plus chère.

J'avais comme une petite sensation d'avoir foncé dans un bon traquenard.

Edit : repost (une faute de grammaire m'avait arraché les yeux)

Partie 39 - Moi je dis aux Français allons-y, quoi.

Je finissais de tout préparer pour mon départ en Allemagne, avec l'aide de Jean.

Les différentes carabistouilles administratives me faisaient prendre un peu de retard sur le programme initial, mais je parvenais tout de même à ne pas excéder 4 jours.

Le matin de mon départ.

- Oublie pas de donner des news de temps en temps, hein ?
- Je garantis rien, mais hésite pas à m'envoyer un message si je te manque un peu trop.
- Ahah, te bile pas pour ça. Fais gaffe sur la route et bon courage.
- Merci, on se tient au courant. Et merci pour tout ce que t'as fait. Je sais pas si je m'en serai si bien sorti sans ton aide.
- T'inquiètes, ça m'a fait plaisir de te filer un coup de main.

Ce bro.

La voiture était chargée et j'attaquais mes 8 heures de route vers ma nouvelle vie.

Après quelques heures, je recevais un appel d'Yvan.

- Hé, mais t'es parti sans dire au-revoir !
- Mais qu'est-ce que tu racontes ? On s'est vu il y a deux jours pour le petit dîner avec tous les copains.
- Ouais... Je sais... Mais ça me fait bizarre de me dire qu'on se verra plus aussi souvent.

Faut savoir qu'Yvan et moi arrivions de la même région du Sud de la France et nous connaissions depuis le lycée. C'est un peu à cause de lui que j'avais atterri dans le Ch'Nord après notre baccalauréat, donc forcément, je comprenais le sentimentalisme dont il faisait preuve. Près de 13 ans côte-à-côte qui prenaient fin.

- Ça veut pas dire qu'on se reverra plus jamais non plus.
- Je sais...
- Et tu sais que t'es le bienvenu pour venir passer un week-end ou quelques jours ?
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- Bah tu sais quoi ? Je viens te voir ce week-end !
- Bordel ! Je vais même pas avoir le temps de poser mes affaires que tu seras déjà là !
- Ouais, mais j'ai envie de te voir, alors je viens.
- T'es au courant que je sais même pas encore à quoi ressemble l'endroit où je vais crécher ces prochains mois ?
- Pas grave, au pire on foutra un matelas gonflable par terre, j'ai ce qu'il faut.
- Bon, comme tu le sens.

Faut dire qu'Yvan est un grand spécialiste des plans finis à la pisse, ce qui ne me rassurait pas des masses.

Je reprenais la route et avalais les heures restantes jusqu'au patelin où j'avais rendez-vous pour prendre l'appartement qu'une de mes futures collègues de travail avait pu me trouver. J'arrivais en milieu de soirée. Je descendais de ma voiture, fatigué mais heureux d'enfin poser mes pieds au sol.

Le propriétaire venait m'accueillir et me faire visiter ma location, une petite chambre à peine plus grande (mais mieux équipée : cuisine et salle de bain) que ma première chambre étudiante, 11 ans plus tôt. Et surtout : deux fois plus chère.

J'avais comme une petite sensation d'avoir foncé dans un bon traquenard.

Le 02 décembre 2022 à 13:02:12 :
T’es d’où dans le Sud l’auteur?

J'ai fait mes 18 premières années en PACA.