[RISITAS] Le bièrevirus, une histoire de dépression et de mariage (saupoudrée de pistaches)
Partie 43 - Un Noël à la Turque (1/3)
La fin du mois de Novembre et la première moitié de Décembre se déroulaient tranquillement. Je prenais peu à peu mes marques dans l'entreprise et Luna venait passer une semaine en Allemagne à mes côtés avant que nous ne nous rendions dans ma famille pour les fêtes de Noël.
La charge de travail n'étant pas excessive de mon côté, je demandais à pouvoir officier à distance pendant le séjour de Luna. Je resterai joignable et disponible en cas de besoin, mais ma hiérarchie sachant que je n'avais pas beaucoup d'occasions de la voir, mon souhait était assez facilement exaucé.
Je peux cependant vous dire que ce n'est pas mon ordinateur qui m'aura le plus vu durant cette semaine.
Le vendredi, je décidais d'emmener Luna avec moi au bureau, ne travaillant que le matin, ça lui permettrait d'avoir un aperçu de mon cadre de vie. La plupart des employés étant encore forcés de télétravailler, l'open space était plutôt vide, et nous n'aurions aucun souci à trouver un bureau pour que Luna s'occupe de ses révisions. Ça lui permettrait également de rencontrer quelques-uns de mes collègues, dont je lui parlais de temps à autre.
Durant la matinée, elle fit donc la rencontre de Sabine et Vince, ainsi que du directeur de la filiale : Mike.
Pour vous donner une rapide idée du profil de Mike, c'était un grand féru d'Histoire, très porté sur les relations franco-germaniques (particulièrement la période de l'Empire Napoléonien), grosse culture générale, toujours intéressé par apprendre de nouvelles choses à propos de civilisations anciennes, et avec une très bonne connaissance de la politique.
Bref, j'allais généralement dans son bureau pour des questions professionnelles, on réglait ça en 5 minutes, et derrière on digressait pendant une heure à parler Histoire, politique, changement de technologie pour les produits, etc.
- Oh bonjour, vous devez être la petite-amie de Jax ?
- Oui, et vous devez être Mike ? Il m'a beaucoup parlé de vous, vous savez.
- Ah bon ? En bien, j'espère ?
- Seulement en mal, tu penses bien !
- Ahaha, et sinon, Jax m'a dit que votre père est un ancien militaire, mais il n'a pas su me donner son grade exact, est-ce que vous pourriez me renseigner sur le sujet ?
Luna lui donnait le nom du grade (oui, je sais, c'est honteux, mais je ne m'en souviens plus ).
- Ah oui, effectivement, ça déconne pas.
- Ah bon ? Je ne suis pas une grande connaisseuse, mais je sais que son grade était quand-même important.
- Généralement, c'est le genre d'homme qu'on décide d'envoyer quand on veut régler un problème. C'est pas rare qu'ils aient une dizaine d'hommes sous leur commandement. Je suis impressionné.
Et bien heureusement qu'il n'avait pas décidé de régler le problème l'été dernier.
Nous discutions un peu plus tous les trois, à propos de linguistique, d'histoire et de nos plans pour les fêtes. Mike nous sortait même un :
- Jax, si jamais tu veux la faire revenir au bureau de temps en temps, n'hésite pas. Normalement, au niveau des assurances on ne peut pas faire accueillir de public, mais on trouvera une excuse sans soucis. Luna, tu reviens quand tu veux passer quelques heures avec nous.
Y a pas à dire, elle faisait l'unanimité.
Après avoir souhaité de bonnes fêtes de fin d'année à mes collègues, nous rentrions chez moi et préparions nos affaires. Nous devions nous rendre chez mon oncle, en Alsace, afin d'y passer la nuit avant de reprendre la route vers le Sud de la France.
En parlant du loup, je recevais un appel de sa part juste avant notre départ.
- Salut Jax, juste pour te prévenir, on suspecte que Francis ait contracté le Covid. Donc je ne pense pas que vous aurez trop de possibilités de le voir. On l'a isolé au sous-sol.
Non, ne vous en faites pas, le sous-sol en question était aménagé en un petit appartement avec tout le confort nécessaire (salle de bain, toilette, chambre, etc.). Le cousin Francis était donc bien mis à l'isolement, mais dans de bonnes conditions.
- D'accord tonton, merci d'avoir prévenu. Cela dit, je ne vais pas m'empêcher de passer un peu de temps avec lui pour une simple suspicion.
- Pas de soucis, c'est juste qu'avec la santé fragile de Marie-Chantale, il valait mieux prévenir que guérir.
Oh bordel, je l'avais oublié celle-ci... Je sais que la notion de golem est quelque chose qui est familier par ici, mais nous allions pouvoir en rencontrer une parfaite représentation.
La MC, comment dire... Rapidement dépeinte, elle avait quelque peu fait l'unanimité dans la famille de mon oncle. Ils s'étaient rencontrés peu après que ma tante et lui aient divorcé. Et dès les premières fêtes où la famille avait pu se réunir, les frères et sœurs de mon oncle l'avaient directement soumise à un véto général sur sa présence aux futurs événements. Voilà qui annonçait la couleur et le tableau à venir allait devenir une bien belle croute.
Aaaah la période coro, ou le paradis des hypocondriaques ! Même des parents ont isolé leur gamin !! J'ai pas de mots...
Ah si : suite, suite, suite :-d
Le 09 décembre 2022 à 23:32:38 :
Aaaah la période coro, ou le paradis des hypocondriaques ! Même des parents ont isolé leur gamin !! J'ai pas de mots...Ah si : suite, suite, suite :-d
Et t'es pas au bout de tes surprises. 😅
Le 10 décembre 2022 à 11:04:00 :
Le 09 décembre 2022 à 23:32:38 :
Aaaah la période coro, ou le paradis des hypocondriaques ! Même des parents ont isolé leur gamin !! J'ai pas de mots...Ah si : suite, suite, suite :-d
Et t'es pas au bout de tes surprises. 😅
Oh merde... 😅
Partie 44 - Un Noël à la Turque (2/3)
Nous arrivions chez mon oncle en début de soirée et débarquions nos affaires. Celui-ci sortait de sa maison pour nous accueillir et nous aider à prendre nos prendre nos affaires. Le vieux Westy (race de chien) attendait à l'encadrement de la porte, trop fatigué pour venir sauter et courir gaiement à l'arrivée des invités comme il avait pu le faire par le passé.
- Alors les jeunes, vous avez fait bonne route.
- Nickel tonton, et désolé du retard, je pense qu'on s'est un peu perdus en route. Le GPS m'a fait prendre par Strasbourg au lieu de la route que tu nous avais indiqué. Sinon, je te présente Luna.
- Bonjour monsieur, c'est un plaisir de vous rencontrer.
- Pareillement, mais restez pas dehors, on va finir par geler sur place.
Mon oncle nous installait dans la chambre d'amis. Les draps, le papier peint... Tout cela résonnait très 80's. Un grand classique de mes séjours chez lui. À l'époque, mon cousin et moi-même dosions des jeux Le Seigneur des Anneaux et autres joyeusetés dans cette pièce.
Nous partagions quelques bières de Noël dans le salon avec mon oncle, et mon cousin se joint à nous.
- Alors le couz', paraît que t'as la peste bubonique ?
- M'en parle pas, j'ai deux symptômes qui traînent, mais les tests sont pas positifs.
- Pourquoi t'es isolé, alors ?
- Par rapport à MC, on préfère pas prendre de risques.
- ... Bah pourquoi il est là, du coup ?
Bordel, ça n'avait aucun sens.
En gros, le cousin avait le droit de vivre à peu près normalement tant qu'on aérait après son passage et qu'il partait à l'isolement quand la MC était sur place. Comme le notait si bien msieurduss : le paradis des hypocondriaques.
- D'ailleurs, elle devrait pas tarder. Allez fiston, retour à l'isolement.
- Ok... J'y vais.
Quelques minutes plus tard, le héraut de l'argile arrivait.
- Bonsoir à tous, j'espère que vous allez bien !
- Salut MC, ouais, ça va. Pas de Covid à déclarer pour le moment.
- Bonsoir madame, je suis Luna.
- Tu es tout à fait charmante, ma chérie !
Nous passions à table et discutions de l'actualité. Mon oncle avait préparé des plats traditionnels alsaciens, et Luna se régalait de ces nouvelles saveurs. Depuis qu'il était à la retraite, mon oncle, déjà bon cuisinier, avait refait sa cuisine et redoublé de cœur à l'ouvrage dès qu'il s'agissait de passer aux fourneaux.
- Sinon, vous l'avez entendue, la dernière de Macaron ?
- L'allocution ?
- Non, la petite phrase "Les français non-vaccinés, j'ai bien envie de les emmerder".
- Bah je trouve qu'il a bien raison, sur ce coup. S'agirait pas d'être trop coulant avec la population.
- ... Pardon ?
- Je dis qu'il a raison et qu'on devrait faire chier les Français jusqu'à ce qu'ils se vaccinent.
- Le mec ne porte pas ses burnes à imposer la vaccination parce qu'on pourrait décider de le traîner en justice dans le cas où il y aurait trop d'effets secondaires parmi la population, mais il a raison d'user de demies-mesures pour nous forcer la main ?
- Absolument.
- Si ça tenait qu'à moi, on lui aurait réglé son compte façon 1789, à ce guignol.
- Je te conseille de redescendre un peu si tu veux pas qu'on en vienne aux mains.
Vous avez déjà été menacés par une demie-portion à la santé fragile ? Bah moi oui.
Mon oncle, voyant que la tension commençait à monter nous demanda de nous calmer tous les deux. Ils ne pouvait pas ouvertement prendre mon parti devant MC, mais il comprenait très bien mon point de vue et préférait sûrement ne pas me voir encastrer sa moitié dans un mur.
Après le repas, je laissais tout le monde pour rendre visite à mon cousin au sous-sol. Il composait tranquillement de la musique sur son ordinateur.
- Bordel, gratinée la MC.
- M'en parle pas, j'en peux plus. Finalement c'est presque une bénédiction que je sois forcé de rester là.
- C'est clair, t'es peut-être le plus chanceux de nous deux, ce soir.
Je lui expliquais ce qu'il s'était passé pendant le repas. Il n'en revenait pas non plus.
- Ah oui. Effectivement. Pas mal !
- Je me suis vu avoir un accès de violence, honnêtement. Il fait comment pour la supporter, ton père ?
- Aucune idée.
- Bah on est deux.
Je partais chercher Luna et nous passions la soirée avec mon cousin, entre rigolade et bons gros teh.
Le lendemain, nous partions en direction de chez ma tante, qui habitait à une heure de chez mon oncle. Celui-ci invitait Luna à venir apprendre quelques recettes locales traditionnelles à ses côtés quand elle serait installée avec moi, ce qu'elle acceptait avec joie.
Nous prenions le petit-déjeuner avec ma tante, puis reprenions la route pour descendre dans le Sud de la France, où ma mère nous attendait de pied ferme.
Le 07 décembre 2022 à 09:32:04 :
Le 06 décembre 2022 à 23:41:08 :
Le 06 décembre 2022 à 22:16:23 :
Tu régales l'auteur !Je t'en prie, clé. 😉
Je commence à avoir quelques doutes sur ma capacité à finir avant Noël, cela étant. En continuant à ce rythme et en étalant autant le narratif, j'ai peur que ça ne dure légèrement plus longtemps que prévu.
Du coup, avis à la populace : on accélère un peu dans la narration, ou bien tant pis si ça s'étale encore sur 20 chapitres ou plus ?
Personnellement j'apprécie le côté tranche de vie du Risitas, comme tu l'as déjà dit on connait déjà plus ou moins la finalité, donc autant apprécier le voyage.
Ceci, même si t'en fais 100 pages je me régale à chaque fois Jax
Le 13 décembre 2022 à 18:18:27 :
Le 07 décembre 2022 à 09:32:04 :
Le 06 décembre 2022 à 23:41:08 :
Le 06 décembre 2022 à 22:16:23 :
Tu régales l'auteur !Je t'en prie, clé. 😉
Je commence à avoir quelques doutes sur ma capacité à finir avant Noël, cela étant. En continuant à ce rythme et en étalant autant le narratif, j'ai peur que ça ne dure légèrement plus longtemps que prévu.
Du coup, avis à la populace : on accélère un peu dans la narration, ou bien tant pis si ça s'étale encore sur 20 chapitres ou plus ?
Personnellement j'apprécie le côté tranche de vie du Risitas, comme tu l'as déjà dit on connait déjà plus ou moins la finalité, donc autant apprécier le voyage.
Ceci, même si t'en fais 100 pages je me régale à chaque fois Jax
Merci clé. Pas sûr d'atteindre les 100 pages, puisqu'on a entamé la dernière année du récit, mais j'espère que ça te régalera jusqu'à la conclusion. 😃
Le 13 décembre 2022 à 21:33:59 :
T'es moitié alsacien l'op? Ou juste ta famille s'est installée là bas?
Seulement une installation partielle de ma famille. 🙂
Partie 44 - Un Noël à la Turque (3/3)
Sur la route qui nous séparait de chez ma mère, Luna m'expliquait que les fêtes de Noël étaient quelque peu dévoyées en Turquie. À mon grand étonnement, les Turcs avaient comme récente tradition de placer un sapin de Noël décoré dans leur salon, mais celui-ci était utilisé afin de marquer le passage vers la Nouvelle Année. Américanisation partielle à force de regarder Netflix et les téléfilms de Noël, à n'en point douter.
Après 8 heures d'autoroute et de petites routes de campagnes provençales, nous atteignions en début de soirée le village où résidait ma génitrice. Petite bourgade de moins de 2.000 habitants perchée en haut des rochers du Vaucluse, surplombant les vallées blanchies par l'hiver.
Nous nous garions devant la boutique et déchargions nos affaires. Ma mère venait à notre rencontre entre deux clients et serrait Luna dans ses bras.
- Je suis si contente d'enfin pouvoir faire ta connaissance.
- Merci à vous de m'accueillir pour les fêtes.
Je les laissais apprécier ce premier moment ensemble et partais garer la voiture plus haut dans le village. Nous étions le 24 décembre, j'étais rincé, mais il allait falloir que je tienne la soirée.
Je redescendais tranquillement, appréciant une marche salvatrice après ces longues heures de conduite. Je m'arrêtais quelques instants pour contempler la vallée et les lumières des agglomérations alentours qui pointaient à travers la nuit. Deux ans plus tôt, ces hauteurs étaient pour moi l'écho d'une tentation d'en finir, mais aujourd'hui, elles résonnaient plus paisiblement.
Ma mère m'enlaçait.
- Oh là, du calme ! Laisse-moi arriver !
- Je t'ai pas vu depuis 3 mois, alors tu vas pas râler !
- Non, mais j'ai qu'une envie, c'est d'aller me coucher.
- Et bien va te reposer un peu en attendant que je fasse la fermeture, on se voit tout à l'heure.
J'attrapais nos valises et Luna m’emboîtait le pas. Nous montions les deux étages qui nous séparaient de nos futurs appartements de fortune pour notre séjour.
- T'aurais pu rester un peu avec ta mère.
- Je suis d'accord, mais si vous voulez pas que je tire la gueule toute la soirée, j'aimerais avoir un peu de repos.
- Je comprends, mais quand-même.
- T'en fais pas, ça ira mieux d'ici une demie-heure ou une heure. Tu peux redescendre avec ma mère, si tu veux, je suis sûr qu'elle sera contente d'avoir ta compagnie.
- Je vais plutôt rester avec toi, ça ne te dérange pas ?
Elle venait se blottir contre-moi sur le canapé.
Je fermais mes yeux et m'endormais presque instantanément, la douce étreinte de Luna m'emportant vers de doux rivages.
'*' lourds bruits de pas dans les escaliers '*'
- Alors les enfants, prêts pour le réveillon ?
J’émergeais difficilement de mon sommeil et donnais un coup de main pour les préparatifs. Nous préparions la table, dressions le couvert et finissions les plats. Nous nous servions quelques bons verres de vin blanc et démarrions le diner. Ma mère s'était pliée en quatre pour nous préparer des bons petits plats. Luna goûtais pour la première fois de sa vie au foie gras et à un véritable menu de Noël, à la française.
Ma mère était aux anges que sa cuisine produise tant d'effet, et d'avoir un Noël "en famille". Nous échangions nos cadeaux, nous avions le ventre plein, une légère ébriété et en bonne compagnie. Bref, nous étions heureux.
Le lendemain matin, après un réveil difficile et un café des plus revigorants, nous partions ensemble en direction du Mont Ventoux, où mon grand-père nous attendait pour un bon repas de Noël.
- Alors les jeunes, comment ça va ?
- Bah écoute, un peu fatigués, mais en vie, et bien content de te voir.
Mon grand-père paternel, c'est presque un deuxième père. J'ai sans-doute passé autant, si ce n'est plus, de temps avec lui qu'avec son fils. Des étés entiers dans les forêts avoisinantes du Ventoux, à faire des randonnées, camper et apprécier la nature. Il était, depuis quelques années, retourné à la civilisation, après que des soucis de santé lui aient plus ou moins forcé la main.
.
.
.
- Oh, oh, oh, c'est moi qui suis gâté, ce Noël.
Il se tournait vers moi, et me dit à voix basse :
- Elle est drôlement bien roulée ta Luna, tu l'égares pas celle-ci, hein ?
- Ahah, c'est pas prévu, t'en fais pas.
- Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
- Que tu étais très jolie et que j'avais pas intérêt à te perdre.
- Ne vous en faites pas, il ne se débarrassera pas de moi si facilement.
- Allez, rentrez, on va attraper la mort à rester dehors.
Nous nous installions à table. Ma mère sortait les huîtres qu'elle avait acheté pour l'occasion. Je les ouvrais pendant que Luna et ma mère aidaient mon grand-père à préparer la table. Ma mère déballait son foie-gras maison et mon grand-père donnait à Luna les tranches de pain aux noix à mettre au grille-pain. La pièce sentait terriblement bon.
Une bouteille de champagne était ouverte et nous remplissions nos flutes.
- Alors, Luna, qu'est-ce que tu fais de beau dans la vie ?
- Je fais un Master pour devenir ingénieure civile.
- Elle est charmante, et c'est une tronche. Jax, pas de conneries, hein !
- Aucune chance, c'est pas le genre de la maison.
Une fois encore, nous passions un bon moment en famille. Mon grand-père, parmi tout ce que nous avions pu lui amener pour Noël, était bien plus ravi par la présence de Luna.
- Ça me fait bien plaisir de vous avoir vu, en tous cas. Je n'ai pas trop eu de visites de mes enfants, ces derniers temps.
- Même pas de papa ?
- Tu sais bien que la période des fêtes est assez chargée pour lui.
- Oui, c'est vrai, ça m'était sorti de la tête.
- Et Luna, j'espère qu'on te reverra bientôt.
- J'espère aussi, c'était un vrai plaisir de passer un peu de temps avec vous.
Elle le serrait dans ses bras.
- Attention, attention, pas trop fort, pense à mon dos.
- T'es sûr que c'est juste pour le dos, que tu t'inquiètes ?
- Alalah... Mon pauvre, y a plus rien à craindre d'en bas, malheureusement.
Sacré papy, on en rigolait régulièrement, parce que c'était peut-être le moins grave, mais ça faisait quelques années que sa santé déclinait, et j’espérais pour chacune d'elles que ce ne serait pas la dernière en sa compagnie.
Nous repartions en direction du village de ma mère. Je serrais Luna dans mes bras.
- Je crois que tu as ramené un peu de magie de Noël avec toi, cette année.
- Je suis tellement heureuse de connaître ta famille, alors je crois que la magie de Noël est équitablement répartie.
- Je t'aime.
- Je t'aime aussi.
La nuit tombait peu à peu sur la route du retour, nos mains s'entrelaçaient dans la pénombre de la voiture. J'avais l'impression d'être de retour à ma première fois en Turquie, sauf que cette fois, nous étions en France et que Luna était là, assise à côté de moi.
Le 14 décembre 2022 à 23:14:58 :
Que d'émotions l'auteur, un véritable régal de te lire !
Merci, clé.
Partie 45 - Pater noster
Les jours qui suivaient, Luna et moi passions deux jours entre Montpellier et les Pyrénées, afin de rendre visite à mon père et ma sœur. Nous arrivions à Montpellier, ma sœur habitant le centre-ville nous prenions le temps de nous imprégner de l'ambiance cosmopolite et de piétonisation forcée de ses rues.
Au bout de dix minutes à tourner, je me résignais à aller dans un parking souterrain. Luna essayait de me calmer, voyant que je commençais à avoir des réactions s'approchant de notre visite de la capitale.
- Ça va aller, t'en fais pas.
- Je déteste les grandes villes, l'architecture de certains lieux est superbe, mais ça s'arrête là. Et j'espère que Salomé va pas partir en sucette pendant qu'elle sera avec nous, sinon je la laisse sur le bord de la route et elle se démerde pour rentrer à pattes.
Il y a quelques années de ça, ma sœur, énorme fumeuse de teh devant l'Éternel (complètement dépendante), avait en effet envoyé chier ma mère en plein dîner du Réveillon de Noël, la traitant de sal*pe et autres joyeusetés semblables. Elle avait depuis lors complètement coupé les ponts avec notre mère et ne se gênait pas pour lâcher gratuitement des petites piques quand l'envie lui prenait. Entre ça et ses délires de bobo-gauchistes, autant vous dire que ma patience la concernant était des plus ténues.
'*' Ding dong '*'
- Attendez un instant, je descends de suite.
.
.
.
- Alors, ça raconte quoi, les amoureux ?
- Déjà envie de purifier cette ville par l'atome, mais sinon tout va bien. C'est normal que ça soit encore moins accessible que la dernière fois, le centre ?
- Ouais, m'en parle pas, je sais pas ce qu'ils branlent à la mairie. C'est là où je suis bien contente de pas avoir mon permis.
Ah ben c'est sûr que quand on embrasse les trottoirs dès les premières heures de conduite accompagnée et qu'on abandonne juste après, on risque pas d'être "emmerdée" avec un permis de conduire.
- Allez, il commence à faire faim, je vous invite au restaurant, t'en as un sympa d'ouvert pas loin ?
- Ouais, j'en ai un en tête.
Nous descendions quelques rues plus bas et arrivions près d'un petit bistro. Nous nous installions en terrasse, le soleil et les habits d'hiver étant suffisant pour tenir le coup. Et cela permettait à ma sœur de s'en griller une petite.
- Est-ce qu'il y a besoin qu'on présente nos attestations ?
- Non, t'en fais pas, je connais bien les gens qui bossent ici.
- D'ailleurs, t'as enfin retrouvé du boulot ?
- Non, on peut plus bosser dans la restauration sans attestation, et vu que j'ai pas envie de me prendre un coton tige tous les deux jours, je suis encore au chômage.
- Résonnement validé. Surtout si tu veux pas mettre tes futurs potentiels employeurs dans la merde.
- Ouais, puis avec les effets secondaires qui ont été reportés, j'ai pas envie de prendre le risque d'aggraver mon endométriose.
- J'imagine bien. Sinon, la Turque, tu as choisi ce que tu voulais manger ?
Luna s'amusant à m'envoyer des compilations se foutant allègrement de la langue française, ou du moins, de nos TRÈS nombreux homophones (justifié, je comprends que ça fasse vriller les étrangers), je m'amusais parfois à l'appeler "la Turque" afin de souligner nos différences culturelles, ce à quoi elle me répondait par de soulignés "le Français". C'était un petit jeu entre nous, rien de plus.
- 'Tain, mais c'est pas possible ! Tu sais que tu peux l'envoyer chier quand il est comme ça ?
- De quoi tu parles ?
- Bah, c'est quoi son délire "la Turque", là ?
- Rien de grave, je l'appelle le Français et ça nous va très bien.
- Ah ouais, genre racisme primaire, mais tout le monde est okay avec ça ?
- Y a que les connes matrixées au gauchisme qui s'offusquent de si peu, t'es au courant ?
Bordel, ça commençait bien. Mais si Salomé avait su ne serait-ce qu'un instant que Luna était loin d'être une espèce de migrante prônant la victimisation de son peuple, elle aurait sûrement fait une syncope... On garderait cet atout pour plus tard, en cas de force majeure.
Ma sœur se remettait de ses émotions et nous commandions nos plats. Le déjeuner se passait sans trop d'énormités et nous primes rapidement la route vers chez mon père.
Un bouchon et quelques heures plus tard, nous atteignions le village du padre. Sympathique bourgade d'où l'on pouvait admirer les chaînes des Pyrénées au petit matin, en buvant son café. Seulement, nous arrivions de nuit (hiver, soleil couché vers 16h-17h, toussa toussa). Je laissais ces dames à l'entrée de la boulangerie pâtisserie avec nos affaires et allait me garer en face de la gendarmerie (afin de pouvoir leur dire que Luna était une immigrante illégale, bien entendu ).
Je saluais Astride (la conjointe de mon père) et mon père, puis nous montions ensemble au-dessus de la boutique. Y a pas à dire, le four de boulangerie à granulés en dessous de l'appartement, c'est un supplice en été, mais une véritable bénédiction en hiver.
En arrivant dans la cuisine, l'odeur ne pouvait nous tromper. Ce soir, c'était fondue savoyarde !
J'avais décroché quelques jours mais t'as pas chômé 😁 Merci pour la dédicace hypocondrie ahah ^^
Sinon, ta sœur... chaud le "racisme primaire" 😂
Ca me rappelle une fois en cours (je suis prof à la fac), j'ai sorti une vieille expression parce qu'il y avait un peu de bazar : "c'est pas Babel Oued ici". Deux-trois gaucho-bobo ultra offusquées 😅 "Vous avez dit quoi ??!!"... mais assez ridiculisées quand j'ai expliqué que c'était une expression et son origine (le boucan du marché de Babel-Oued)... Et oui, il y a une telle "programmation mentale" avec certains mots... c'est affolant.
Je passe sur les nombreuses fois où je me suis fait reprendre sur le "mademoiselle" (ceci dit je me démonte pas). Bizarrement, depuis que j'enseigne uniquement à des Master (pourtant très gaucho), j'ai plus eu aucun problème. Je pense qu'avec les années j'ai aussi acquis une certaine assurance et le respect des étudiants. Mon dernier truc en date dans un cours : le mythe de l'écart de salaire H-F... Amusant pour moi en tant que maronnier et intéressant pour eux finalement. Ca se passe bien aujourd'hui, heureusement, et j'évite la programmation gratuite.
Mais ta sœur, ouha... j'aurais du mal.
Merci en tout cas, toujours un plaisir de te lire 🙂
Le 15 décembre 2022 à 22:13:36 :
J'avais décroché quelques jours mais t'as pas chômé 😁 Merci pour la dédicace hypocondrie ahah ^^Sinon, ta sœur... chaud le "racisme primaire" 😂
Ca me rappelle une fois en cours (je suis prof à la fac), j'ai sorti une vieille expression parce qu'il y avait un peu de bazar : "c'est pas Babel Oued ici". Deux-trois gaucho-bobo ultra offusquées 😅 "Vous avez dit quoi ??!!"... mais assez ridiculisées quand j'ai expliqué que c'était une expression et son origine (le boucan du marché de Babel-Oued)... Et oui, il y a une telle "programmation mentale" avec certains mots... c'est affolant.Je passe sur les nombreuses fois où je me suis fait reprendre sur le "mademoiselle" (ceci dit je me démonte pas). Bizarrement, depuis que j'enseigne uniquement à des Master (pourtant très gaucho), j'ai plus eu aucun problème. Je pense qu'avec les années j'ai aussi acquis une certaine assurance et le respect des étudiants. Mon dernier truc en date dans un cours : le mythe de l'écart de salaire H-F... Amusant pour moi en tant que maronnier et intéressant pour eux finalement. Ca se passe bien aujourd'hui, heureusement, et j'évite la programmation gratuite.
Mais ta sœur, ouha... j'aurais du mal.
Merci en tout cas, toujours un plaisir de te lire 🙂
Ah ben je te rassure, j'ai aussi de plus en plus de mal avec elle à cause de ça (entre autres choses...), mais je pense qu'elle en revient petit à petit. Elle m'a déjà expliqué que les délires wokes commençaient à lui courir sur le haricot, du fait que ça partait trop loin pour pas grand chose. Peut-être un miracle de Noël pour cette année ?
C'est triste de voir le naufrage de nos institutions, et j'imagine très bien ce que ça fait d'en être au premier rang. J'aimerais que tu viennes nous dire que ça va de mieux en mieux, mais si t'es l'un des seuls à faire de la résistance face aux inepties quotidiennes... Chapeau et courage pour la suite.
Le 16 décembre 2022 à 12:12:13 :
Excellent le risitas, tu nous régales Kheyou, avec une très belle plume nonobstant, on perçoit les résidus du professorat
Merci, clé. Content que ça te plaise. 😉
'tain mon téléphone sérieux, provocation gratuite est devenu programmation gratuite
C'est triste de voir le naufrage de nos institutions, et j'imagine très bien ce que ça fait d'en être au premier rang. J'aimerais que tu viennes nous dire que ça va de mieux en mieux, mais si t'es l'un des seuls à faire de la résistance face aux inepties quotidiennes... Chapeau et courage pour la suite.
Merci, et je te confirme, c'est de pire en pire, mais au moins là où je suis les étudiants sont sympas
Données du topic
- Auteur
- JaxBade
- Date de création
- 14 novembre 2022 à 21:36:03
- Nb. messages archivés
- 246
- Nb. messages JVC
- 242