[RISITAS] Le bièrevirus, une histoire de dépression et de mariage (saupoudrée de pistaches)

Partie 21 - Retour au pays

- À quoi est-ce que tu penses, depuis tout ce temps ?
- À nous.
- C'est à dire ?
- Tu avais raison, plus tôt. Je vais bientôt repartir, mais qu'est-ce que l'on deviendra après ça ?
- Je ne sais pas trop, il y a la distance.
- Je le sais bien. Personnellement, je ne sais pas trop si j'en serais capable. Enfin, je ne suis pas à être du genre à sauter sur tout ce qui bouge dès que ma moitié tourne le dos, mais là on parle de combien de temps d'absence ?
- Si seulement on pouvait le savoir, mais j'imagine que tu ne pourras pas venir ici très régulièrement, et venir en Europe est assez difficile pour moi également.

En effet, quand un aller-retour en Turquie représentait environ un tiers de SMIC pour moi, pour Luna c'était l'équivalent d'un salaire plein, sans compter l'obtention d'un visa qui était un véritable parcours du combattant, n'ayant pas de sa famille sur le sol européen.

- Est-ce que tu te sentirais prête à plonger dans une telle situation ?
- Je pense que oui, depuis que tu es là, je me sens heureuse. Alors si la distance et la patience sont le prix à payer, alors je suis prête a tenter le coup.

Les clés, je ne sais pas si c'est l'amour, la folie, un mix des deux ou le désespoir de la vie monotone qui m'attendait à mon retour, mais j'acceptais... Même si le cela signifiait également que les bourses, au contraire de mon compte en banque, allaient finir bien pleines.

Nous passions les derniers jours qui nous séparaient de mon retour en France, forts de notre décision commune de tenter l'aventure d'une relation à distance dont nous ne pouvions anticiper les écueils.

Le 18 novembre 2022 à 14:09:50 :
En espérant un 2ème round avant la fin de ton séjour

Et oui, nous retentions une nouvelle fois de mettre le couvert, sur la plage, le soir précédent mon retour, mais une fois encore, la pauvre Luna était trop stressée pour que nous puissions finaliser quoi que ce soit.

L'heure de mon départ arrivée, nous prenions la route vers l'aéroport en plein milieu de la nuit. Le trajet se fit dans un grand silence, mais nos mains se serraient dans la pénombre.

Nous arrivions enfin et débarquions mes affaires de la voiture. Son père me serra la main.

- Jax, t'es un mec bien. Bon retour et on espère te revoir rapidement.

Alors là, j'étais sur le cul. Il avait pris la peine de me dire ça directement en anglais.

Sa mère me pris dans ses bras et me souhaitait également un bon retour.

Ses parents repartaient et Luna vint avec moi dans le terminal. Je m'enregistrais et profitais des quelques minutes précédant mon embarquement pour discuter avec elle.

- Je m'attendais pas à ce que ton père me dise ça. T'es sûre qu'il croit toujours qu'on est juste "amis", parce qu'à moins qu'il soit totalement aveugle ou con, je pense qu'il a compris la situation depuis bien une semaine.
- Je ne sais pas, j'avais expliqué notre relation à ma mère, mais j'avais préféré garder le secret auprès de mon père, vu qu'il peut être assez protecteur.
- Et ta mère ne lui a rien dit ?
- Pas que je sache.

Bon, ben j'étais approuvé par "beau-papa".

- Mais tu sais, mes parents ont remarqué qu'il y avait eu un changement dans mon attitude, depuis que tu es là. Il m'ont dit qu'ils avaient bien vu que j'avais l'air plus souriante que d'habitude.
- Bon, ben c'est clair et net, si ton père n'a rien deviné en l'espace de 10 jours, c'est qu'il y a un problème.
- Donc c'est vraiment qu'il t'aime bien, si ça s'est aussi bien passé.
- Ahah, dans ce cas-là, je suis rassuré pour ma prochaine visite.
- Tu reviendras ?
La prenant dans me bras - Aussi vite que possible.

Elle commençait à pleurer, je restais avec elle aussi longtemps qu'il me l'était permis avant de passer les portiques pour l'embarquement.
Je regardais une dernière fois derrière moi et lui envoyais un baiser qu'elle me rendait.

Les marches qui me séparaient de mon siège avaient été gravies avec la mort dans l'âme, puis je m'envolais vers la grisaille monotone du Nord de la France.

Partie 22 - Retour dans la boucle

Une fois de retour chez moi, j'apprenais rapidement que j'avais obtenu mon diplôme. Cela étant, ma priorité était de trouver un emploi rapidement, et ce, quel qu'il soit.

À savoir que j'avais eu une piste pour aller faire une alternance, quelques mois plus tôt, pour une boîte officiant dans l'industrie du cinéma, mais que le patron avait baladé deux de mes collègues ainsi que moi-même pendant plusieurs mois avant de ne plus nous donner de nouvelles presque du jour au lendemain au beau milieu du confinement.

On ne va pas se mentir, ça m'avait foutu un coup quelques mois plus tôt, et aller prospecter pour un job au pif ne m'enchantait pas des masses, surtout au vu des différentes tournures que ça pouvait prendre (pas de réponse, fausse promesse, job d'esclave payé une misère, etc.).

Heureusement, une des collègues avec qui je m'étais fait pigeonner quelques mois plus tôt travaillait déjà dans une boîte d'assistance téléphonique et m'offrait de venir passer un entretien. Je lui envoyais mon CV et obtenait un entretien quelques jours plus tard.

L'entretien prenait une forme de questionnaire dans lequel on vérifiait... Que vous n'étiez pas un énorme gogol.
Je ne vois pas comment le formuler autrement, tant le niveau des questions était bas. Globalement, tout reposait sur de la grammaire de base et quelques questions de logique élémentaire.

J'y croisais d'ailleurs Le Capitaine.

- Ah, toi aussi Manon t'as proposé de te faire rentrer dans la boîte.
- Ouais, et honnêtement ça me sauve bien la mise.
- J'imagine. Comment ça s'est passé en Turquie, au fait ?
- Disons que j'y serais bien resté.
- Et elle était aussi bien que sur la photo ?
-
- Ahahah, je vois, et je comprends mieux pourquoi t'avais envie de rester.
- Et toi, ça s'est passé comment l'annonce des résultats, ta mère l'a bien pris ?
- ... J'ai pas osé lui dire.
- Comment ça ?
- J'ai préféré dire qu'avec le COVID, ils n'avaient pas pu valider la formation et le diplôme et que j'allais avoir droit à quelques mois supplémentaires pour passer le diplôme.

Il avait bon dos, ce putain de COVID.

- D'accord, mais qu'est-ce que tu vas faire du coup ?
- Je vais travailler un peu pour pouvoir me payer une nouvelle formation équivalente et repasser un diplôme.
- Sérieusement ? Et tu crois qu'elle va gober toute cette histoire ?
- Je croise les doigts.
- Ah ben pareil, je croise tout ce qu'il est possible, tout en évitant la torsion testiculaire, parce que tu vas en avoir besoin.

Ce Capitaine, mais quel champion, je vous jure.

En sortant, je croisais Manon et lui parlais un peu du test.

- Alors, ça s'est bien passé ?
- Il aurait vraiment fallu que je me fasse trépaner avant de venir pour que ça puisse mal se passer, à mon avis. T'avais eu le même genre de test, quand t'es entrée ici ?
- C'était il y a quelques années, mais dis-moi un peu ce que t'as eu, comme ça on pourra comparer.

[...]

- Ah oui, effectivement, ça volait pas haut.
- Tu penses que Le Capitaine s'en est sorti ?
- Aucune idée, tu l'as senti comment ?
- Comme à l'accoutumée, mais l'ayant déjà vu écrire un dossier, j'espère qu'il a pris le temps de se poser les bonnes questions avant d'écrire les réponses, et vu sa propension à paniquer dans ce genre de situation...
- Ouais, c'est pas faux.
- Qu'est-ce que t'as pas compris ?

Ouais, je sais...

Nous parlions aussi un peu de la Turquie et Manon retournait à son travail, sa pause étant achevée. Je retournais donc à mon domicile histoire d'aller un peu broyer du noir après ces quelques interactions sociales.

Quelques jours plus tard, le centre d'appels me contactait et me donnait un rendez-vous pour ma première journée de formation avant d'entrer, la semaine suivante, dans le vif du sujet.

Partie 23 - La passion du rail

J'annonçais à Luna la bonne nouvelle.

- C'est bon, j'ai trouvé un travail, c'est pas la panacée, mais ça fera l'affaire en attendant de trouver mieux.
- Ah, c'est chouette. J'espère que tu t'y sentiras bien.
- On verra sur le long terme, je vais continuer de chercher un peu, au cas où. Et toi, comment tu vas ?
- Plutôt bien, mais tu me manques.
- Toi aussi. J'en suis à me demander si je n'aurais pas dû agir comme le dernier des salauds sur les derniers jours pour éviter que tu n'éprouves du manque à mon égard.
- Non, hihi, reste comme tu es. Ton absence est plus dure, mais les moments passés avec toi sont merveilleux.

Ma foi, ça tarissait pas d'éloges.

Je vais passer un peu rapidement sur mon mois en centre d'appel téléphonique. En gros, j'étais au niveau 1 du support de la SNCF (qui est lui-même réparti sur plusieurs villes et centres d'appels). Donc durant une partie de septembre et d'octobre 2020, si vous aviez eu un testicule avec votre train et aviez dû appeler le service client, vous avez peut-être entendu ma suave voix à l'autre bout du fil. 75% de chance que j'ai dû vous dire qu'on pouvait rien faire pour vous ou qu'il fallait remplir un formulaire. Désolé si ça a été le cas, les clés.

Cela étant, je me souviens encore très bien de l'appel d'un jeune homme dont la correspondance avait été annulée au dernier moment et en pleine nuit (oui, on bossait jusqu'à 22h, selon nos rotations, et il nous arrivait de tomber sur des situation assez atypiques ou urgentes) et pour qui j'avais écumé le net pour voir s'il n'y avait pas un foyer ou une maison de jeunesse qui pouvait l'accueillir pour la nuit (vu qu'il était sans ressource, je me sentais pas de lui dire d'aller se démerder à trouver un hôtel et d'envoyer un formulaire). Heureusement pour lui, certains de ses amis avaient pu faire le voyage pour venir le chercher et le ramener à son point de départ, mais au moins, il avait eu un toit pour la nuit.

À l'issue de ce mois en centre d'appels, je recevais un coup de fil.

- Allô, monsieur Jax ?
- Lui-même.
- Bonjour, je me présente, Mme LOÏC. Je travaille pour l'entreprise Ducoq et votre école nous a recommandé votre profil car nous recherchions des alternants. Est-ce que vous seriez intéressé ?
- Écoutez, j'ai rien contre l'idée, mais il faut que je vois avec l'entreprise qui m'emploie actuellement, j'ai un contrat de six mois et je viens tout juste de passer la période d'essai.

J'en croyais pas mes oreilles, à deux jours près je pouvais partir sans encombres et là on me proposait un travail dans ma branche alors que je venais de finir ma période d'essai.

- Vous seriez disponible pour un entretien ce vendredi matin ?
- Je vois avec mon planning, un instant... C'est bon pour moi.
- Parfait, je vous propose qu'on se retrouve dans un café, ce sera plus simple que de vous faire venir dans nos locaux, qui sont un peu éloignés de la ville.
- Pas de problèmes, j'y serai.

Je contactais expressément ma hiérarchie et leur expliquais la situation. Petite astuce pour les clés qui veulent changer de travail : si vous faites un boulot alimentaire et qu'on vous propose un travail dans votre branche, votre job alimentaire ne peut légalement pas vous retenir.

- En tous cas, si un jour tu recherches du travail, hésite pas à nous contacter.
- J'espère, parce que ça signifierait que j'ai réussi dans ma branche, ne jamais avoir à revenir. Mais merci beaucoup pour l'offre et votre confiance.

Honnêtement, avoir ce genre de marque de respect de la part d'une boîte qui essaie de maximiser les profits (jusqu'à laisser des versions Windows d'évaluation sur les PC de l'open space, quoi )... J'ai jamais su si je devais le prendre comme un compliment ou non.

Bref, mon aventure continuait vers de nouveaux rebondissements, mais cette fois, ça semblait aller dans la bonne direction.

Le 21 novembre 2022 à 17:22:06 :
Le Bad se ressent au moment du départ ..

Je confirme que j'ai vécu des moments plus joyeux, dans ma vie. Mais le plus important était que ce ne soit qu'un au-revoir. 😢

Partie 24 - Started from the bottom... Still at the bottom!

J’entamais donc ma nouvelle fonction chez Ducoq, en tant qu'alternant développeur. L'entretien s'était bien passé et je rejoignais l'entreprise avec un second étudiant de l'école d'où je provenais. Notre admission ayant été opérée avec un peu de retard comparée au reste de nos camarades, nous subissions une semaine de "rattrapage" avant de rejoindre le programme habituel avec le reste des alternants de notre session.

Mon collègue, que nous nommerons Clément dans cette histoire, était un jeune prodige du développement. En effet, s'emmerdant assez violemment dans le circuit scolaire classique, il avait arrêté les études assez tôt pour s'orienter dans la restauration (le parcours étant l'un des plus court quand on veut sortir rapidement de l'éducation nationale), puis avait finalement décidé de se lancer corps et âme dans le développement, qui était une véritable passion pour lui. Bref, énorme respect, le mec était une machine, toujours motivé pour acquérir de nouvelles connaissances et d'une bonhommie incroyable.

- Alors comme ça, toi aussi tu viens bosser chez Ducoq ?
- Oui, j'ai été surpris de savoir qu'au final ils prenaient deux personnes.
- C'est pas plus mal, c'est toujours bon d'avoir de la compagnie et un point de vue différent quand on bosse.
- Ahah, c'est clair, puis c'est d'autant plus appréciable quand on s'entend bien avec la personne en question. D'ailleurs, je pars faire du café, t'en veux un p'tit, également ?
- Allez, ça tombe bien que tu le proposes, j'avais besoin de ma dose aussi.

On partait sur de bonnes bases, entre accros au café, on s'entend généralement bien.

Nous passions de bonnes journées, à rattraper notre retard, entrecoupées de blagues de plus ou moins bon goût et de lignes de code.

Le mercredi arriva.

- Allô, les garçons ? Il faudrait que vous m'envoyiez une liste de souhait pour votre matériel, le plus tôt possible, afin qu'on puisse vous préparer ça pour votre arrivée.
- Pas de soucis, on fait ça dans la journée.

Vous voyiez ce que c'est, une douille ? La nôtre avait pris la forme d'une liste de matériel dont on ne verrait jamais la couleur, et dont nous allions même payer certaines parties nous-même. Ça commençait bien.

Nous finissions notre semaine et entamions celle d'étude "normale" avec les autres larrons de la formation. 100% testo, pas une seule personne pourvue d'un double chromosome X. Contrairement à la première formation, les quotas n'avaient pas réussi à s'imposer ici.

Notre formateur nous répartissait en groupes de trois pour effectuer le projet d'application autour duquel s'articulerait notre année.

Clément et moi accueillions donc un troisième drille du nom de Mathieu.
Clément et Mathieu étaient légèrement plus jeune que moi et cela se ressentait quelque peu sur le niveau de conversation du groupe.

- Bite ! Couille !
...
- Grosse chatte purulente !
...
- Testi...
- T'as un syndrome de Tourette ou quoi ?
- Ah non, c'est juste que j'ai un peu de mal avec les longs silences.
- Ah ouais... C'est radical comme réaction, quand-même, non ?
- Au moins c'est plus drôle que si je parlais juste pour rien dire.
- J'avoue, c'est pas orthodoxe, mais ça met l'ambiance.
- J'irais pas jusque-là, mais bon, pourquoi pas. Tant qu'on arrive à bosser sur le projet, c'est ce qui compte.
- T'inquiètes pas, je suis une bête en JavaScript, je vais vous carry sur le projet, et comme ça on aura un peu le temps de déconner.

Et il avait raison, le con ! C'était une bête en JS.

Du coup, nous alternions entre temps de concentration entrecoupés de "bites" et de "couilles" et phases d'explications où on mettait en commun nos avancées (Clément et Mathieu étaient vraiment bons techniquement parlant, l'ambiance du groupe était étrange, mais sympathique, bref, ça se passait bien).

Partie 25 - Pour le meilleur ?

Durant les mois qui suivirent, Luna et moi continuions de nous écrire quotidiennement. Nous étions passés sur WhatsApp peu de temps après le test d'Arthur Aron et nous appelions parfois en visio depuis mon passage en Turquie.

La courant passait toujours aussi bien, mais une question subsistait : quand allions-nous nous revoir ?

Noël était passé, le Nouvel An aussi. Je faisais une demande congés de deux semaines pour le mois de juin 2021 auprès de mon entreprise. Elle fut acceptée.

- Luna, j'ai une super bonne nouvelle !
- Ah ? De quoi s'agit-il ?
- Ma demande de congés a été acceptée, je viens te voir en juin !
- C'est vrai ?!
- Oui ! Ça nous laisse un peu de temps pour nous organiser et essayer de passer un peu de temps juste tous les deux.
- Ça serait fantastique, tu resterais combien de temps en Turquie ?
- Deux semaines complètes.
- Est-ce que ça te dirait de visiter la Cappadoce, du coup ? C'est une région qui est à quelques heures de route, mais les paysages sont superbes.
- On peut faire ça, oui.
- Je vais voir avec mes parents s'ils peuvent nous prêter la voiture pour quelques jours, histoire qu'on puisse voyager à notre rythme.
- Ça serait parfait, effectivement.

Nous commencions à discuter de l'organisation de nos futures vacances. Le choix de la Cappadoce amenait de belles options quant aux activités. J'insistais, par ailleurs, pour profiter de notre passage dans cette région au maximum et d'entreprendre un vol en ballon.
Nous réservions un hôtel dans la région pour la durée de notre séjour et continuions de discuter, pris dans l'euphorie du moment.

- Tu sais, je pensais à quelque chose la dernière fois. Hésite pas à me dire si ça te paraît être une idée à la con ou quoi, hein ?
- Je t'écoute.
- Je me disais, quand je viendrais, on se sera presque pas vu pendant près d'un an, et je me vois vraiment pas continuer à ce rythme indéfiniment.
- Oui, je comprends ça, c'est vrai que c'est pas facile tous les jours.
- Exactement, et vu mon succès pour trouver du travail bien rémunéré en Turquie (oui, oui, j'avais trouvé une offre et postulé, mais jamais eu de réponse), la liste des solutions s'amenuise...
- ...
- Et si on se mariait ? Au final, combien de personnes peuvent se targuer d'avoir si bien tenu une relation à distance pendant si longtemps ?
- Tu es sérieux ?
- Je pense honnêtement que c'est la meilleure solution. Je t'aime, je ne me vois pas me marier un jour avec quelqu'un d'autre que toi, alors si la conséquence de ma proposition c'est de pouvoir me réveiller chaque matin du reste de ma vie en voyant ton visage, j'estime qu'il y a des situations bien pires.
- Je... Je n'avais jamais vraiment pensé à me marier un jour non plus... Jusqu'à ce que je te rencontre.
- Alors, qu'est-ce que tu en dis ?
- Il va falloir que j'en ai une discussion avec mes parents sur le sujet, mais de mon côté c'est oui !

Quelques mois plus tôt, peu après mon retour de Turquie, j'étais allé passé un week-end chez une amie habitant la région parisienne et que je connais depuis le lycée...

Autour de quelques verres de vin.

- Ouah ! Mais c'est incroyable ton histoire, on dirait vraiment un scénario de comédie romantique !
- Crois bien que j'en suis le premier étonné.
- Puis le fait qu'elle décide de faire sa première fois avec toi...
- Bah oui, c'était une première en la matière pour moi aussi, je te rassure.
- Non, mais Jax, réfléchis deux secondes.
- À quoi ?
- Tu crois qu'en Turquie ça représente la même chose que chez nous ? Enfin, je veux dire, en France, une femme donne rarement sa virginité sans que la personne en face ne compte pour elle, alors en Turquie !
- Eeeeet ?
- Tu prendras soin d'elle, j'espère !?
- Mais la question s'est jamais posée !
- Jax ! Elle t'a offert sa virginité, tu te rends compte du symbole dans sa culture ? Et elle est belle comme tout, c'est quoi ton excuse ?!

J'avoue, c'était quoi, mon excuse ?

- Je sais pas, j'ai jamais vraiment pensé à me marier, mais c'est vrai qu'avec elle, ça sonne mieux qu'avec toutes mes relations précédentes.
- Exactement, alors fais-moi plaisir et penses-y un peu !

Retour au présent de notre conversation avec Luna.

C'était fait, j'y avais pensé.

Le 21 novembre 2022 à 23:03:24 :
Obligé de up ce risitas de qualité

Merci bien pour le up et ton suivi de l'histoire, clé.
Par contre, quand j'ai le malheur de poster sans me relire et que je reviens sur des fautes plus grosses que moi, ça me fait douté de trait "qualitatif". 😅

M'enfin, tant que ça régale les lecteurs. 😉

Et pour l'autocollant, je pense que tu voulais utiliser celui-ci , je me trompe ? 😜

Up clé, je me délecte de l'histoire

Antonin et le capitaine, ces gars sûrs

Partie 26 - Sur la route de la ville de Jadielle

Il faut comprendre que le mariage nous ouvrait des options pour vivre à deux, puisque d'un côté comme de l'autre, il était plus simple de se rejoindre (en terme administratifs et légaux). Bien entendu, nous ne voyions pas cela dans cette seule optique, mais c'était le point qui nous avait motivé à accélérer le mouvement dans les étapes de notre relation.

Les parents de Luna étaient un peu surpris de la tournure des événements, mais elle comme moi comprenions que sans cela, nous nous condamnerions à une longue agonie précédant une séparation qui aurait été aussi triste qu'inéluctable. Ce choix était donc mûrement réfléchi et nous étions confiants l'un envers l'autre.

Je prenais contact avec la femme chez qui je commandais régulièrement mes écarteurs et lui demandais de me fabriquer deux petites bagues en bois et en résine avec des flocons d'or. Ces bagues seraient le point de départ de notre projet, et même si nous aurions une potentielle cérémonie de fiançailles par la suite (ce qui est généralement le cas en Turquie), nous aurions ce petit moment rien qu'à nous, en Cappadoce.

- Allô, mon chéri, comment tu vas ces derniers temps ?
- Salut maman, bah écoute, ça va plutôt bien. Et toi ?
- La routine, et un peu fatiguée, mais ça va. Quoi de neuf, tu as pu avoir tes congés ?
- Oui, c'est bon, c'est accepté. D'ailleurs, je voulais te parler de quelques chose...
- Je t'écoute.
- J'y ai bien réfléchi, et je vais épouser Luna.
- Oh mon dieu !
- Non, non, je suis toujours ton fils. Pas d’ascension divine à déclarer.
- Tu es sérieux ?
- Très.
- Et elle est au courant ? Le mariage serait prévu pour quand ?
- Oui, elle est au courant et elle m'a dit qu'elle allait en parler à ses parents. On n'a pas encore de date de prévue, c'en est qu'à l'état de projet, pour le moment. Je lui ai proposé l'idée il y a quelques jours à peine.
- D'accord, tiens-moi au courant.

Comme vous l'aurez peut-être compris, ma mère s'était quelque peu détendue du slip à l'idée que je fréquente une Turque et la nouvelle n'avait pas été accueillie trop difficilement.

Je décidais d'en parler à mon père quelques semaines plus tard.

- T'es vraiment sûr que c'est pas pour les papiers ?
- Non, non, enfin... Pas de son côté, c'est plus pour moi, en fait. Depuis Macaron je pense de plus en plus à changer de nationalité. Du coup, pourquoi pas la Turquie ?
- Ou pour d'attirer dans un réseau d'islamiste ou quoi ?
- Bah ça tombe bien que t'en parles, parce que j'ai rendez-vous pour ma circoncision demain matin !

Je vous raconte pas la patience que j'ai dû avoir ce jour-là pour ne pas troller comme le dernier des sagouins.

M'enfin , mes deux parents étaient au courant, et l'information avait suscité des réactions moins vives que celles de mon premier voyage en Turquie. Un pas dans la bonne direction, dirons-nous ?

Environ une semaine avant mon départ...

- Bonjour Olga, comment ça avance les anneaux ?
- Bonjour Jax, ça avance plutôt bien, je devrais pouvoir les envoyer cette semaine.
- , tu pourrais les envoyer directement en Turquie, de ce coup-là ? Je pense que le délais sera trop court pour que je puisse les réceptionner avant de partir.
- Pas de soucis, je te fais ça. Donne-moi l'adresse et je t'expédie le paquet dès que c'est prêt.
- Génial, je t'envoie ça dans la journée.
- Au fait, je t'ai ajouté une petite paire de pendants en or et opalite (une forme de verre synthétique aux reflets rappelant l'opale) pour ta douce.
- C'est super gentil, Olga ! Je suis sûr que Luna va les adorer. Tu veux que je te paie au moins les matières premières ?
- Non, c'est un cadeau. Pense juste à m'envoyer des photos de la Cappadoce en échange.
- Pas de soucis, compte dessus. Et merci encore pour les pendants.

Tout semblait se goupiller dans les temps, et mon départ pour la Turquie approchait à grands pas.

Le 22 novembre 2022 à 09:31:59 :
L'op régale, rabe de frites pour les gourmands

Double.
Ration.
De frites.

Partie 27 - C'est honteux !

Je m'envolais donc une nouvelle fois pour la Turquie, pour aller à la rencontre de celle qui allait (selon les dernières estimations ) devenir ma fiancée.

Comme la première fois, je posais mes bagages en fin de journée chez les parents de Luna. Tout le monde était content de me revoir, mais je sentais un certain malaise en arrière-plan.

- Tout va bien ? J'ai l'impression que quelque chose ne va pas ?
- Tu te souviens que je t'avais dit que ma sœur était enceinte et qu'elle restait chez mes parents ?

En effet, elle m'avait expliqué que dû au fait que sa grande-sœur avait une grossesse à risque. Elle vivait donc chez ses parents pour qu'en cas de soucis, ils puissent se charger d'elle directement. Son mari travaillant toute la journée et sa mère étant, quant à elle, femme au foyer, la question était pour ainsi dire vite répondue.

- Effectivement, je suis étonné de ne pas la voir, est-ce qu'elle arrive bientôt ?
- Non, et je ne pense pas que tu puisses la voir durant ton séjour.

Je sentais que la question avait suscité une grande peine pour la famille, qui était initialement heureuse de pouvoir enfin me présenter au dernier membre que je n'avais pu rencontrer jusqu'alors.
Luna m'expliquait que lorsque le mari de Sina avait appris que j'allais venir et rester deux semaines, il avait fait rapatrier sa femme à leur domicile en prétextant que je pouvais avoir le COVID, que c'était dangereux, etc.

Sérieusement ?

Et c'était même pas la meilleure partie.

- Il a aussi dit que c'était irresponsable de t'accueillir chez nous, que notre histoire était soit fausse, soit vouée à l'échec...

Je la prenais dans mes bras et la rassurais du mieux que je pouvais. En mon fort intérieur :

Dire que j'avais ramené de quoi faire un album photo pour la naissance du petit qui devait prendre place quelques mois plus tard, ainsi que mon Instax (appareil photo instantané)... Tout ça pour me faire couper l'herbe sous le pied et me bouffer un bon gros doigt...

J'avais rarement éprouvé un sentiment de violence aussi fort ces dernières années.

Je décidais cependant de tenter de remettre un peu de bonne humeur en sortant les p'tites douceurs de notre beau pays. Une bonne bière artisanale et locale pour le padre.
Des macarons amiénois (de la boutique de la famille de notre première dame, s'il-vous-plaît ) pour la madre.
Et une bonne bouteille de vin de paille (spécialité du Jura, de l'or en bouteille, allez me goûter ça un jour, les clés) pour qu'on se rince le gosier tous ensemble.

J'expliquais également à Luna que son cadeau arriverait plus tard durant mon séjour, l'envoi ayant pris du retard (et aussi pour garder le secret ).

La semaine se passait tranquillement, Luna et moi partagions de bons moments avec ses parents et attendions avec impatience de partir pour la Cappadoce, ses parents ayant accepté de nous prêter la voiture pour la durée de notre déplacement.

Nous appelions également le service de livraison qui était censé nous amener le colis (celui-ci prenant du retard) pour le faire rediriger vers notre hôtel.

Les carabistouilles allaient cependant bientôt reprendre de plus belle.

Ca a l'air mal parti pour ton colis

Les golems du cobide qui viennent te pourrir l'existence jusqu'au moyen-orient

Le 22 novembre 2022 à 15:16:38 :
Ca a l'air mal parti pour ton colis

Les golems du cobide qui viennent te pourrir l'existence jusqu'au moyen-orient

Ahahah, t'imagines pas à quel point. 😅

Le 22 novembre 2022 à 21:41:26 :

Bientôt sur vos écrans. 😉

Partie 28 - Soucis de fidélité

Nous prenions la route en direction de la Cappadoce.
Les bagages étaient chargés, nos pulsions aussi (vous imaginez bien, après 10 mois sans se voir).

Nous traversions les paysages Turques qui nous séparaient de notre destination, des étendues agricoles aux montagnes bordant la Cappadoce.

Quelques heures plus tard, nous arrivions à notre hôtel. La propriétaire nous accueillait amicalement et nous présentait les lieux. Vu le peu de visiteurs qu'elle recevait dans cette période de pandémie, elle nous avait fait la surprise de nous surclasser notre location (suite, lit king-size, cuisine équipée, etc.).

Nous décidions de nous reposer une petite heure de notre trajet avant d'aller baptiser le lit de doux ébats.

Après quelques heures, nous prenions enfin notre motivation à deux moins et partions en ville. Luna voulait me faire découvrir une nouvelle spécialité de son pays : les çig köfte. Les clés, je suis pas végan pour un sou, mais ces margoulins de Turques étaient parvenus à me faire aimer le boulghour !

Je vous résumé ça rapidement, ils additionnent le boulghour à un mélange d'épices puis étalent l'appareil (assez épais, donnant presque une consistance de pâte à biscuits) sur une galette. Ils rajoutent ensuite un tas de crudités, quelques piments, et finalisent le tout avec deux sauces : piquante et grenade.

C'est devenu mon petit plaisir coupable de milieu de soirée quand j'ai un petit creux, ça descend tout seul et les saveurs...

Nous nous baladions aux abords de la rivières traversant la ville et profitions de ces moments ensemble avant de rentrer à l'hôtel.

Le lendemain matin, nous constations avec effroi l'état du stock de latex et allions donc refaire le plein dans la supérette du coin, en même-temps que quelques courses pour notre séjour (j'avais prévu de cuisiner un peu durant nos vacances).

Nous faisions nos emplettes, j'attrapais du bœuf, une bouteille de rouge local et quelques légumes dans l'optique de préparer un bourguignon , et glissais une recharge de latex .

Une fois en caisse, je me préparais à payer quand Luna donna la carte de fidélité familiale.

Je commençais à entrevoir une énorme couille se profiler à l'horizon.

Nous rentrions à l'hôtel et commencions à ranger nos courses.

- Je peux te poser une question qui m'a traversé l'esprit un peu plus tôt ?
- Oui, qu'est-ce qu'il y a ?
- C'est bien une carte de fidélité, que tu as donné lors de notre passage en caisse ?
- Exactement, comme ça on cumule quelques points, c'est toujours utile.
- Je vais pas te dire le contraire, mais de ce coup-là j'ai une autre question. Est-ce que le détail du ticket de caisse pour lequel elle a été utilisée est stocké en ligne, sur une application ou autre ?

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- Oh non...
- Ah, c'est si mauvais que ça ?
- Mes parents vont recevoir une copie du ticket sur leurs portables, et vu que c'est pas eux qui ont procédé à l'achat, il y a de grandes chances qu'ils le consultent.
- Tu estimes notre temps de réflexion disponible à combien ?
- Si ma mère ne l'a pas déjà consulté, on peut s'estimer heureux. Mais si mon père s'en rend compte...

Elle devint aussi pâle que les navets que je venais d'entreposer au frigo et commença à paniquer.

- Qu'est-ce qu'on va pouvoir leur dire ?! Je ne sais pas quoi faire ! Si mon père s'en rend compte, je n'ose même pas imaginer sa réaction !

Les clés, je sentais déjà l'ancien pistolet de service de "beau-papa" s'appuyer contre ma tempe.

- Alors Jax, on aime bien ma fille ?