[RISITAS] Un célestin à Istanbul
CHAPITRE 7 : Joseph du Sénégal
-Euh… y… yes ?
-J’parle français, tu parles français ? T’as l’accent !
-Oui oui, je parle français !
-Je comprends rien à ce qu’il me dit le gars là, j’ai loué un appart et j’arrive pas à lui faire comprendre
-GÜLÜ GÜLÜ GÖRÜGUM GUM
-Je crois qu’il n’aime pas les noix lui
-Nan tqt il est juste un peu bizarre à comprendre
-Si je lui dis « GÜLÜ GÜLÜ GUM GUM » il va mal le prendre ?
Au final, on a réussi à se faire comprendre, le concierge essayait juste de demander le nom et le prénom du gars pour savoir où l’installer, et grâce à cela, puis en discutant un peu, j’ai appris qu’il s’appelait Joseph et qu’il venait du Sénégal, il avait fait ses études à Paris et venait, comme moi, pour un semestre d’étude (mais lui dans une école de commerce) ici « c’était le seul pays où il y avait encore de la place sur la liste », qu’il m’a dit
Le concierge nous a conduit… à mon étage, et j’aurais donc la joie d’avoir Joseph… comme voisin, sans que je ne sache encore si c’était une bonne ou une mauvaise nouvelle, parce que le gars était terriblement bavard
Quand le concierge était parti, j’ai aidé Joseph à s’installer et il m’a invité à sortir le soir. En fait, il voulait surtout quelqu’un pour lui faire visiter les environs
La soirée s’est bien passée, et j’ai rapidement compris que Jo allait devenir un bon camarade, et c’est ce qu’il est devenu par la suite, vous allez voir que ce Risitas ne manquera pas de le mentionner régulièrement par contre, contrairement à ce qu’on pourrait croire, les Turcs ne sont pas hyper chaud avec les noirs et n’en croisent pas tous les jours, on avait souvent le droit à des regards un peu tordus, surtout que Jo parlait très fort, avec de grands gestes, et ne baragouinait pas un mot de turc (le mec était arrivé en Turquie sans savoir dire « bonjour ») mais ça c’est Jo, la vie au jour le jour, sans prise de tête, advienne que pourra, sans pression, la vraie vie d’aventurier quoi
Je l’ai emmené aussi chez Tarkan le kébabier qui lui a fait goûter les meilleurs (vrais) kébabs du quartier étudiant d’Istanbul, bordel, Jo en a descendu trois en 20 minutes, Tarkan avait trouvé sa vache à lait
Toutefois, ça se goinfrait, ça se goinfrait mais le temps filait… et la rentrée approchait, l’aventure allait prendre un nouveau tournant
CHAPITRE 8 : L’université
Je n’avais jamais ignoré que ma connaissance des langues étrangères avait toujours été l’un de mes meilleurs atouts pour mon CV mais aussi pour mon capital social mais je savais aussi qu’étant un bon célestin, je n’exploitais pas ce potentiel
Alors tant qu’à faire, autant le faire grossir en attendant d’avoir un jour les cojones de l’utiliser sérieusement
C’est exactement l’état d’esprit dans lequel j’étais en me rendant à l’université, j’avais pas mal galéré à chercher les emplois du temps sur le site officiel de l’établissement, alors même que c’était en anglais, jamais vu un site aussi mal foutu ptn
Mais ça m’avait donné l’opportunité de demander de l’aide à Tutku en faisant semblant de ne vouloir utiliser « que le turc » en Turquie
J’arrive, il y a des Turcs partout, on s’assoit, le prof arrive, et j’avais évidemment pris un cursus international avec des cours en anglais mais je débutais par une option intégralement en turc. « Ca va me mettre dans le bain », j’me disais. Quelle idée
C’était un cours d’histoire des langues européennes, je comprenais surtout grâce aux schémas fléchés qui étaient projetées au tableau par le prof, un vieux qui avait une drôle de tête et qui me faisait terriblement penser à un éditorialiste français qu’on connait très bien
J’ai décroché en 5 mins tellement je comprenais rien à son accent kurde pas possible, et c’est alors que j’ai vu devant moi un mec qui galérait tout autant et qui surfait sur internet avec son mac qui coûtait 3 ou 4 salaires mensuels de mon père
Brun, bien habillé, parfum de prix, et son ordi était paramétré dans la langue de Goethe. Aucun doute, c’était un ALLEMAND je profite de la pause pour lui taper la causette dans sa langue maternelle
-Tu n’as pas l’air de beaucoup travailler
-Je ne comprends surtout rien au turc
-Pourquoi tu es ici ?
-Pour apprendre le turc
Mais oui c’est clair
-T’es allemand aussi ?
-Non, français
-Aaaah oui, champion du monde de foot !!!
-C’est ça
Par le pouvoir de la solitude et de la solidarité européenne, j’ai rapidement sympathisé avec ce germain que nous appellerons FRITZ dans ce risitas. Il habitait à 20 mins de transport en commun de chez moi et il avait choisi la plupart de ses cours à l’identique des miens, et donc on en profitait aussi pour bosser le turc à fond ensemble, comme des chefs
il était très motivé quand il s’agissait d’apprendre une nouvelle langue, mais pour le reste… il était nonchalant comme j’ai rarement vu ça b*rdel combien de fois j’ai dû le motiver à sortir de chez lui
au bout de quelques jours, je décide de faire une petite soirée posée dans mon appart de CALIFE, en invitant Jo et Fritz, j’appréhendais un peu la barrière de la langue notamment mais on a fait 10 mins en turc avant de passer toute la soirée en anglais au final, j’ai eu de la chance, les deux se sont super bien entendus et je sentais –avec raison- que je venais de fonder une bonne bande de potes
C’est alors qu’en allant chercher de l’eau, je laisse mon portable sur la table, à la vue des deux autres, recevant tout à coup un message…
-Que fais-tu demain ? On pourrait se faire quelque chose !!
-…
CHAPITRE 9 : La soirée OU TOUT A COMMENCE
-Alors ?? C’est qui Tutku ????
-C’…c’…c’est un nom de m-m-mec je crois
Ayaaaaa je me souviens parfaitement de cette défense minable, conjuguée à ma sueur et mon bégaiement de célestin
-Tutku c’est un nom de FILLE
-Ouais bah c’est une correspondante que j’ai rencontrée sur les réseaux avant de venir ici, elle m’aide un peu, elle me fait découvrir Istanbul, la plage, les bons restos, les bons plans, les belles rues…
-… son lit
-Euuh non non
-Elle a l’air mignonne sur sa photo de profil
-Ca va ça va ouais
Ca faisait des semaines que je n’avais pas vraiment pensé FEMME et ces deux-là m’ont harcelé la moitié de la soirée avec Tutku, et rapidement, en détournant les questions, chacun a partagé son expérience personnelle avec les femmes, ça a tourné au dialogue de psy
FRITZ était de loin celui qui avait l’histoire la plus riche. Il faisait partie des yes-life de son lycée et il avait toujours réussi à avoir de jolies filles, bien que ça s’était un peu calmé en arrivant à l’université, « parce qu’il avait beaucoup de travail », mais je pense que sa flemme monumentale avait dû jouer aussi.
JO est de loin celui qui avait la vie amoureuse la plus vide… moi qui pensais être au fond du trou, j’ai trouvé pire Fritz et moi avions presque les larmes aux yeux en l’écoutant, c’est vrai que la nature ne l’avait pas gâté le pauvre, mais ptn, il n’avait jamais embrassé une fille de sa vie, même en allant voyager dans des pays où c’était « plus facile » (pour un sénégalais, ça voulait dire Ouganda ou Namibie)
Quant à moi... j’ai légèrement exagéré ce qu’il s’était passé avec Ophélie pour ne pas trop passer pour un célestin mais j’ai quand même fini par avouer que c’était pas mon fort… jusqu’à ce que Jo tue la conversation :
-Et les filles turques, elles sont comment ?
-Je sais pas trop, je ne suis pas ici depuis assez longtemps
-Chaudes, très chaudes
-Comment tu sais ça ?
-On a beaucoup de turcs en Allemagne, et là-bas ils restent entre eux et ne se mélangent pas trop, mais ici elles sont beaucoup plus dévergondées, surtout dans les grandes villes. La pression de l’islam, de la société, ça les soule alors elles se lâchent, et avec un étranger ça passe encore mieux
-Aller ! Feu, je suis chaud chaud chaud archi chaud !!!
-Euh... Ouais, on fait comment ?
-Installe des applis de rencontre
-J’ai le bug
-Dans ton pays, mais ici tu l’auras pas
-J’aime pas ça moi ! Faut sortir, aller en soirée ! Y a des clubs, des soirées étudiantes, faudra pas les rater et y aller à fond !
-Ok, dès maintenant, on se file tous les plans qu’on trouve et on se bouge le cul, ok ?
-JE SUIS CHAUD !!!
-O-o-o-k ça m-m-m-arche
-Ca vous dit de corser un peu les choses ?
-Comment ?
-Une fois par mois on organise un « dîner de femmes », chacun invite la plus jolie fille qu’il peut trouver et on se fait un dîner à 6 puis on les sort en boîte
-GENIAL !!! JE SUIS CHAUD CHAUD CHAUD ARCHI CHAUD
mais quel démon faut-il être pour avoir une idée pareille et quel célestin sans caractère faut-il être pour répondre
-Oui aller !
La soirée s’est terminée après qu’on ait fixé notre premier DÎNER DE FEMMES à deux semaines plus tard, après avoir déjà repéré quelques soirées où aller, je me disais qu’au pire, je pourrais toujours inviter Tutku, mais que pour ça, tant qu’à faire, fallait passer à l’action… je ne savais pas dans quoi je venais de m’engager, mais ptn ça allait prendre une sacrée tournure
Ayaaa c'est trop bien le diner de fille, j'espère qu'il y en aura plusieurs.
Suite
Le 16 juillet 2021 à 01:36:11 :
sweet en début d'aprèm
Trop sympa l'histoire par contre je me permets de gratter des conseils de guide on peut go turquie en ce moment? Tu conseilles quoi pour 10 jours? Istanbul->Cappadoce->Izmir faisable ou je suis ambitieux?
Données du topic
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- Turkissou9
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- 11 juillet 2021 à 20:23:23
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