[Risitas] CÉLESTIN vs CÉLESTINE
Faire un nouveau cours particulier est la dernière chose qu’a envie Célestin dont la séquence avec Lana le hante. Loin de lui l’idée d’avoir des regrets, ses considérations touchent d’avantage aux erreurs faites durant toute la relation. Qu'aurait-il pu faire pour éviter que tout ça arrive ? Alors qu'on le transporte vers le domicile des Santigliano, il reconnaît à travers la vitre du véhicule la petite corpulence et l’air renfrogné de sa camarade Célestine traverser au passage piéton. Elle s’est apprêtée d’une robe et d’une couche de maquillage telle qu'il aurait pu dégouliner comme une petite fille qui voudrait jouer aux grandes sans en avoir les codes.
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- Où est-ce qu'elle va habiller comme ça ?
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Quelques heures plus tôt, Maxine entourée de quelques amis s'agitent devant l’établissement. Vu de loin, par l’excentricité de leur habit et leurs gesticulations bruyantes on les prendrait pour un groupe de jeunes un peu paumé. Célestine, cachée plus loin, ne quitte pas des yeux Maxine et sa cigarette qu’elle tient par les dents à sa bouche.
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- Attendez les gars je reviens
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Max d'une allure rapide et désincarnée s'approche de Célestine dont la gène se voit par la prise de son bras gauche par sa main opposée.
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- Je ne t'observais… C'est la façon dont je passe ce moment récréatif.
- En ne me lâchant pas du regard ? Je vais rougir…
- Ce… n'est pas ce que je voulais dire.
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L’intrépide lycéenne donne un coup d’épaule à Célestine à la manière d'un homme un peu rustique qui privilégierait les démonstrations physiques que les explications orales.
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- Je te taquine… on n'est plus des inconnus toi et moi si tu veux me parler tu viens ok ?
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Célestine acquiesce.
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- On va squatter une maison avec les autres ce soir, tu viens ?
- À vrai dire je n’apprécie guère les fêtes
- Arrête de faire ta mijaurée, c’est pas une fête on sera juste entre nous, allez tu vas adorer et t’auras toute la soirée pour me regarder…
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Plaisante Max. Célestine aurait refusé si la proposition venait de quelqu'un d’autre que Maxine mais elle a supprimé de son lexique le mot « non » quand il s’agit d’elle.
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La chambre d'Elvira est plus dérangée qu’à l’accoutumée. Qu'importe, on commence vite le cours et il tente tant bien que mal de mettre de côté Lana et surtout les problèmes qui en découlent. Parfois le contrôle de lui-même perd le combat qu'il mène contre son inconscient et il compare sans s'en rendre compte la discipline, le sens du détail et l'ennui constant qui transpire d’Elvira à la spontanéité, la candeur et l'amusement perpétuel que partage Lana quand elle révisait avec lui.
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- Tu n’as pas l'air de prendre beaucoup de plaisir à ce que tu fais.
- Qui en prendrait à commenter bêtement les écrits d'un auteur ? L’œuvre est là pourquoi me demande-t-on de la réécrire…
- On te demande pas de la réécrire mais de l’éclairer de ta propre compréhension, de l'inscrire dans un courant, une époque et de poser une réflexion dessus.
- Ça n’a pas de sens… Je suis lassée de ces études.
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Déclare-t-elle d'une intonation qui insiste sur son supposé manque d’envie.
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- Mais le bac de français est pour bientôt…
- Garde ton paternalisme pour quelqu’un d'autre que moi. Si je ne veux pas continuer on ne continue pas.
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Elle s'allume une cigarette pour se calmer. Elle s'en grillait une quand elle était agacée, parfois quand elle était agréable, parfois quand sa neutralité d’humeur lui paraissait étranger. Tout peut devenir raison à orner ses lèvres d'une clope comme un compagnon de route, secondaire mais indispensable. En jetant un œil sur l’écran d'ordinateur de la chambre, Célestin tombe sur une page où est écrit le terme EMI.
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- EMI c'est le truc de musique ?
- Non. C'est l'Expérience de mort imminente. J’ai découvert ça cette nuit. J'y ai passé des heures.
- C'est bien trop métaphysique pour toi…
- Ça veut dire quoi ça ? Les abstractions sont pas des choses qui me rebutent, je sais pas où t’es allé chercher ça.
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Pour éviter qu'Elvira ne se lance dans un portrait de sa personne sur fond de psychologie de comptoir enveloppé d'un vernis de beau parler pour donner du crédit à ses dires, Célestin renouvelle ses interrogations sur l'EMI.
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- On a pour habitude de dire qu'on voit sa vie défiler avant de mourir, c’est l'EMI.
- Oui mais c’est juste dans les films…
- Ce sont des faits. Divers témoignages le racontent. En fait, juste avant que la mort ne survienne, la conscience du sujet est altérée, il peut voir un long tunnel par exemple, ou une lumière d'une intensité rare devant lui. Une autre expérience de mort imminente plus anonyme cette fois-ci mais pas moins intéressante m’a particulièrement intrigué : l’expérience où le sujet dans un état de transe complet est porté par un sentiment de bien-être et d’amour immense, parfois on dit qu’il peut être entourés des gens qu’il aime ou qu’il a aimé avant de partir, définitivement.
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S’étonne Célestin pris d'une légère répulsion vis-à-vis des intérêts d’Elvira, donc de sa personne.
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- Voilà pourquoi je ne voulais pas t'en parler. Il est inutile de converser sur des choses intéressantes avec des gens terre à terre, il ne voit d’intérêt que dans la résolution de leur petits problèmes… Tu sais, il n'y a pas que l’école dans la vie…
- Ça n’a rien à voir… Le temps de vie est limité a quoi bon le perdre en pensant à la mort. On a toute l’éternité pour l’expérimenter…
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Elvira, un peu mouchée, sourit. Elle reçoit l'appel de quelqu’un. Ses réponses sont laconiques limitant le temps d’appel à quelques minutes.
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- Désolé… j'ai demandé ça comme ça
- J’ai une copine moi aussi… enfin c’est compliqué… elle s'appelle Lana, Lana Collet. Elle est dans ma classe… j’ai appris qu'elle… qu’elle voyait quelqu’un…
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Elvira le fixe d'un regard où l'on ne peut distinguer d’émotions.
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- Je n’ai qu'elle. Je veux pas la perdre.
- Je sais même pas pourquoi je te raconte tout ça… peut-être parce que j’ai personne à qui en parler alors je te le dis… à toi…
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Devant la tristesse de Célestin, elle éprouve un peu de compassion. Le temps passé à ses côtés forçait au développement d’une empathie sincère qui comblait la case vide de son caractère qui l’empêchait de se mettre à la place de l'autre. Alors, elle se dévoile.
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- C'est lui qui a appelé. Une fois, durant mon heure de tennis hebdomadaire, il s’est arrêté devant mon terrain. C’est là que tout a commencé. Son allure changeait de celle des autres garçons que j’ai l'occasion de croiser au catéchèse ou à l’équitation, plus serein, plus mature aussi. Il revenait assister à mes entraînements puis ces heures de tennis ont constitué le prétexte pour nous voir.
- Et c’est comme ça que vous avez fini ensemble.
- Tu peux le résumer ainsi. Tout allait pour le mieux jusqu’à ce les employés aient des doutes.
- T’as pas le droit de sortir avec quelqu’un ?
- Surtout pas avec lui… il est le petit fils de Sébastian Mariani… L'entreprise de mon père et la branche principale de l'enseigne des Mariani font tous deux parti du Fléron des distributeurs d'alcool. Quand les 2 entreprises en étaient à leur début, ils travaillaient main dans la main ce qui leur a permis de très vite se faire un nom dans le milieu jusqu’à devenir des acteurs majeurs du monde du vin mais tout a changé quand les Mariani ont ouvert à de nouveaux acteurs les parts de leur boîte. Mon père en a alors acheté pour 51% et jamais la branche des Mariani n'a retrouvé sa gloire d’antan. Les Mariani accusent ma famille d’avoir fait exprès de saborder la branche pour récupérer le monopole quand mon père se défend en disant qu’il a perdu beaucoup d’argent dans cette histoire et qu’il a gardé pratiquement l’ensemble des effectifs de la branche des Mariani malgré leur faible recette. Le point de non retour a été franchi quand mon père a voulu racheté toutes les parts de la branche alcool de leur entreprise, ça a été d'une violence sans précédent et l’idée de rachat a finalement été abandonnée. Depuis, nos 2 familles se font la guerre, tu serais terrifié si je te racontais tous les coups bas qui ont émaillé ces années
- Et Sanson et toi êtes au beau milieu de tout ça…
- Oui... Si mon père l’apprenait ça le rendrait fou… mais je ne peux pas lui laisser contrôler ma vie. Leur guerre économique me passe par-dessus la tête comme toutes leurs histoires…
- C’est à toi de reprendre les activités… Tu crois que ton père te laisserait s’éloigner de l'entreprise ?
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Elvira se lève brusquement et se penche menaçante sur Célestin en attrapant les accoudoirs du siège dans lequel il est assis l’empêchant de se mouvoir d’avantage.
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- Ton… ton parfum libère des senteurs de noix de muscade ahah…
- Qui t'a parlé de cette histoire !?
- Personne… vu… vu que t'es la fille du patron c’est logique que ce soit à toi de le remplacer...
- Tu mens j’en suis certaine… c’est sûrement Alfredo qui t'a parlé de tout ça sur ordre de mon père…
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Elle se rapproche du visage du jeune homme, comme si c’était encore possible, obligeant Célestin à s’enfoncer dans son fauteuil devant l'ombre pesante de l'impétueuse jeune femme.
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- Si j'apprends que mon père a été mis au courant de ma relation avec Sanson, je te tuerai de mes mains.
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Les chats ne font pas des chiens et on retrouve comme si elle avait été transposé d'un corps à l’autre les mêmes expressions d’intimidation chez son père que chez elle à la différence près que l’impressionnante carrure du patriarche servait son propos et participait à la crainte qu'il provoquait. Ce n’est pas la taille de guêpe d'Elvira pas aidé par son petit mètre soixante quatorze qui aurait fait craindre des représailles physiques à qui que ce soit.
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- Même de près ta peau est parfaite…
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Déclare Célestin subjugué. Elle souffle du nez et s’éloigne, agacée.
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- Je n’aurais jamais du te parler de tout ça…
- Je ne dirai rien à personne. Je te le promets.
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Jure-t-il du ton le plus solennel et le plus sincère qu’il soit. Mais les promesses d'aujourd’hui ne sont que très rarement les promesses de demain.
Près de la place de la mairie, Célestine attend qu'on vienne la chercher quand le vrombissement de motos se fait entendre au loin, ça s’approche avant que l'on voit enfin l'ombre de trois véhicules à l’horizon. On reconnaît la chevelure bleue de Maxine se mouvoir dans les airs sur l'un des 2 roues qui s’arrêtent en face de la lycéenne à la tresse.
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Lance-t-elle à Célestine qui légèrement réticente s'installe à l’arrière du siège.
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La jeune femme entoure la taille de Max en prenant soin de ne pas exercer une trop forte pression sur elle. Enfin prêtes, Maxine démarre dans une accélération telle que Célestine se tient ardemment à la conductrice par peur de tomber. Bientôt, avec la vitesse toujours plus élevée à laquelle vont les motos, les néons traçant le chemin des Elysées se transforment en fils de lumière. Chaque changement de direction pourrait faire perdre le contrôle à Max qui ne quitte pas la pédale d’accélération. Célestine presse Max tellement fort que la moindre secousse était immédiatement partagée par les 2 jeunes femmes sans aucune latence. Les cœurs semblaient jouer sur l’autre jusqu’à bientôt battre sur la même rythmique. On ne voit plus les bâtiments, ni les arbres ni la route, Célestine ne sent que le vent s'engouffrer dans ses cheveux et Maxine collée contre elle. Rien ne pourrait leur arriver.
On s’arrête devant une maison à la façade délabrée.
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- Vous avez les groupes électrogènes ?
- Ouais j'ai pas oublié. J'espère qu’on va pas se faire emmerder par les flics
- Surtout qu'avec ta tête de tox, s'ils t'embarquent t'en as pour 48 heures minimum…
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Les jeunes montent le grillage en prenant soin d’éviter de ne pas se faire mal.
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- Ouais c'est ici que je fais des sorts et que j'invoque des morts… Évidemment que non c'est pas ma maison…
- Quand tu parlais de squat je croyais à un abus de langage...C’ est un délit de rentrer par effraction dans une habitation même abandonnée
- C'est aussi un délit de monter sur une moto dans casque pourtant tu l’as fait…
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S’amuse Max.
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Insiste-t-elle pendant qu'elle grimpe au grillage. Alors Célestine grimpe aussi.
Enfin entrés dans la maison, on installe les groupes électrogènes pour éclairer l’intérieur décrépi de l’habitation.
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- Réunissez l’alcool ici… putain t’as ramené un bang !?
- Ouais on va tellement se déchirer la gueule
- C’est pour ce genre de bail que je te kiffe
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On lui tend une roulée, l'odeur qui s’en dégage est plus aigre que celle au tabac remarque-t-elle.
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- Elle fume pas... Karl, mets de la musique, un truc qui tue.
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https://youtu.be/JaoMgaBafFg?t=1m44s
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Les guitares électriques d’une musique rock des années 80 font vrombir les murs de cet intérieur qui n’avait pas autant tremblé depuis le dernier millénaire. Max et ses potes se déchaînent sur la musique et se laissent envahir par les effluves des substances qu'ils ingèrent et qu’ils recrachent sans jamais être las. Célestine, s’est servi dans le pack des bières qu’on avait posé par terre regardant ce beau monde se perdre. Ça ressemblait à la soirée d’anniversaire sauf que la décontraction et l'euphorie qu’elle voyait en son amie suffisait à la divertir. Maxine était déjà un peu barré en temps normal, mais c’était rien comparé à son état dès qu’elle se laissait aller. Elles n’avaient pas grand-chose en commun toutes les deux pourtant Célestine se reconnaissait en elle ou plutôt en une version d'elle plus exubérante, plus spontanée et surtout fantasmée.
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- Putain mais qu’est-ce que tu fais toute seule !?
- Je sais que tu me regardes, tu fais que ça… viens danser
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https://youtu.be/m3_x36zvdX4
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Max la tire jusqu’au beau milieu du salon. Elle prend les mains de Célestine et démarrent de légers pas de danse se résumant à plier le pied, le tendre, le ramener et à répéter cette chorégraphie rudimentaire avec l'autre jambe. Passé les premières approximations, Célestine imite son amie jusqu’à parfaitement danser comme elle. Maxine ajoute alors de nouveaux mouvements, les répète encore et encore jusqu’à ce que Célestine les ait parfaitement intégrée.
Bientôt Max se laisse porter par la musique. Elle saute dans tous les sens, fait voler ses cheveux dans la fumée des cigarettes et du bang alors que la lumière qui plonge son corps dans un blanc diffus amplifie chacun de ses mouvements par le prolongement des ombres et le contraste des jeux de nuances.
Parce qu’elle veut à tout prix faire comme elle, dans la même volonté de poursuite qui pousse à suivre quelqu’un pour lequel on ressent des choses ineffables, Célestine dénoue la tresse qui contraignait sa chevelure et laisse sa tête se mouvoir sur les notes de la musique avant que ses bras se balancent sur chaque ondulations de l’interprète, puis ça prend tout le corps comme une décharge et tout bouge, à chaque percussion. Elle s’agite autour de Max, amplifie ses gestes de bassin, attrape et relâche son amie qui n’arrive plus à suivre cette parade transcendantale qu’elle avait pourtant initié. Ça tourne, ça tourne, jusqu'à l’ivresse. Célestine apparaît et disparaît dans la fumée, Max voudrait juste la saisir comme avant mais elle ne compte déjà plus.
Les dernières notes de l’outro s'accompagnent des derniers mouvements sensuels de la lycéenne nouvellement désinhibée. Elle s’arrête devant Max et reprend son souffle, terriblement enjouée. Qu'est-ce que c'est bon. Son amie l’air hagard ne peut se détacher d’elle.
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À peine a-t-elle le temps de mettre des mots sur ses jouissances que Max attrape son cou et l'embrasse passionnément, comme si ça constituait une envie irrépressible. Elle laisse ses mains s'engouffrer dans cette chevelure blonde et glisser jusqu’au creu des reins de son amie.
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- Max…
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Soupire Célestine le temps d’une succincte expiration que lui permet cette langoureuse étreinte.
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- J’ai envie de toi… montons dans la chambre...
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QUE FAIRE ?
- Choix A : monter dans la chambre
- Choix B : couper court
Ayaaaa A + sweet soyons fous
J'ai explosé à la lecture de ta sweet, très divertissant
Données du topic
- Auteur
- KataIeya
- Date de création
- 9 juillet 2020 à 10:30:15
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