[Risitas] CÉLESTIN vs CÉLESTINE
- Bonjour jeunes gens, approchez-vous on va commencer ! Les évaluations de badminton du trimestre ont été effectuées, aujourd’hui ce sera un peu moins compétitif mais je ne veux pas de relâchement. Pas de bonheur sans sueur, alors donnez-vous à fond ! Présentement, répartissez-vous sur les différents terrains et que ça saute !
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Célestin se place à l’extrémité du gymnase, il est rejoint par Henri.
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- Encore ensemble comme toujours !! 
- Ouais ouais… 
- Ta copine ne te rejoint pas ? 
- Visiblement non. 
- Aïe il y'a de l'eau dans le gaz entre les 2 tourtereaux
- Mais pas du tout, on est juste pas obligé de toujours être collés…
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Henri louche sur Lana à quelques terrains d'eux. Avec Célestine et 2 autres lycéennes, elle s’échangent quelques coups de volant.
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- Qu’est-ce que tu regardes ?
- Elle a changé de coupe… 
- Depuis quelques semaines déjà, elle voulait de la nouveauté.
- De la nouveauté… Grande queue de cheval la coquine
- Qu’est-ce que tu vas chercher !? 
- T’as jamais entendu l’expression « femme à queue de cheval aime les queues de cheval » ?
- Non…
- Moi qui croyais avoir affaire à un homme de culture…
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Il se mord les lèvres en la déshabillant du regard.
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- Elle est carrément chaude comme ça, on décèle mieux son côté s*lope… Elle est prête à bouffer des tas de sucettes avec cette coiffure…
- P*tain mais ça va pas de parler comme ça !?
- C'est-à-dire ? 
- C'est-à-dire comme Jacky camionneur de 60 ans ! Tu faisais pareil avec ma mère, avec les profs, avec n'importe quel individu du sexe féminin et maintenant avec ma copine, c'est quoi ton problème !?
- Il faut pas voir ça comme une insulte… C'est juste ma façon de parler.
- Joue au lieu de dire n'importe quoi. 
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Henri prend le volant et se place en face d’un Célestin toujours échaudé par les remarques déplacés de son camarade. Les premiers jeux suffisent à mettre en jambe le lycéen qui balade bientôt son opposition.
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- Ça fait combien ?
- 11 à 2
- Pour moi ?
- Non.
- Oh. Heureusement qu'on a déjà eu l’évaluation sinon tu m'aurais mis la fessée. D’ailleurs votre conseil de classe est passé ?
- C'est ce soir.
- Nous c’était la semaine dernière, et devine qui a eu les encouragements avec 12 de moyenne ?
- Comment t'as fait ? Normalement t’arrives même pas à dépasser les 10…
- Je me suis mis à bosser, y’a pas de secret mon pote... Et je peux aussi remercier Lana.
- Comment ça ?
- Quoi t'es pas au courant ?
- Au courant de q… p*tain tu peux pas être clair quand tu parles !!
- Oh il est sur les nerfs celui-ci… il y'a un groupe sur WhatsApp où ça s’échange tous les examens juste avant qu’ils aient lieu grâce à une faille sur le site du lycée. C’est ta copine qui est à l'origine du groupe tu vas pas me dire que t'es pas au courant de tout ça ?
- … 
- Elle t'a rien dit ??? Quand je te disais qu'il y'avait de l'eau dans le gaz…
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C'est avec surprise et incompréhension que Célestin apprend la nouvelle. Peut-être est-ce une boutade d'Henri habitué aux farces des plus enfantines ? Non, cette fois il est sérieux. Si Lana est à l'origine d'une telle opération, pourquoi l'a-t-elle cachée ? Combien de personnes sont au courant de cette faille ? Depuis combien de temps existe-t-elle ? Quand tant de questions nous submergent, la plupart du temps, l'option la plus simple à adopter est de trouver des explications auprès de la personne qui détient toutes les réponses mais parfois, par un exercice de notre esprit nous évitons ce cas de figure, par peur d’être assailli de nouveaux doutes qui remettraient en questions bien plus de choses que les précédents. Célestin attendrait, au moins l’après conseil de classe pour demander des explications à Lana.
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- ...
- Quelque chose ne va pas ? 
- Hein… euh non rien je pensais au lycée… 
- On est bientôt arrivés.
- D’accord…
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Le SUV Italien s’arrête bientôt près d'un entrepôt. À l’intérieur, les tonneaux s'empilent jusqu'au plafond alors que les effluves d'alcool fermenté ne trompent pas sur la nature de leur contenu. Le logo de l’entreprise, un « S » de couleur noire qui prend les traits de la silhouette d’un victorieux cheval cabré est tapissé, ça et là, sur les murs des locaux. On emprunte un escalier des plus rudimentaires pour mener le jeune homme jusqu’aux bureaux de l'enseigne. L'ombre gigantesque de Vito Santigliano installé dans son immense siège en cuir, s’étale jusqu’à la porte d’entrée de son bureau et accueille un Célestin déjà impressionné.
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- Bonjour Bambino, assieds-toi je t'en prie. 
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Il s’exécute.
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- Tout va bien à la maison ?
- Oui ça va… 
- Et ton amie ?
- Lana… va bien…
- C’est l'essentiel. Qu'est-ce qu’on serait si nos proches n’avaient pas la santé.
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Le jeune homme acquiesce timidement. Vito Santigliano s’allume un cigare après avoir coupé l'embout.
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- Tu as découvert en entrant les activités de la Famille Santigliano. Tes impressions ?
- Ça… ça s’étend jusqu’à perte de vue...
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Vito Santigliano sourit en lisant une légère pointe d’émerveillement dans les yeux de Célestin.
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- On est l'un des premiers fournisseurs d'alcool de la région. Tu trouves de tout ici, du vin de première qualité à la réplique merdique d’importation. Tout passe par nous. On a construit cet empire de la sueur de notre front. C’est la seconde chose dont je suis le plus fier. Tu sais quelle est la première ?
- Elvira.
- Je ne suis pas immortel et bientôt ce sera à elle de reprendre l’affaire mais elle ne veut pas. Elle y a toujours porté un regard ennuyé. Tu le crois ça ? Mais quoi qu’elle fera elle sera toujours ramenée à cet endroit parce qu'on ne peut se soustraire de l’héritage de sa famille. Tu le sais ?
- …
- Comment se déroule vos heures de cours ?
- C’était… c’était un peu difficile au début mais passées les premières heures on a pu travailler efficacement. Elle progresse à une vitesse folle. À vrai dire, elle doit sûrement avoir un meilleur niveau que beaucoup d’élèves de première…. Je sais qu’elle suit les cours à domicile c'est peut-être pour ça
- Alfredo m'a fait part de ses résultats. Tu fais du bon travail.
- Merci…
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Répond Célestin d’une faible voix.
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- Tu sais si elle a un ami ? 
- Un petit ami… ? Je… je ne sais pas
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Évidemment il sait qu'Elvira a un copain mais il veut rester évasif sur ce sujet, la jeune femme ayant déjà témoigné des réserves dès que les conversations dérivaient sur sa vie privée. Elle ne veut dévoiler son jardin et Célestin tient à le respecter.
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- Le nom de Sanson Mariani te dit rien ?
- Non monsieur…
- Tu n'as jamais vu cette personne
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Vito Santigliano tend la photo d'un homme très élancé dont les joues étaient creusés de maigreur.
Célestin hoche la tête pour répondre par la négative. Le patriarche prend une longue bouffée de son cigare avant de reprendre.
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- Si je t'ai demandé de donner des cours particuliers à ma fille, ce n'est pas seulement pour qu’elle améliore ses notes. Je veux surtout que quelqu’un garde un œil sur elle. Je suis très occupé et la différence d’âge avec Alfredo, mon majordome, rend difficile les échanges malgré l’affection commune qu'ils partagent l’un pour l’autre. C'est toi la courroie de transmission entre elle et moi. C’est un contrat de confiance que je te fais mais ce contrat tu dois le respecter par ta loyauté et ta sincérité.
- …
- S'il arrivait malheur à mon Elvira à cause de ce Sanson Mariani. Cet enfant de putain ne serait pas le seul à être tenu pour responsable…
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Il fixe Célestin avec une rare intensité alors que son regard perçant est sans équivoque. Jamais Vito Santigliano n'a à menacer explicitement pour faire comprendre à l'autre où il veut en venir.
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- Alors je vais répéter ma question. Est-ce que ma fille a un ami ? 
- Oui monsieur.
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Avoue-t-il.
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- Est-ce Sanson Mariani ?
- Je… je n'en ai aucune idée… je ne l'ai jamais vu ni même en photo avant que vous m'en parliez. Je vous assure Monsieur.
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Vito, jaugeant Célestin , tire une nouvelle fois sur son cigare.
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- Trouve rapidement le moyen de le savoir.
Pendant ce temps-là au lycée, Célestine et Lana jettent un dernier coup d’œil au rapport du deuxième trimestre avant d’entamer le conseil de classe. Les enseignants sont déjà installés dans la salle de réunion. Madame Clayton prend la parole.
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- Bonsoir les filles, on va commencer. Ce deuxième trimestre a marqué une hausse significative des notes de la classe. Alors que la moyenne de classe était de 12.3 au première trimestre, elle s’élève à 13.1 au deuxième. Je tiens à féliciter toute la classe pour les efforts, l'investissement dont vous avez fait preuve.
- Merci Madame Clayton 
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Les conseils de classe sont une expérience à vivre au moins une fois dans sa vie pour que soit chassé à tout jamais l'excitation qu’on peut avoir en les imaginant. Entre la répétitivité des séquences, le manque d'entrain de la réunion et la virulence des propos des professeurs on est soit très vite dégouté par cet aspect du travail de délégué, soit complètement à l'aise dans cette réunion de la table ronde soustrait de toute son essence grandiose mais il n'existe pas de juste milieu.
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- On passe maintenant au trimestre de Mademoiselle Selena Fregias. Quelqu’un veut prendre la parole ? Madame Frod. 
- Alors personnellement dans mon enseignement, il n'y a pas de grands changements par rapport au premier trimestre c’est-a-dire qu'elle prend mon cours pour un bar à céréales - quand elle y vient évidemment parce que la plupart du temps elle n’est pas là – elle discute avec ses copines, crie dans la classe.
- Ce semestre elle a surtout concentré ses efforts sur le rafraîchissement de sa garde robe. Elle est toujours très bien habillée y'a rien à redire là-dessus 
- Si elle mettait autant d’énergie dans ses tenues que dans ses études elle pourrait tenter Harvard…
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Se moque Madame Frod.
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- Vous pensez qu’il est nécessaire de marquer le coup avec un avertissement comportement ?
- Et avertissement travail, elle n'en fout pas une en histoire. 
- Il me semble particulièrement sévère pour une élève qui finalement culmine presque à 14 de moyenne, elle a progressé de quasiment un point et demi. Il ne faudrait pas qu'elle ressente cet avertissement comme une injustice.
- Vous avez raison. Un avertissement comportement suffira à lui faire comprendre qu'on attend d’elle une certaine attitude en classe.
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Madame de Thourielle, la proviseure, signe le bulletin de Selena accompagné de quelques remarques.
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- On passe maintenant au trimestre de Monsieur Célestin. Il n’y a pas son nom de famille sur le bulletin.
- Je l’indiquerai à la reprographie.
- Bien, qui commence ? Allez-y Madame Amada
- Alors moi j'ai été étonné par son énergie durant tout le trimestre, il était plus souriant, moins conflictuel que lors du premier trimestre. On sait que ça n’a pas été facile pour lui avec ce qui s’est passé en Novembre mais il ne s’est pas laissé appesantir.
- Ses devoirs sont toujours excellents. Il a même réussi à faire mieux qu’au trimestre dernier dans ma matière.
- En effet il n'y pas grand-chose à dire sur son travail et j'ai l'impression que les rapports ont été moins compliqués entre lui et ses camarades qu'au précédent trimestre.
- J’ai la même impression. C’est une très bonne chose. Oui Lana ?
- Sa moyenne monte à combien ?
- Elle est de 18.5/20.
- Wow ! Il croyait être aux alentours de 18 mais pas autant ! 
- Tu as l’air ravie.
- Il le mérite tellement.
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Lana est émue, on ne peut lui enlever le sourire qui orne son visage. Célestine, elle, reste silencieuse. Elle est, il faut l’avouer, un peu sonnée.
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- Alors… nous sommes au coude à coude ? 
- C’est exact vous avez tous deux 18.5 de moyenne.
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Le reste du conseil semble duré une éternité pour Lana qui n’attend qu’une chose : annoncer la bonne nouvelle à Célestin.
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- Allô Cœur ? 
- Ça fait longtemps que tu m'as pas appelé. 
- Tu étais tellement concentré sur les cours… à ce propos j'ai une grande chose à t'annoncer. On vient de faire le conseil de classe et tu as 18 et demi de moyenne ! T'es le premier !
- Tu rigoles Lana !? Dis-moi que tu déconnes !? 
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Célestin n'en revient pas.
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- Premier !!!! Premier, p*tain !!! C'est pas croyable !!
- Bravo Cœur
- Et Célestine a eu combien ?
- Elle a eu 18 et demi
- 18 et demi… ? comme moi ? 
- Oui vous êtes premiers ex-æquo
- Premier ex-aequo ?
- C'est fantastique !
- Nan mais ça n'existe pas premier ex-aequo…. Il y a forcément l'un d’entre nous qui a eu plus que l'autre… quelles sont nos moyennes avec 4 chiffres significatifs ?
- Je comprends pas ? 
- Les moyennes jusqu’au chiffre des centièmes p*tain !
- Je sais pas… ils nous les ont pas communiqué.
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Célestin tape du poing sur la table d’énervement, ça fait sursauter Lana derrière son téléphone.
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- Pourquoi tu t’énerves comme ça ? T’as fait un trimestre fantastique, t'es pas heureux ?
- Je le serai quand je saurai qui est le vrai premier.
- Et si c’est pas toi ? Si c’est Célestine qui est finalement la vraie première, tu préférerais être deuxième qu’être considéré comme le premier ex-aequo ?
- Je ne peux pas me contenter d'une demi-victoire. Je veux le triomphe, avec les trompettes, les honneurs et tout le tralala.
- Mais qu’est-ce que change un écart qui se joue au centième ou au millième de point !?
- Tout Lana. Ça change tout.
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On entend rien à l'autre bout du fil à part l'expiration de la jeune femme désabusée.
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- Je dois raccrocher.. 
- Lana… Lana ??
- Oui.
- Je… on sort après les cours demain ?
- Je ne peux pas. Ma tante passe à la maison.
- Ok…
- Au revoir Célestin.
La nuit n'a pas calmé les ardeurs du jeune homme qui ne pense qu’à une chose, savoir qui est le meilleur de la classe. 18.5, 18.5, 18.5. il est impossible que Célestine et lui aient exactement la même moyenne, il y'a forcément un écart de quelques poussières qui couronneraient l'un et couvrirait l'autre de honte. Les relevés de notes n’étant pas encore délivrés, le lycéen se voit dans l’obligation de démarcher l'administration pour connaître ses moyennes.
Il se rend chez la proviseure, Madame de Thourielle…
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- Je n’ai malheureusement pas en ma disposition ces données
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…La professeure principale adjointe, Madame Gauthier….
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- Tu as demandé à la proviseure ?
- Elle ne les a pas
- Je t’avoue que moi non plus
- …
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… Et enfin à sa professeur principale, Madame Clayton.
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- Le plus important pour nous ne sont pas les notes mais les compétences que vous avez acquis tout au long de l’année
- (Tu parles…) Oui je sais madame mais c'est seulement pour… pour que je puisse envoyer mon relevé aux écoles et aux prépas auxquelles j’ai candidaté.
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Ment-il.
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- D’ailleurs, vous avez accès à ma moyenne ?
- Elle est de 18.5.
- Il n'y a pas le chiffre des centièmes ?
- Le logiciel l'arrondit automatiquement au dixième près. Tu veux que je t'imprime le bulletin ?
- Oui s’il vous plaît
- Nous n’avons pas l’autorisation de le faire en temps normal mais je vais faire une petite exception à la règle.
- Merci m…
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Avant même qu'il ne l’ait remercié. Un faux mouvement de madame Clayton renversé la tasse de café noir sur son ordinateur. Après quelques clignotements, l’appareil s’éteint définitivement.
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- Mais quel manchot… et voilà que l’écran ne s’allume plus ! Toutes mes ressources sont réunies ici ! 
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Désespère-t-elle dans une émotion totalement dévoilée contrastant avec son habituel état de contrôle que partage les femmes d'une certaine époque où mesure et pudeur valait comme devise.
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- Et… vous avez réussi à imprimer mon relevé avant que ça s’éteigne ?
- …. 
- ….
- Sors de mon bureau.
- …
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Il se rend finalement à la reprographie. C’est ici, entre autres, que sont imprimés les bulletins scolaires avant d’être envoyé aux domiciles des étudiants. L’endroit fait plus vieillot que le reste de l’établissement, les bruits des égouts se mêlent à ceux des machines dans un vacarme dérangeant auquel on s'habitue avec le temps. Dans l'obscurité de cette salle moite et peu éclairée, un individu déambule dans tous les sens entre son poste, l’imprimante, la photocopieuse et les ramettes de papier.
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- Bonjour monsieur
- J’ai pas le temps 
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Répond-il sèchement sans porter grande attention à Célestin.
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- C'est important…
- J’ai déjà exprimé ma position à la direction : les cartouches d’encre que j'ai prise pour chez moi comptent comme des bonus de fin du mois.
- Je… je viens pas pour ça… je voudrais que vous me fournissiez mon bulletin du deuxième trimestre ainsi que celui d'une camarade…
- C'est pas ici que tu dois faire la demande mais à la secrétaire.
- Je connais la procédure… mais il y'en a pour des semaines et j’en ai besoin tout de suite.
- Oh je vois… tu t’es dit que t’étais au dessus des lois et qu’il te suffirait de venir ici pour avoir tes résultats avant tout le monde. Flash spécial : tu te trompes gamin…
- S'il vous plaît, j’ai passé toute la journée à demander… je suis crevé. Vous voulez pas aider un pauvre étudiant dans le besoin ? 
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Le reprographe souffle du nez, narquois.
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- Si j'avais de la sympathie pour des chiards pubères comme toi tu crois que j’aurais travaillé dans ce taudis loin de tout ?
- Je partirai pas tant que vous m’aurez pas donné ce que je veux.
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Il hausse les épaules.
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- Tu feras gaffe le plafond est rempli d’amiante. Quelques heures ici c'est des années de vie en moins et évite de t'asseoir : le sol est mouillé le tuyau des chiottes fuit jusqu'ici. 
- Ça m’est égal !
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Célestin reste planté dans un coin de la salle 15 minutes, 30 minutes, 1 heure puis 2 et 3. Ça aurait paru moins long si son téléphone ne s’était pas déchargé dès la première heure. Le maître des lieux s’est, lui, remis au travail et semble l’avoir oublié jusqu’à ce qu'il sursaute en passant devant lui.
- T’es encore là !? T'as pas des cours, des devoirs ou d’autres gens que moi à emmerder !?
- J'ai raté 2 heures d’éducation civique et j'ai rien mangé depuis hier midi… 
- Et il est 18h46
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Le ventre du lycéen gargouille, rugit dans un son venu d’ailleurs.
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- Eh beh, je sais pas si t’as une p*tain de résilience ou si t’es juste un demeuré fini mais t’es un vrai cas.
- …
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Il ne répond plus épuisé par l'effort.
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- Allez je vais imprimer tes trucs
- C’est vrai !?
- J'ai pas envie que tu reviennes demain, après demain et le restant de mon existence pour m'emmerder et vu ton pète au casque tu le ferais. Tu veux quoi déjà ?
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Après renouvellement de la requête de Célestin, le reprographe lui fournit son bulletin et celui de Célestine.
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- Merci ! Merci infiniment monsieur !!!
- C’est ça, c’est ça… et reviens pas m'emmerder !
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Célestin file. Dès qu’il le peut, il se pose dans un endroit calme pour calculer les 2 moyennes sur sa calculatrice. On l’aurait pris pour un drogué sevré si on avait vu les tremblements qui prenaient tout son corps. Il commence avec le bulletin de Célestine.
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- C’est fou à quel point les profs lui lèchent les bottes…
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Pense-t-il à la lecture des différentes appréciations.'
Ses doigts tapent frénétiquement les touches de la machine à calculer et son excitation mêlée à une pointe de stress lui font recommencer son entreprise à plusieurs reprises. Finalement, l’écran affiche
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- 18.52**** elle a eu 18.52/20
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Il passe maintenant à son relevé de notes. Son cœur bat à la chamade et sa poitrine feint d’exploser. Il bouge les jambes pour tenter de se calmer mais c'est l'effet inverse qui se produit.
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- Mes mains sont tellement moites que mes doigts glissent sur les touches….
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Il les essuie sur son jean avant de reprendre, la sentence tombera à la pression du bouton « = ». Ses jambes sont prêtes à vaciller alors qu'il est pris de sueur froide, il pourrait s’évanouir à tout moment. Il réunit ses derniers éclats de lucidité pour appuyer sur le bouton qui sonne comme l’écrasement du marteau du président à l’énoncé d'un jugement.
- 1
- 8
- .
- 5
- 4
- …
- 18.54**** /20 
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Célestin court vers la sortie du lycée, ses pieds ne semblent ne plus toucher ce sol, il a l'impression de voler alors qu'une légère pluie rafraîchit son visage enjoué. Enfin dehors il laisse éclater sa joie.
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- Je l’ai fait bordel !!! Je l’ai fait ! 
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Enfin. Il est redevenu le meilleur, à 0.02 point certes mais à 0.02 point quand-même. Une telle euphorie aurait duré toute la nuit si une irrépressible envie de partager cette joie infinie ne le prenait pas. Son bonheur il le veut avec elle.
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- Monsieur vous pouvez me prêtez votre téléphone ? 
- Vous allez pas me le voler, vous n'êtes pas uns de ces délinquants qui pullulent dans nos quartiers ? 
- Non vous inquiétez pas ahah… le mien est seulement déchargé
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Il compose le numéro de sa femme argentée, ces 10 chiffres qu'il connait par cœur et par envie.
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- Allô Galatée !? Je l'ai fait !!! Je l’ai fait Lan…
- T'es qui khey !? 
- …
- Allo !!??
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Célestin raccroche. Cette voix, cette voix d'homme à l'autre bout du fil, malgré le traitement des signaux, il l'a déjà entendu. La pluie continue à tomber sur les têtes et lavent, goutte après goutte, les dernières effervescences de joie. Le bonheur auquel il avait goûté il y'a quelques instants semblait daté de l’éternité.
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QUE FAIRE ?
- Choix A : demander explicitement des réponses à Lana
- Choix B : souffler le chaud et le froid pour savoir la vérité
- Choix C : attendre
Données du topic
- Auteur
- KataIeya
- Date de création
- 9 juillet 2020 à 10:30:15
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