Topic du Glauque
Un internaute inquiétant
La disparition de Madeleine McCann, petite fille britannique de presque quatre ans, s’est produite durant la soirée du jeudi 3 mai 2007 à Praia da Luz, en Algarve, au Portugal.
Le 9 mai, Interpol diffuse une alerte mondiale à tous ses membres pour sa disparition1,2.
Ses parents avaient mis Madeleine et leurs deux autres enfants au lit, et dînaient à une centaine de mètres avec des amis dans un restaurant. Vers 21 h 00, le père est allé voir ses enfants et a constaté que tout allait bien. À environ 21 h 45, les parents rentrent du restaurant et découvrent le lit de Maddie vide, ainsi que la porte et la fenêtre grandes ouvertes. Ils appellent la police à 22 h 00. Le personnel et les invités ont cherché jusque à 4 h 30 tandis que la police des frontières et tous les aéroports portugais et espagnols étaient en alerte.
Cette disparition d’enfant a suscité une très importante médiatisation en Europe.
La chaine d’information française LCI rapporte qu’un site lancé par la famille pour recevoir des informations et recueillir des fonds afin d’aider aux recherches a reçu cinq millions de visites en moins de vingt-quatre heures. Des offres de dons ont été reçues de la part de simples particuliers, de petites entreprises mais également de multinationales afin d’aider à lancer une campagne d’affichage dans toute l’Europe.
Après de multiples pistes plus ou moins sérieuses étudiées, dont celle de la culpabilité des parents, et la possible intervention d’un pédophile étranger 4 ,5, la police portugaise reste au point mort et aucune solution ne semble pouvoir intervenir presque 3 ans après la disparation de la petite fille.
En 2009, le policier portugais chargé de l’enquête, Gonçalo AMARAL, publie sa version des faits dans le livre “Maddie, L’Enquête Interdite”.
Alors que l’enquête est close au Portugal7, en novembre 2009, les parents de Maddie lancent un nouvel appel à témoin avec 2 photos vieillies.
En mars 2010, un tribunal portugais autorise la publication du rapport d’enquête, lourd de 2000 pages, qui montre que certaines pistes, crédibles n’ont pas été exploitées."
et voici la suite ... tres glauque :
Le 26 septembre 2019 à 20:24:04 kongstrong a écrit :
suite ?
Suite
Le 26 septembre 2019 à 19:56:27 kongstrong a écrit :
Un internaute inquiétantLa disparition de Madeleine McCann, petite fille britannique de presque quatre ans, s’est produite durant la soirée du jeudi 3 mai 2007 à Praia da Luz, en Algarve, au Portugal.
Le 9 mai, Interpol diffuse une alerte mondiale à tous ses membres pour sa disparition1,2.
Ses parents avaient mis Madeleine et leurs deux autres enfants au lit, et dînaient à une centaine de mètres avec des amis dans un restaurant. Vers 21 h 00, le père est allé voir ses enfants et a constaté que tout allait bien. À environ 21 h 45, les parents rentrent du restaurant et découvrent le lit de Maddie vide, ainsi que la porte et la fenêtre grandes ouvertes. Ils appellent la police à 22 h 00. Le personnel et les invités ont cherché jusque à 4 h 30 tandis que la police des frontières et tous les aéroports portugais et espagnols étaient en alerte.Cette disparition d’enfant a suscité une très importante médiatisation en Europe.
La chaine d’information française LCI rapporte qu’un site lancé par la famille pour recevoir des informations et recueillir des fonds afin d’aider aux recherches a reçu cinq millions de visites en moins de vingt-quatre heures. Des offres de dons ont été reçues de la part de simples particuliers, de petites entreprises mais également de multinationales afin d’aider à lancer une campagne d’affichage dans toute l’Europe.
Après de multiples pistes plus ou moins sérieuses étudiées, dont celle de la culpabilité des parents, et la possible intervention d’un pédophile étranger 4 ,5, la police portugaise reste au point mort et aucune solution ne semble pouvoir intervenir presque 3 ans après la disparation de la petite fille.
En 2009, le policier portugais chargé de l’enquête, Gonçalo AMARAL, publie sa version des faits dans le livre “Maddie, L’Enquête Interdite”.
Alors que l’enquête est close au Portugal7, en novembre 2009, les parents de Maddie lancent un nouvel appel à témoin avec 2 photos vieillies.
En mars 2010, un tribunal portugais autorise la publication du rapport d’enquête, lourd de 2000 pages, qui montre que certaines pistes, crédibles n’ont pas été exploitées."
et voici la suite ... tres glauque :
C est un hoax de 4chan la photo, tiré d'un film je crois.
Cela dit la petite fille n a en effet jamais été retrouvée, ça fait 12 ans cette année
Ok, je crois que j'ai compris pourquoi certains posts sur Petiot ont 410: il tuait des j...fs, et ça il faut pas le dire, ce qui est absurde, vous en conviendrez !
Sinon, voici une "magnifique" histoire pour ce topic. Je n'ai pas trouvé de meilleure relation de ce fait divers que cette vidéo (en tous cas en français):
Le 27 septembre 2019 à 14:02:11 Foi_Jaune a écrit :
Ok, je crois que j'ai compris pourquoi certains posts sur Petiot ont 410: il tuait des j...fs, et ça il faut pas le dire, ce qui est absurde, vous en conviendrez !Sinon, voici une "magnifique" histoire pour ce topic. Je n'ai pas trouvé de meilleure relation de ce fait divers que cette vidéo (en tous cas en français):
comment son accent m'insupporte
Le 27 septembre 2019 à 14:05:28 kongstrong a écrit :
Le 27 septembre 2019 à 14:02:11 Foi_Jaune a écrit :
Ok, je crois que j'ai compris pourquoi certains posts sur Petiot ont 410: il tuait des j...fs, et ça il faut pas le dire, ce qui est absurde, vous en conviendrez !Sinon, voici une "magnifique" histoire pour ce topic. Je n'ai pas trouvé de meilleure relation de ce fait divers que cette vidéo (en tous cas en français):
comment son accent m'insupporte
Oui, elle a un très fort accent québécois. Il faut s'y habituer, mais ce qu'elle raconte vaut vraiment le coup (et puis moi j'ai l'accent de Quevilly alors je vais pas juger. ).
Petit up en remerciant l'auteur et tout les participants du topic . J'ai lu en 3 nuits toutes les histoires des 77 pages en ayant effectué des recherches complémentaires sur Google pour certaines ; c'était super intéressant !
Merci encore
L'histoire de La Laurie bordel
Content que le topic soit encore en vie
C’était le 14 juin, un chaud dimanche après-midi qui avait incité bon nombre de gens à rester à l’intérieur pour profiter de la climatisation. Les premiers commentaires sous le statut sont ceux d’amis, parfaitement incrédules. Peut-être sa page avait-elle été piratée. Peut-être quelqu’un devait-il aller jeter un œil. Est-ce que quelqu’un sait où elles habitent? Est-ce qu’il faut appeler la police, leur donner l’adresse?
Pendant qu’ils en débattaient, un nouveau commentaire venu du compte de Dee Dee apparut: «J’AI BALAFRÉ CETTE GROSSE TRUIE ET VIOLÉ SA MIGNONNE GAMINE INNOCENTE...ELLE A GUEULÉ TEEEEEEELLEMENT FORT LOL»
Kim Blanchard, qui ne vivait pas très loin, fut l’une des premières à réagir. Malgré son nom de famille très proche de celui des Blancharde, elles n’avaient aucun lien de parenté. Elle avait rencontré Dee Dee et Gypsy en 2009 lors d’une convention de science-fiction et fantasy organisée dans la région, où Gypsy pouvait se déguiser sans se faire particulièrement remarquer. «Elles étaient tout simplement parfaites, raconte Kim. Il y avait cette pauvre petite fille malade soignée par une mère merveilleuse et pleine de patience dont le seul objectif était d’aider tout le monde.»
Kim appela Dee Dee, mais personne ne répondit. David, le mari de Kim, suggéra de prendre la voiture pour se rendre jusque chez elles et s’assurer que tout allait bien. Lorsqu’ils arrivèrent, une foule de voisins inquiets était déjà là. Il était déjà arrivé que Dee Dee et Gypsy soient injoignables, lorsqu’elles étaient parties en voyage pour des raisons médicales sans avertir personne. Les fenêtres étaient recouvertes d’un film protecteur; il était difficile de voir à l’intérieur. Ils frappèrent à la porte: aucune réponse. Tout le monde trouva étrange que la nouvelle camionnette de Dee Dee, qui lui permettait de transporter facilement Gypsy dans son fauteuil roulant, soit garée dans l’allée.
Kim appela les secours. La police ne pouvait pas entrer dans la maison sans mandat, mais elle laissa David passer par la fenêtre. Tout avait l’air normal à l’intérieur. Les lumières étaient éteintes, et la climatisation était au maximum. Aucun signe de cambriolage ou de lutte. Tous les fauteuils roulants de Gypsy étaient dans la maison. Imaginer à quel point elle devait être vulnérable sans eux faisait froid dans le dos.
Les policiers commencèrent à prendre des témoignages en attendant de recevoir le mandat de perquisition. Kim relayait les informations sur Facebook. Oui, ils étaient entrés dans la maison; oui, la police avait été appelée. Les amis et connaissances en ligne de Dee Dee la bombardaient de questions. Kim répondait du mieux qu’elle pouvait, mais le statut commençait à faire le tour du Missouri. «Voilà le souci les amis... je sais que tout le monde est très inquiet, écrivit Kim sur Facebook. Il faut savoir que celui ou celle qui a posté ça peut lire tout ce que nous écrivons.»
Le mandat de perquisition n’arriva pas avant 22h45. La police découvrit le corps de Dee Dee dans la chambre. Elle avait été poignardée, et était morte depuis déjà plusieurs jours. Il n'y avait aucune trace de Gypsy.
Le lendemain, Kim organisa une veillée et mit en place un compte GoFundMe pour payer les funérailles de Dee Dee —et éventuellement celles de Gypsy. Tout le monde craignait le pire. Toute sa vie, Gypsy avait suscité des réactions de protection chez les gens. Elle était si petite, elle avait l’air si vulnérable. Bien des gens n’arrivaient pas à comprendre comment cela avait pu lui arriver. Qui pourrait bien vouloir s’attaquer à quelqu’un sans défense?
Pendant ce temps, la police commençait à démêler le fil de l’intrigue. Une jeune femme appelée Aleah Woodmansee l’avait contactée. Elle savait des choses, des choses qui pourraient peut-être s’avérer utiles. Par exemple, leur dit-elle, Gypsy avait un petit ami secret sur internet.
Aleah, la fille d’Amy Pinegar, était une jeune femme de 23 ans, inspectrice pour une assurance santé. Elle se sentait comme une grande sœur pour Gypsy, et de toute évidence, c’était réciproque. Mais elles étaient rarement seules toutes les deux, car la mère de Gypsy était constamment à ses côtés. Alors quand Gypsy se confia à Aleah, elle le fit au moyen d’un compte Facebook secret, sous le nom d’Emma Rose.
«C’est mon compte personnel, maman est encore surprotectrice, elle sait pas que j’ai ce compte», écrivit Gypsy en octobre 2014. Puis, elle avoua avoir rencontré un homme sur un site de rencontres chrétien. Elle était amoureuse de lui, affirma-t-elle à Aleah. Gypsy n’avait encore rien dit à sa mère. Elle écrivait qu’elle savait que Dee Dee ne serait pas d’accord, qu’elle n’avait pas le droit de sortir avec des garçons, alors qu’elle mourait d’envie de grandir et d’avoir un petit ami comme les autres filles de son âge.
«Il y a un moment, j’ai dit à ma mère quelque chose de méchant, j’ai dit que je voudrais que ta mère sois ma mère à la place de ma mère parce que madame Amy laisse Aleah sortir avec qui elle veut et ça a fait du mal à ma mère», écrivit Gypsy.
Son petit ami s’appelait Nicholas Godejohn, révéla Gypsy. Ils communiquaient depuis plus de deux ans. Il se fichait qu’elle soit en fauteuil roulant. Et Gypsy avait l’intention de l’épouser. Ils étaient tous les deux catholiques, ils s’étaient mis d’accord sur le prénom de leurs enfants. Elle mijotait un plan sophistiqué pour que Dee Dee rencontre Nick par hasard au cinéma du coin, après quoi Gypsy espérait qu’ils puissent vivre leur relation ouvertement.
Ce n’était pas la première fois qu’Aleah recevait des messages clandestins de Gypsy au sujet de garçons. Elle savait que Gypsy avait déjà essayé de rencontrer des hommes en ligne, que malgré ce qu’affirmait Dee Dee sur le fait que sa fille ait 7 ans d’âge mental, elle commençait à penser à l’amour et au sexe. Mais elle était inquiète. Gypsy lui avait toujours semblé naïve. En octobre 2014, elle écrivait: «J’ai 18 ans. Nick… a 24 ans», soit six ans de plus.
En outre, elle avait une drôle de manière de parler de cette relation. «C’était comme un genre de magnifique conte de fée», m'a raconté Aleah devant une tasse de café, à Springfield, l’automne dernier.
Elle était également inquiète à cause de Dee Dee, qui l'avait grondée en 2011 au sujet de ses conversations avec Gypsy, et lui avait dit qu’elle corrompait une enfant. «Je ne vais pas rapporter à ta mère les choses que tu as dites, avait-elle dit à Aleah. Mais je ne veux pas que tu parles à Gypsy comme ça.» Dee Dee avait confisqué le téléphone et l’ordinateur de Gypsy pendant un moment. Gypsy avait quand même réussi à profiter des failles de la vigilance de sa mère, et trouvé d’autres moyens de joindre Aleah. Mais elles se voyaient de moins en moins, et après les messages qui parlaient de Nick Godejohn à l’automne 2014, Aleah n’eut plus de nouvelle de Gypsy.
Devant la maison six mois plus tard, au milieu de la foule qui s’y était rassemblée, Aleah se dit qu’il fallait qu’elle raconte tout cela à la police. Elle leur montra les messages Facebook, et ils notèrent le nom. La police chercha l’origine des posts publiés sur le profil Facebook de Dee Dee. L’adresse IP correspondait à celle d’un certain Nicholas Godejohn qui habitait dans le Wisconsin.
Le 15 juin, plusieurs policiers du comté de Waukesha, Wisconsin, furent envoyés à la maison de Nick Godejohn. Le face-à-face fut bref, et Nick se rendit très rapidement. Heureusement, Gypsy était avec lui, indemne, en parfaite santé. Tout le monde était soulagé. Sur le moment, en tout cas.
«Il ne faut pas toujours se fier aux apparences», déclara le shérif de Springfield lors d’une conférence de presse le lendemain matin.
Il s’avéra que Gypsy n’avait plus utilisé de fauteuil roulant depuis qu'elle était partie de chez elle, quelques jours auparavant. Elle n’en avait pas besoin. Elle pouvait tout à fait marcher, ses muscles n’avaient aucun problème et elle n’avait emporté ni médicament, ni caisson à oxygène. Elle avait les cheveux courts et hérissés, mais elle n’était pas chauve —elle avait simplement eu la tête rasée, toute sa vie, pour avoir l’air malade. Elle parlait très correctement, tout en étant un peu secouée par les événements. L’enfant handicapée qu’elle avait si longtemps été dans les yeux des autres n’était plus là. C’était une imposture, raconta-t-elle à la police. Tout. Absolument tout. Sa mère l’y avait contrainte.
«J’ai juste pleuré», raconte Aleah, dépassée par les événements.
Kim Blanchard pleura, elle aussi. «À ce stade c’était vraiment devenu: “Je ne sais rien de cette personne. Qu’est-ce que j’ai cru? Comment ai-je pu être aussi idiote?”»
«Personne n’avait demandé de papiers. Personne n’avait semblé surpris», me raconte Amy Pinegar plus tard. «Est-ce que derrière leurs portes fermées, elles se moquaient de nous» —elle se tut un instant— «nous, les pigeons?»
L'article est très long par contre. Je vous poste le lien avec la suite:
https://www.buzzfeed.com/fr/michelledean/lamere-assassinee-qui-voulait-trop-soigner-son-enfant
Mais dites-moi si vous voulez que je continue de poster des pavés.
Le 02 octobre 2019 à 10:37:20 Foi_Jaune a écrit :
L'article est très long par contre. Je vous poste le lien avec la suite:https://www.buzzfeed.com/fr/michelledean/lamere-assassinee-qui-voulait-trop-soigner-son-enfant
Mais dites-moi si vous voulez que je continue de poster des pavés.
ouf cette histoire
oui très intéressant, continue !
sinon dans un autre registre, La chaîne de P.A.U.L a posté une bonne vidéo, sur le stalker de bjork https://www.youtube.com/watch?v=vVAvjoR0rCY&bpctr=1570093818
Le 03 octobre 2019 à 10:43:33 xaxaXxx a écrit :
oui très intéressant, continue !sinon dans un autre registre, La chaîne de P.A.U.L a posté une bonne vidéo, sur le stalker de bjork https://www.youtube.com/watch?v=vVAvjoR0rCY&bpctr=1570093818
Cimer, j'y jette un oeil quand j'ai 2 minutes.
Bon, je continue l'histoire des Blanchard alord:
Dee Dee s’appelait en réalité Clauddine Blanchard. Elle avait utilisé de nombreux pseudonymes et orthographes diverses au fil des ans: DeDe, Claudine, Deno. En arrivant dans le Missouri, elle se faisait appeler Clauddinnea et ajoutait toujours un «e» à son nom de famille. Toutes les histoires qu'elle racontait n’étaient pas des bobards. Elle était en effet originaire de la ville de Lafourche Parish, dans le Sud-Est de la Louisiane. Elle avait grandi dans une ville appelée Golden Meadow avec cinq frères et sœurs, dont la plupart sont encore en vie. Sa mère est morte en 1997, mais son père est toujours vivant.
C’est aussi le cas de Rod Blanchard, le père de Gypsy. Il vit toujours dans la région, à Cut Off, pas très loin de Golden Meadow. Gypsy a son nez. C’est un homme laconique, parfois stoïque, parfois drôle. Il avait rencontré Dee Dee quand il était au lycée, et ils étaient sortis ensemble pendant quatre à six mois. Il avait 17 ans et elle 24 lorsqu’elle tomba enceinte, et à l’époque, la seule chose qu’il lui sembla logique de faire fut de l’épouser. «Je me suis réveillé le jour de mon anniversaire, le jour de mes 18 ans, et je me suis rendu compte que je n’étais pas là où je devais être, m’explique-t-il. Je n’étais pas amoureux d’elle, en fait. Je savais que je me mariais pour les mauvaises raisons.» Il quitta Dee Dee, et bien qu’elle essayât à plusieurs reprises de le récupérer, leur couple ne fonctionna pas.
Gypsy Rose naquit peu de temps après leur séparation, le 27 juillet 1991. Rod expliqua que Dee Dee aimait le prénom Gypsy, et que lui était un fan des Guns N’ Roses. À sa connaissance, aucun des deux ne connaissait Gypsy Rose Lee, l’enfant-star des vaudevilles des années 20 devenue strip-teaseuse, dont les débuts dans la vie servirent de base à la comédie musicale de Broadway Gypsy. Cette Gypsy avait également une mère qui contrôlait tout, qui mentait sur l’âge de sa fille pour la faire paraître plus jeune et qui l'obligeait à jouer la comédie alors qu’elle n’en avait pas envie.
Gypsy était en bonne santé à la naissance, raconta Rod. Mais lorsqu’elle eut 3 mois, Dee Dee devint persuadée que son bébé faisait de l’apnée du sommeil, que Gypsy allait arrêter de respirer pendant la nuit. C’est à ce moment-là que Dee Dee avait commencé à l’emmener à l’hôpital. Rod se souvient que les médecins n’avaient rien trouvé, malgré trois batteries de tests et un monitoring de son sommeil. L’idée s’ancra que Gypsy était une enfant malade. Dee Dee expliqua à Rod le nombre stupéfiant de problèmes dont la petite souffrait et affirma que Gypsy avait un défaut chromosomique. Beaucoup de ses problèmes de santé venaient de là, prétendait-elle.
Tout alla très vite. Dee Dee avait toujours une nouvelle idée sur ce qui n’allait pas chez Gypsy, un nouveau médecin, un nouveau médicament. Elle avait été aide-soignante et elle avait un don pour retenir et recracher les terminologies médicales. Toutes ces informations s’érigeaient comme un mur autour de la fille et de la mère. Dee Dee semblait toujours avoir les choses bien en main. Elle savait tellement de choses, et aucune question ne la déstabilisait jamais —elle avait réponse à tout.
Rod se remaria et eut deux autres enfants. Lui et sa nouvelle épouse, Kristy, virent souvent Gypsy pendant les dix premières années de sa vie, et peuvent montrer des photos de diverses heureuses excursions en famille jusqu’en 2004. Ils se souviennent aussi être allés aux Jeux paralympiques, mais ils en gardent de bons souvenirs. «Que des sourires», se souvient Kristy. Ils possèdent une photo de Gypsy arborant un sourire jusqu’aux oreilles, avec son père et son frère. Pendant toutes ces années, Gypsy ne dit jamais un mot contre sa mère. Ni contre rien d’autre.
Les relations de Dee Dee avec sa propre famille, qui n’avaient jamais été très bonnes, se détériorèrent. La cause n’en est pas très claire (malgré plusieurs tentatives pour joindre son père, Claude Pitre, je n’ai jamais réussi à parler directement à sa famille). Elle commençait à avoir des problèmes avec la justice, des petites choses, comme des chèques en bois. Dee Dee finit par déménager à Slidell, à deux heures de route vers le nord, en face de la Nouvelle-Orléans de l’autre côté du lac Pontchartrain.
À Slidell, Dee Dee et Gypsy vécurent quelques années dans des logements sociaux, à consulter des médecins de l'hôpital universitaire de Tulane et du Children’s Hospital. Dee Dee expliqua aux praticiens que Gypsy faisait des crises d’épilepsie tous les deux mois; ils lui donnèrent donc un traitement antiépileptique. Dee Dee insista, auprès de chaque médecin, sur le fait que sa fille était atteinte de dystrophie musculaire, même lorsqu'une biopsie prouva que ce n’était pas vrai. Elle avait aussi des problèmes aux yeux et aux oreilles, insistait Dee Dee, elle voyait mal et avait des otites à répétition. Les médecins l’opérèrent scrupuleusement. Quand Gypsy attrapait un rhume ou se mettait à tousser, elle était conduite aux urgences.
En 2005, l’ouragan Katrina frappa la ville de Slidell. Il n’y eut plus d’électricité pendant des semaines. La mère et la fille se retrouvèrent dans un abri pour personnes en situation de handicap à Covington, en Louisiane, avec des photos de leur appartement en ruines. Elle expliqua au personnel du refuge qu’elle n’avait pas le dossier médical de Gypsy avec elle: il avait été détruit par l’inondation.
Un des médecins de l’abri, Janet Jordan, venait des Ozarks (elle a refusé d’être interviewée pour cet article). Elle tomba sous le charme de Gypsy: «Quand je l’ai rencontrée la première fois, je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer un peu, et elle m’a dit: “c’est rien, vous êtes juste humaine”», raconta Jordan à une chaîne d'information locale en 2005. Apparemment, ce fut elle qui conseilla aux Blanchard de partir pour le Missouri.
Impossible pour la presse locale de résister à cette histoire d’une mère et de sa fille handicapée qui avaient tout perdu. Et cela fonctionna aussi avec les organisations caritatives. Dee Dee et Gypsy furent évacuées en avion vers le Missouri en septembre 2005, où elles louèrent une maison à Aurora. Elles y habitèrent jusqu’à leur déménagement dans la maison fournie par Habitat for Humanity sur West Volunteer Way, en mars 2008.
Si Gypsy avait bénéficié des services d’organisations caritatives pour les enfants en situation de handicap depuis toute petite —Dee Dee séjournait souvent dans des maisons spécialisées de l'association Ronald McDonald— cette maison était de toute évidence le plus grand bénéfice que Dee Dee avait jamais réussi à en tirer. Cela sembla lui donner encore plus d’appétit. À Springfield, elles ont profité de vols gratuits offerts par une organisation de pilotes bénévoles, elles ont séjourné dans des pavillons aménagés pour des patients atteints de cancer et bénéficié d'expéditions gratuites à Disney World grâce à diverses organisations caritatives (aucune des associations avec lesquelles les Blanchard avaient des liens confirmés n’ont répondu à nos demandes d'interview).
Dee Dee envoyait régulièrement des nouvelles à Rod sur les faits et gestes de sa fille et sur son suivi médical. Elle le faisait tout en assurant aux médecins et à ses nouveaux amis du Missouri que c’était un drogué qui avait abandonné sa fille. En réalité, Rod et Kristy parlaient à Gypsy relativement souvent. Ils envisageaient toujours de lui rendre visite, mais «pour une raison ou pour une autre, ça ne se faisait pas», explique Rod.
Rod continua d’envoyer chaque mois, comme il l’avait toujours fait, 1200 dollars de pension alimentaire à un compte en banque de la Nouvelle-Orléans. Il envoyait aussi parfois des cadeaux demandés par Dee Dee; des téléviseurs, une console Wii. Il continua même après les 18 ans de Gypsy, car Dee Dee prétendait que Gypsy nécessitait toujours des soins 24 heures sur 24. «Il n’a jamais été question que j’arrête un jour de payer», explique-t-il.
Il y avait bien, parfois, de petits indices qui pouvaient laisser penser à une supercherie. Lorsque Rod appela Gypsy pour lui parler le jour de ses 18 ans, il se réjouissait à l’idée de lui raconter toutes les plaisanteries que les pères disent à leur fille sur le fait de devenir une adulte. Mais Dee Dee intercepta l’appel pour lui rappeler que Gypsy ne connaissait pas son âge réel. «Elle pense qu’elle a 14 ans», affirma Dee Dee. Elle lui demanda de ne pas perturber Gypsy en disant autre chose. Rod obtempéra.
«Je crois que le problème de Dee Dee était qu’elle avait tissé tout un réseau de mensonges, et qu’il n’y avait pas moyen de s’en échapper, estime Rod. Elle s’y est tellement empêtrée, c’était comme le début d’une tornade, et elle s’y est retrouvée si profondément enfoncée qu’il n’y avait plus d’issue de secours. Un mensonge devait en couvrir un autre, qui devait en couvrir un autre, et c’est devenu son mode de vie.» Lui et Kristy ne voyaient jamais les articles et les reportages de la presse locale sur Dee Dee et Gypsy, écrits et filmés dans le Missouri. Ils ne savaient rien des voyages et des expéditions offertes par les associations caritatives, en dehors de ce que Dee Dee leur racontait, ce qui était très peu.
Tout changea en juin 2015, lorsque Rod appela Kristy en sanglotant au beau milieu de la journée. La sœur de Dee Dee venait de lui téléphoner; Dee Dee était morte et Gypsy avait disparu. «J’ai fait une crise de nerfs en pensant qu’on l’avait emmenée quelque part où elle allait mourir abandonnée», raconte Kristy. Et si on retrouvait Gypsy, ajoute-t-elle, «comment allais-je pouvoir prendre soin d’elle alors que c’était Dee Dee qui savait tout sur la manière de s’en occuper?»
Rod vit sa fille marcher pour la première fois de sa vie en regardant un reportage à la télé sur le passage au tribunal de Gypsy dans le Wisconsin. Personne ne les avait préparés; Kristy avait repéré la vidéo sur Facebook. Rod fut tellement désorienté en la voyant qu’il raconte que sa première réaction fut: «J’étais vraiment heureux qu’elle marche.»
Quand l’avocat de Gypsy leur montra le rapport d’autopsie de Dee Dee, Kristy raconte qu’elle est longtemps restée penchée sur la partie qui traitait du cerveau de Dee Dee. L’avocat lui demanda pourquoi.
«Je veux savoir ce qui a pu lui passer par la tête, répondit Kristy. Qu’est-ce qu’il y avait dans sa tête qui a déclenché toute cette merde?»
Dee Dee ne pourra jamais répondre à la moindre question. Il n’y aura jamais que l’histoire de Gypsy. Et même Gypsy ne la connaît pas en entier. Entre le moment de son arrestation et mes plus récentes discussions avec elle dans sa prison du Missouri, elle a eu l'esprit embrouillé sur des détails et sur des faits. Un exemple: quand elle a été arrêtée, Gypsy a dit à la police qu’elle avait 19 ans. Rod et Kristy ont pu rectifier auprès des autorités en leur fournissant son certificat de naissance. Gypsy avait 23 ans.
Les parents façonnent l'univers de leurs enfants, et Dee Dee avait fait de celui de Gypsy un monde où elle avait vraiment un cancer. Gypsy m’a raconté que sa mère lui disait que certains médicaments étaient liés à cette maladie. Même en grandissant, elle ne voyait pas trop comment le mettre en doute. La question des traitements précis que sa mère a fait suivre à Gypsy au fil des ans n’est pas tout à fait éclaircie. Certains ne lui ont peut-être jamais été prescrits; son avocat, par exemple, soupçonne que Dee Dee lui donnait un genre de tranquillisant.
La montagne de diagnostics bidons, la déroutante liste de médicaments: tout indique un syndrome du nom de Münchhausen par procuration. Le syndrome de Münchhausen a été identifié pour la première fois par un psychiatre britannique, Richard Asher, en 1951. Un de ses successeurs, Roy Meadow, identifia le syndrome de Münchhausen par procuration en 1977. Il figure depuis 1980 dans le DSM, le manuel diagnostique des troubles mentaux utilisé par les psychiatres (dans la dernière version, le DSM-5, il est appelé «trouble factice» mais pour plus de clarté je garderai la nomenclature Münchhausen). En bref, une personne atteinte de ce syndrome feint ou provoque des symptômes physiques et psychologiques uniquement pour attirer l’attention et provoquer l’empathie. Si la personne se le fait à elle-même, c’est le syndrome de Münchhausen; quand les symptômes sont feints ou provoqués chez quelqu’un d’autre, on appelle ça le syndrome de Münchhausen par procuration. Le DSM-5 recommande de faire le distinguo entre le syndrome de Münchhausen et ce que l’on appelle la «simulation», qui consiste à feindre ou à provoquer des symptômes de maladie pour en tirer un bénéfice matériel. La simulation n’est pas considérée comme une maladie mentale. C’est de l’escroquerie pure et simple.
Si la plupart du temps ce sont des mères qui en sont atteintes, il existe quelques cas documentés de pères qui le font à leurs enfants, de maris à leurs femmes, de nièces à leurs tantes. Et souvent, les médecins ne voient rien pendant des mois, voire des années. En fait, il est très difficile de décrire la prévalence du syndrome de Münchhausen dans la population générale, puisque par nature, il sévit à l’insu de tous.
Il peut sembler extrêmement curieux que les médecins passent souvent à côté du syndrome de Münchhausen sans le voir, mais la relation entre docteur et patient est un lien de confiance qui va dans les deux sens. «En tant que prestataires de soins de santé», explique Caroline Burton, médecin à la Mayo Clinic de Floride qui a déjà soigné des cas de Münchhausen où la victime était adulte, «nous nous appuyons sur ce que nous dit le patient.» Même quand un médecin soupçonne son patient de mentir, il n’est pas enclin à lui refuser un traitement au seul bénéfice du doute. Et si le médecin se trompait et provoquait une souffrance supplémentaire? «On doit faire très attention à ne pas passer à côté de maladies physiques, explique Caroline Burton. Il faut vraiment franchir un grand nombre d’obstacles diagnostiques.»
Le diagnostic du syndrome de Münchhausen par procuration est attaché à celui qui agit, pas à la victime. Dee Dee est morte, il est donc impossible de poser un diagnostic. Elle n’a pas laissé de journal intime ni de documents permettant d’éclairer ses intentions. Elle conservait bien un classeur plein d’informations médicales dans lequel elle semblait classer les différents renseignements qu’elle avait donnés à divers médecins. Et on retrouvait chez elles certains paramètres que les médecins affirment être des signaux typiques chez les personnes atteints du syndrome de Münchhausen: par exemple, elle avait suivi une formation médicale. Le nombre de médecins qu’elle a fait consulter à Gypsy au fil des années, et sa propension à se déplacer pour ne pas laisser de piste médicale claire, sont également courants. Tout comme ses inquiétudes au sujet de l’apnée du sommeil, qui semble être un des premiers symptômes du déclenchement du syndrome de Münchhausen.
Il n’est pas non plus inhabituel, m’a expliqué Caroline Burton, que les membres de la famille éloignée —parfois même ceux de la famille proche— ne se doutent en rien que les maladies sont feintes. «Les auteurs sont des gens très intelligents, explique-t-elle. Ils savent comment manipuler les autres.»
Ils manipulent aussi leurs victimes, et plus cela dure, plus les risques sont élevés que le patient devienne complice. Le désir de plaire à un de ses parents peut suffire à inciter un enfant à jouer le jeu. Mais même dans des cas impliquant des adultes, il peut exister un genre d’attachement émotionnel qui pousse le patient à persister dans le mensonge. «La relation qui se développe entre les deux est terriblement malsaine», affirme Caroline Burton en se référant aux cas d’adultes qu’elle a traités. Aucune source que j’ai consultée ne fait état d’un cas où la maltraitance se poursuivait pendant si longtemps, jusqu’à l’âge adulte. Une chose semble sûre: pour le patient impliqué dans un cas de Münchhausen par procuration, la vérité est abîmée.
Données du topic
- Auteur
- kongstrong
- Date de création
- 11 janvier 2019 à 16:05:48
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