Topic de kongstrong :

Topic du Glauque

le retour du topic légendaire :cimer:

Les dossiers médicaux de Gypsy sont édifiants. En 2001, des médecins de l’hôpital universitaire de Tulane l’ont dépistée pour une dystrophie musculaire. Les résultats des examens sont revenus négatifs. En réalité, tous les scanners crâniens de Gypsy se sont révélés relativement normaux. Les comptes rendus, qui ont survécu à l’ouragan Katrina, n’ont pas empêché Dee Dee d’assurer aux médecins consultés en Louisiane et dans le Missouri que sa fille souffrait bel et bien de cette maladie. Le contenu des dossiers semble indiquer que la plupart des spécialistes ont pris pour argent comptant les affirmations de Dee Dee, sans chercher plus loin. Gypsy s’est ainsi vue prescrire des traitements pour des problèmes de vue, d’audition, pour des troubles du sommeil et des problèmes de salivation liés, semblait-il, à sa dystrophie musculaire. (Les documents auxquels j’ai eu accès ne rapportent qu’une partie des examens et traitements subis par Gypsy. Impossible de savoir exactement combien il y en a eu en tout.)

La jeune fille a également subi des interventions chirurgicales: on a opéré à plusieurs reprises ses muscles oculaires, prétendument trop faibles, et on lui a inséré des tubes dans les oreilles pour soigner de prétendues infections. Elle s’alimentait grâce à une sonde gastrique et ne se servait que très peu de sa bouche pour manger. À 20 ans passés, Gypsy se nourrissait encore des compléments alimentaires pour enfants PediaSure. On lui a injecté du Botox dans les glandes salivaires –qu’on lui a ensuite retiré après que sa mère s’est plainte qu’elle bavait trop. Ses dents, qui pourrissaient, ont dû être arrachées, bien qu’il soit difficile de savoir si c’était la conséquence d’une mauvaise hygiène dentaire ou la prise de nombreux médicaments assortie d’une malnutrition aiguë.

Au nom de maladies dont elle ne souffrait pas, Gypsy a subi des atteintes graves et prolongées à son intégrité corporelle. Difficile de déterminer aujourd’hui si certaines de ces interventions médicales furent réellement nécessaires. On sait, en revanche, que tout a commencé quand Gypsy était si petite qu’on ne pouvait pas attendre d’elle qu’elle puisse mettre en doute la parole de quelque figure d’autorité –sa mère, les médecins– concernant son état.

Les docteurs ont, quant à eux, négligé le faisceau d’indices qui trahissait les mensonges de Dee Dee –même Robert Beckerman, le spécialiste du sommeil qui a reçu Gypsy à New York et Kansas City. Au lieu de s’inquiéter de ces incohérences, il a raconté son traitement dans la newsletter de l’hôpital et mentionné à plusieurs reprises dans son dossier médical qu’elle et Dee Dee étaient «son couple de patientes mère-fille» préféré. (Il n’a pas donné suite à nos demandes d’interview.)

Pourtant, il y eut une exception. En 2007, un neuropédiatre qui étudiait le cas de Gypsy à Springfield a commencé à se poser des questions. Au téléphone, Bernardo Flasterstein m’a dit avoir eu des doutes dès la première visite de Dee Dee et Gypsy. Il n’était guère convaincu du discours de la mère sur les innombrables maladies dont souffrait sa fille. Dans ses observations adressées au médecin généraliste de Gypsy après la première consultation, il a écrit, en gras et souligné: «La mère n’est pas une bonne historienne.»

La distribution de la faiblesse musculaire de Gypsy était «inhabituelle» pour une patiente atteinte de dystrophie, explique-t-il. Il admet pourtant leur avoir accordé le «bénéfice du doute» et prescrit à Gypsy les examens habituels –IRM et analyses de sang. Les résultats n’ont rien montré d’anormal. «Je me rappelle l’avoir fait se lever, raconte-t-il, et constater qu’elle était capable de supporter son propre poids!» Il se tourne alors vers Dee Dee et lui dit qu’il ne voit «pas pourquoi elle ne marche pas».

Entre deux consultations avec Gypsy, le neuropédiatre a retrouvé un médecin qui avait rencontré la jeune fille à La Nouvelle-Orléans. Ce dernier lui a confirmé que les résultats de la biopsie musculaire n’ont pas détecté de dystrophie musculaire et que l’ancien neurologue de Gypsy l’avait déjà expliqué à sa mère. Celle-ci a tout bonnement cessé de venir.

«L’analyse des faits et une discussion avec son ancien pédiatre, écrit Bernardo Flasterstein dans le dossier de Gypsy, montre qu’il y a de fortes chances qu’il s’agisse d’un syndrome de Münchhausen par procuration, possiblement avec une étiologie inconnue des symptômes constatés.» Après quoi Dee Dee ne s’est plus jamais manifestée. Des infirmiers ont rapporté au médecin qu’en sortant du bureau, elle s’est plaint qu’il ne savait pas du tout de quoi il parlait.

Le spécialiste n’a pas donné suite. Il m'a dit que tous les médecins vus à Springfield «ont cru à l’histoire» de Dee Dee. Il se rappelle avoir été invité à réserver un «traitement de faveur» au duo. Il pensait que les services sociaux ne le croiraient pas non plus s’il leur faisait part de ses doutes.

Aujourd’hui, il regrette de ne pas en avoir fait plus. C’était seulement le deuxième cas de Münchhausen de sa carrière. Et il a entendu parler du meurtre quand un infirmier qui avait travaillé dans son cabinet lui a écrit l’année dernière. «Pauvre Gypsy, elle a souffert pendant toutes ces années et sans raison», regrette le médecin, qui aurait «voulu être plus agressif».

Mais ce ne fut pas la seule occasion manquée. À l’automne 2009, la police de Springfield a reçu un appel anonyme. Quelqu’un qui doutait que Gypsy souffrait autant que sa mère voulait bien le raconter. (Le docteur Flasterstein nie être l’auteur du coup de fil.) La police s’est donc rendue chez les Blanchard, où Dee Dee les a rassurés. Elle leur a expliqué qu’elle utilisait parfois de fausses dates de naissance pour sa fille et qu’elle variait l’orthographe de son nom pour se protéger d’un ex-mari violent. Personne n’a contacté Rod Blanchard, ni vérifié ces allégations. Les forces de l’ordre ont cru Dee Dee: Gypsy «souffre effectivement d’un handicap mental», ont-ils noté dans leur rapport. Affaire close.

Gypsy a également essayé de s’enfuir. Elle avait rencontré un homme à la convention de science-fiction à laquelle Kim Blanchard et son mari ont assisté. Ils ont fait connaissance sur internet en février 2011, à l’époque où mère et fille laissaient penser qu’elle avait 15 ans. (Elle en avait en fait 19.) D’après Kim, l’homme en question avait 35 ans. Il a ramené Gypsy dans sa chambre d’hôtel et grâce aux informations fournies par des témoins sur place –«nous la surprotégions», admet Kim Blanchard– Dee Dee a réussi à la retrouver. Elle aurait frappé à la porte de la chambre en brandissant des papiers prouvant que Gypsy était mineure, et l’homme a laissé partir la jeune fille. (BuzzFeed News n’a pas pu le joindre.)

Après cet incident, Dee Dee est rentrée dans une colère noire, au point de se donner en spectacle. Elle a pulvérisé l’ordinateur familial à coups de marteau, maudissant internet devant ses amis. Quand elle a fini par remplacer la machine, Gypsy n’avait le droit de se connecter que sous la surveillance de sa mère. Et pendant des mois, se souvient Kim Blanchard, elle était comme éteinte, bien que «n’agissant pas différemment de n’importe quel enfant qui aurait fait une bêtise».

À Springfield, tous se sentent coupables. «J’aurais juste aimé qu’elle vienne m’en parler», regrette Aleah Woodmansee. Elle n’est pas la seule. Si Gypsy s’était, juste une fois, levée de son fauteuil pour traverser la pièce, le sort aurait été rompu. Mais ce n’était manifestement pas aussi simple –et ça se comprend. Elle est passée, comme on dit, entre les mailles du filet. Elle n’avait aucune raison de croire que sa vie pouvait changer. Jusqu’à, semble-t-il, sa rencontre avec Nick Godejohn.

Putain, l'histoire de la mère

Pendant un temps, il a semblé que cette affaire finirait en procès. Le procureur a refusé de requérir la peine de mort, mais Gypsy et Nick ont tous deux été accusés de meurtre au premier degré. L’enquête a révélé une conversation par SMS où les deux prévenus semblent conspirer pour assassiner Dee Dee. «Mon cœur, tu oublies que je suis sans pitié et que je la hais tellement qu’elle en mourra, a envoyé Nick Godejohn à Gypsy. C’est mon côté obscur qui s’en chargera. Il ne fera pas tout foirer, parce qu’il adore tuer.» Les procureurs ont également trouvé des preuves (jamais rendues publiques), sur les réseaux sociaux, que Gypsy a demandé directement à Nick de tuer sa mère. Dans des documents produits en amont, il raconte à un ami que Gypsy pense à assassiner sa mère, dès le mois de mai 2014.

Si Nick Godejohn évoque son «côté obscur», c’est parce que lui et Gypsy se sont inventés une vie parallèle sur internet, à travers une multitude de comptes Facebook. Ils étaient attirés par l’imagerie BDSM; avaient un ou plusieurs noms et rôles; photographiaient leurs déguisements –comme Gypsy en Harley Quinn, posant avec un couteau. Réalité et fiction ne faisaient plus qu’un. Même aujourd’hui, difficile de savoir ce qui a poussé Nick Godejohn à participer à tout ça. Il n’était pas connu pour des faits de violence (son avocat Andrew Mead a refusé tout commentaire) et n’avait été arrêté qu’une fois, en 2013, pour atteinte à la pudeur alors qu’il regardait des vidéos pornographiques sur sa tablette dans un McDonald’s. Mais il a reconnu, à l’instar de Gypsy, que c’est lui qui avait tenu le couteau. Elle affirme qu’elle se trouvait dans une autre pièce, d’où elle écoutait sa mère se faire poignarder. Un des chauffeurs de taxi qui a pris en charge le couple à Springfield après le meurtre a dit aux journalistes qu’il pensait que Gypsy était le cerveau du couple.

Son avocat, Michael Stanfield, est commis d’office. Il gère en moyenne 270 affaires par an. Il a tiré au sort celle de Gypsy et n’avait aucune idée de ce dans quoi il s’embarquait. «Je pense que c’est l’affaire la plus complexe que j’aurai dans toute ma carrière», dit-il. Le bureau d’aide juridictionnelle de Greene County a eu de la chance, si on peut dire, puisqu’ils ont réussi à convaincre un ancien grand avocat commis d’office, Clate Baker, de sortir de sa retraite pour prêter main forte. Michael Stanfield a également mis un enquêteur ainsi qu’un assistant juridique sur le coup. Kristy et Rod, eux, n’avaient pas les moyens de payer un autre avocat –bien que m’ayant répété qu’ils n’auraient jamais conseillé à Gypsy d’en changer, puisqu’ils trouvaient Michael Stanfield compétent et rassurant.

Essayer de comprendre ce qui a pu se passer est, pour le moins, complexe. L’avocat, qui est descendu en Louisiane pour fouiller le passé de Dee Dee, a mis des mois à obtenir les dossiers médicaux de Gypsy: Dee Dee avait mis en place une procuration, après les 18 ans de sa fille, pour toute décision liée à sa santé. Les hôpitaux ont refusé de faciliter leur consultation, alors que cette procuration ne prive pas Gypsy de l’accès à ses propres dossiers médicaux.

Les documents, lorsqu’il les a enfin reçus, étaient accablants. Il a donc appelé le procureur sans pousser plus loin son enquête. Un arrangement a été conclu et le 5 juillet, Gypsy a plaidé coupable à l’accusation de meurtre au second degré. Le juge l’a condamnée à la peine minimum: 10 ans. Puisqu’elle a déjà passé un an en détention, elle pourra faire une demande de libération conditionnelle dans 7 ans et demi, fin 2023. Elle aura alors 32 ans.

Nick Godejohn, lui, doit toujours être jugé en novembre. D’après Michael Stanfield, l’arrangement conclu avec Gypsy ne l’oblige pas à témoigner contre lui. Lors d’une récente audience, Nick est apparu désorienté et perdu, une barbe lui couvrant presque tout le visage. Sa famille n’est jamais là.

Gypsy est désormais détenue au Women's Eastern Reception, Diagnostic and Correctional Center de Vandalia, dans l’État du Missouri. Elle a les cheveux longs, la peau saine, et porte de vraies lunettes d’adulte. Elle n’est plus sous aucun traitement médicamenteux, et n’a pas eu de problème de santé depuis un an qu’elle n’est plus sous le contrôle de sa mère. «La plupart de mes clients perdent du poids en prison» à cause de la nourriture, qui est vraiment mauvaise, note Michael Stanfield. Gypsy, elle, a pris 6 kilos au cours des douze mois passés à Greene County.

Kim Blanchard, qui est allée la voir une fois, a trouvé qu’elle «ressemblait plus à la personne qu’elle était vraiment, c’est-à-dire l’exact opposé de celle que j’ai connue». «C’est comme si elle avait porté un costume pendant tout ce temps et puis qu’elle l’avait enlevé.»

Mais certaines traces n’ont pas disparu. La dernière fois que j’ai consulté son dossier pénitentiaire, son nom était toujours mal orthographié, avec ce «e» en trop que sa mère pensait être un camouflage efficace. Dans la prison de Greene County, Gypsy voyait un thérapeute une fois par semaine. Elle ne sait pas encore si quelqu’un d’autre la suivra désormais, ni si ce spécialiste sera formé pour gérer son cas si particulier.

Rod et Kristy ont vu Gypsy peu de temps après son plaidoyer, soulagés de savoir enfin ce qui allait lui arriver. Ils hésitent encore à porter plainte contre les hôpitaux ou les médecins qui ont traité Gypsy pendant des années. Ils prendront leur décision une fois que les choses se seront tassées, et quand ils auront eu une véritable discussion avec la jeune fille. Quand l’affaire était en cours, le procureur leur avait interdit d’en parler avec elle. Désormais, ils ont plus de choses à se dire. Rod et Kristy espèrent pouvoir lui rendre visite deux-trois fois par an –c’est une trotte, et cela coûte cher.

Il y a quelques mois, ils m’ont dit que Gypsy leur racontait encore des petits mensonges sur sa vie, des choses qu’elle a encore vraisemblablement peur de dévoiler. Ça les inquiète. «Bien sûr, on a envie qu’elle se sente plus à l’aise», assure Kristy.

En parlant avec Rod, récemment, j’ai trouvé que sa voix avait fléchi. Il semblait plus vieux. Il m’a dit qu’il s’interrogeait depuis peu sur tout ce que Dee Dee avait bien pu raconter à Gypsy à son sujet toutes ces années. Il commençait seulement à se poser ce genre de questions. À se demander comment Dee Dee avait pu être si joviale au téléphone si elle le détestait autant. Il a posé la question à Gypsy.

«Elle me disait: "Sois proche de tes ennemis"», lui a-t-elle répondu.

Comme l’affaire était en cours quand j'ai commencé à travailler sur cet article, je n’ai pas pu parler à Gypsy pendant un an. Après son plaidoyer, les choses ont changé. Je lui ai envoyé un mot et elle m’a appelée depuis sa prison du Missouri. Nous avons eu de brèves conversations pendant plusieurs jours.

Sa voix est toujours haut perchée, mais maintenant qu’on sait ce qu’on sait, elle n’a plus rien d’inhabituel. Les gens entendaient ce qu’ils voulaient entendre. Gypsy s’exprime en longues et jolies phrases. Elle est parfois si éloquente que j’ai du mal à croire que quiconque ait pu la trouver «lente». J’ai repensé à tous ces médecins qui, malgré ses soi-disant anomalies cognitives, écrivaient dans son dossier qu’elle avait un «vocabulaire riche».

Elle avait très envie de discuter, se contenant à peine une fois lancée. Elle voudrait que les gens sachent, m’a-t-elle dit, que ce n’est pas l’histoire d’une fille qui tue sa mère pour être avec son copain. C’est l’histoire, explique-t-elle, d’une fille qui essaie d’échapper à la maltraitance de sa mère. En prison, elle espère participer à toutes sortes de programmes de charité. Elle voudrait aussi écrire un livre pour aider les gens dans la même situation qu’elle.

Je lui ai enfin posé la question qui me brûlait les lèvres depuis si longtemps: quand a-t-elle réalisé que sa vie était différente, que quelque chose clochait? «Vers mes 19 ans.» C’est-à-dire au moment où elle a fugué avec cet homme rencontré à la convention SF en 2011. Quand sa mère est venue la chercher, elle s’est demandée pourquoi elle n’avait jamais le droit d’être toute seule, ni d’avoir des amis.

Sur sa mère, Gypsy hésite encore. «Les médecins ont cru qu’elle était très dévouée et attentionnée. Je pense qu'elle aurait été la mère parfaite pour un enfant réellement malade. Mais moi, je ne l’étais pas. Là est la grosse différence.»

La jeune femme n’a pas l’impression d’avoir trompé qui que ce soit. «J’ai le sentiment d’avoir été utilisée, comme tout le monde, assure-t-elle. Je n’étais qu’un pion. J’ignorais ce qui se passait. Tout ce que je savais, c’est que j’étais capable de marcher et de manger. Le reste… Elle me rasait le crâne. Elle disait: "De toute façon, ils vont tomber, alors autant faire ça bien!"» Sa mère lui expliquait qu’elle avait un cancer, et que les médicaments étaient pour ça. Elle l’a crue.

Quand j’ai évoqué son air enfantin, Gypsy a changé de ton. «Ce n’est pas de ma faute. Je n’y peux rien, c’est ma voix.»

Elle a rarement douté de ce que sa mère pouvait lui raconter, mais quand c’était le cas, elle avait peur de la blesser. Aujourd’hui encore, Gypsy a parfois l’impression que Dee Dee était réellement persuadée que sa fille était malade. «J’avais peur qu’on ait des problèmes, explique-t-elle. La ligne entre le bien et le mal était… un peu floue, parce que c’est comme ça qu’on m’a élevée. J’ai grandi avec ça.»

Et d’ajouter: «Quand j’y repense, je me dis que j’aurais dû me confier à quelqu’un d’autre avant Nick.»

Elle allait sur internet surtout la nuit, pendant que sa mère dormait. Nick, dit-elle, est la première personne à lui avoir réellement proposé de la protéger. Elle avait confiance en lui. Aujourd’hui, après tout ce qui s’est passé, elle pense qu’il a «du mal à maîtriser sa colère». Elle a réitéré sa responsabilité dans le meurtre de sa mère: «Ce que j’ai fait est mal. Je vais devoir vivre avec.» Tout en affirmant que Nick est celui qui s’est emparé d’un «plan élaboré par nous deux» pour «passer à l’action». Gypsy, elle, a eu l’idée du post sur Facebook, pour faire venir la police. Elle se rappelle avoir demandé à Nick: «Est-ce qu’on pourrait, s’il te plaît, poster un truc sur Facebook, un truc inquiétant, pour que les gens appellent la police?» Mais il lui aurait dicté le message.

Je lui ai plusieurs fois demandé si elle éprouvait de la colère, envers sa mère ou les médecins. Elle me parle seulement de frustration. «Je suis frustrée qu’aucun médecin n’ait vu que j’étais en parfaite santé. Que mes jambes n’étaient pas aussi maigres qu’une personne [réellement] handicapée. Que je ne pouvais pas… Je n’avais pas besoin d’une sonde gastrique. Des trucs comme ça.» En prison, elle a le droit d’utiliser une tablette. Elle a cherché la définition de Münchhausen, après l’avoir entendu si souvent pour décrire son histoire. Sa mère en a tous les symptômes, m’a-t-elle dit.

De temps en temps, mes questions amenaient Gypsy à me raconter un élément de sa maltraitance avec tellement de détails que je sentais en moi quelque chose se briser. Une fois où j’étais sans voix mais que je savais qu’elle devrait bientôt raccrocher, j’ai lâché: «Je suis désolée pour tout ce qui t’est arrivé.» Gypsy est immédiatement redevenue la fille que les télés locales interviewaient pour leurs sujets pleins de bons sentiments. «Ça va. Je veux dire, honnêtement, ça m’a rendue plus forte. Parce que je suis convaincue que tout arrive pour une raison.»

Même sur sa condamnation, Gypsy reste impeccablement résignée. À certains, elle a dit se sentir plus libre en prison qu’elle ne l’a jamais été avec sa mère. «Ça me fait du bien, m’a-t-elle expliqué. J’ai été élevée pour faire ce que ma mère me disait. Et ce qu'elle me disait de faire, ce n'était pas bien.»

«Elle m’a appris à mentir, et je ne veux plus mentir. Je veux être quelqu’un de bien, quelqu’un de droit.»●

Source (avec photos): https://www.buzzfeed.com/fr/michelledean/lamere-assassinee-qui-voulait-trop-soigner-son-enfant

Addendum: en cherchant des infos sur cette affaire, j'ai appris que Gypsy Rose semblait parfois reproduire le comportement manipulateur de sa mère, ce qui est normal, celle-ci ayant été son seul modèle pendant presque toute sa vie. Ceux qui la connaissent espèrent qu'elle sera prise en charge psychologiquement après sa sortie de prison, de crainte qu'elle ne souffre plus tard de stress post traumatique.

putain cette histoire de dingue
Le coup du barbecue bordel :pf:
L affaire sur Lalaurie :rire:
American horror story saison 3 avait bien aseptisé le truc :hap:
la mere mérite sa mort

Le 08 octobre 2019 Ă  04:04:34 bf110c a Ă©crit :
L affaire sur Lalaurie :rire:
American horror story saison 3 avait bien aseptisé le truc :hap:

Il est également possible que les années aient un peu "enjolivé" la légende. Reste que ça devait pas être beau à voir.

Le 08 octobre 2019 Ă  10:17:01 kongstrong a Ă©crit :
la mere mérite sa mort

C'est peut-être ce qui manque à cet article au demeurant plutôt complet: qu'est-ce qui a pu pousser cette femme à agir de la sorte ? On peut aussi se demander comment la société a pu laisser pourrir la situation au point que la seule échappatoire pour cette jeune fille soit le meurtre et la prison ! :-(

Up de ce topic légendaire

Nxivm, cinq lettres mystérieuses qui cachent deux facettes : d’un côté, la façade officielle d’une organisation proposant des cours de dévelopement personnel. De l’autre, une secte qui contraindrait ses membres féminines à subir malnutrition, marquages au fer rouge et esclavagisme sexuel. Alors que le fondateur vient d’être arrêté par la justice, enquête sur ses pratiques.

Dans l’imaginaire collectif, les recrues des sectes ont des visages familiers. Le sourire béat d’un Hare Krishna, toge orange et crâne rasé. La mine sombre d’un Témoin de Jéhovah, indissociable de ses pamphlets et de son costume mal taillé. Des portraits-robots auxquels il est difficile d’associer India Oxenberg, blonde diaphane aux traits sculptés et à la garde-robe qui semble plutôt sortir d’une série à succès. Pas étonnant quand on sait que sa mère n’est nulle autre que Catherine Oxenberg, qui a atteint la gloire sur petit écran grâce à la série Dynasty. Avant que sa vie ne prenne des allures de scénario catastrophe. Avec, dans le rôle du méchant, Nxivm et son leader, Keith Ranière.

Sororité secrète

Officiellement, Nxivm (prononcé « nex-i-um »), est une organisation comme il en existe tant d’autres, proposant des cours de développement personnel à des adultes paumés en quête d’un nouveau chemin psychologique ou professionnel. Une promesse qui a séduit Catherine Oxenberg après qu’une amie lui ait vanté les mérites de Nxivm. « J’en avais des échos très positifs, et je me suis dit que ce serait une chouette activité à faire ensemble pour me rapprocher de ma fille ». Nous sommes alors en 2011, et si Catherine trouve d’emblée le mouvement « bizarre et glauque », pour India, c’est une révélation. Très vite, la jeune femme recrute des amis et investit des sommes toujours plus conséquentes dans le programme de cours offert par Nxivm; avant de décider de déménager à Albany, sur les hauteurs de New-York, pour être plus proche du QG du groupe. Le début du cauchemar pour Catherine Oxenberg.

Au début, je me suis tue, parce que je ne voulais pas interférer dans la vie de ma fille. J’ai changé d’avis au printemps dernier quand une ex-recrue de Nxivm a pris contact avec moi pour me prévenir qu’India avait rejoint une sororité secrète au sein de la secte. Les femmes qui en font partie ne peuvent pas manger plus de 800 calories par jour, et font office d’esclaves sexuels pour le fondateur, Keith Ranière, dont elles ont les initiales marquées au fer rouge.

Un scénario abracadabrant pourtant confirmé au New-York Times par Sarah Edmonson, une ex-recrue marquée à jamais par son expérience au sein de la secte, aussi bien psychologiquement que physiquement. C’est en effet après qu’on lui ait gravé les initiales de Keith Ranière au fer rouge qu’elle a décidé de quitter Nxivm.

On m’a dit que si j’entrais dans la sororité secrète, j’aurais plus confiance en moi. Lors de la cérémonie d’initiation, on nous a dit de nous déshabiller et de nous allonger sur une table de massage en disant « Maître, marquez moi, ce serait un honneur ». On nous avait dit qu’on allait nous faire un tatouage discret, mais au lieu de ça, on nous a cautérisé les initiales de Keith Ranière à même la peau.

Et Sarah Edmonson de montrer la cicatrice boursouflée de son marquage. Une pratique barbare, d’ordinaire réservée aux animaux, et dont Keith Ranière est parfaitement informé. Dans un message envoyé à une recrue, il explique ainsi que « à l’origine, il ne s’agissait pas de mes initiales, mais ils ont modifié le motif pour me rendre hommage (…) personne n’aurait rien à y redire s’il s’agissait des initiales d’Abraham Lincoln ». Sauf qu’alors qu’Abraham Lincoln est connu pour avoir aboli l’esclavage aux Etats-Unis, Keith Ranière, lui, serait plutôt partisan de son rétablissement via un réseau de fidèles obéissants et dévoués qui n’hésitent pas à lui donner leurs corps et leurs économies.

Personnalités reprogrammées

Fondée à la fin des années 90 à New-York, Nxivm est pensée comme une académie informelle promettant l’accomplissement à ses recrues par le biais de l’élimination des barrières psychologiques et émotionnelles. Le mantra de Keith Ranière :

Les êtres humains peuvent être nobles. La question est : sont-ils prêts à faire les sacrifices nécessaires pour y arriver ?

Des sacrifices que Mark Vincente, un documentariste ayant réalisé un film encensant Keith Ranière, n’est plus prêt à faire. Après avoir entendu parlé de la sororité secrète et de ses pratiques, il a confronté Keith Ranière, qui est resté fuyant et évasif sur le sujet. Un écran de fumée qui a soudain permis à Mark Vincente d’y voir clair.

C’est là que j’ai enfin compris comment Nxivm fonctionnait. Personne ne rejoint l’organisation en voulant se faire dépouiller de sa personnalité. C’est juste qu’aucun de nous ne le réalise pendant que ça arrive.

Un brainwashing méticuleux, sous couvert de libération émotionnelle, qui pourrait expliquer pourquoi India Oxenberg a coupé les ponts avec sa mère quand cette dernière a tenté de la convaincre de quitter le QG de la secte. Dans un message posté sur Facebook la semaine dernière, elle persiste : « je vais bien, extrêmement bien même. Je ne me mettrais jamais moi-même ou les personnes que j’aime en danger ». En attendant, les membres quittent la secte en masse depuis l’article du New-York Times. Avec tous les périls que cela implique : ainsi que le souligne Sarah Edmonson, « il n’y a pas de guide qui explique la marche à suivre pour quitter une secte ».

La Justice s’en mêle

Reste qu’aujourd’hui, les membres de Nxivm pourraient enfin être libérés de l’emprise de Keith Raniere après que ce dernier ait été poursuivi par la justice pour trafic sexuel, association de malfaiteurs et travail forcé. Et la justice US de l’accuser de s’être adonné pendant plus de 20 ans à « l’exploitation des femmes à travers des pratiques coercitives pour son propre bénéfice sexuel et financier ». Suite aux révélations du New York Times sur Nxivm en octobre 2017, un mandat d’arrêt avait été émis à l’encontre de Keith Raniere, arrêté le dimanche 25 mars au Mexique et immédiatement extradé. S’il est reconnu coupable, Keith Raniere pourrait passer le reste de sa vie derrière les barreaux.

Source: (avec photo du marquage): https://parismatch.be/actualites/societe/87169/dans-les-coulisses-de-la-secte-new-yorkaise-ou-les-femmes-sont-affamees-et-tatouees-de-force

Up pour ce topic :coeur: j'ai tout lu depuis le début de la semaine et ça montre bien à quel point l'humain peut être parfois déviant et pervers.
Ce qui me fait vraiment flipper ce sont les décapitations,pour moi c'est vraiment le truc qui symbolise la barbarie. J'ai ouvert le spoiler avec les 2 scandinaves au Maroc sans trop faire gaffe... j'aurais pas dû :peur: :snif:
J'ai vu récemment le film Dr Petiot (1990) avec Michel Serrault. Jamais le Paris de l'Occupation n'a paru aussi glauque au cinéma. Avis aux amateurs.

Les “Resurrectionists” : vol et trafic de cadavres à Édimbourg au 19e siècle

Début du 19e siècle : la population d’Édimbourg est scandalisée par une série de vols de cadavres dans les cimetières de la ville. Le crime s’exécute toujours de la même façon : les voleurs épient un enterrement, attendent que la nuit tombe puis s’introduisent illicitement dans le cimetière pour déterrer le corps fraîchement inhumé. Si l’affaire a fait grand bruit en Écosse, ce pays n’est pas le seul touché : en fait, un trafic de cadavres prend naissance dans de nombreuses villes d’Occident à la même époque. Toute la lumière sur une pratique lugubre qui a grandement marqué les esprits en son temps !

Au 19e siècle, la discipline de l’anatomie, une branche de la biologie, connaît des progrès fulgurants. De plus en plus d’étudiants se pressent dans les universités pour étudier le corps humain et assister à des autopsies spectaculaires pratiquées par des éminences médicales. Le problème, c’est que l’usage de cadavres à des fins de dissection est strictement interdit dans la plupart des pays occidentaux car ils sont marqués par la tradition religieuse judéo-chrétienne qui condamnait la profanation des corps. Au Royaume-Uni, on n’autorise que la dissection des corps des condamnés à mort, mais ils sont bien trop peu nombreux pour pourvoir à la demande. Cet interdit, alors que l’engouement pour l’anatomie et les autopsies est en augmentation constante, va amener à la création d’un réseau illicite de trafic de cadavres. Les voleurs vont s’y prendre de plusieurs façons pour mettre la main sur des corps à vendre aux écoles d’anatomie, que ce soit en détournant les cadavres des hôpitaux ou en allant déterrer des dépouilles fraîchement inhumées dans les cimetières. Le crime est à ce point répandu à Édimbourg que les familles aisées vont payer des surveillants pour garder l’œil sur leurs tombeaux familiaux ou encore opter pour des tombes grillagées afin de les protéger des voleurs.

Comme les cimetières deviennent de plus en plus surveillés et que les écoles d’anatomie font monter les enchères pour mettre la main sur des cadavres aussi peu décomposés que possible, certains criminels vont délaisser la profanation de cimetières pour se tourner vers le meurtre pur et simple. Un duo de célèbres meurtriers dits “anatomiques” va faire frémir Édimbourg en 1827 et 1828 : il s’agit de Burke et Hare qui vont, dit-on, assassiner seize personnes afin d’en vendre les corps. La femme de Hare possédait une maison d’hôtes et c’est sa clientèle – souvent des étrangers sans famille ou des ivrognes – que les deux criminels prirent pour cible. D’après le témoignage ultérieur de Hare, le premier corps qu’ils vendirent était celui d’un homme mort naturellement dans sa chambre d’hôte mais dont ils subtilisèrent la dépouille dans son cercueil. Ils la vendirent au professeur Knox de l’université d’Édimbourg, un éminent anatomiste dont les autopsies étaient très courues. S’étant aperçus du montant élevé qu’ils pouvaient retirer de la vente d’un cadavre « frais », Burke et Hare décidèrent de pousser plus loin le crime et de carrément commettre un assassinat. Ils s’y prenaient le plus souvent en enivrant leurs victimes et puis en les étouffant par compression de la poitrine. Cette façon de tuer par étouffement sera baptisée burking du nom de l’un des deux meurtriers, et ce terme passera à l’histoire comme signifiant un assassinat silencieux et sans traces.

Lorsqu’ils furent arrêtés, Hare se fit attribuer l’immunité en échange de son témoignage contre son complice. Au terme d’un procès accablant, Burke fut exécuté et son corps – juste retour des choses? – fut confié à l’université d’Édimbourg pour être disséqué par des anatomistes. Encore aujourd’hui, le squelette et des items conçus à partir de la peau de Burke sont exposés dans différents musées d’Édimbourg.

Les crimes de Burke et de Hare contribueront à sensibiliser les autorités au problème de la pénurie de cadavres dans les écoles de médecine. En 1832, le parlement anglais va promulguer l’Anatomy Act qui légalise l’usage par les médecins et leurs étudiants de cadavres donnés à la science. C’est cette loi qui va mettre fin à la pratique du body snatching, tels qu’étaient appelés les vols de cadavres ; mais ceux qu’on qualifiait de Resurrectionnists – des « ressusciteurs » – continueront longtemps de hanter l’imaginaire de la population d’Édimbourg !

Source: https://ecarlatehistoire.wordpress.com/2013/10/15/les-resurrectionists-vol-et-trafic-de-cadavres-a-edimbourg-au-19e-siecle/comment-page-1/

Autre lien avec photos des "reliques" de l'affaire visibles dans les musées d'Edimbourgh: https://lalunemauve.fr/edimbourg-insolite-burke-hare-cages-cercueils-curiosites/

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kongstrong
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11 janvier 2019 Ă  16:05:48
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