[FIC] Les SENTIERS de la DRAGUE
★ Part 52 - COMME LES AUTRES (3/4) ★
Fajara s’asseyait près de toi. Elle avait cessé de porter le voile intégral depuis quelques semaines, sans doute depuis qu'elle t’avait aidé à retrouver Juliana. Qu'elle ne le mette pas ne changeait pas grand-chose même si tu appréciais voir ses yeux amandes et son joli minois. Elle était venue avec son petit frère. Il était haut comme trois pommes asséchées et ses traits féminins laissaient deviner un âge qui caressait les 5 ans.
- Tu t'appelles comment mon grand ?
Il restait silencieux fâché d'une mou à peine visible. Son air boudeur se complétait du dessin de 2 rides le bas de son front.
- Depuis qu'il est bébé, on lui dit de ne pas parler aux inconnus, il risque pas de te répondre.
Fajara s'accroupit à sa hauteur.
- Billy, t'es pas obligé de suivre à la lettre chaque principe qui te dit quoi faire et pas faire !
Billy se tournait vers toi, renfrognant toujours plus ses rides du lion, il ne te dirait rien.
- Je sais pas où on l'a trouvé ce gosse. Te chuchota Fajara dans l'espoir qu'il n'entende pas
- T’es méchante ! Allah, va te punir !
Elle prit le bas du tee-shirt de son frère et le retroussa sur sa tête. Décontenancé, il se mit à courir dans toute la classe.
- Ça l’occupera pendant une heure à cet imbécile. Ça va toi ?
- Pas de petit frère qui me tape sur le système donc j'ai pas de quoi me plaindre.
- Je l'adore mais parfois j'ai juste envie qu'il reste enfermé dans un placard pendant une journée, le temps de me laisser souffler…
- Je vois que ça avance avec Lola.
- Pourquoi tu me demandes ça ?
- J'ai pas le droit de savoir ?
- Au contraire. Juste que je m'attends à un sermon de ta part sur je sais pas... La complémentarité de l'homme et de la femme dans l'islam. Dis-tu de ta voix la plus moqueuse.
D'une nature relativement tempérée, Fajara pouvait laisser place en une fraction de seconde à une volcanique jeune femme. Larve que tu es, tu évitais d’attiser son courroux. Le temps d'un silence sa peau reprit une couleur humaine.
- Elle a l'air gentille avec toi.
Tu acquiesçais timidement.
- On s'entend bien c'est vrai.
Elle regardait son petit frère renverser le clavier de Jimmy puis reprit.
- Fais attention à toi. Te declara t-elle d'une expression voilant à peine son inquiétude
- Ne t’investis pas plus qu'il n'en faut. Vraiment.
Elle te salua d'une main sur l'épaule et se leva alors. Son petit frère, toujours tête dans son tee-shirt, cognait le tableau de la salle tel un PNJ coincé dans un jeu mal codé.
- Je pige que dalle ! Tu peux pas être plus clair ! Je suis naze en charade !
Tu considérais beaucoup Fajara. C'était l'une de tes plus proches camarades de classe voire même une amie. Son drôle de caractère teinté d'un penchant maternel exacerbé envers ta personne t'amusais beaucoup. Elle se tourmentait pour ta poire et même si c'était très narcissique de ta part, ça te chauffait le cœur. D'autant plus qu'elle aimait les beaux tissus, les matières nobles. Un comble pour pratiquante qui devait briller par sa simplicité. Qu'importe l'avis de son dieu, être couvert de câlins par une fana de cachemire n'avait pas d'égal.
Jimmy venait de finir son showcase improvisé. Nombreux étaient ceux qui s'étaient engouffrées dans la salle envoûtées par la mélodie planante que ton Dom Juan d'ami produisait de ses doigts.
Il s'amourachait de ta professeur et saluait bras dessus-bras dessous le public. Il était bien parti pour réussir la toute première étape de son marathon sexuelle malgré la fièvre qui perlait son front de sueur.
Pourtant, pendant que tu discutais avec d’autres étudiants, il te sauta dessus. On sentait la panique au plus profond de ses pupilles. Quelque chose de grave venait d'arriver.
- Q-quoi !? Qu'est-ce qui t'arrives !?
Il balbutiait des bribes de mots indicibles incapables d’énoncer clairement ce qui le dévastait. Son état de désolation avait pris le pas sur le reste. Tu posas tes 2 mains sur ses épaules. Il devait reprendre ses esprits.
- Jimmy ! Écoute-moi Jimmy, regarde-moi ! Respire et dis moi ce qui se passe.
Sa respiration se stabilisait malgré l’état de détresse qu'il témoignait. Il avalait difficilement sa salive mais réussit finalement à te dire :
- Je le sens ! Jimmy Junior ne fonctionne plus ! Ça doit être cette foutue grippe. Elle va tuer mon gosse ! Oh mon dieu, qu'on me vienne en aide !!
- Je croyais qu'il était arrivé quelque chose de grave à ta tante...
- Grave !? Grave !!! GRAVEEE !!!! J'ai un canon chaud comme 16 américaines en plein Spring Break qui attend que je lui montre ce que signifie le J de mon nom de famille et tu me demandes si c'est GRAVE !!!!?
Parfois trop courtes, d'autres fois anormalement longues, les râles de Jimmy se déréglaient progressivement. Il aurait pu à tout moment s’évanouir. Son rhume n’arrangeait rien.
- Je peux faire quelque chose pour t'aider ?
- Trouve-moi de la vitamine A, B, C en sachet, quelques feuilles de gingembre et de l'eau déminéralisée.
- Ce serait pas plus rapide d’acheter du Viagra ?
Il t’attrapa par le col et te mit une baffe d'une force contrastant avec le supposé état de fatigue qu'il présageait.
- Ne répète plus jamais ça devant moi !
Tu la lui rendis.
- Bon t'as de l'argent pour payer tout ça ?
- Mon dieu, Jimmy Junior est en train de me quitter. Ne me laisse pas ! Oh mon enfant, que vais-je devenir sans toi !!!? se lamentait-il dans une peine digne de la comedia del arte
Accompagné de Jean-Sébastien, vous écumiez les allées de la ville lumière. À première vue, JS était la personne la moins adaptée pour t'aider en plein milieu de la folie parisienne. Il était tout droit sorti de l’enième remake de Sisi L’impératrice avec son phrasé d'un autre siècle et ses gesticulations obséquieuses. Pourtant, il ne vous fallut qu'une vingtaine de minutes pour amasser la quasi-totalité des aliments qu’on t’avait demandé. L’eau déminéralisée fut la dernière ressource dont vous manquiez.
- Mon bon ami, il me semble fort utile de voguer jusqu'à la parapharmacie la plus proche. Elle ravira certainement nos attentes et nous ouvrira l'appétit.
- Ouais c'est pas une mauvaise idée. Mais comment tu peux savoir tout ça ? Tu fais même pas les courses dans ton château.
- Tes boutades et autres calembours sont toujours surprenantes à ouïr mon cher. Je me plais à comprendre les mœurs et coutumes des gens que je ne croise qu'au travers des pavés urbains.
- T'as de drôles de passe-temps…
Peut-être mais il était très doué. Sans lui tu aurais surement passé ta matinée entière à amasser tous ces produits. Jean-Sébastien était certes issu d'une bonne famille mais il était loin de se la péter, il dégageait même une certaine retenue qu’on aurait pu prendre pour de la crainte. Tu préférais parler d'humilité.
Quand vous remontiez à l’étage de l'université, la salle de classe s’était vidée. Il ne restait au sol que les vestiges de cet Infernal showcase improvisé. Jimmy s’était lui aussi volatilisé. Il s’était soit évanoui à cause de cette fichue grippe de cheval, soit il jouait au jockey au dessus de ta professeur quelque part dans l’établissement.
- As-tu encore besoin de mon aide mon bon ami ?
- Et bien Thyrine m'attend à la cafétéria, je ne voudrais qu'elle s'inquiète de mon sort si la trotteuse dépasse l'heure que nous nous sommames fixés.
Les bourgeons ne s’étaient pas plantés sur les premières branches qu'on se croyait déjà le printemps dans les allées de la faculté. Il n'y avait plus que l'effluve des amours qui tourmentait les âmes des passagers de ce voyage passionnel et passionnant. Tu étais persuadé que ta belle et toi seriez peut-être les prochains invités de cet fabuleuse traversée. Tu ne le savais pas encore mais les vestiges de ces espoirs te briseraient bientôt le cœur
Jean-Sébastien te filait le sac en plastique employé de tous les sachets et autres plantes que Jimmy vous avait quémandés. Tu le cherchais dans tout l’étage n’hésitant pas à ouvrir toutes les portes qui se présentaient à toi. Après une dizaine de cours imterrompus - et autant de soufflantes de professeurs - Aucune trace de l'hawaien au fédora dans les parages. Une main te tira alors jusqu'aux toilettes des hommes.
Rarement tu n'avais vu Jimmy aussi débraillé. Son pantalon était baissé jusqu'à ses pieds pendant que sa chemise penchait vers le bas de son coude. Son chapeau volatisé, il affichait une chevelure crépue sans dessus dessous où boules de papier toilette et pelures de poussière taquinaient les racines du cuir de son crâne.
- Ouais t'as tout dans ce sac… Ça sent bizarre non ? Demandais-tu en reniflant exagérément
- T'occupes pas… T'es vraiment un chic gars, Vieux FR…
Jimmy s’arrêta net. Il était comme figé.
- Les capotes !? OÙ SONT LES CAPOTES !?
- Tu m'as pas parlé de capote ?
- Mais tu crois que je m’apprête à faire quoi ? Une bouillabaisse !?
- Doit y’en avoir dans ces chiottes…
- Nan Vieux Frère ! y'en a pas !
Il voulut prendre une voix basse mais sa tension l’empêchait de se calmer.
- Justine est au fond des chiottes, je peux pas la laisser.
- T'es vraiment en train de baiser ma prof, elle a au moins le triple de ton âge !? Demandas-tu dégouté.
- Tu me remercieras plus tard. Allez bouge-toi !
Il te poussa hors des toilettes. Qu'avais-tu bien fait pour devenir l'homme à tout faire de ce type. Tu piochais dans ce qui te restait d'humanité pour effectuer cette tâche, mais tu le juras, ce sera la dernière ! Plus vite tu lui refourguerais, plus vite tu pourrais te tourner vers le vernissage avec Lola.
Du pas le plus pressé, tu te dirigeais vers l'infirmerie quand tu tombas sur un distributeur Durex devant les toilettes des femmes. La célèbre entreprise de préservatifs s'était offert l'exclusivité des rapports sexuels protégés de la faculté pour la bagatelle d'un demi million d'euros. On avait vu plus éthique comme pratique mais votre campus pouvait au moins se targuer d'être la première institution publique sponsorisée par la mouille de ses étudiants. Tu avais assez entraperçu ton colloc dans le plus simple appareil pour connaître la taille de préservatifs dont il avait besoin. 2 voix se distinguaient derrière la porte de la salle d'eau. Tu reconnus le timbre de Lola et Kamille. Tu posas precautieusement l'oreille contre la porte.
- Tu me passes ton rouge-lèvre.
- Tu devrais pas l'utiliser. J’ai un problème d’herpès horrible.
- Lève le pied sur les soirées 5 en 1...
- ...Ça fait tellement longtemps que j'avais pas vu Mathilde. J’étais contente de la revoir.
- Tu l'avais grave manqué ! Entre son taff de journalistes, ses rencontres vegan et son feng shui Netflix elle n'a plus le temps de faire pour les soirées entre nanas. Il te reste des tampons ?
- Depuis quand ton cycle finit maintenant ?
- Je suis grave en retard ces temps-ci. Je compte voir mon…
La tête collée à la porte, on te tapa l’épaule. La chevelure blonde, les sourcils froncés, le port altier tant raffiné qu'intimidant, aucun doute c’était Loreline. Le sentiment d’insécurité qu'elle te provoquait te poussait à tenter une approche maladroite et inadaptée.
________________ https://youtu.be/pn4X5vGkXyE _____________
- Qu'est-ce tu intègres pas dans « m'adresse jamais la parole » ? Qu'est-ce que tu fiches devant ces toilettes sale pervers !
- Non non j’étais juste venu prendre des.. des préservatifs... promis
On entendit les 2 filles parler derrière la porte.
Les yeux de Loreline se plissèrent d'avantage avant qu'elle ne pose son oreille au mur. L'expression d'interrogation que laissait paraître son visage se changea. L'air malicieux, elle entra dans la salle d'eau.
Le 14 janvier 2019 à 23:14:33 Toystealer a écrit :
Y a les rattrapages au pire, mais c’est vraiment le dernier? Si c’est le cas, gg à toi pour ta fic, dommage que tu n’aies pas eu l’attention qu’elle méritait
Le 15 janvier 2019 à 20:53:05 Toystealer a écrit :
?
Désolé j'avais cru que t'avais voulu reporter. Merci à toi d'avoir été là depuis le départ, la motivation n'a pas toujours été là mais te voir poster même quand les chapitres n'étaient pas toujours top ça faisait chaud au cœur. Je relis la dernière partie et je la poste
★ PART 52 : COMME LES AUTRES (partie finale) ★
Les yeux de Loreline se plissèrent d'avantage avant qu'elle ne pose son oreille au mur. L'expression d'interrogation que laissait paraître son visage se changea. L'air malicieux, elle entra dans la salle d'eau. Tu te cachais pour éviter que Lola ne te voit. Elles reprirent.
- Vous faîtes quoi les filles ?
- On papaute, on papaute. Attends tu t'es refaite une couleur ?
- Ouais je voulais tester l'effet slicy sur mes mèches. C'est LE must have qui émerge sur la côte ouest. Mais interdit de le copier maintenant que je l'ai.
- Promis. Alors ce shooting, comment ça c'est passé ?
- Divin. On a fait de magnifiques photos. Karl, c'est le photographe, il était envoûté. Il m'a même dit qu’il n'avait jamais vu quelqu'un capté aussi bien l’objectif que moi. On a rendez-vous Samedi pour débriefer tout ça. Il va me présenter à ses amis producteurs.
- Les basses plaines de Paris sont trop petites pour moi les filles. Je penserai à vous quand j'aurais conqueri Fog City .
Tu continuais d’écouter ces 3 copines discuter. Lola, Loreline et Kamille s'entendaient bien. On sentait pourtant une certaine tension entre la blonde et les 2 brunes comme une rivalité entretenue peut-être par une compétition féroce mais subtile dont seules le genre féminin avaient le secret. Ces 3 filles se ressemblaient sur Beaucoup de points pourtant elles étaient très différentes. En les écoutant discuter, tu pensais peut-être déceler toute l'essence qui faisait leur disparité ou peut-être était-ce autre chose. Tu ne pouvais te défaire des récits qu'elles nattaient au beau milieu de leur boudoir contemporain, privilégié d’être le passager clandestin de ce wagon secret qui avait déchaîné tant de passions.
Certains diraient qu'elles avaient une façon particulièrement superficielle de se préoccuper que bien trop du vain pan de leur existence. Pour toi, elles arrivaient merveilleusement à capter la sève d’un arbre qui en était, à première vue, dépourvue. Tu aurais pu rester des heures à écouter ces histoires de filles mais la mission que t'avait confié Jimmy ressurgit dans ton esprit. Alors que tu fis un pas d’arrière, le nouveau sujet de discussion qu'on avait trouvé dans ce cercle d’or te happa. Tu n'en étais pas étranger.
- T'es sacrément proche de cet attardé.
- Elle a même prévu de sortir avec lui cet après-midi.
Loreline pouffa de rire.
- C'est une blague ? Lola il t'arrive quoi ?
- Si elle te raconte ce qu'ils ont fait Jeudi soir, tu vas sincèrement halluciner.
- Bien sûr que non ! Objecta t-elle Enfin pas vraiment.
- My God ! C'est Romeo et Juliette à Paris Diderot, la belle nana qui tombe in love de l'aliéné bas-de-plafond. La dramaturgie en moins… se moquait Loreline de son habituelle ton cynique.
Lola restait silencieuse des moqueries acerbes de son amie. Loreline aurait pu s’arrêter là mais sa copine était tellement déstabilisée. Enfin, elle avait trouvé une faille à exploiter ; elle ne pouvait s'en contenter. Elle savait très bien que tu ne ratais aucun détail de leur conversation, pourtant elle t'egratignait de la même verve qu'à l'accoutumée n'hésitant pas à t'affubler des appellations les plus humiliantes ou d'emphase mimant le dégoût que tu lui provoquais.
- Mais tu comptes faire quoi ? Tu couches avec et ça s'arrête là ou c'est du sérieux ? J'en reviens pas de poser cette question… Surtout au sujet de ce type.
- Dis-moi que t'as pas l’intention de te mettre avec lui. Hein, mon bébé ?
_____________________ https://youtu.be/2UfHXiQkgd8 _____________________
Les 2 filles étaient suspendues aux lèvres d'une Lola dans les cordes. Tu collais un peu plus l'oreille à la porte. Plus rien d'autre ne comptait à part les sons qui traversaient cette fine paroi. Tu fermais les yeux et attendais. Tu fermais les yeux et espérais.
- Silvain. C'est un mec en or. Il a toujours le mot qu'il faut pour me décocher un regard, un sourire même quand ça ne va pas forcément bien pour moi. Il est toujours attentionné, prend des nouvelles de ma famille. Il connaît le nom de tous mes proches même mes petites cousines alors qu'ils les a vu qu’une fois.
Lola répondait enfin. La tonalité de sa voix avait changé. Moins jovial qu’à l'accoutumée son timbre se marquait par une sereine clarté. Chaque mot constituait le reflet de ce qu'elle ressentait au plus profond d'elle. Tu le sentais.
- On peut parler de tout et n'importe quoi durant des heures à partir... À partir de rien ! Il est comme ces douceurs qui fondent sous le palais pour gommer une peine passagère. C'est sûrement la plus belle rencontre que j'ai faite sur ce campus.
Ces mots te réchauffaient le cœur. Paisible, la tension qui t’avait fait redouter cet instant laissait peu à peu place à un sentiment de bien-être bien plus confortable. L'envie d'ouvrir cette porte et la serrer d'une folle étreinte te brûlait les doigts.
- Mais jamais il n'y aura quelque chose entre lui et moi. Il se peut qu'une fois, je me laisse avoir, égratignée d'un moment d’égarement, par sa gentillesse et son caractère mais l'instant d’après je regretterais de lui avoir donné l'illusion d'une fréquentation. Silvain n’est pas un frère, ni même un ami, encore moins un prétendant. Je ne veux rien de plus avec lui. Il m'aide, comme d'autres, à me sentir bien, et pour ça je lui en suis entièrement reconnaissante. Je l'apprécie évidemment. Mais je ne l'aime pas.
Un long silence suivit cet aveu, silence scindé par le rire terrible de Loreline.
- La sainte nitouche Lola qui se sert du gentil attardé comme d'un bon paillasson. Même moi j'aurais pas osé. C'est toi la plus vicieuse de la promo.
- Quoi !? Il faut dire les choses telles qu’elles sont. Qu’elle le dise si je me trompe.
- C’est pas ça… répondit timidement Lola.
- Tu ressens rien pour lui mais tu crois que lui est dans quel état d'esprit ?
- Je ne lui ai jamais rien promis. Jamais je ne lui ai donné de faux espoirs.
Loreline gloussait.
- J’en connais un qui serait dégouté s'il entendait ça. Il devait tellement espérer quelque chose ! J’ai presque pitié.
- Je ne veux pas lui faire de mal. Vraiment.
_________________ https://youtu.be/I3b_AbIm2gU _________________
Tu en avais trop entendu. Tu attrapais mécaniquement la boîte de préservatifs avant de t’éloigner. Ton cerveau avait comme disjoncté, tu te contentais de ramener ta carcasse auprès de Jimmy. Tu mis tout ton poids sur la porte des toilettes des garçons. Il attendait là .
- T'en as mis du temps Vieux frère. J'ai failli commencer sans toi. Quoi !? Du M ! Bon tant pis on fera avec.
Tu ne le regardais pas, tes pupilles étaient perdus au loin comme le miroir de l'état de désolation dans lequel baignait ton esprit.
Tu te contentais de végéter la bouche entrouverte.
- T'as les larmes aux yeux.. Quelque chose ne va pas ?
Alors que tu étais immobile, ta main droite commença à trembler. Ses perturbations prirent l'ensemble de ton bras puis ton buste. Comme si ça ne suffisait pas, une larme se forma sur la commisure de ton cil avant de couler jusqu’à ta joue, une autre degoulina puis une autre et une autre encore. Ces gouttes se transformaient en filet continu jusqu'à devenir un déferlement de pleurs. Tu éclatais en sanglots alors que tes larmes se confondaient de bave et de morve. On aurait dit un gamin. Cette détresse pathétique rendait tous les efforts de Jimmy pour ne serait-ce comprendre la source de ton si grand malheur terriblement vains.
- Silvain, je suis là ? Tu peux tout me dire.
- Je… je sais pas ce qui pas ce qui m’arrive. J’étais là bas puis je sais pas. J'arrive pas à m’arrêter de pleurer putain. C'est quoi ce bordel !? Avouais-tu
Tu tentais d'essuyer machinalement tes yeux et ton nez avec ta main, ta manche, ton bras mais bientôt l'ensemble des extrémités de ton tissu ne put épancher le torrent de désarroi qui s’écoulait de toi. Après ton système lacrymal, c'est tes poumons qui s’emballèrent. Ta respiration devint difficile et tu hissais de convulsions. Tout l'effort que t’obligeait à faire ton corps jouait sur ton cœur qui accusait le coup de ce besoin vital d’énergie en se tordant à l'extrême. Tu t’écroulais.
- Je… je sais pas. Il faut que je l'aide.
Jimmy ouvrit la porte.
- Je.. je veux pas sortir… je veux pas qu’elle me voit comme ça… je veux pas… le suppliais-tu dans un état proche de l'asphyxie.
Il passa la tête par la porte. Elle n’était pas là .
Jimmy t'aida à sortir des toilettes, jusqu’à te poser près de la fenêtre. Tu t’appuyais sur le mur tentant en vain de te calmer. Entre 2 suffocations tu balbutiais :
- Elle… veut pas de moi… Je… me suis trompé… elle se servait de moi... Je… je suis qu’un gars… parmi les autres...
- Je comprends pas Silvain. C'est Lola ?
Tu te contorsionniais au sol dans un long cri de douleur. Jamais tu n'avais senti un si grand mal se déchirer en toi depuis ton enfance et cet terrible après-midi où ta moitié t'avait abandonnée.
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____________________ https://youtu.be/rAMo8JfxK50 ____________________
Les oiseaux chantaient non loin de la fenêtre. Quelques moineaux s’étaient posés sur le rebord de la vitre avant de s’envoler quand Jimmy agitait ses mains près de l'air qui pénétrait près de vous. Quelques instants s’étaient écoulées, peut-être 20 ou 30 minutes. Tu ne pleurais plus, pas que tu étais calmé, ton stock lacrymal était simplement vidé. Épuisé, tu n'avais plus la force de rien, même plus d'avoir mal. Jimmy était resté près de toi durant tout ce temps, il faisait craquer le parquet de par ses mille et un pas. Quelques fois il levait les yeux vers toi avant de reprendre son rituel.
- Bon Vieux Frère, tu t'es pris un bâche. Ça arrive à tout le monde. Même à moi. Ça sert à rien de se mettre dans tous ses états. Puis maintenant tu n'as plus à te prendre la tête. Amuse-toi avec elle tant que tu peux.
- C'est fini.
- Je suis fatigué. Je veux plus me battre. Ça me coûte trop d'efforts, trop d’énergie. Je peux plus continuer comme ça.
- J'ai tout essayé pour que ça marche, je me suis investi à 100% pour quoi au final ? J'ai déjà perdu assez de temps avec cette histoire pour continuer. Je vais clore ce livre qui a depuis trop longtemps duré.
Depuis le début de cette aventure, tu avais été guidé par cette vision de succès. Elle avait semblé si proche qu’à bien des moments tu sentais son souffle chaud sur ta main. Était-ce un mirage depuis le début ? Qu'importe, l'heure n’était plus au doute ni à la remise en question. Il fallait tirer une croix sur ce voyage infernal qui avait pris les traits de rêve fantasmagorique durant un temps.
- J'aurais du t’écouter depuis le début, lui dis-tu de la voix la plus claire, qu'est-ce-que j'ai été con. Depuis le début, je savais au plus profond de moi qu'il ne se passerait jamais rien. Mais j'ai voulu mettre un voile sur cette vérité trop difficile à accepter pour espérer. Espérer qu'un jour toute cette histoire marche. J'avais l’impression qu'elle voyait en moi. Je la croyais différente mais elle est comme les autres.
Tu enfonçais ta tête dans tes épaules, retroussée sur toi-même comme un enfant qui prenait à mesure conscience de sa bêtise.
Les premiers élèves sortaient de leur salle de classe et le sifflement que provoquait ce brouhaha renvoyait bientôt au monde qui s’engouffrait dans les couloirs.
Jimmy posa une main sur ton épaule. Une large sourire s'affichait sur son visage. Qu'est-ce qui pouvait le rendre si heureux ?
- Mais qu'est-ce que tu racontes ? Parce que t'as foiré avec une nana tu veux tout arrêter !? Mais Vieux frère, au contraire c'est génial ! Des milliards de possibilités s'offrent à toi désormais ! Je sais que pour l'instant c'est dur à croire mais tu n'as jamais été aussi libre que maintenant !
C'est vrai que tu ne voyais pas vraiment où il voulait en venir. Tu étais coincé dans une terrible impasse mais lui voulait te persuader du contraire.
Il s’asseyait à côté de toi l’air enjoué contemplant les courbes des étudiantes qui pullulaient près de vous.
- Regarde celle là ou elle ou la chute de reins celle là !? Tu vas me dire que tu ressens rien en voyant ça ?
- …
- Exactement ! Parce que ton corps lui sait que tout est possible désormais. Elle t’empêchait de voir tout ça, c’était comme une lentille qui cachait tout autour d'elle. Désormais cette lentille s'est brisée et la nature redevient telle qu'elle a toujours été. Belle, jeune et naïve. Mesdemoiselles ! Soyez prêtes ! Silvain et Jimmy vont vous faire tourner la tête ! Nan c'est pas dingue comme phrase d'accroche, je te promets de trouver quelque chose de plus frais.
Il réussissait à t'esquisser un semblant de sourire dans un moment si critique. À la fenêtre, le ciel était plus embrumé qu’à l'accoutumée et les bois anormalement nus pour un mois de Novembre. Pourtant tu trouvais que cet atmosphère morne dégageait une certaine beauté. Peut-être parce que tu retrouvais un peu de ton état dans ce qui se dévoilait sous tes yeux. Les garçons et les filles passaient près de vous, tu croisais le regard de certaines d'entre elles. Jamais il ne t'avait semblé voir autant de jolies choses dans un si petit endroit. Et si Jimmy avait raison.
- Vieux Frère. Une page se tourne. Mais celle que tu vas écrire te fera oublier toute celle que tu auras gribouillé. Tout est fini. Mais tout commence.
Je sais pas quoi dire à part bravo encore une fois
Le 16 janvier 2019 à 08:06:02 Toystealer a écrit :
Je m’attendais pas à cette fin
Je sais pas quoi dire à part bravo encore une fois
Content que ça t'aies plus
Si t'as le temps et l'envie j'aimerais bien que tu me dises ce qui t'as plus ou déplu dans la fic (écriture, syntaxe, déroulement de l'histoire, vitesse de l'action, la qualité des persos, le ton de la fic), et aussi les grandes parties de l'histoire que t'as trouvé réussi ou raté. Ça m'aidera pour une éventuelle prochaine fic.
Alors, j’ai beaucoup aimé les relations que Sylvain entretenait avec les différents personnages, certains étaient un peu clichés mais dans tous les cas on avait une description détaillée de leur physique, leur caractère, je pourrais pas te dire sur la syntaxe vu qu’il y avait beaucoup de dialogues dans un langage oral donc ça fausse un peu le style et j’ai pas vraiment souvenir d’avoir apprécié ta plume pour des tournures particulières, c’était vraiment les descriptions qui étaient très exhaustives sans pour autant être trop longues voire chiantes.
Au niveau de la vitesse, c’était assez lent pendant toute l’histoire et j’ai trouvé que la fin était un peu précipitée malheureusement, j’aurais bien aimé voir une évolution entre les relations de Sylvain et son père par exemple, on avait vraiment l’impression qu’un clash était inexorable entre les deux et allait forcément arriver à la fin et il est un peu oublié.
Au sujet du ton, les romans amoureux c’est pas vraiment mon style mais ça restait décalé, beaucoup de personnages faisaient rire tout en restant dans leur rôle, j’ai beaucoup apprécié.
C’est à peu près tout je pense
Le 18 janvier 2019 à 18:25:28 Toystealer a écrit :
Alors, j’ai beaucoup aimé les relations que Sylvain entretenait avec les différents personnages, certains étaient un peu clichés mais dans tous les cas on avait une description détaillée de leur physique, leur caractère, je pourrais pas te dire sur la syntaxe vu qu’il y avait beaucoup de dialogues dans un langage oral donc ça fausse un peu le style et j’ai pas vraiment souvenir d’avoir apprécié ta plume pour des tournures particulières, c’était vraiment les descriptions qui étaient très exhaustives sans pour autant être trop longues voire chiantes.Au niveau de la vitesse, c’était assez lent pendant toute l’histoire et j’ai trouvé que la fin était un peu précipitée malheureusement, j’aurais bien aimé voir une évolution entre les relations de Sylvain et son père par exemple, on avait vraiment l’impression qu’un clash était inexorable entre les deux et allait forcément arriver à la fin et il est un peu oublié.
Au sujet du ton, les romans amoureux c’est pas vraiment mon style mais ça restait décalé, beaucoup de personnages faisaient rire tout en restant dans leur rôle, j’ai beaucoup apprécié.
C’est à peu près tout je pense
D'accord je prends note de tout. Quand tu dis que c'est lent, t'aurais préféré que ça soit plus rythmé quand même ? Ouais c'est vrai que j'ai mis de côté le père de Silvain, en voulant mettre trop de personnage j'en ai laissé en retrait. Même Ronan devait avoir plus de moment à lui mais j'avais du mal à bien l'intégrer à l'histoire. Si t'as des questions d'ailleurs n'hésite pas.
Ronan il faisait vraiment faire-valoir, il était pas très intéressant pour être honnête
Des questions sur quoi?
Le 18 janvier 2019 à 19:37:31 Toystealer a écrit :
Au début c’était vraiment lent, mais ça a permis de poser des bases et ça restait intéressant.
Ronan il faisait vraiment faire-valoir, il était pas très intéressant pour être honnête
Ouais je l'ai très mal géré mais c'était prévu qu'il soit d'avantage mis en avant pour la suite.
Des questions sur quoi?
Des précisions sur la fic, sur les persos, sur d'autres événements qu'il y'aurait pu avoir si vous aviez fait d'autres choix, sur "la fin", etc.
Données du topic
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- -PARADISTA-
- Date de création
- 18 novembre 2017 Ã 13:22:05
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