[FIC] "Bienvenue dans la police criminelle monsieur Célestin Chancla"
Mes remerciements à tous les kheys produisant des fics que j'ai lues et qui ont mené à ce moment, surtout celui avec un monocle.
On reprend ici à partir du chap 3
- Bienvenue dans la Crim' monsieur Célestin Chancla !
- À ce propos, il faut vraiment que je vous dise quelque chose.
- Je vous écoute.
CHAPITRE 1 : ERREUR ADMINISTRATIVE
- Je… Je n’ai pas trop compris pourquoi je suis là. J’avais seulement rempli le dossier que ma conseillère m’avait envoyé pour les quinze heures obligatoires pour le RSA comme nous sommes dans un département-test et quelqu’un de la police m’a appelé, il y a deux jours, pour m’annoncer que ma demande de mutation pour la brigade criminelle avait été acceptée et que je devais venir ici, aujourd’hui, à votre bureau. Je crois qu’il y a eu une erreur.
- ...
- ...
- C’est quoi ces conneries ? Vous n’êtes pas le nouveau Major Célestin Chancla ?
- Euh… je suis bien Célestin Chancla, mais je ne suis pas policier monsieur, je suis au RSA. Pour tout vous dire, j’ai même récemment fait une demande pour l’AAH.
- Monsieur le commissaire pour commencer et croyez-moi que votre plaisanterie ne me fait pas rire du tout !
- C'est… ce n'est pas une plaisanterie, monsieur le commissaire. Ma mère m’a conseillé de vous amener mon dossier de bénéficiaire du RSA pour vous le prouver.
Vous tendez fébrilement trois pages agrafées entre elles que le commissaire vous arrache des mains après un long silence. Il parcourt des yeux les feuilles tout en marmonnant. Son regard froid se pose à nouveau sur vous.
- Vous n’êtes pas Major de police ?
- Non, monsieur le commissaire. Pas même policier.
- ... Putain, on ne me l’avait jamais faite celle-là.
- ...
L’homme vous fixe d’un air mêlant colère et incompréhension. Après un temps de réflexion, il pose vos documents et tire à lui un épais dossier et l’ouvre.
- Je ne sais pas quelle drôle d’oiseau vous êtes, mais pour l’instant, j'ai ici des papiers qui me certifient que vous êtes reconnu par l’État français comme le Major Célestin Chancla, élément de la nouvelle brigade criminelle de ce département. Je vais vous donner une chance de vous croire avant de vous faire passer la pire journée de votre vie et vais passer quelques coups de fils pour en savoir plus sur ce que vous m’affirmez. Maintenant, sortez de ce bureau.
Sans dire un mot et le regard bas, vous vous levez et quittez la pièce. Vous vous retrouvez dans une grande salle aux cloisons ajourées par de grandes vitres. Devant vous se trouvent plusieurs bureaux de taille moyenne couverts de dossiers. Quelques personnes sont présentes. À votre droite se situe un couloir donnant accès à plusieurs pièces plus petites. Vous devinez à travers les cloisons ajourées des bureaux individuels et des salles de réunions. Au bout du couloir, vous y déchiffrez le panneau indiquant une sortie de secours.
Qu’allez-vous faire ?
1) Vous partirez à la rencontre de la jeune femme seule vers l’imprimante de la salle qui semble occupée.
2) Vous irez demander à cet homme assis à un bureau de la salle d’éteindre sa cigarette. C’est un bâtiment de police, c’est interdit après tout.
3) Vous restez planté là, au milieu de l’allée.
4) Vous fuyez cet endroit en prenant vos jambes à votre cou par l’issue de secours pour retourner chez votre mère. Vous sentez que cette histoire d’erreur de dossier pourrait vous attirer des ennuis.
Mais, il est en train de fumer lui là-bas. Ce n’est pas interdit depuis des années dans des bâtiments comme celui-ci ?
Après un temps d’hésitation, vous vous dirigez vers le bureau de l’homme à la cigarette puis vous plantez devant lui. Son attention se déplace de son ordinateur à votre personne. Il attend que vous parliez le premier, mais rien ne vous vient. Maintenant que vous lui faites face, vous vous révélez terrifié par sa physionomie.
CHAPITRE 2 : LE SENS DE L’ACCUEIL
- Je peux faire quelque chose pour vous ?
- Euh... Votre cigarette...
- Pardon ?
- Est-ce que vous pourriez éteindre votre cigarette s’il vous plaît ?
- Putain, mais t’es qui toi ?
- C’est juste que c’est interdit...
- Et en quoi ça te regarde et qu’est-ce que tu fous là ? Je te connais même pas, tu es là pour quoi ?
- Je... Je...
- Il y a problème ?
- Il est à toi celui-là ? Parce que je crois que je vais me le faire.
- Non, je ne le connais pas. Pourquoi vous êtes là monsieur ?
- J’avais rendez-vous pour la nouvelle brigade...
- Oh, vous êtes un des nouveaux, bienvenue alors.
- Tu ne vois pas qu’il se fout de ta gueule. Il est trop jeune, est apeuré et a un sérieux problème de condition physique. Ça ne peut pas être le chasseur. Lui, c’est Bambi.
L’homme à la cigarette se lève de sa chaise et vous toise du regard, visiblement très remonté par votre demande.
- Mais calme-toi, voyons Barthod, qu’est-ce qu’il te prend ? Mike !
- Un problème Camille ?
- Barthod veut se faire un mec.
- Te mêle pas de ça Magic Mike, c’est entre lui et moi.
Le dénommé Barthod vous attrape par le col et vous tire d’un coup sec à lui. Vous êtes désormais à moitié étendu sur son bureau. Le colosse Mike intervient et s’agrippe alors à lui pour tenter de le retenir. Le cou étranglé par votre propre col, vous ne pouvez pousser le moindre cri.
- Mais qu’est-ce que tu fais, vieux ?
Une grosse voix tonne alors dans toute la salle et immobilise le petit groupe.
- C’est quoi ces conneries ? Cessez tout de suite. Monsieur Chancla, je ne peux pas vous laisser deux minutes sans que vous semiez la zizanie dans mon département ? Barthod, relâchez-le.
Barthod continue de vous tenir ainsi quelques instants, toujours contenu par Mike, puis finit par enfin vous libérer.
- Monsieur Chancla, dans mon bureau. Immédiatement !
D’un pas pressé et vous massant le col, vous entrez pour la seconde fois de la journée dans le bureau du commissaire. Ce dernier vous emboite le pas après avoir glissé quelques mots à un agent et referme la porte derrière lui.
Vous vous exécutez sans dire un mot. Le commissaire se rassied derrière son bureau et se penche vers vous avec un air sérieux.
- Bon, j’ai vérifié vos dires. Il y avait effectivement un dossier à votre nom à la Caf jusqu’à il y a peu qui correspond à votre profil.
- Il y avait ?
- C’est là que j’ignore ce qu’il s’est passé, mais vous vous êtes retrouvé comme candidat à un poste que nous proposons et validé comme si vous aviez réussi les tests. Vous n’êtes donc plus bénéficiaire du RSA et avez été nommé major de police dans la nouvelle brigade criminelle que je forme.
Ils ont clôturé mon dossier au RSA !
- Mais, ça ne peut pas être vrai...
- Malheureusement si. Je vais déclarer cela à l’administration pour que la situation soit régularisée au plus vite. D’ici là, je suis dans l’obligation de vous considérer comme un élément de cette brigade.
- ...
Mais quelle vie de merde ! J’espère au moins que cela n’a pas annulé ma demande d’AAH.
La porte est frappée par deux fois avant d’être ouverte. Vous vous retournez.
- Vous m’avez demandé ?
- Oui, asseyez-vous Barthod. Et bordel de ... Éteignez-moi cette foutue cigarette !
Sans broncher, la cigarette bien pincée entre les lèvres, Barthod vous rejoint et s’assoit sur la chaise à côté de la vôtre.
- Vous êtes sourd maintenant ?
- Allez-y, faites-moi arrêter.
- ...
- C’est mon dernier jour ici, qu'allez-vous faire ? Me virer ?
- Bon... passons pour cette fois. Voici le major Chancla, le premier élément de la brigade qui remplacera numériquement la vôtre. Les deux officiers doivent arriver en début de semaine prochaine. Major Chancla, je vous présente le lieutenant Joseph Barthod qui part en retraite.
Barthod tourne la tête dans votre direction. Il vous toise de son air blasé et légèrement hautain pendant quelques secondes, puis revient au commissaire.
- C’est une blague, Pierre ? Il a encore de la bave au menton et a peur de son ombre.
- Ça, c’est mon problème. Il me semble que vous avez encore une déposition à aller prendre avant ce soir pour boucler votre dossier. Prenez-le avec vous pour qu’il fasse du terrain.
- Je ne suis pas une nounou.
- Non, mais vous êtes encore sous mes ordres jusqu’à ce soir, donc vous levez votre cul de ma chaise et vous l’emmenez avec vous sans faire d’histoire. Me cassez pas les couilles pour votre dernière après-midi.
- Mmmpf.
Vous regardez l’échange sans dire un mot, ressentant plus que jamais que vous n’êtes pas à votre place ici. Barthod se lève et quitte le bureau, ne laissant qu’une traînée de fumée derrière lui. La porte claquée, vous vous tournez à nouveau vers le commissaire qui porte un regard lourd sur vous, comme s’il attendait quelque chose de votre part. La porte s’ouvre à nouveau et une tête apparaît par l’entrebâillement.
- Putain, mais tu viens gamin ? On décolle !
- J’arrive !
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Après un trajet des plus silencieux, Berthod arrête la voiture dans une zone pavillonnaire, devant une de ces maisons aux nombreuses jumelles.
- Bien, gamin, on oublie ce qui s’est passé tout à l’heure et on fait notre job. Tu regardes, tu écoutes et tout devrait bien se passer. C’est juste une formalité de fin de dossier, ça ne sera pas long. J’ai des bières qui m’attendent pour ma retraite anticipée.
Vous sortez de la voiture et vous dirigez vers un petit portail vert. Alors qu’il s’apprêtait à presser le bouton de l’interphone, Berthod se retourne vers vous.
- J’ai failli oublier mon cahier pour mes notes. Va dans le coffre s’il te plait, et prend le grand cahier bleu avec un signet rouge et blanc.
- Bien sûr.
Vous retournez à la voiture, ouvrez le coffre et trouvez un grand cahier correspondant à la description de votre collègue. Alors que vous alliez refermer le coffre. Le grésillement de la radio se fait entendre.
- Lieutenant Berthod, êtes-vous dans les alentours du quartier Boucicaut près de la forêt ? Nous avons besoin de quelqu’un. Lieutenant Berthod, répondez.
J’ai vu le panneau, nous sommes passés devant il y a quelques minutes.
Qu'allez-vous faire ?
1) Signaler à Barthod l’appel radio.
2) Ne rien dire et aller faire la déposition.
- Euh... Lieutenant Barthod ! Il y a la radio qui vous demande.
CHAPITRE 3 : LE GRAND BAIN
- Ici le lieutenant Barthod, à vous.
- Un 45-7, voire un 24-2 nous a été signalé à l’allée au bois, dans le quartier Boucicaut. Il faut quelqu’un de chez nous là-bas et vous êtes le seul à proximité. Un agent de police vous y attend.
- On arrive.
Barthod reprend rapidement sa place de conducteur.
- Remonte gamin, il faut qu’on y aille et vite !
À peine avez-vous repris votre place de passager que Barthod démarre à toute vitesse en direction du lieu convenu.
- C’est quoi un 45-7 et un 24-2 ?
- Potentiel enlèvement, voire potentiel meurtre.
- Ah...
- Bienvenue dans le grand bain.
Après quelques virages pris à vive allure, vous vous retrouvez coincés derrière plusieurs voitures à un feu, ce qui agace votre chauffeur.
- T’as jamais fait de terrain, pas vrai ?
- On ne peut pas vraiment dire ça.
- Alors fais-moi plaisir, attrape le gyrophare dans la boite à gant et pose-le sur le toit.
Vous ouvrez la boite à gant et en sortez l’outil lumineux. Ce n’est pas sans une pointe d’excitation que vous baissez votre vitre et déposez le gyrophare sur le toit.
- Et maintenant, accroche-toi.
Sous le cri strident de la sirène, Barthod braque à droite et remonte la rue, faisant fi du feu et des autres voitures. Tous s’écartent ou s’arrêtent devant vous, tandis que le lieutenant fait prendre toujours plus de vitesse à votre voiture.
- On a le droit de faire ça ?
- Mais à quel point tu débarques toi ? Bien sûr. Bienvenue dans la Crim’.
Vous ne pouvez retenir un sourire, transporté par l’adrénaline de la situation. Barthod slalome entre les voitures qui, paniquées par le bruit de la sirène, se rangent en catastrophe sur le bas-côté. Vous vous tenez fermement à la poignée de votre portière tandis que les pneus crissent dans ce virage que le lieutenant avait failli manquer.
- Tu devrais savoir, major Chancla, que dans le cas d’une disparition, chaque instant compte. La plupart des kidnappés sont tués dans les 72 heures. C’est donc à toi de te donner les moyens pour les retrouver le plus vite.
Après un ultime virage serré, Barthod vous engage dans la rue menant aux dernières maisons dans la forêt nommée l’allée du bois. Votre voiture ralentit tandis que vous vous enfoncez dans l’allée. Seuls les arbres désormais vous entourent.
Près d’une petite place enherbée, un policier vous fait signe. Barthod arrête la voiture à sa hauteur et ouvre votre fenêtre.
- Bonjour messieurs. C’est vous qu’on envoie ?
- Oui. Où est-ce que c’est ?
- Sur la place. Un randonneur a trouvé des effets personnels couverts de sang dans l’herbe. Garez-vous après ma voiture le long de l’allée.
Barthod suit les recommandations du policier et se gare. Il prend son grand cahier, jette la cigarette qu’il vient de terminer et en allume une nouvelle. Vous partez ensemble rejoindre l’agent.
- Qu’est-ce qu’on a ?
- Une chaussure et un portefeuille. Tout est couvert de sang. Il y a de l’argent, une carte bancaire et une pièce d’identité dans le portefeuille. On peut exclure la tentative de vol.
Vous vous dirigez vers le lieu indiqué par l’agent. Barthod ouvre alors son grand cahier, regarde autour de lui et commence à y noter des informations.
- À quelle heure le randonneur les a-t-il trouvés ?
- Il y a deux heures. J’ai déjà pris les photos pour pouvoir fouiller le portefeuille.
- Et il est où là, notre randonneur ?
- Il devait partir, un rendez-vous important. J’ai pris ses coordonnées.
Vous vous approchez de l’endroit où se trouvent les effets personnels, au bord du petit espace d’herbe, cachés par les premières ronces.
- Une chaussure à talon verte, pied gauche, et un petit portefeuille en tissu. Vous avez des gants, vous pouvez me montrer la carte d’identité.
L’agent s’exécute et vous tend la pièce d’identité.
- Léa Vacquerie, 21 ans. On a prévenu les parents, une école ?
- Les deux. Elle est absente de cours depuis ce matin. La mère est à la maison si vous le souhaitez. Le père est en déplacement à l’étranger.
- Et vous n’avez rien vu d’autre autour de cette petite place ?
- Non, commissaire. Rien qui ne m’ait marqué.
- Bien, vous avez fait un bon boulot. Faîtes venir la police scientifique, les chiens et finissez de baliser. On part sur une disparition.
Barthod se tourne vers vous.
- Qu’est-ce qu’on fait maintenant, gamin ?
- Euh...
- ...
- On va poser des questions à la famille ?
- Exact, même si t’es un peu lent. Pas le temps d’attendre la scientifique. C’est une disparition, chaque heure compte. Prends l’adresse et saute dans la voiture.
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Vous sonnez à la porte d’une belle demeure des quartiers chics de la ville. Barthod, sans cigarette pour la première fois depuis que vous le connaissez, fixe la porte sans sourciller, d’un air neutre, son grand cahier à la main. Vous avez désormais aussi le vôtre, que votre collègue vous a donné, avec l’instruction d’y noter tout ce que vous pourriez trouver intéressant ou ayant le potentiel de devenir important plus tard. Vous êtes stressé par cette situation toute nouvelle. Il y a encore quelques heures, vous étiez un jeune homme de 25 ans, inactif depuis la fin de ses études, et à présent, vous vous apprêtiez à enquêter sur la disparition d’une jeune femme en tant qu’agent de police. Vous vous laissiez balloter par les évènements, ne parvenant pas encore à saisir la réalité de votre condition actuelle. Après quelques instants, la porte s’ouvre, dévoilant un visage marqué par l’inquiétude.
- Bonjour Madame.
- Bonjour. Vous êtes les policiers pour ma fille ?
- Tout à fait. On peut entrer ?
- Bien sûr. Je vous emmène au salon. J’ai fait du café.
Vous suivez la maitresse de maison qui vous fait installer dans les fauteuils d’un élégant salon, aménagé en accord avec le luxe de la bâtisse. Alors que Mme Vacquerie repart en direction de la cuisine, Barthod se tourne vers vous.
- Tu aurais déjà dû commencer de noter toutes les indications que la maison, la décoration te donnent. Les photos de familles, c’est toujours quelque chose que tu dois rapidement chercher : Est-ce qu’il y en a ? Si oui, en quelle quantité ? Pour quelles occasions ? La composition de la famille ? Sont-ils heureux sur les photos ?
- Je comprends.
- Je vous ai apporté le sucre pour que vous dosiez vous-même.
- C’est très gentil, Madame. Sachez que nous ne sommes pas là pour vous faire peur, nous allons seulement vous poser des questions pour comprendre où pourrait être votre fille. C’est tout à fait possible qu’il n’y ait rien de grave, vous ne devez pas paniquer.
- Je comprends.
- Alors...
Qu’allez-vous faire ?
1) Rester écouter les questions de Barthod en silence et prendre des notes.
2) Participer activement à la discussions. En plus de la prise de notes, vous prendrez l’initiative de poser des questions.
3) Vous demanderez à Mme Vacquerie si vous pouvez pendant ce temps faire un tour dans la maison à la recherche d’éventuelles indices. Ils font souvent ça dans les films policiers.
- Euh, excusez-moi Mme Vacquerie, ça vous dérange si je fais un tour dans la maison pour regarder si je trouve des choses qui pourraient nous aider ?
- Non bien sûr. Sa chambre est au bout du couloir, à droite.
- Merci beaucoup.
Tandis que vous vous levez, Barthod vous suis du regard sans dire un mot. Vous commencez par suivre ses conseils et vous penchez en premier lieu sur le cas des photographies sur le mur. Le lieutenant reprend alors le chemin de ses pensées et se tourne vers la maitresse de maison.
CHAPITRE 4 : LA RÉALITÉ DE CE MONDE
- Donc, quand avez-vous vu pour la dernière fois votre fille ?
- C’était hier soir, elle devait passer la nuit chez une amie.
Vous remarquez sur les photos qu’elle est fille unique et semble très proche de sa mère. Ne tirant rien de plus des photographies, vous promenez votre regard sur ce qui vous entoure.
- Et donc, pas de nouvelles depuis qu’elle est allée chez cette Émilie, c’est ça ?
- Tout à fait.
La maison est décorée dans le goût du salon, un chic sobre. Vous avancez dans le couloir auquel d’autres photographies sont affichées aux murs. En voyant les nombreux portraits réunifiant la mère et la fille, vous ne pouvez-vous empêcher de penser à votre propre génitrice.
Elle serait tellement dévastée si c’était moi qui avais disparu et que deux flics seraient en train de la questionner dans notre salon…
- Il n’a pas eu de disputes récemment, de conflits entre elle et vous ?
- Non, nullement.
Vous revenez un peu sur vos pas et regardez cette mère que la tristesse accable et voyez à travers elle la vôtre.
Et cette malheureuse fille disparue qui n’a que nous pour la retrouver. Un futur retraité grincheux et moi qui suis complètement incompétent...
Vous lancez un dernier regard à la mère avant de repartir en direction de la chambre. Sa voix étranglée par l’émotion qu’elle tente de contenir vous touche.
Je dois retrouver cette jeune femme, pour elle, et pour sa mère...
Poussant la porte du doigt, vous découvrez une chambre de jeune fille assez typique, du moins comme vous l’imaginez. Il faut dire que vous n’en avez pas vu beaucoup de vos propres yeux. Elle est assez rangée, même si quelques objets trahissent une activité récente. L’absence de photographies dans cette pièce vous marque. Vous n’en trouvez pas une seule, tandis que le reste de la maison en est rempli. Armé de votre stylo, vous notifiez cela dans votre carnet. Après quelques autres observations, vous vous risquez à faire coulisser une porte de dressing. Là aussi tout est comme vous l’imaginiez : rempli et débordant de toutes parts. Alors que vous alliez refermer, quelque chose vous interpelle. Au sol sont alignées plusieurs paires de chaussures, mais l’une d’elle semble manquante, laissant un vide qui rompt le parfait alignement. Vous retournez d’un pas rapide dans le salon.
- Excusez-moi de vous interrompre, quelles chaussures portait-elle hier ?
- Comme je l’ai dit à votre collègue, ses baskets blanches, des Stan Smith.
- Avait-elle emmené une autre paire avec elle ?
Le lieutenant Barthod vous regarde d’un œil interrogatif, comprenant que vous avez quelque chose en tête.
- Non, pas à ma connaissance. Ce n’est pas quelque chose qu’elle faisait les jours de cours.
- Pourriez-vous m’indiquer dans son dressing si une paire est manquante, s'il vous plaît ?
- Euh… bien sûr.
Mme Vacquerie se lève pour se diriger vers la chambre de sa fille. Barthod lui emboite le pas en continuant de vous fixer. Vous vous retrouvez tous les trois dans la chambre, la mère et vous face au dressing, tandis que le lieutenant vous regarde depuis la porte.
- Effectivement… Il en manque une.
- De quel type de chaussures s’agit-il ?
- De chaussures à talon, je dirais 7-8 cm.
- De quelle couleur sont-elles ?
- Verte, avec un vernis brillant. C’était un cadeau d’anniversaire pour ses vingt ans.
Vous vous retournez vers Barthod, mais lui garde scrupuleusement son regard porté sur Mme Vacquerie. Vous comprenez que vous venez, de par votre mouvement, de commettre une erreur.
- Êtes-vous sûr que votre fille n’avait rien de prévu hier soir, mis à part de dormir chez son amie ?
- Pas de ce qu’elle m’a dit. Mais vous m’inquiétez, pourquoi m’avoir demandé la couleur des chaussures.
- Nous explorons toutes les pistes, madame.
Tout à coup, une sonnerie de téléphone retentit.
Barthod raccroche subitement et se tourne vers vous.
- Ce sont les chiens, on doit partir. Merci beaucoup, Madame, pour votre collaboration. Je m’excuse que nous ayons à devoir partir si subitement. Je vous donne ma carte. Je risque rapidement de ne plus être chargé de l’affaire, mais mon remplaçant devrait d'ici peu venir à vous.
_____________
Vous vous retrouvez à nouveau en voiture, retournant à vive allure à la forêt du Boucicaut, accompagné par les hurlements stridents de la sirène.
- Désolé pour la chambre, je n’aurais pas dû réagir à cette information.
- Ce n’est pas grave, c’est fait. C’est l’expérience qui nous fait apprendre comment agir face à l’entourage. Et puis, Chancla… bien joué pour les chaussures. Tu apprends vite. Ça nous a appris que la gamine avait quelque chose d’autre de prévu et certainement avec quelqu’un d’autre que son amie Émilie. Il faudra qu’on l’interroge d’ailleurs celle-là. Mais d’abord, on doit retrouver l’équipe des chiens. Ils seraient sur une piste.
- ... Je peux te poser une question ?
- Essaye toujours.
- Tu n’es pas un peu jeune pour partir en retraite ?
- Je te fais un compliment et tu penses déjà que nous sommes assez potes pour nous raconter nos vies ?
- Non, non, bien sûr. C’est seulement… que je trouvais ça étrange. Désolé si la question t’a dérangé.
- T’es flic, ne t’en veux jamais de poser des questions.
- ...
- Ma dernière affaire… avec mon collègue, une piste commençait à nous emmener vers… des choses qui ne plaisaient pas à certaines personnes. Et puis il y a eu une fusillade, et mon collègue est mort.
- La fusillade d’il y a un mois, c'était toi ? Où un flic a perdu la vie ? Celle qui a permis d’arrêter les responsables du cimetière de squelettes d’enfants dans un pré ?
- D’arrêter des responsables... peut-être. D’arrêter les responsables, je ne crois pas. C’est, entre autres, ce qui a fait que ma brigade a été dissoute. Les quatre sous nos ordres ont tous été mutés. Moi, on m’a proposé de devenir le plus jeune retraité de l’histoire de la police de ce pays et pour mon collègue... il a trouvé lui aussi une forme de repos.
- ... Je... je suis désolé. Toutes mes condoléances.
- Je n’aurais qu’un seul conseil à te donner, gamin : le jour où ta piste risque de t’amener vers plus fort que toi, ne soit pas têtu comme moi, lâche l’affaire. Tu n’y trouveras rien pour toi en la suivant.
- ...
- Nous voilà. On dirait qu’il y a beaucoup de monde.
L’allée était remplie de voitures et de fourgonnettes garées sur les bas-côtés. Après avoir réussi à vous garer à votre tour, Barthod et vous rejoignez un policier qui surveille le périmètre.
- Il y a du nouveau ? On m’a parlé d’une piste.
- De ce que je sais, les chiens avaient perdu sa trace cent mètres après avoir quitté la place d’herbe. Puis, en ratissant, ils l’ont retrouvé un peu par hasard, en direction du nord. Le commissaire est là avec un nouveau lieutenant.
- Très bien, merci. Allez, viens gamin, allons rencontrer ton nouveau supérieur afin qu’il me mette enfin à la retraite. Une ultime balade en forêt avant la quille.
Barthod et vous remontez le chemin emprunté par la brigade canine, aiguillés par les policiers que vous rencontrez en chemin. La luminosité baisse progressivement au fil de votre marche, annonçant la fin du jour. Après un bon quart d’heure, vous finissez par entendre de plus en plus de bruit au loin, vous signalant que vous vous rapprochiez. Les jappements se faisaient plus fort. Vous apercevez alors, malgré l’obscurité naissante, le commissaire que vous reconnaissez, accompagné par un autre homme vêtu d’un long manteau noir. Barthod et vous allez à leur rencontre.
- Vous voilà. D’où venez-vous ?
- De la maison familiale. Nous avons trouvé des informations qui devraient nous aider à retrouver la jeune.
- Ce n’est plus la peine, les chiens ont été plus rapides que vous.
La phrase avait sonné comme une lourde cloche informant d'un grand malheur.
- Où ça ?
- À 30 mètres dans cette direction.
Le visage de Barthod se ferme. Il inspire la fumée de sa cigarette avant d’esquisser un nom interrogatif de la tête. Le commissaire se contenta de répondre par un silence immobile. Le lieutenant prend alors la direction indiquée par son supérieur, et vous lui emboitiez le pas lorsque ce dernier s’exclame :
- Ça risque de faire beaucoup pour le jeune pour aujourd’hui.
Vous ne comprenez pas ce que voulait dire le commissaire et tournez votre regard vers Barthod. Celui-ci plonge alors ses yeux gris et usés dans les vôtres.
- Il est flic maintenant, il va bien falloir qu’ils voient la réalité de ce monde.
Sur ces mots, il reprend sa route dans un nuage de fumée. Vous continuez de le suivre jusqu’à le voir s’arrêter à quelques mètres d’un grand arbre où fourmillent des policiers. Il reste debout, fixe, son immense dos vous cachant le pied de l’arbre. La nuit tombante avait obligé l’installation de grandes lampes qui étaient toutes braquées en direction du tronc. Plus vous approchiez, plus le dos de Barthod vous cachait la scène. Une crainte grandissait en vous. Arrivé à lui, vous quittez son sillon pour vous placer à ses côtés. Désormais, vous pouviez voir le tronc, mais aussi l’horreur.
- Voici la réalité de notre monde.
Sur le tronc, Léa Vacquerie était debout, entièrement nue, maintenue dans cette position par les bras qui avaient été attachés autour de l’arbre. Sa peau avait perdu ses couleurs et ne présentait plus qu’une teinte grise. Sa tête était penchée en avant, laissant ses cheveux bruns en chute et commençant de perdre de leur superbe après une journée abandonnée ainsi en pleine forêt. Une large plaie lui marquait le ventre, ne laissant qu’assez peu de doute sur la cause de la mort, malgré l’absence de sang. Et enfin, il y avait la corde, celle qui servait à la maintenir dans cette position de supplicié. La corde n’était pas attachée à ses poignets comme l’on s’y serait attendu, mais à la zone des coudes. La raison de ce système d’attache était que les mains de la victime avaient été toutes deux amputées.
Vous restiez là, sans voix, appréhendant une autre facette de l'âme humaine. Celle de la destruction.
- T’es tout pâle, gamin. Viens, on en a assez vu.
Vous ne répondiez rien, vous n’en étiez pas capable. Votre crâne vous semblait sous pression et des gouttes de sueurs perlaient sur votre front. Sans comprendre comment vous en étiez arrivé là, vous étiez assis contre un arbre, près du commissaire, de Barthod et de l’inconnu au manteau noir. Tous les trois vous regardaient reprendre vos esprits.
- Pour une première fois, vous vous en sortez bien, major Chancla. La plupart s’évanouissent ou rendent leur repas. Pour moi, ce fut la seconde.
Vous vous redressez et parcourez leurs visages avant d’arrêter vos yeux encore un peu brouillés sur celui de l’inconnu.
- Major Célestin Chancla, je vous présente votre nouveau lieutenant de brigade : Lucien Gréville.
- Enchanté, même si j’aurais aimé que cela soit dans d’autres conditions.
- Enchanté.
- À partir de lundi, vous serez ensemble sur le meurtre de Léa Vacquerie. Le capitaine Barrios prendra la tête de l’équipe mardi. Je les informerai tous les deux de votre cas particulier. Vous avez bien travaillé aujourd’hui. Barthod et vous, rentrez chez vous. Profitez du week-end pour vous reposer.
- Merci commissaire. À lundi.
- Joseph...
- Gardez votre discours d’adieu, Pierre, ça nous gêne autant l'un que l’autre. Lieutenant Gréville, j’espère que mon bureau vous conviendra. Sur ce, bonne soirée, si l’on peut encore se le dire après ce qu’on vient de voir...
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Encore sous le choc de la vision de Léa Vacquerie contre le tronc, vous n’avez pas prononcé le moindre mot sur le trajet du retour. Arrivé aux bureaux, vous regardiez Barthod partir récupérer ses dernières affaires lorsque Mike vous interpelle.
- Re, Chancla. Moi, c'est Mike Landru. Et toi ton prénom c’est ?
- Célestin.
- Eh bien, Célestin, on m’a chargé de te donner tes clefs.
Le colosse vous tendit alors un trousseau de clefs qui paraissaient si petites dans ces grandes mains.
- Mes clefs ?
- Oui, d’appartement. Ça va avec le job : des appartements avec des loyers très réduits, souvent dans les mêmes quartiers pour une question de sécurité. Il n'y en avait pas de disponibles dans ceux prévus pour ton grade alors, tu vas être surclassé pendant quelque temps. Mais, ne t’y installe pas trop. Ils ne surclassent jamais longtemps. Je vais te noter l’adresse sur un papier.
- D’accord, merci...
Encore déboussolé par cette nouvelle, vous assistez au retour de Barthod.
- Ah, Joseph, on avait prévu un petit truc pour ton départ, rien d’exceptionnel, juste des bières.
- Salut Cortero ! C’est gentil, mais on sait tous les deux que j’ai horreur des sympathies de façade alors... Toi, tu bois des bières avec Magic Mike et Bandidas pour fêter mon départ, car je pense que fêter est le mot juste, et moi, je vais arroser dans un bar l’idée de plus voir ta gueule chaque matin de mon côté. Je pense que ce sont les meilleurs adieux que l’on puisse se faire.
- Je vois... Bonne soirée alors Joseph.
- Mmmpf.
Vous voyez Barthod quitter pour la dernière fois le bâtiment tandis que le capitaine Cortero rejoint le lieutenant Camille Mendes et le major Mike Landru autour d’un pack de bière. Vos yeux se posent alors sur votre paume où se trouve le trousseau de votre appartement.
- Comment je vais annoncer ça à ma mère ?
Vous êtes samedi soir et vous êtes encore secoué par les évènements de cette après-midi. Demain est votre seul jour de repos. Qu’allez-vous faire de votre soirée ?
1) Vous rattrapez Joseph Barthod pour lui proposer d’aller au bar avec lui ce soir.
2) Vous demandez à vos collègues Cortero, Mendes et Landru si vous pouvez prendre une bière avec eux.
3) Vous rentrez découvrir votre appartement et vous reposer.
Données du topic
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- PubliusOvidius
- Date de création
- 30 octobre 2024 à 20:15:02
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