[RISITAS] La prépa littéraire, ou comment se rendre compte que n'est pas Socrate qui veut.
SuppriméChapitre 4. Partie 1. De l’autre côté de la prépa.
Vient l’heure de ta première khôlle. Passage obligé de tout hypokhâgneux, comparable au dépucelage en règle. Ton dépucelage sera géographique. Pour expliquer un peu, la khôlle de géographie consiste à analyser une carte IGN
Bref tu t’avances tel Horace dans l’arène. Là, soupir de soulagement, tu connais bien cet endroit … c’est là que tu as grandi. Tu fonces préparer.
Tu rajoutes donc un maximum d’informations que les khôlleurs de géographie adorent et tu déroules ton plan sans trop de problèmes. Tu te retrouves même à parler trafic de drogue avec ta khôlleuse.
À la fin de ta khôlle, elle t’annonce que tu obtiens la mirobolante note de 14/20. Autant dire que tu te vois déjà à l’ENS. Tu oublies rapidement tes déboires précédentes. Tout se remet à zéro. Tu as eu tort de douter, tu es bien un génie.
Après cette aventure, autant dire que tu ne fais rien. Tu ne t’inquiètes pas pour ta khôlle de philosophie qui est dans une semaine, c'est ta matière après tout. Tu es sur un petit nuage.
C’est dans cet état d’esprit que tu arrives devant ton professeur de philosophie pour ta khôlle. Il t’annonce ton sujet : - Peluchet …. “Le sens du devoir accompli.”
- …
Tu pars préparer ton sujet. Au bout de ta préparation, tu n’as absolument RIEN sur le sujet. Devant Gru, tu tentes d’improviser pour tenir le temps imparti. Au bout du compte, tu crois avoir tenu les 20 minutes.
- Bien, vous avez tenu … 6 minutes 34. C’est court pour une première khôlle. Vous ne trouvez pas ?
- En plus de ça, ce n’était pas les 6 minutes les plus philosophiques que j’ai entendu.
- Bon, je vous mets 7 pour cette fois.
Cette humiliation en règle bordel. Tu aurais préféré faire un coming-out devant toute ta famille plutôt que de revivre ce moment.
Le pire de ta situation, c’est que tu n’as même pas le temps de te morfondre que le DST de littérature arrive à grands pas .
Ce DST marque sûrement le plus gros tournant de ton année. C'est ton premier DST en 6 heures, juste avant les vacances de la Toussaint.
Pour ne pas changer tes bonnes habitudes, tu décides de commencer tes révisions la veille. Pour le premier DST, on avait le droit d’avoir les livres sur nous. Petit génie que tu es, tu demandes à ta marraine son corrigé du DST de l’année précédente.
Elle te l’envoie et tu décides de recopier l’introduction sur la couverture de ton livre. En même temps, tu parcours le corrigé en te disant qu’il ne servira à rien. Autant dire que tes révisions s’arrêtaient là, tu ne prends pas la peine de relire ton cours, rien à battre de Racine et de Corneille après tout.
Le matin du DST, tu arrives déterminé . En découvrant le sujet, tu hallucines. Ce débile avait utilisé le même sujet que l’année précédente dont tu avais lu le corrigé la veille . Merci chef.
Sans même réfléchir, tu utilises ta mémoire pour te remémorer le corrigé. Tu y parviens en partie, convoquant des exemples ça-et-là.
Bien sûr, tu ne manques pas de recopier ton introduction.
Plutôt fier de toi, tu sors et tu vas passer tes vacances de la Toussaint chez tes parents à ne rien faire. Tu te prélasses, lis des livres qui te faisaient envie plutôt que de commencer à travailler sur les prochains DST.
Qu’est-ce qui pourrait mal se passer ? Après tout, tu as juste recopié l’introduction du professeur.
Nous on devait les faire à partir de photos (ce qui était franchement plus fun ) .
Le 09 juillet 2022 à 16:18:14 :
Vous faisiez déjà des cartes IGN en colle de géo en hypokhâgne ?
Nous on devait les faire à partir de photos (ce qui était franchement plus fun ) .
en fac d'histoire, je devais étudier ces cartes avec la mineur géo
Le 09 juillet 2022 à 16:18:14 :
Vous faisiez déjà des cartes IGN en colle de géo en hypokhâgne ?
Nous on devait les faire à partir de photos (ce qui était franchement plus fun ) .
Oui et j'ai jamais compris l'intérêt. D'ailleurs c'est à cause du format des khôlles que j'ai arrêté l'option en khâgne (pour faire lettres modernes) alors que
Chapitre 4. Partie 2. De la nécessité de se mettre à travailler.
Tu sors donc des vacances de la Toussaint bien reposé. D’un côté tu n’as rien fait alors que tes collègues fichaient déjà les prochains manuels.
Rien de marquant pendant les vacances, à part une sortie au restaurant avec Chloé.
C’est elle qui t’avait proposé de manger ensemble la veille de la rentrée, tu t’es empressé d’accepter. C’était très sympathique, tu commences même à croire qu’elle veut quelque chose avec toi.
Mais je te rappelle que, même yeslife en prépa, tu es toujours un célestin dans la vraie vie. Donc forcément tu ne fais rien.
C’est dans cet état d’esprit que tu reprends les cours. Tu commences à t’habituer à leur densité. À vrai dire, tu trouves un réel plaisir à assister à tes cours. Tu constates la chance que tu as d’étudier ce que tu aimes. Tu tends à préférer les lettres à la philosophie. Tu attends d’ailleurs de commencer les cours sur le roman avec Proust et Céline au programme.
En parlant des lettres d’ailleurs, tu apprends le jour de la rentrée que ton professeur n’a même pas corrigé la moitié des copies. Pourtant, en plein milieu du cours, tu entends bien distinctement :
- D’ailleurs Peluchet, j’aimerais vous parler après le cours en salle des professeurs, vous voulez bien ?
Tu t'attendais pas à ça. Tu te demandes ce qu’il te veut. Tu termines le cours dans l’attente de ce moment en te triturant l’esprit.
Après le cours, tu suis ton professeur à travers les couloirs jusqu’à une salle vide. Vous vous installez, puis il te propose un café. Tu es gêné au possible, tu veux juste sortir de là. Soudain, il se met à te caresser la cuiss- …
Toujours pas les kheys. Mon professeur est quelqu’un de respectable.
Plus sérieusement, il te regarde et te demande le plus sérieusement du monde :
- Bien Peluchet, j’ai votre copie sous les yeux et je ne comprends pas. Avez-vous triché ?
- N-non monsieur, j’ai juste eu le corrigé de l’ann-année dernière.
- Je comprends cela, mais votre introduction ?
Tu tentes de bluffer.
- Je l’ai apprise par cœur monsieur. Rien de plus.
- Très bien, très bien. Mais alors, je me pose une question. Comment, en ayant le sujet en avance, avez-vous pu rendre une copie si mauvaise ?
À savoir que ton professeur est très maniéré. Sur le moment, il n’arrête pas d’agiter ses mains devant toi comme un magicien. Toi tu comprends pas, tu crois qu’il se moque de toi. Tu pensais avoir géré.
- Non mais c'est-à-dire qu’à part votre accroche, tout est faux. J’ai l’impression que votre méconnaissance du corrigé vous a tiré vers la médiocrité, je me trompe ?
Tout cela en agitant les mains frénétiquement. Quel connard. En plus de t’accuser de tricherie, il en profite pour te balancer à quel point t’es un mauvais tricheur. Mais bon, tu ne dis rien, tu le laisses continuer.
- Enfin bon, c’est pas si grave vous savez Peluchet. Ça arrive de rendre des mauvaises copies. Je suis juste rassuré de savoir que vous n’avez pas triché. Bonne journée.
Autant dire que t’es chamboulé après ça. T’as l’impression de ne pas progresser et,
Pendant ce temps, t’as juste l’impression de ramer et d’être une merde. Tes idées d’ENS sont balayées. Tu te vois déjà en lettres modernes à l'université de Poitiers.
Une routine infernale s’installe alors, les DST s’enchaînent et les mauvaises notes avec. 07/20 à ce fameux devoir de littérature . 06/20 en philosophie . 08/20 en géographie. 08/20 en histoire .
Dans cet enfer, ta seule lumière sont les conversations que tu as avec Chloé le soir. Mine de rien, vous vous rapprochez bien tous les deux et elle te plait vraiment. Vous passez vos soirées ensemble avant de travailler (plutôt avant qu’elle se mette à travailler, toi tu pars glandouiller avec d’autres gens ).
Chloé était une tête en plus, dans les premières de la classe. T’étais un peu le vilain petit canard avec elle.
Un jour, la vieille te convoque pour te donner ton relevé de notes de mi-semestre. C’est une catastrophe.
Sur 42, tu obtiens le brillant classement de … 39ème.
Tu oses te foutre de la gueule de ceux derrière toi en plus.
- Vous savez Peluchet, ça va être compliqué de continuer avec de telles notes. Il faut que vous remontiez, vous le savez ? Sinon, le passage en khâgne risque d’être … compromis.
- Je sais madame. Je suis motivé, c’est qu’une question de temps.
- Je vois, je note … Mais vous savez, même en se motivant, ce n’est pas dit que vous arriviez à remonter, vous savez ?
Tu comprends pas pourquoi elle te dit ça, surtout avec son petit air espiègle. C’est quoi le but de te dire qu’il ne faut pas t’attendre à des résultats mirobolants ? Elle veut que tu continues dans ta merde ?
- Et puis vous savez … en tant que délégué … vous devriez instaurer une ambiance de travail. Vous … vous instaurez plutôt une ambiance … festive.
Putain mais quelle [femme respectable]. Tu comprends pas ce que tu lui as fait pour qu’elle s’acharne sur toi de cette manière. En plus de ça, tu sais qu’avec les autres minorants, elle n’a même pas parlé d’une possible exclusion. T’as l’impression que le monde te tombe dessus.
- … D’accord madame. Je vais remonter je vous dis. Je n’ai pas le choix de toute façon.
Tu sors secoué de cet entretien. Tu comprends qu’on te dise de remonter, mais qu’on te dise de pas t’attendre à devenir excellent, ça, tu comprends moins.
Comme Sasuke, tu cultives une haine et une soif de vengeance de plus en plus grandes. Elle ne croit pas en toi ? Tu vas lui montrer de quoi tu es capable. Justement, la prochaine grande échéance, bien connue de tous les hypokhâgneux, sont les premiers concours blancs.
C’est une discussion avec Chloé qui achève de te motiver.
- Peluchet, je comprends pas pourquoi tu travailles pas. J’ai l’impression que tu vis dans le confort de ne pas travailler pour toujours avoir une excuse de rater.
- J’ai l’impression que tu as peur de te mettre à travailler et d’échouer.
- C’est vrai.
- Moi je crois vraiment que t’es un mec très intelligent, alors mets-toi à bosser. Si tu pars l’année prochaine, je le vivrai extrêmement mal. Alors bouge-toi le cul.
Elle commence à te caresser la joue et à approcher sa main de ton pantalo-... TOUJOURS PAS les clefs, il faut suivre.
Plus sérieusement, cette discussion te remet les idées en place. Elle avait parfaitement raison et ça te faisait mal de l’admettre. En même temps t’es content, ça prouve qu’elle tient à toi et qu’elle veut ta réussite.
Habité d’une nouvelle volonté, tu te mets à travailler. Pour la première fois de l’année, tu relis tes cours, tu lis les bouquins et tu fiches les bibliographies. Tu commences à te sentir plus à l’aise dans les bouquins de philosophie et dans les théories littéraires. Tu reprends tes dissertations, tu marques tes fautes pour ne plus les refaire.
Enfin… tu fais tout ça pendant 2 jours avant de revenir à ton ancien train de vie.
Devant le retard accumulé, tu baisses les bras. Tu sens qu’il te manque un rythme de travail. Tu peines à travailler après 20 heures, ce qui limite grandement ton temps de travail. Tu ne touches pas au programme d’histoire avant la veille des concours blancs, tu as lu un seul des bouquins de la bibliographie de philosophie.
Finalement, le jour des concours blancs arrive. Tu te sens reposé et calme. Tu es prêt à affronter ces épreuves.
Données du topic
- Auteur
- peluchet
- Date de création
- 8 juillet 2022 à 12:03:15
- Date de suppression
- 5 janvier 2023 à 12:47:00
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