RISITAS - Mon aventure GR20 avec mon pote !
CHAPITRE 8 : LA MONTÉE D'ASINAO
Le repas terminé, nous regagnons tous nos chambres. Enfin nos chambres... Je dirais plutôt que pour les groupes, ce sont leur première nuit en tente, mais nous c'est dans un abri en pierre. C'est exactement dans cet abri que nous avons dormi Léo et moi : https://gr20-infos.com/wp-content/uploads/2022/02/bergerie-aline-1024x538.jpg . L'abri un peu reculé à droite, c'est l'abri du Corse, fils d'Aline
Nous avons dormi comme des bébés dans nos duvets. Un peu de moustique, mais le matelat était ultra confortable malgré la propreté qui laissait à désirer. Le calme est à souligner, aucune voiture, aucun bruit de moto, aucun inconfort auditif.
Les bruits de chèvres avec les cloches nous réveillaient en douceur.
-Ah quelle nuit ! ça fait plaisir !
-Ouai, c'était superbe. Je me demande d'ailleurs si c'était pas la dedans que j'avais dormi il y a 7 ans, je me souviens plus trop...
Nous rejoignons les tables principales à l'extérieur. On voyait déjà Téhéiura, le guide du groupe 2 (celui des faibles), qui était prêt avant tout le monde. Nous le saluons.
Nous traversons la petite allée pour aller chercher notre petit-déjeuner dans la cuisine d'Aline, qui se situe pareil, dans un abri en pierre. C'est même là-dedans qu'elle dort. Et croyez-moi que ça empeste l'enfermé, une fumée de malade vu qu'il n'y a pas de hotte. Une odeur à la limite de l'évanouissement.
Cette cahute possède une radio, seule appareil électronique qui fonctionne grâce à un panneau solaire sur le toit.
On essayait d'écouter les résultats du premier tour des législatives.
"Crrr crrr à l'assemblée crrr .. lenchon alors que... vait précisé Macron."
-Je refuse d'écouter ça. Je suis ici en montagne, y a que ça qui compte. On s'en fout de qui passe, ça changera rien pour nous ici, nous qui devons survivre jusqu'à Calenzana.
Nous prenons notre petit-déj (thé, pains, beurre, confiture) pour aller manger avec ceux qui sont aussi à table.
-Salut vous deux, à priori, et sans faire de politique, ce serait Mélenchon qui serait passé chez vous.
-Ah ouai ? Je m'en doutais... (fait chier bordellllll )
-Ouai. Sinon vous avez bien dormi ?
Nous finissons de manger, bien que ce soit la bagarre avec l'eau chaude pour le thé et le café. Mais Aline est toujours là pour nous resservir. Nous faisons connaissance également avec la française qui vit en Amérique maintenant, à Los Angeles, Isabelle.
-Bonjour moi c'est Isabelle, je peux m'asseoir avec vous ?
-Vous avez pas pris de guide avec vous ?
-Non, moi je l'ai déjà fait et j'emmène mon ami Célestin avec moi.
-Ah trop cool, ça doit être génial de le faire entre ami et en autonomie totale.
-Nous aussi on est en autonomie mais on ne fera que le Sud.
-Ah d'accord, nous on va jusqu'au Nord on devrait vous suivre.
-Ouai mais on doublera à la fin du Sud donc pour le Nord on aura une étape d'écart.
Une fois les présentations faites, nous nous hâtons afin de partir avant les groupes. De cette manière, nous aurons à nouveau des douches chaudes en arrivant les premiers, bien que pour ceux qui viennent direction Nord, impossible de savoir s'ils seront là avant nous au refuge ou non. C'est parti pour direction Basseta !
-Bon, nous nous partons ! A bientôt !
8h. Départ pour la montée d'Asinao.
-Célestin, la montée s'annonce très difficile. On y va tranquille pour ne pas épuiser trop de force.
Nous marchons puis la montée devenait de plus en plus pentue. La chaleur est déjà écrasante dès le matin. Obligé de faire des petites pauses de 30 secondes tous les 50 m. Le souffle est déjà coupé, nous cherchons (enfin surtout moi) à retrouver le second souffle.
A la moitié du parcours, nous regardons derrière nous et voyons loin en bas le jeune couple Jésus et Lana qui sont sur nos pas. Derrière eux, nous apercevons le groupe 1, tenu par Claude.
-Bon sang mais ils sont rapide eux ! Ils ont bouffé quoi ce matin ?
Plus proche de nous dans la montée, on aperçoit un groupe de 4 hommes, bien plus rapide, venant du refuge malpoli d'Asinao. Ils nous rattrapent. Personnellement, étant explosé, je les laisse passer devant moi, ce que compte faire aussi Léo pour ne pas me distancer.
-Elle est difficile cette montée n'est-ce-pas ?
-Non en effet vous allez jusqu'où aujourd'hui ?
-Nous aussi ! J'espère que cette montée se termine bientôt, parce que là c'est du costaud.
-On a fait à peu près la moitié.
-Voilà mon ami Célestin qui nous rejoint !
Les trois qui accompagnaient le gars avaient l'air solide comme lui, sauf le dernier, qui était un peu à la peine comme moi. Il était plein de sueur et pendant qu'ils continuaient leur montée, la distance qui les séparait se voyait de plus en plus. Du coup il restait quasiment avec nous, à notre rythme.
La montée continuant encore et encore sans jamais s'arrêter, le mal de dos à cause du portage du sac se faisait sentir. Parfois, comme nous économisions nos force dans la montée, il arrivait que dans des passages mi-escalade, mi-marche, nous dépassions les 4 hommes, avant que ceux-ci ne nous mettent finalement une dernière distance dans les 10 derniers pourcents de la montée. Nous les entendons hurler de plus loin.
-ALLEZ LES GARS, CE SOIR C'EST PIETRA PENSEZ-Y ! UNE POUR LE RAFRAICHISSEMENT UNE AUTRE POUR LA RECOMPENSE
Arrivée tout en haut, nous sommes sur une crête. Un vent de malade bien froid nous souffle dessus alors que nous étions en pleine canicule tout le long de la montée. La loi de la montagne en somme.
En revanche impressionnant comme c'est magnifique. Nous profitons tellement de ce moment de confort après tant d'efforts avec cette montée... 5 minutes plus tard, le couple Jésus et Lana arrivent sur la crête aussi, puis le groupe 1 tenu par Claude également.
Le 23 juin 2022 à 13:19:12 :
Tu t'etais pas trop préparé, mais tu es sportif en dehors de ça Célestin ?
Non je reste mon cul dans le canap comme un gros porc. Mais j’ai juste fait quelques randos comme ça
CHAPITRE 9 : LE MONT INCUDINE
Arrivé en haut du sommet d'Asinao, nous en profitons pour passer un coup de fil à nos familles pour donner des nouvelles, pour la première fois depuis notre départ. Tout en haut, il y a du réseau, nous sommes chanceux. Pendant ce temps, nous voyons Lana extenuée de la montée, assise devant ce qu'elle vient de monter, complètement essouflée.
Jésus nous voit et nous rejoint pour faire son petit bilan. Il est en sueur totale.
-Ouai, ça fait du bien de l'air frais ici, en pleine crête.
-Je vous conseille de mettre vos doudounes, pour attraper la mort en crête, rien de tel que de rester en t-shirt. Nous on va prendre quelques fruits secs et on repart direct pour faire le Mont Incudine.
-C'est le sommet en haut là-bas ? Nous on y va pas, on va redescendre un peu en bas, on est bientôt à notre refuge.
-Ah oui c'est vrai, vous venez pas à Basseta vous. Le Mont Incudine c'est bien le sommet, il y a une croix tout en haut, ça monte un tout petit peu encore, mais c'est chouette, en 15 minutes nous y sommes, ça vaut le détour.
-D'accord et bien je vous dis à la prochaine, peut-être qu'on sera ensemble demain soir au refuge, faudra que je regarde notre programme je ne me souviens plus.
Dès lors que nous remettons nos sacs sur le dos, ce pauvre dos qui commence sérieusement à tirer, nous levons les yeux vers le Mont Incudine et voyons le groupe 1 de Claude déjà parti pour le sommet. Le Mont Incudine est le plus haut sommet du Sud sur le tracé du GR20. Ce n'est pas le plus haut sommet, mais le plus haut sommet du tracé. Il culmine à 2134 m.
-Bon sang ils n'ont pas perdu de temps. Allez Célestin, hors de question que leur groupe arrive avant nous au refuge, il faut qu'on reparte !
-Allez. Cette petite pause m'a fait du bien, je te suis, passe devant !
Il faut savoir qu'il y a un léger avantage à suivre quelqu'un sur le GR20 en restant près derrière lui. En effet, celui de devant à tendance à "aspirer" celui qui est derrière.
En 15 minutes, nous atteignons le Mont Incudine. Magnifique croix.
-Salut les gars ! Vous avez bien fait de venir ici, ça valait le détour.
-Vous pouvez nous prendre en photo svp ? ça fera une photo de groupe au complet.
-Bien sûr. Positionnez-vous...
-Génial, merci ! Vous voulez qu'on vous prenne aussi ?
-Merci beaucoup, à plus tard !
Alors que nous nous apprêtions à repartir, voilà que Jésus et Lana s'amènent ici aussi.
-Ah bah vous avez changé d'avis finalement ?
-Ouai. On s'est dit qu'il fallait quand même venir, surtout vu cette croix on... on s'est dit qu'il euh... qu'il fallait venir ici en fait quoi. En plus on n'est pas loin de notre refuge donc voilà. Nous sommes là !
Nous leur prenons quelques photos également, puis nous repartons dans notre sens, pendant que le jeune couple partait dans l'autre. Enfin un peu de plat pendant plusieurs minutes, ça permet de remettre les muscles à l'endroit, surtout vu cette chaleur qui commence à reprendre le dessus. Pour rappel, c'est la canicule, nous ne le savions pas. Léo avait bien remarqué qu'il faisait plus chaud que les autres années. Dans la montagne, le vent était chaud contrairement à ses anciennes années.
Une heure plus tard, l'étape devenait plus difficile, non pas à cause des montées et des descentes, mais à cause de l'enchaînement. En effet, on avait des courbatures en se levant et ça ça pèse beaucoup dans la fatigue. Surtout quand on s'arrête, les muscles se figent très rapidement et il est très difficile de repartir. L'autre point noir, c'est évidemment le dos. Le sac tire énormément sur les épaules, ce qui crée des douleurs jusqu'au milieu du dos. Quand on retire son sac pour s'asseoir par terre, c'est très douloureux, épouvantable. Surtout qu'on ne s'asseoit pas dans un canapé mais sur des cailloux, sans possibilité de reposer le dos.
Nous ne rattraperons jamais le groupe de Claude. Nous décidons de nous arrêter pour prendre notre pause déjeuner au bord d'une rivière, juste à côté de la source. Cela permettra en plus de mettre nos pieds dans l'eau glaciale, pour stimuler les chevilles. Au menu du jour, salade de pates (on en peut plus des pates), fromage de la veille, et une orange.
-Faut que je trouve un coin pour chier là, file moi le rouleur de PQ.
-Vas-y, moi je vais remplir les gourdes et laver nos gamelles.
Finalement, nous voyons arriver le groupe 2, qui va aussi s'arrêter pour remplir les gourdes à la source.
Quelques minutes plus tard, nous repartons. La fin d'étape est rudement difficile, les muscles tirent et encore plus le dos.
Enfin nous y sommes. Etape 2 terminée, nous voilà au refuge de Basseta.
j'avais 5-6 ans quand on a campé là bas
le cadre est magnifique
CHAPITRE 10 : LE REFUGE DE BASSETTA
Je suis crevé. Léo a encore de l'énergie mais cette étape m'a lessivé. Il faut dire que les deux premières du Sud sont assez féroces en partant de Bavella. Pour rajouter de la difficulté à la difficulté, il fait méga ultra chaud. Il doit être 15h. Il y a déjà des gens qui sont là, mais des gens qui viennent du Nord. Le Groupe de Claude n'est pas encore là, ils ont du dévié un peu en faisant une pause. En provenance du Sud, nous sommes encore les premiers arrivés.
-Bonjour, nous sommes deux en libertés.
-Bonjour oui je vois ça. Suivez-moi je vais vous indiquer votre tente... Voilà c'est celle qui est tout en bas.
-Quoi ? Faut descendre tout la bas ?
La tente est situé à côté d'un ruisseau, à 15 m de D- du refuge. Ultra difficile de se lever avec des tongs pour redescendre une côte ou la remontée, sachant qu'il y a plein de pierre dessus. Sans oublier qu'il faut rechercher et ramener le sac d'assistance pour cette étape. C'est vraiment le truc chiant du GR ça.
-Pour les douches, pas avant 17h30.
-Sérieux ? Mais ça va être la queue quand les groupes vont arrivés.
-Pas mon problème. On a un problème de fuite, faut attendre que ce soit réparé.
-En tout cas c'est plus jolie maintenant, le refuge a été rénové depuis mon dernier passage il y a 7 ans.
-Y a 7 ans c'était pas moi. Donc je sais pas.
-Eh ben bonjour l'amabilité celle là.
-Ouai, franchement honteux. Allez viens Célestin, on va prendre notre tente et on va aller boire une Piétra bien méritée.
Nous nous installons sur une table en terrasse, avec nos bières puis étudions le trajet prévu pour demain.
-L'étape de demain est facile. C'est aussi la plus courte.
-Ah ouai ? Dis-voir le descriptif stp...
-Elle dure 4h30. On ira jusqu'au refuge d'Usciolu. Suis-là je m'en rappelle encore, un chiotte bien dégueulasse.
-Ah ouai c'est bien rapide en vrai... On pourra se lever tranquille et partir vers 9h.
Soudain, nous apercevons le groupe 1, celui de Claude arrivé.
-AHHHH EN PLEINE FORME LES AMIS OU SONT LES PIETRA ?
-C moi qui pay ce soir je vais les chercher
-Alors vous étudiez l'étape de demain les gars ?
-Ouai, une étape assez simple et rapide, ça fera un peu de répit.
-Vous avez entendu parler de la fille qui fait le record féminin ?
-Non pourquoi ? Y a quelqu'un qui tente le record ?
-Oui, c'est Anne-Lise Rousset. Elle a 10 minutes d'avance sur son programme apparemment. Elle sera ici cette nuit ou demain matin. Avec un peu de chance, nous devrions la croiser sur notre chemin en partant demain.
-T'as entendu ça Célestin ? Il faut absolument qu'on croise la nana là
-Elle est partie hier de Calenzana, c'est absolument stratosphérique ce qu'elle est entrain de réaliser.
-Et nous deux étapes en 36h... Alors qu'elle va en faire 16.
-CHAUD DEVANT !! BEIGNET DE COURGETTES A PARTAGER POUR TOUT LE MONDE ! C'EST OFFERT.
Un geste enfin généreux de la part de cette gente dame.
Après quelques bières ingurgitées avec deux beignets de courgettes chacun, nous partons retrouver nos tentes pour aller se préparer aux douches, il est bientôt 17h30, comme l'avait précisé la dame du refuge. Mais sur le chemin, nous découvrons qu'il y a déjà des gens dans les douches.
-Léo je crois qu'on s'est fait entuber
On retourne voir la dame du refuge.
-Pourquoi y a des gens qui ont pris des douches ? Je croyais que c'était interdit avant 17h30.
-Les réparations ont fini plus tôt.
-Bah fallait nous prévenir non ? On était là en premier.
Enervé, nous retournons à notre tente pour chercher les affaires de toilette.
-Ah tiens, y a quelqu'un qui s'est installé à côté de nous on dirait.
-Ouai, y a des affaires, ils sont là ?
-POUR LES DOUCHES Y A PAS BEAUCOUP D'EAU CHAUDE. DONC VOUS APPUYER UNE PRESSION, VOUS VOUS SHAMPOUIGNER, PUIS UNE DEUXIEME PRESSION POUR RINCER C'EST TOUT !
Histoire d'emmerder le monde, et pour se venger, nous ferons trois pressions Léo et moi.
La douche était bien chaude, superbe. Nous revenons à nos tentes et faisons connaissance avec nos voisins de la tente de côté.
-On est vos nouveaux voisins visiblement
-On voit ça. Eh dîtes-voir vous savez où faut ramener le sac d'assistance ?
-Non et je n'ose pas demander à la dame du refuge, je risque de me faire tirer dessus.
-Vous aussi vous craignez le monstre ?
-Moi c'est Christelle et vous ?
-Vous êtes avec le groupe ? Je me rappelle pas vous avoir vu avant...
-Non non on est en autonomie. On va jusqu'à Calenzana.
-Nous aussi on est en liberté. Mais on s'arrête au Sud.
-Ah mais c'est vouuuuus le troisième duo en liberté ! Eh bien enchanté !
attends mais ça vient de se réaliser donc c'était ya pas longtemps ton parcours ou j'ai rien compris ?
Le 24 juin 2022 à 10:03:34 :
https://www.lequipe.fr/Adrenaline/Ultra-trail/Actualites/Anne-lise-rousset-apres-son-record-sur-le-gr20-je-ne-pensais-pas-etre-capable-de-le-faire/1338747
attends mais ça vient de se réaliser donc c'était ya pas longtemps ton parcours ou j'ai rien compris ?
Oui oui c’était y a quelques jours
Données du topic
- Auteur
- Phowa
- Date de création
- 20 juin 2022 à 22:17:10
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