Je vis actuellement la même chose avec ma chatte âgée de 15 ans environ, qui a un cancer au niveau du visage.
Cela fait maintenant à peu près 4 mois que nous avons découvert ce diagnostic, et je dois dire que ça fait travailler chaque personne à son contact sur son propre rapport à la maladie, à la vie, et à la mort.
J'avais personnellement très mal vécu cette nouvelle à l'époque, j'ai beaucoup pleuré, et je regrettais que cela arrive aussi "tôt" pour elle (la moyenne de vie d'un chat étant de 17 ans il me semble). Malheureusement, le diagnostic est arrivé trop tard, les chances d'éliminer entièrement ce cancer etaient tres faibles, et nous avons décider de laisser faire. Et puis ça m'a fait grandir, avec le temps j'ai vu les choses autrement, j'ai donné du sens à ce cancer.
La grande difficulté de moi, son maître, que j'ai traversée et qui persiste encore aujourd'hui, c'est de faire le bon choix pour elle.
Et je me rends compte aujourd'hui à quel point dans l'esprit des gens, la piqûre semble irrémédiable, dès que des personnes extérieures la voient elles me disent qu'elles-memes l'auraient piquée depuis longtemps, qu'elle doit souffrir, etc.
Pourtant, la mort fait partie de la vie, et au fond de moi j'espère pouvoir l'accompagner le plus possible jusqu'à sa mort dite naturelle, sans pour autant la retenir pour mon simple intérêt. J'insiste sur ce point, parce qu'il ne m'est pas agréable de la voir dans cet état, ni de psychoter sur ce qu'elle doit ressentir, et parfois je préférerais personnellement que tout cela se termine.
Il est très dur de prendre la decision d'achever l'animal avec lequel on a vécu tant de choses ensemble, qu'on a vu grandir et parfois qui nous a vu grandir. J'en ai moi-même fait les frais suite aux différentes injonctions que j'ai pu recueillir auprès des personnes extérieures qui me poussent à passer à l'acte. Et il m'est arrivé plusieurs fois de me dire qu'effectivement, son comportement a beaucoup changé, qu'elle souffre énormément et elle mériterait qu'on l'acheve.
Mais quand je la regarde, je vois qu'elle vit encore des moments de plaisir avec nous, qu'elle continue d'assouvir à ses besoins naturels, et ça serait pour moi une torture de décider d'arrêter sa vie pour mon propre ressenti et ma projection de mes pensées sur elle. Qui suis-je pour disposer de ce droit de la piquer ? Je le prends avec plus de philosophie. Et c'est beaucoup de concessions, aussi bien psychologiques que physiques. Aujourd'hui je ne peux pas dire comment elle va finir sa vie, à quel moment, si on va la piquer ou non, mais ce que je sais, c'est que c'est un chemin tres dur à traverser, mais qui peut faire grandir un homme. Je me rends compte également que j'ai perdu le sens de la mort naturelle, j'en ai même peur, alors qu'après tout, c'est aussi ça, la vie.
Je t'invite donc à écouter ce qui te semble bon pour lui, c'est toi qui as vécu avec lui et tu es le plus à même de savoir quoi faire. Tout en sachant que si le diagnostic est arrivé tardivement, il y a de fortes chances pour que le traitement ne marche pas (c'est mon point de vue, mais je ne suis pas veto). Et je t'invite surtout, quelle que sera ta decision, à rester auprès de lui et lui donner de ta présence, comme chaque être mourrant (ou souffrant) pourrait nécessiter. À profiter de chaque moment dont tu disposes avec lui, jusqu'à sa fin, et ne pas prendre de décision trop hative parce que les gens te disent de prendre telle ou telle décision, puisqu'il n'y a pas de bonne réponse.
