[RISITAS] 8 jours pour boucler le GR20...
Continue le récit, j'adore ces histoires
Le 02 novembre 2023 Ă 13:35:25 :
Topic fav, quai
Continue le récit, j'adore ces histoires
Désolé pour le ghosting du topic, j'ai changé de boulot début Octobre et j'ai déménagé à l'étranger donc j'ai pas trop écrit
Je vous sors le Jour 7 aujourd'hui et j'essaye de me motiver pour finir le Risitas avant le 30 Novembre
Bonne lecture, je me suis deter sur les stickers ahi
Et n'hesitez pas Ă feed
Jour 7 : Tighjettu - Carrozzu
Etape 13 : Tighjettu - Asco : 8 kms / 1050 m D+ / 1220 m D-
Je suis réveillé vers minuit à cause des rafales vents,
Le bulletin météo disait vrai, c’est une véritable tempête dehors
Ca siffle super fort et la toile de tente se fait bourlinguer dans tous les sens,
J’ai la paroi qui vient s'écraser contre mon visage tellement la pression est forte
Pour couronner le tout, j’ai grave envie d’uriner
Sauf qu’il fait nuit noire, que le vent est déchainé et que le terrain autour de la tente est ultra escarpé,
Donc pas trop envie de sortir en slip dehors, en plein milieu de la nuit
Après avoir lutté pendant 1h, je comprends que je n’ai pas le choix, je dois y aller,
J’attrape ma lampe frontale que j’enfile et j’ouvre la porte pour m’échapper
Je trottine comme je peux pied nus dans la nuit noir,
Je manque de me péter la gueule contre un rochet mais je trouve un spot dos au vent pour ne pas me reprendre un retour de flamme
Pas envie de me retrouver couvert de fluide
Déjà que je suis plein de sueur et de terre, pas besoin d’en rajouter merci
Les rafales ont failli me déséquilibrer plusieurs fois mais mission accomplie
- T’es allé pisser ?
- Oui, ça souffle Ă mort lĂ
- Ouais j’entends ça malgré les boules quies
- Je vais y aller aussi
- Fait gaffe Ă toi
La nuit est horrible, je ne dors pas du tout. Les quelques fois où je finis par somnoler, je me réveille en sueur car j’ai l’esprit pollué.
Je cauchemarde sur l’étape à venir, elle m’angoisse
Il s’agit quand même de gravir le massif du Monte Cinto pour atteindre la pointe des éboulis à 2600 m d’altitude. Passage réputé dangereux à cause du revêtement exclusivement composé “d'éboulis” instables où une attention de tous les instants est requise.
Sachant que les conditions climatiques s’annoncent très mauvaises…
De plus je repense en boucle aux paroles du gérant de la Bergerie de Radule, comme quoi deux randonneurs se sont tués cette semaine
Je cogite inlassablement, impossible pour moi de ne pas penser au pire
Que Johny ou moi se blesse en chutant d’une paroi balayée par le vent,
Qu’à cause des fortes rafales et du terrain difficile, l’hélicoptère ne puisse pas venir nous exfiltrer
Bref je me fais de gros films puisque j’ai toujours en tête les rafales à plus de 100 km/h qu’on avait subi à Usciolu, à 2000m d’altitude…
Donc 2600 c’est logiquement pire
Le réveil sonne à 5h20, je ne dormais pas de toute façon…
Malgré mes boule quies, j’ai entendu les rafales de vent siffler le long des parois rocheuses et la toile de tente s’écrasant contre mon visage m’aidait à rester éveillé
- On fait quoi ? T’as vu comment ça souffle
- Ouais c’est chaud là , j’ai quasiment pas dormi
- Moi non plus, 3h grand max
- On attend 1h de plus ? Ca sert Ă rien lĂ , vaut mieux attendre le soleil
- Ok on fait ça
6h du matin arrive, aucun changement, la tempĂŞte fait rage
- On se lève ?
- Ouais je sais pas, c’est la merde lĂ
- A la limite on double pas aujourd’hui, on fait qu’une étape en partant vers 11h
- Ca casse les couilles que ça arrive maintenant
- On devait le faire en 8 jours, pas en 9 !
- De fou mais faut rester raisonnable je pense
- Clairement, on va pas aller prendre des risques inutiles
- Mais c’est frustrant
- Bon je vais demander au gardien ce qu’il en pense
Je m’extirpe de la tente et pars en direction du gardien,
- Tu penses que c’est jouable la pointe des éboulis ce matin ?
- Vous montez lĂ haut ?
- Oui on vient du Sud donc on va vers le Nord
- Personnellement j’irai pas, ça souffle trop
- SĂ©rieusement ?
- Bah c’est 2600m là -haut, il fait froid et c’est très hostile comme environnement
- Y’a pas une variante ? Un itinéraire bis ?
- Si mais c’est pire, le cirque de la solitude
- Ah oui en effet
Pour donner du contexte, avant le GR ne montait pas à 2600m pour rejoindre Asco, mais passait au travers d’un cirque perché à 2000m d’altitude.
Mais ce dernier a été fermé après un éboulement mortel (7 morts) en 2015. Actuellement il n’y a plus de chaines/mains courantes comme à l’époque, et c’est réputé “extrêmement difficile”.
En d’autres terme, même pas envisageable en ces conditions
- Bon je te remercie pour les informations
- Bon courage à toi et fait attention si tu décides de prendre la route
- Entendu
Je retrouve mon collègue qui m’attend à la tente, pour la 1ere fois du GR je sens qu’il a le moral dans les chaussettes, il y a de la frustration
- Il t’a dit quoi alors ?
- Il m’a dit de ne pas y aller en gros
- SĂ©rieux ? Genre trop dangereux ?
- Il m’a déconseillé à cause du vent oui
- On fait quoi ?
- Ecoute je te propose 2 solutions, j’y ai réfléchis toute la nuit
- 1ère solution, on attends 10-11h et on dort à Asco ce soir (1 étape)
- 2ème solution, on part maintenant comme si de rien était et si trop compliqué on fait demi-tour
- Tu choisirais laquelle ?
- Moi je dirais la 2, je pense que le gardien exagère un peu pour éviter la responsabilité en cas de problème
- Le danger est présent, faut être attentif mais ça me semble jouable
- Ok faisons ça alors, on reste ensemble surtout
- Deal
Nous voilà donc parti pour l’inconnu, sans vraiment savoir à quoi s’attendre,
On décide de ne pas trop se charger en eau pour éviter d’avoir trop de poids dans le sac à dos, ce qui pourrait nous déséquilibrer
Alors que nous nous dirigeons vers l’ascension, nous croisons un type de 70 ans, les cheveux longs et blancs, il vient de descendre de la montagne,
- Bonjour, vous faites demi-tour ?
- Comment ça ?
- Vous venez d'où ? D’Asco ou Tighiettu ?
- Ni l’un ni l’autre
- Mais c’est qui ce type ?
- En plus mec téma ses pieds
- IL EST PIEDS NUS WTFFFF
- C’est Jésus mec, c’est un signe divin
- L’homme providentiel
Au moins cette rencontre aura le mérite de nous redonner le sourire et de nous faire relativiser,
Le vieux Jésus a réussi à descendre de la montagne pieds nus donc on en est capable
Notre voisine de campement est juste devant nous, elle a commencé la longue et pénible ascension, ça nous donne un objectif
- Faudrait la rattraper pour se timer
- Ouais ça devrait aller, elle est super chargée en plus
- Je m’arrête juste pour enlever ma polaire, je crève de chaud
Il a beau faire une température de 5°C à peine, le terrain est si exigeant que la chaleur ne tarde pas à gagner notre corps,
Etape 13 : Suite
Pour faire simple les 925m de D+ sont un ENFER
Pour dire, ça revient à escalader 3 fois la Tour Eiffel
Le terrain est extrêmement escarpé et raide, il fait froid et le vent nous fouette le visage,
Il faut être attentif à chaque geste, toujours être sur de son équilibre car la chute n’est pas une option
Si tu tombes tu te blesses,
Voir pire…
Tellement c’est accidenté, je range les bâtons sur le sac pour grimper avec les mains, cela augmente les points d’appuis et permet de sécuriser la progression,
- On s’arrĂŞte ? Je fatigue lĂ
- On avance déjà lentement mec
- Désolé mais j’ai pas dormi de la nuit et j’ai trop faim en fait
Quelle idée aussi de se lancer dans l’ascension avec 3 pattes d’amandes dans le bide
- On mangera à Asco, et regarde notre voisine, elle est déjà tout en haut
- C’est une machine sérieux, elle est super chargée en plus
- Allez Aziiz
- On doit rattraper notre retard
Je serre les dents dans la difficulté, Johny ne me lâche pas d’une semelle, si bien qu’on progresse,
La Bocca Crucetta, situé à 2450m est en ligne de mire
Elle est atteinte à 9h, le panorama est magnifique avec un grand soleil qui innonde les alentours de lumière
Je vous explique pas la force du vent, j’ai le cache cou vissé sur la tête et les oreilles pour conserver le plus de chaleur possible
Il fait super froid
Je vous rappelle qu’ils avaient annoncé de -5°C de ressenti au sommet
Je prend quelques photos pour immortaliser le moment :
Puis à 9h45 nous atteignons l’ultime sommet de ce périple : La Pointe des Eboulis
Elle porte bien son nom, c’est recouvert de pierres, de la caillasse à perte de vue
Néanmoins le cadre est magnifique, on a vu sur le point culminant Corse : Le Monte Cinto avec ses 2700m, et tellement nous sommes haut et qu’il fait froid, il y a des névés à plusieurs endroits (neige éternelle),
- Viens on fait une photo
- Pourquoi ?
- Bah pour avoir un souvenir guignol
- Si tu veux
- Allez souris
D’ailleurs nous avons retrouvé notre voisine, elle est tranquillement assise contre le cairn du sommet. En plein soleil en train de lire un livre,
En tout cas respect Ă elle, elle est courageuse
Il est temps pour nous d’attaquer la descente vers Asco, 1185m de D- d’un coup
Le vent de face est toujours aussi puissant qu’on progresse les bras grand écartés pour ralentir la vitesse
On est des sortes d’albatros aya
Tellellement les éboulis se dérobent sous nos pieds qu’on à l’impression de faire du ski, on s’y croirait avec les bâtons
La descente est interminable, les ruptures de dénivelé sont parfois si forte qu’on doit utiliser des chaînes,
La technique du toboggan est aussi de la partie
J’essaye de ménager au maximum mon genoux gauche en appuyant mon poids de corps sur les bâtons, car il me fait de plus en plus mal
Ca fait 2h30 qu’on a quitté le sommet et nous apercevons au loin la station d’Asco, où se trouve le refuge,
Sauf que même si je vois qu’on touche au but je commence à sérieusement flancher physiquement, le rythme est trop soutenu pour moi
- C’est encore loin Asco ?
- 30/45 minutes
- Ca marche merci
- Je vais y aller mollo Johny, sinon cet aprem je suis Ă l'arrĂŞt
- Ok mais traine pas trop
Je ralentis un peu ma cadence, Johny disparait de mon champs de vision au moment de quitter la montagne pour s’engouffrer dans la partie boisée finale,
A présent c’est principalement plat et le revêtement est correct.
Etape 13 : Suite 2
13h j’atteins le centre de la station d’Asco qui est aussi une station de ski l’hiver, il y a donc des tire-fesses, un hotel restaurant et le refuge un peu plus loin,
Le Jo’ m’attend en terrasse, il est en train de soulager ses pieds endolori par cette étape du démon
Personnellement je suis au bout de ma vie et donc, d’une humeur exécrable
J’ai faim, j’ai mal, j’ai soif, je suis en carence de sommeil
La cocotte est en train d’exploser
- Ahhhhh putain
- Saloperie d’étape
- J’en ai plein le cul, j’ai les pieds en lambeaux
- Bah alors petit père ?
- Vivement que ça se termine ce bordel
Bref, une fois l’ouragan d’injure calmé, je me dirige à l’épicerie/snack,
- Bonjour, je vais vous prendre 2 omelettes svp
- J’ai plus d’oeufs
- Ah
- Bon bah 2 sandwichs au poulet
- J’ai plus de poulet non plus
-
- Sérieux ? Mais y’a rien a manger ici
- J’ai pas été livré hier, il me reste tomates mozza ou croque monsieur
- Bon bah 4 croques monsieurs et 2 Pietra stp
- Je vais prendre aussi des chips, 2 barres Isostar, de la powerade et un coca
- Ca marche, installe toi je t’apporte les croques
Je retrouve Johny les bras chargés de bouffe,
- T’as dévalisé la boutique ou quoi
- J’ai trop faim et y’a plus rien à manger dans ce truc de merde
- Ca casse les couilles
C’est reparti pour les injures
Il fallait que j'extériorise tout ça
- T’as pris quoi en chaud ?
- 2 croques monsieur chacun
- Niquel
- J’ai pris pas mal de sucre, faut que je refasse les rĂ©serves lĂ
- Sinon cet aprèm je rampe
- Pas de tout repos le garçon
Une fois le repas de terminé et le corps intégralement recouvert de crème solaire, nous reprenons la route direction Carrozzu,
Le dernier refuge du GR20
On touche au but
- En tout cas on a bien fait de partir Ă 7h ce matin
- Oui ça l’a fait tranquille au final
- On aurait eu l’air con de rester au refuge
- De fou
En quittant Asco on croise la fameuse voisine qui est en train d’installer sa tente,
Nos regards se croisent, elle me fait un petit sourire complice puis retourne Ă ses occupations
Nos chemins se séparent ici
Peut-ĂŞtre dans une autre vie, qui sait ?
Je ne lui avait pas parlé mais elle avait l’air très sympathique, pas moche en plus
D’ailleurs c’est impressionnant le nombre de femme de 25-30 ans qui se lance dans le GR20 en solitaire. Ça doit être une sorte de défi pour elles, le dernier “challenge” avant de se poser en ménage ?
Les hommes qui le font en solo ont plus 40-60 ans, ils sont divorcés ou célibataires endurcis
En tout cas il y a vraiment moyen de trouver l’âme soeur sur le GR, alors les conditions d'hygiène ne seront pas optimales mais au moins, dans la montagne, les femmes sont accessibles
Et puis on est vraiment dans une bulle comme il n’y a pas de portable, de réseaux…
Moi qui n’aborde jamais dans la rue, je parlais à tout le monde sur le GR, sans aucun complexe
Ca peut ĂŞtre une solution viable pour les kheys en manque de confiance en eux
Etape 14 : Asco - Carrozzu : 7.8 kms / 640 m D+ / 790 m D-
Il est donc 14h quand nous quittons la station d’Asco pour nous diriger vers Carrozzu,
Le temps est magnifique, le soleil est bien présent et la chaleur est là (comme d’habitude),
Je sais que je vais encore en chier mais bon on est bientôt arrivé, ça va le faire
Une montée abrupte est au programme, on doit passer de 1400m à 2000m en 2.5 kms,
Ca fait du 25% de moyenne aya
Mais bon on est rodé maintenant donc on s’y lance en restant humble dans l’effort, on gère,
Le GR20 est un marathon, pas un sprint
Si tu cours, tu le paieras Ă la prochaine cĂ´te
Pour le coup il est largement préférable de ralentir de 1 km/h et ne pas s’arrêter, que l’inverse,
Les pauses (supérieure à 60 secondes) tuent le rythme, personnellement je suis un adepte de la micro pause, 30 secondes suffisent pour redescendre en pulsations et boire un coup
On discute pendant la côte en se remémorant le couple de la veille
- D’ailleurs on ne les a pas croisé aujourd’hui
- J’avoue, ils devaient décoller à 6h ce matin
- Soit ils sont devant, soit ils sont restés au refuge
- On verra bien ce soir
Après 1h50 de longue et agonisante ascension, la Bocca di Stagnu est atteinte, il est 15h50,
A présent il s’agit de descendre la ligne de crête sur 100m pour ensuite remonter de 200m à la Bocca di a Muvrella,
On est toujours en plein soleil, ça souffle de plus belle
Pour le coup le vent participe fortement à la déshydratation car il sèche la sueur censée rafraîchir notre corps,
Donc on transpire plus pour compenser, en plus d'assécher la bouche quand on respire
Un quarantenaire venant du nord, chargé comme une mule, nous interpelle,
- C’est encore loin Asco ?
- On est parti y’a plus de 2h mais on a monté
- Ah putain
- Et y’a pas une rivière ou une source pour faire le plein ?
- Non y’a rien du tout, c’est que de la paroi rocheuse
- Et vous ĂŞtes comment en eau les gars ?
- Euh ça va
- Y’a moyen de vous en prendre un peu s’il vous plaît
- Je suis complètement Ă sec lĂ
- Oui pas de soucis
Ni une ni deux avec Johny on s’accorde pour lui donner la moitié de notre “secours” respectif, soit l’équivalent de 50cls,
- C’est bon, gardez-en quand même
- T’inquiète on a des Camelback de 3 litres
- Vous me sauvez la vie, merci beaucoup
La solidarité sur le GR
N’hésitez pas à demander de l’aide aux gens, si vous avez un problèmes, vous serez entendu
Nous arrivons donc sur la seconde Bocca, à présent il est 16h40, il ne faut pas trop traîner encore une fois,
- Il nous reste que de la descente, 760m de D- d’après le topo
- Très bonne nouvelle ça
- En vrai y’a moyen qu’on arrive dans les temps alors qu’on est parti à 7h ce matin
- Ca serait beau
- On est des machines sérieusement
- T’as vu ce qu’on marche par jour ?
- Dans les conditions de merde qu’on vie ?
- On dort pas, on mange mal, on a pas d’hygiène, y’a du vent à arracher des cabanons
- Et pourtant on se lève tous les matins pour nos 12h de souffrance quotidienne
- Et le tout sans jamais se plaindre, en prenant sur nous
- J’avoue, on a l’impression c’est normal ce qu’on fait
- En vrai je suis super fier de nous
- On va y arriver frére
- Bien sur qu’on va y arriver, demain c’est la dernière journée
Sur ces belles paroles nous reprenons notre route,
Sauf que Johny trouve que je vais trop lentement dans la descente,
- Vas-y Aziiz accélère aussi
- Attends j’ai mal au genoux je te rappelle
- Moi aussi
- Et bah justement, on gère pour ménager tout ça
- On va arriver trop tard pour le repas, et on a pas de résa
- Bah pars devant si tu veux, moi je reste tranquille
- Ca marche
Une fois seul je m’accorde une petite pause car j’ai vraiment trop mal aux panards,
C’est surtout la plante des pieds qui chauffe et qui me donne des douleurs, c’est comme si tu marchais avec des briques en guise de chaussures
En tout cas, niveau ampoules je suis pas trop mal, pas de gros bobos en vue,
Puis mon abcès au pouce est maintenant de l’histoire ancienne à mon plus grand soulagement
Je pense que je peux clairement remercier la crème Nok que je me tartine sur les ieps avant chaque étape
C’est un indispensable pour le GR
Ce moment de calme est une trop belle occasion pour ne pas y lâcher un colis
Je trouve un petit bosquet à l’abris des regards, avec une vue plongeante sur le Lac de Muvrella,
Apparemment je n’étais pas le seul à avoir repéré ce spot, le sol est déjà souillé de déjections humaines
Une de plus, qu’est ce que ça change ?
C’est les mouches qui me remercieront
Qualité Deliveroo
Une fois le short de remonté, je check ma montre et il ne faut pas trainer
Il est déjà 17h et à ce rythme je vais arriver après 18h30, et si Johny me prends un repas je n’y serai pas à temps
Et j’ai pas demandé, mais je pense que les remboursements sur le GR c’est peine perdu ahi
- Oui bonsoir, excusez-moi
- Hmmm ?
- Mon ami a payé pour un repas alors que je l’ai raté comme je suis arrivé trop tard
- Et ?
- Bah je voulais savoir si un remboursement Ă©tait possible
- Et ta sœur ? Tu crois qu’elle me rembourse ?
-
J’active le mode speedrun car je dois arriver à temps, tant pis pour les genoux
Un repas chaud Ă plus de valeur actuellement
J’arrive à descendre dans un très bon rythme, je croise 2 jeunes de 18 ans,
- Vous avez vu un gars avec un chapeau d'Indiana Jones ?
- Ouais y’a 5 bonnes minutes
- On a un peu discuté avec lui
- Ah super merci, et c’est encore loin Carozzu ?
- 1 heure grand max, quand tu arrive au pont t’es à 5 minutes
- Ok top, mais attendez vous allez Ă Asco lĂ ?
- Oui
- Mais il est 17h30 et ça fait plus de 3h30 que je l’ai quitté
- Dépêchez-vous, ça souffle là haut et il fait nuit dans 4 heures
- D’accord merci
- Bon courage les gars
Ils me font un peu de peine car leur naïveté leur fait prendre des risques inutiles, ils n’ont pas conscience de la situation et rester dans la montagne après 21h peut être très dangereux
En tout cas c’est cool car je ne suis pas trop loin de Johny, j’ai bien gazé
30 minutes passent et je croise un autre randonneur, assis sur la roche,
Il a l’air au bout de sa vie, en même temps c’est un peu le sosie de Depardieu (en plus jeune),
Autant dire que y’a une surcharge pondérale avérée
Etape 14 : Suite
- Vous venez de Carozzu ?
- Ouais
- C’est encore loin ?
- 1h
- Quoi ???
- 1 heure sérieusement ? Des gars m’ont dit 1 heure y’a 30 minutes
- Bah moi j’ai mis 1 heure en tout cas
- Ah d’accord, merci et bon courage
Alors que je m'apprĂŞtais Ă repartir, je me dis que je ne peux pas le laisser lĂ ,
On est solidaire au GR
- Attendez vous allez Ă Asco
- Oui je vais essayer… c’est difficile quand même
- Mais il est 18h, pour vous dire ça fait 4h que je suis parti
- Et je roule bien, je fais pas de longues pauses
- Mouais
- Après faites comme vous voulez, mais c’est pas une bonne idée
- Au mieux vous y êtes à 23h, et le terrain est trop escarpé pour le faire à la frontale
- Je vais voir t’inquiète
- Ca marche, mais vous devriez faire demi-tour
C’est clairement de la connerie ce qu’il est en train de faire, il va finir par passer la nuit dans la montagne ce con
Mais bon il doit avoir 45 piges, je suis pas sa maman. J’ai fait mon job en le mettant en garde, après c’est sa responsabilité hein
J’arrive au fameux pont 15 minutes après, je progresse toujours à bonne allure,
Johny est justement en contrebas en train de le traverser, je me dépêche de le franchir à mon tour pour le rejoindre,
- Putain j’ai tracé pour te rejoindre, j’avais peur de rater le souper
- T’as bien fait, il est 18h15 lĂ
Au final nous atteignons le refuge pour 18h20 environ, soit une 20aine de minutes après avoir laissé “Gérard”
Et dire qu’il m’avait dit 1h de trajet ce con, ça va être mignon le projet de rejoindre Asco
On se dirige vers le gîte pour récupérer notre tente, le refuge est plein à craquer, y’a au moins 60 personnes en train de manger sur les tables de pic-nic,
- Bonsoir, il vous reste une tente ?
- Oui, vous avez réservé ?
- Non on a rien
- Vous allez devoir payer double tarifs sur tout le GR sans résa vous savez
- Oui on sait, on vient du Sud, c’est notre dernière étape
- Vous ĂŞtes parti de Conca ?
- Oui y’a 7 jours pile !
- Ah bravo vous avez bien marché
- Bon ça reste entre nous, je vous fait demi tarif
- Mdr quand c’était moi qui payais, c’était plein tarif à chaque fois
- Faut savoir se vendre aya
Nous demandons ensuite pour le repas,
- Vous avez de la chance, le 2è service est dans 10 minutes
- Ok top, d’ailleurs les douches ferment à quelle heure ?
- Dans 15 minutes
- Bon bah pas de douche
- On est plus à ça près
Je vous explique pas l’odeur et la dégaine qu’on a
Entre manger et se laver, il faut choisir
En tout cas le moral est très bon en cette dernière soirée sur le GR20, il nous reste plus que 2 étapes à faire demain et puis ça sera terminé
Le temps de trouver une tente on discute un peu avec un groupe de jeune,
Ils ont 20 ans à peine et y’a au moins 8 personnes dans le groupe,
Dont certains ont des dégaines de kaillera, genre Seth Gecko randonneur
- On vous a vu arriver du Sud, c’est comment la suite ?
On leur explique donc rapidement ce qu’il les attends,
Puis on s'aperçoit qu’ils fument tous comme des pompiers
- Vous fumez beaucoup ?
- Ouais un peu
- On s’arrête même en haut des cols faire des pauses clopes
- Et ça va ? Vous suivez quand même ?
- On fait 1 étape par jour donc c’est jouable
- Mais on va doubler le reste je pense
- Et bien un conseil, lachez clope les gars
- J’avoue, moi qui vape, je suis en pause lĂ
- On verra bien
Etape 14 : Suite 2
Après le repas, nous retrouvons le fameux couple avec qui nous avions parlé rapidement la veille
Il se trouve qu’ils ont commencé le GR de Vizzavona, ils avaient le temps seulement pour 4 jours. Ils ont 32 ans et travaillent à Paris.
Nous partageons alors une dernière Pietra car il se trouve qu’ils sont très sympathique en plus d’être intéressant,
- On t’a croisé ce midi à Asco, on a essayé de te faire signe mais tu nous a pas vu
- Ah c’était vous les gens à l'hôtel restaurant ?
- Oui ahah, on venait de finir notre repas
- Vous êtes parti à quelle heure de la bergerie d’ailleurs ?
- 6h pétante, on pensait vous rattraper comme vous étiez devant
- Bah on est parti qu’à 7h, on a eu peur du vent
- Oui ça soufflait super fort au niveau de Tighjettu
- A la bergerie y’avait pas de vent donc on s’est pas posé la question
- C’était pas plus mal du coup
Puis on se met à débriefer l’étape du jour,
- On a croisé un fou d’ailleurs ce matin, un vieux qui marchait pieds-nus
- Ah putain on l’a aussi vu en partant !
- Il a dormi dans la montagne ce con, juste avec son duvet
- SĂ©rieux ???
- Ouais il Ă©tait mystique un peu
- C’est Jésus mec
- Carrément
- D’ailleurs, vous avez vu le gros qui galérait ?
- Le sosie de Depardieu ?
- Oui lui !
- Ah putain j’ai essayé de le dissuader de continuer
- Mec, je lui ai demandé le temps qu’il avait mis pour faire de la forêt à ici
- Et il m’a dit 3h
- Alors que c’est marqué 1h sur le topoguide ayaaaa
-
- Il doit dormir dans la montagne à l’heure qu’il est
- Ptn le con
Fin bref on se tape de bonne barre, le mec est vraiment un bon khey
Sa nana est cool aussi
- D’ailleurs vous dormez à Calvi demain soir ?
- On va voir, ça dépends à quelle heure on arrive à Calenzana
- Tenez-nous au courant, ça serait sympa de se boire un verre à l'arrivée
- Il faut fêter ça !
Nous passons un très bon moment de convivialité, on discute pendant 2 heures avec des inconnus qu’on a l’impression de connaître depuis toujours,
C’est vraiment top la bienveillance qu’il y a dans la montagne
Nous sommes “coupé” du monde et ça fait un bien fou de ne plus regarder son portable h24, de lâcher prise et faire un “retour aux sources”
On prends le temps de parler et découvrir des personnes qu’on aurait jamais abordé dans la vie de tous les jours
Vers 20h30 nous décidons d’aller se coucher car il commence à faire froid et il n’y a plus que nous 4 d’éveillé,
Coup de chance, il y a quelques tentes de libre, donc pas besoin de se serrer comme des sardines
- Tiens mec j’ai fait le tour des tentes libres, j’ai choppé tous les matelas dispo
Il débarque les bras remplis aya
Du coup on a 4 matelas chacun pour la nuit
Luxe et confort s’il vous plaît
Le Ritz en sueur devant ces conditions d'hébergement
- Tu passes prendre l’infusion dans ma tente ?
- Ok j’arrive
Dernière fois fois qu’on boit notre petite boisson isotonique, c’était notre rituel de tous les soirs, d’Asinau à Carrozzu
On se remémore tout le parcours avec déjà de la nostalgie…
Cinq suites Aziiz? SĂ©rieusement ?!
Toujours en train de lire la sweet, mais heureux de voir que vous avez tenté la pointe
La motivation de la voisine est la meilleure motivation, surtout si elle est "chargée"
Le 05 novembre 2023 Ă 15:23:03 :
Le 02 novembre 2023 Ă 13:35:25 :
Topic fav, quai
Continue le récit, j'adore ces histoiresDésolé pour le ghosting du topic, j'ai changé de boulot début Octobre et j'ai déménagé à l'étranger donc j'ai pas trop écrit
Je vous sors le Jour 7 aujourd'hui et j'essaye de me motiver pour finir le Risitas avant le 30 Novembre
Bonne lecture, je me suis deter sur les stickers ahi
Et n'hesitez pas Ă feed
Merci quai
Gg khey c'est sympa.
Dommage qu'il manque 1 ou 2 passages
Données du topic
- Auteur
- Aziiz__
- Date de création
- 24 septembre 2023 Ă 23:12:45
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