[RISITAS] 8 jours pour boucler le GR20...
J'aime bien ton humour
Le 08 octobre 2023 Ă 16:41:09 :
Excellent ton récit l'op!
J'aime bien ton humour
Merci khey
Jour 5 : l’Onda - Manganu
Etape 9 : l’Onda - Pietra Piana : 10 kms / 900 m D+ / 500 m D-
Pour l’une des première fois depuis le début du GR je suis tiré de mon sommeil par mon réveil
J’ai plutôt bien dormi, en ayant opté pour la technique de dormir en slip dans le duvet
Car effectivement il y a une meilleur réverbération de la chaleur à ne pas être habillé dans un espace confiné,
Je valide cette théorie qui m’avait été conseillé par Johny et la meuf d’hier à table,
Celle avec son bouton blanc lĂ
Je ne parle pas vraiment du sommeil de Johny car y’a aucune comparaison entre nous deux, lui il dort paisiblement et à limite trop chaud la nuit
On s’habille rapidement dans la tente sur les coups de 5h30, en tout cas on voit que les jours passent et qu’il y a du relâchement sur l'hygiène
Je vous rappelle qu’on a pas pris de douche et qu’on a même pas essayé de faire un brin de toilette,
Donc mes jambes sont recouvertes de boue, qui se forme avec la poussière qui colle sur la sueur
Voir photo de mes jambes après chaque soir
Les fétichistes je vous vois
On dirait j’ai une marque de bronzage tellement la démarcation est visible
J’enfile mon T-shirt à manche longue car les températures sont fraîches, il pu la sueur et l’humidité mais tant pis
Et bien sûr, mon caleçon est le même qu’hier, ce mélange de saveur
D’ailleurs pour vous donner quelques nouvelles de mon doigts de pied qui me faisait tant souffrir ces dernier jours,
Et bien figurez-vous que c’était un abcès et qu’il a explosé de lui même ce matin
Depuis ça va beaucoup mieux même si j’ai toujours une douleur résiduelle
C’est déjà ça de pris
***
Je vous cache pas que chaque matin est un nouveau défi, c’est difficile de se lever,
Car sans parler de nos corps qui s'endolorissent jours après jours, le défi est avant tout mental
Disons-le, c’est clairement “sado” se lever tous les matins à l’aube, surtout quand on sait le concentré de souffrance qui nous attend…
Il est couru d’avance que l’on va “en chier”, que les pieds vont finir en choux-fleurs une fois de plus et que nos poumons vont être soumis à rude épreuve lors des ascensions interminables
Mais on s’accroche, on reste fort malgré la douleur
Aujourd’hui nous sommes à 50% de notre périple, 4 jours se sont écoulés depuis notre départ de Conca. Dès à présent nous pouvons voir le verre à moitié rempli, c’est symbolique mais ça aide mentalement
De toute façon Johny compte sur moi
Tout comme je compte sur lui pour continuer et ne rien lâcher
On doit aller au bout, on a prêté serment il y a 2 jours à Usciolu
Donc pas d’excuse, les excuses sont pour les lâches
***
Le départ est donné pour 6h10 environ et nous devons rejoindre le refuge de Pietra Piana, et l’étape semble plutôt simple et sans grande difficulté.
Quelques randonneurs du Nord nous avaient dit que c’était l’une des plus simples à doubler
Les premiers kilomètres sont en descente, 600m de D- qu’on avale en 1h,
C’était bien roulant, encore du chemin forestier donc parfait
Il faut juste faire attention aux pierres et racines mais globalement c’est tranquille, si bien qu’on atteint rapidement la Bergerie de Tolla au fond de la vallée,
Maintenant 900m de D+ nous attendent, heureusement que la température est plus clémente qu’hier aprèm.
Pour le coup il fait frais et il y a du brouillard sur les sommets environnants
Après plusieurs minutes d’ascension, nous arrivons au niveau d’une autre bergerie,
- T’es chaud on s’arrête un peu ?
- Pour ?
- Juste manger un snickers, on est large niveau temps
- Ok mais pas longtemps
- Relax il est Ă peine 8h
Je m’installe sur l’unique table de pique-nique, un groupe d’anglaises s’y trouve,
- Hello
- Hi
- You’re from Pietra ?
- Yes
- When did you left ?
- About 2h I guess
- Oh really ? We’re not far then
- Yes but only uphill for you now
- I know
On repart une fois les batteries rechargées, on avait pris l’habitude de partir agen, le ventre vide plutôt que de manger dans la tente,
C’est plus réconfortant de manger 2/3 Snickers sur le trajet et ça permet de mieux optimiser l’apport calorique
Alors qu’on progresse dans la forêt, j'aperçois quelque chose au loin,
- Tiens regarde en face
- Quoi ?
- Y’a un mec en treillis qui se dirige vers nous
- On dirait il a une cagoule
- Une cagoule ??
- Ouais c’est chelou je ne vois pas son visage, il est tout noir
Le mec en question arrive Ă notre niveau. Et lĂ Johny part en fou rire,
Car le mec en question était juste un renoi, d’ou le visage noir aya
- P*tain, une cagoule qu’il a dit
- L’autre c’est juste un renoi
- Je suis mort
En vrai on n’en avait pas vu depuis le début, j’avais oublié que ça existait je pense
Etape 9 : Suite
L’ascension se passe plutôt bien même si le revêtement devient de plus en plus technique,
On a quitté la forêt pour retrouver la caillasse de la montagne et ça n’est pas vraiment un plaisir
Le problème c’est principalement les” marches” de pierres, si raides qu’on doit s’aider des mains pour passer. C’est très fatiguant et ça casse le rythme
Surtout que j’en parle très peu, mais n’oubliez pas qu’on a un sac à dos de quasi 10 kgs sur le dos à longueur de journée. Et que le poids nous entraîne vers l’arrière, ce qui n’est pas très confortable, cela va s’en dire…
- Tu vas passer devant pour la montée
- Euhhh ok
- Comme ça on reste ensemble et tu t'arrêtes pas toutes les 5 minutes
- Ca va abuse pas
- Bon allez on y va
- Et attention si tu t'arrêtes je t’enfonce mon bâton de marche où tu penses
- Le pauvre…
- J’avoue
Je m’accroche et conserve le rythme car sinon je sais à qui m’attendre
Pas envie de me retrouver avec Excalibur dans le pétou
Un peu plus haut sur le chemin, on distingue un couple de trentenaires. Ils ont quitté le refuge juste avant nous, c’est d’ailleurs la première fois qu’on les voit
Et franchement ils ont un super rythme dans les côtes, si bien qu’on finit par les perdre de vue une fois les forts pourcentages rencontrés,
- T’as vu la nana comment elle galope en haut ?
- Ouais elle suit bien son gars
- Franchement respect Ă elle
- Si tu pouvais en faire autant…
-
-
Le refuge de Pietra Piana est atteint sur les coups de 10h20 et l'étape est sifflée en 4h à peine, encore une belle performance
On se pose au refuge pour se ravitailler et engloutir l’équivalent de notre déjeuner,
- Bonjour, vous faites des frites ici non ?
- Oui
- On va en prendre 2 assiettes s’il vous plaît
- C’est à partir de 11h
-
- Va falloir attendre 30 minutes
-
C’est encore raté
C’est fois-ci on est arrivé trop tôt quand à Capannelle on était arrivé trop tard
- P*tain on est maudit
- On va pas attendre, tant pis pour les frites
- Ouais, et on va manger vite car il fait froid, on va se refroidir sinon
Pour dire, le refuge se trouve à 1842 m d’altitude et le temps est très humide en cette matinée d'Août,
Comme énnoncé précédemment, les sommets sont dissimulés par le brouillard et quant au soleil, il est visiblement en RTT
Puis y’a toujours cette saloperie de vent qui souffle
Certe il est moins fort qu’il y a 2 jours, mais il est froid
Au final on prendra 2 assiettes de taboulé maison, taboulé qui s'avérera être succulent
- Chef ?! une deuxième tournée svp
- Maître d'hôtel ! 2 taboulés de plus pour la table 55
Etape 9 : Suite 2
Fort de ce ravitaillement riche en lipides et vitamines, on s’habille de nos polaires pour reprendre la route. L’idée est d’arriver assez tôt à Manganu pour avoir le temps de prendre une douche chaude et de faire une petite lessive
- Ohhh qui voilĂ
- Salut les gars !
- Vous partez ?
- Yes, on vient de finir de manger, on est arrivé y’a 45 mins
- Vous avez aussi pris la variante des crĂŞtes ?
- Certainement pas, c’est fini les variantes à la con
- J’avoue elle était technique celle-ci, on en a chié
On avait encore en travers nos galères des 1er jours sur les itinéraires bis de Bavella et Basseta, où on s’était notamment perdu
- On vous conseille de prendre le taboulé, il est excellent
- Ca marche merci
- On vous dit à tout à l’heure du coup
- Yes, on sera derrière vous
Puis en s'Ă©loignant d'eux, je m'adresse Ă Johny,
- Bon on est d’accord qu’ils vont nous rattraper
- A nous de faire en sorte que non
Direction le refuge de Manganu, perché à 1600 m d’altitude,
Une étape aérienne et technique nous attend
Ou est la sweet
PS: cimer chef pour la triple suite la dernière fois
Etape 10 : Pietra Piana - Manganu : 8.5 kms / 530 m D+ / 830 m D-
On entame la seconde partie de la journée à bon rythme car on se les pèle ici,
Il fait super froid, pas plus de 6°C d’après le thermomètre du refuge et même nos mains rougissent petit à petit
Je donne des coups de bâtons à berzingue pour les réchauffer car j’en ai besoin pour évoluer sur les chaînes qui nous attendent
Après ça va, on se réchauffe très vite sur le GR, au bout de 5 minutes à peine on s'arrête pour enlever nos polaires car on a déjà trop chaud
On garde juste les K-Way pour l’humidité et le vent, puis nous avons enfilé nos cache-cou jusqu’au oreilles car on perds très vite de la chaleur corporelle
Une fois arrivé à la Bocca Muzella à 2200 m, le brouillard se dissipe un peu,
Ce qui est clairement plus agréable, cela permet aussi de voir tous les lacs d’altitude qui bordent le chemin
A présent nous avons 3.5 kms de crapahutage à travers les lignes de crêtes. Le parcours rentre dans une autre dimension, on se croirait de retour sur la variante alpine de Bavella
On subit un enchaînement de gros rochers en granit, qu’il faut soit escalader, enjamber, éviter etc. La concentration est de mise, pas envie de se faire une cheville
Le vent frais n'aidant pas Ă garder l'Ă©quilibre
On y passe plus de 2h alors qu’on est censé avoir à peine 3 kms, je demande donc à un daron venant d’en face,
- Vous savez il reste combien de temps jusqu’au sommet svp ?
- Hmmmm je dirais 1h
- Quoi ? 1h ??
- Bah 1h pour nous, donc au moins 45 minutes
- C’est très technique
- Ok merci
Après s’être faufilé au travers de toutes ses obstacles naturels sans trop de problèmes, nous atteignons la brèche de Capitellu, lieu réputé,
Il y a en effet une vue imprenable sur le Lac Melo, qui siège au centre du gouffre,
Bien sûr nous prenons quelques photos, ça serait dommage de laisser passer ce panorama
Me voici, pour vous donner une idée de mon look et du paysage :
Surtout qu’on est vraiment “seul”, certe on croise du monde, mais seulement à 5/10 minutes d’intervalle. Donc l’immersion est encore plus intense, de plus que le ciel nuageux créé une ambiance différente
- Ah regarde ce qu’il y a
- La belle chaîne
- Ca nous avait pas manqué
- Heureusement on doit monter cette fois, pas besoin de descendre
- Vas-y je passe devant, je t’attends en haut
- Ok
Le temps que Johny gravisse la paroi rocheuse qui est quasi à la verticale, j’en profite pour soulager ma vessie, tout en ayant une vue imprenable sur Capitellu et ses alentours,
Très bon spot, y’a pas à dire
Nous approchons à grand pas de la Bocca alle Porte qui est le point culminant de la journée, juste avant de redescendre jusqu’au refuge,
Une dernière difficulté se présente à nous, une autre paroi rocheuse à escalader ou il y a un rocher de couché le long du passage, si bien qu’on est obligé de ramper
Johny passe pile poil, autant vous dire que je risque de m’amuser avec mon gabarit
Et effectivement ça ne manque pas, mon sac reste coincé
- Oh putain mon sac est coincé
- Il tape contre le rocher non ?
- Euh ouais
- Fait chier
Après m'être contorsionné et niqué les genoux posés à même la roche, j’arrive à m’extirper de cette galère,
Fini de grimper pour cette étape, nous sommes arrivés en haut de la Bocca alle Porte située à 2220 m
- Petite pause ?
- Ca me va
- Il est 15h, on a mis 4h pour arriver ici quand mĂŞme
- Ouais c’était long
- Tiens regarde qui arrive
- Ah vous voilĂ
- Comment ça c’est passé la ligne de crête ?
- Ca va en vrai
- Plus qu'Ă descendre maintenant
- On va arriver tĂ´t
- Vers 16h30 je pense
- Ouais avant mĂŞme
- Il y a un hotel un peu plus loin, au Col de Vergio
A entendre le mot “Hôtel”, nos oreilles deviennent très attentive avec Johny,
Car on en a ras le cul du camping, on veut dormir dans un vrai lit
- Ah oui ???
- Combien de temps de marche ?
- 4h apparemment
- Oh putain
- Au mieux on y est Ă 21h quoi
- On laisse tomber c’est pas jouable
- On va voir nous, car on est manque de confort
Etape 10 : Suite 2
Au final ils nous occupent bien, donc on reste avec eux jusqu’au repas, un cinquantenaire babos aux cheveux longs directeur de MJC se joindra d’ailleurs à nous
- Mec j’ai vu ta tête quand il a dit qu’il bossait en MJC
- Je pensais t’allais sortir des dingueries
- Mdr pourquoi ??
- Bah on connait ton affect pour les gauchistes dans le social
-
La soirée se finit tranquillement dans la tente, on a notre petite routine du soir à présent,
On prends notre pastille de récupération quotidienne (style isotonique), on appelle ça notre “infusion”
Et pendant qu’on la déguste, on débriefe de la journée,
Ce qui veut dire des commérages sur les gens qu’on a croisés
Les célestins et la petite Jéromine ne sont pas épargnés
- Elle doit trop se faire chier la meuf avec les gars de 20 piges
- De fou ahah, je suis sur elle voulait rester avec nous
- Bah 30 ans c’est niquel en plus, toi qui kiffe les femmes matures
- Ayaaa, on serait chez nous, elle passait Ă la casserole la coquine
- Mec faut qu’on parle moins fort, ça se trouve elle est à côté
- Vas-y mec on s’en fou de toute façon on est plus à ça près
- En tout cas ça réveille un peu ma libido tout ça
- Après doucement, vu l’hygiène au GR20, t’as pas envie d’y mettre les doigts
-
On est vraiment en roue libre, on a aucun filtre c’est un scandale
On pourrait se mettre à dos plusieurs communautés, croyez moi
Je n’ai pas précisé non plus, mais depuis le début du GR, Johny rencontre des problèmes de types “gastriques”
Si bien qu’il nous lâchait sans cesse des flatulences à la limite du supportable
Chaque soir j’angoisse de rester dans la tente, une sorte de Zyklon B des temps modernes
- *Prout*
- Ahhhhh ptn mec
- Tiens c’est bon pour toi
- Mais c’est de pire en pire lĂ
- Je te jure, ça sent le rat crevĂ©, je suis entrain de suffoquer lĂ
- J’avoue j’ai le cul pourri je comprends pas
- C’est l’eau du torrent que t’as bu hier c’est pas possible
- OĂą alors les lasagnes aux Ă©pinards
- Tiens, vengeance *Prout*
- Ah salaud
VoilĂ comment on se disait bonne nuit
Je vous explique pas la tête que devait faire nos voisins, car ils entendaient tout c’est sur
Mais avec l’accumulation de fatigue et les nerfs tendus à vifs, le rire était pour nous le meilleur exutoire, si bien qu’à chaque galère on prenait ça en riant plutôt qu’en s'engueulant,
- Oups j’ai renversé mon verre d’eau dans ta chaussure
- Oh bordel t’abuses
- Inondation ! Alerte inondation, vite une serviette !
- Mais quel tocard
-
Les amitiés comme ça >>>
Franchement les fou rires du soir qu’on avait dans la tente, meilleurs souvenirs
Il est temps de faire de beaux rĂŞves car il est tard
En espérant ne pas y rester cette nuit
Suite de grande qualité !
On souligne le fait que ce soit du triple Ă chaque fois ou bien?
Il faudrait archiver cette ascension Ă©pique quelque part
Le 11 octobre 2023 Ă 23:26:39 :
J'admire ta persévérance pour l'écriture de ce récit, mais je dois te faire une confession l'op. g pas lu wsh
Merci khey, je t'avoue que j'ai pas bcp de motivation mais bon... J'essaye de m'accrocher et ça me rappelle de bons souvenirs
Le 12 octobre 2023 Ă 19:58:16 :
Suite de grande qualité !On souligne le fait que ce soit du triple à chaque fois ou bien?
Il faudrait archiver cette ascension Ă©pique quelque part
Je double chaque Ă©tape ! Donc on commence Ă 6h pour finir vers 18h en moyenne
Données du topic
- Auteur
- Aziiz__
- Date de création
- 24 septembre 2023 Ă 23:12:45
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