Topic de Melanie_Coste :

Quand le diable vous offre un cancer pour Noël

Courage mon frero, tu es brave dans cet épreuve et tu lâchera pas. On est tous avec toi ! Force a toi et a ta famille.
Des nouvelles, l'auteur ? On pense à toi en tout cas :-(

Bonsoir à tous les kheys :)

Ca fait maintenant un moment que je n'ai plus donné de nouvelles, donc c'est le bon moment pour le faire. Par contre attention, ça risque d'être long...

Donc pour récapituler, en avril, le jour de la reprise du boulot, je reçois un appel de mon oncologue pour me dire que mes marqueurs biologiques ne sont pas bons du tout et que le cancer est de retour.
Non seulement, il était de retour mais en plus il a changé de forme (d'un séminome, je suis passé à un non séminomateux puisque c'est l'alpha foeto-protéine qui s'est emballé).

Le médecin étant complètement dépassé refile mon dossier au centre anti-cancer de Lille qui lui-même le refile à un grand professeur à Paris spécialisé dans le traitement de ces cancers. Là-bas, on m'a proposé de rentrer dans un protocole d'essai clinique avec potentiellement de la chimio intensive (sous chambre stérile pendant 1 mois avec des injections comportant 5x fois la dose normale). Le discours était assez alarmiste car mon cancer revenait à toute vitesse (x2 toutes les 2 semaines que se multipliaient les cellules).

Vers début juillet a commencé la véritable chimiothérapie, le protocole TIP. Pour se faire j'étais toute la semaine d'injection à l'hopital en chambre stérile. Un des produits étant particulièrement nocif pour la vessie, je devais aller pisser toutes les 4h, y compris la nuit (le réveil à minuit et 4h du mat qui font plaiz). Mis à part ce petit inconvénient, les jours passaient plutôt bien, je sentais que je faiblissais, j'avais de plus en plus mal aux muscles de ma jambe et je perdais des forces. Néanmoins je me sentais encore bien dans ma tête.

Tout cela était avant le retour à la maison :rire:
Là ce fut, l'apocalypse! Je n'avais plus de force et je galérais ne serait-ce qu'à tenir debout et c'était de pire en pire. J'ai passé une nuit horrible avec des reflux à gogo, un mal de bide des familles et des douleurs un peu partout qui me rendaient tout faible. Le deuxième jour à la maison j'ai du demander de l'aide à ma mère pour m'emmener aux chiottes et le film d'horreur a continué. J'ai à peine posé mes fesses pour faire mon affaire que j'ai vomi toute la nourriture que j'avais l'impression d'avoir accumulé dans l'estomac. Puis j'ai douillé, douillé jusqu'au lendemain où les choses sérieuses ont commencé. Je me sentais vraiment pas bien et un infirmier était venu le matin pour faire une prise de sang afin de checker mes globules blanc.
Quelques heures plus tard j'étais au fond de ma vie tout transpirant donc je prends ma température et je vois 39 donc tout de suite ma mère m'emmène aux urgences car elle était dépassé par les événements. Et là, on reprend ma température... 40.5 de température et surtout les résultats de prise de sang : 13 en neutrophiles :rire:

Pour vous situer les kheys, les neutrophiles sont les globules blancs de notre corps chargé de combattre les infections. Un être humain normal possède au minimum dans les 1500 neutro. J'étais à 13, autant dire à POIL et avec une température élevé en prime. Les urgentistes étaient paniqués et ne savaient pas comment réagir. Finalement ils ont réussi à joindre le cabinet de l'hôpital où je suis soigné et on m'a foutu la plus puissante des antibiothérapies qui existe (TAZO) et j'étais de nouveau hospitalisé sous chambre stérile :o))

Au final les jours passent ça va mieux et je dois ensuite me rendre à l'hopital St-Louis à Paris pour qu'on prélève mes cellules souches au cas où j'aurais besoin d'une greffe (pour une éventuelle chimio ultra intensive sachant que la mienne était bien plus vénère qu'une BEP classique). Et là un délire les kheys. On vous fout deux grosses aiguilles dans chaque bras et tout votre sang est comme dyalisé par une machine sophistiquée. En gros tout mon sang, jusqu'au plus petit cl a fini à un moment ou un autre par passer dans la machine avant d'être réinjecté l'instant d'après dans mon autre bras. Le truc chiant c'est que ça durait 4h et que je ne pouvais pas bouger d'un iota donc quand t'as envie de pisser c'est le grand fun!

Bref, les jours passent, je récupère et j'enchaine la deuxième puis troisième et enfin quatrième cure pour terminer vers septembre. A chaque fois c'était pareil sauf que je sentais mon corps de plus en plus faible entre chaque chimio. Au bout de la quatrième cure, j'étais comme complètement détruit. Mes globules rouges étaient en PLS et j'aurais été transfusé dans la majorité des hôpitaux mais le professeur a jugé qu'on pouvait s'en passer malgré tout (7.6 d'hémoglobine au lieu de 13). Les globules blancs ont mis une bonne semaine et demi pour remonter quant à ma forme elle est revenue très lentement mais laissant des séquelles indélébiles comme au niveau de mes pieds où j'ai une perte de sensation très conséquente. Malgré tout, les résultats sont bons puisque les marqueurs s'étaient normalisés dès la troisième cure et le TEP scan a montré qu'il n'y avait plus aucune activité tumorale dans l'organisme.

Néanmoins à la fin du bilan et malgré ma récession complète, le professeur a jugé qu'il était obligatoire de me faire opérer pour retirer les ganglions qui ont causé ma récidive. Ce fut fait le 30 octobre sous caelioscopie. Et là ce fut encore une fois un sketch. L'opération a duré 4h30 et je me suis réveillé à 15h. A 19h j'étais libéré dans la nature :o))
Sauf que, une fois chez moi je n'ai pas réussi à monter les marches pour aller dans ma chambre, je n'arrivais plus à respirer. Etant donné ma tachycardie sur le coup et mon profil ainsi que mes symptômes, les médecins ont tout de suite pensé à l'embolie pulmonaire. Heureusement, le résultat du scanner est tombé... Pneumothorax bilatéral avec l'air de la caelio qui a décollé partiellement mes poumons de la plèvre. J'ai du me taper encore 3, 4 scanners et des radios des poumons quotidiennes afin de surveiller l'évolution du pneumothorax. Une semaine et demi après, je pus sortir de l'hopital et me remettre devant le PC où on m'a fortement déconseillé de trop bouger :rire:

Et maintenant? J'ai vu le professeur il y a peu de temps qui a regardé les derniers résultats de scanners et de prise de sang qui sont bons. J'ai refait hier une prise de sang également bonne ainsi que j'ai obtenu le résultat d'anapathologie qui est plutôt encourageant (seule demeurait un tératome mature donc bénin).

Je suis donc en rémission complète, au moins jusque février. Le moral est revenu, le physique patine encore un peu. Néanmoins, toutes ces épreuves font désormais parti de ma vie et je commence à mieux comprendre certaines choses. Finalement, je prends la maladie comme un cadeau que Dieu me donne pour avancer et ne pas procrastiner ni ressasser en permanence les échecs du passé. J'ai hâte de reprendre une vie un peu plus normale et d'accomplir un tas de projets que j'ai du mettre en suspens. L'angoisse est toujours là et fera parti de moi pendant encore quelques années, mais c'est une épée de damoclès au-dessus de la tête qui me rappellera jusqu'à la fin que je n'ai qu'une vie et que je n'ai pas à la gâcher.

Voilà les kheys, j'ai résumé comme j'ai pu. N'ayant plus les smileys mon discours est sûrement assez indigeste et je m'en excuse mais je devais de clarifier un peu la situation ne serait-ce que pour donner des nouvelles à tous ceux qui m'ont soutenu. C'est pas grand chose ponctuellement, mais la somme de tous les messages que j'ai pu avoir sur le topic m'a fait beaucoup de biens à certains moments charnières :ok:

Hésitez pas à me poser des questions d'ailleurs, j'ai maintenant beaucoup plus de recul sur tout ce que j'ai vécu. Ca a été un sacré chemin de croix mais on n'a rien sans rien :(
Force à toi mon bonhomme.

Le 05 décembre 2019 à 23:27:14 BouzzyGange a écrit :
Force à toi mon bonhomme.

Merci khey :ok:

Fort heureusement, les choses vont maintenant dans le bon sens donc je peux relâcher un peu la pression même si avec cette maladie, on n'a jamais la certitude d'être tranquille

Putain

Content de voir que ça a l’air d’aller mieux, pourvu que ça dure, je touche du bois pour toi et show must go on comme on dit

Merci les kheys et oui, ça va beaucoup mieux.

Même si paradoxalement, je sens comme un vide en moi.Il y a encore peu de temps ma situation était bien plus délicate mais j'étais focalisé sur le fait de ne pas y penser donc je geekais comme un malade sans penser à quoi que ce soit.

Aujourd'hui, je fais le point, je regarde ce que j'ai vécu et ce que je vais devoir et je repense aussi à ma situation. C'est difficile à expliquer mais j'ai comme l'impression de réouvrir les yeux après les avoir longtemps fermé et aujourd'hui je dois reprendre le rythme d'une vie normale. J'ai l'impression de repartir entièrement à zéro et de commencer quelque chose de nouveau tout en ayant déjà les acquis (amis, famille, boulot) :(

content que ça aille mieux pour toi clé , je prie pour que tu atteigne tes objectifs https://image.noelshack.com/fichiers/2018/33/5/1534536686-93730-full.png

Félicitations, pour ton courage.

Je suis sincèrement heureux de voir que ça va mieux, j'ai déjà lu ton topic plusieurs fois. Mon père a eu un cancer (pancréas) et j'ai vu à quel point ça peut être délicat.

Bon courage pour la suite, et profite autant que tu le peux, maintenant que t'es en récession !

Le 05 décembre 2019 à 23:21:15 Melanie_Coste a écrit :
Bonsoir à tous les kheys :)

Ca fait maintenant un moment que je n'ai plus donné de nouvelles, donc c'est le bon moment pour le faire. Par contre attention, ça risque d'être long...

Donc pour récapituler, en avril, le jour de la reprise du boulot, je reçois un appel de mon oncologue pour me dire que mes marqueurs biologiques ne sont pas bons du tout et que le cancer est de retour.
Non seulement, il était de retour mais en plus il a changé de forme (d'un séminome, je suis passé à un non séminomateux puisque c'est l'alpha foeto-protéine qui s'est emballé).

Le médecin étant complètement dépassé refile mon dossier au centre anti-cancer de Lille qui lui-même le refile à un grand professeur à Paris spécialisé dans le traitement de ces cancers. Là-bas, on m'a proposé de rentrer dans un protocole d'essai clinique avec potentiellement de la chimio intensive (sous chambre stérile pendant 1 mois avec des injections comportant 5x fois la dose normale). Le discours était assez alarmiste car mon cancer revenait à toute vitesse (x2 toutes les 2 semaines que se multipliaient les cellules).

Vers début juillet a commencé la véritable chimiothérapie, le protocole TIP. Pour se faire j'étais toute la semaine d'injection à l'hopital en chambre stérile. Un des produits étant particulièrement nocif pour la vessie, je devais aller pisser toutes les 4h, y compris la nuit (le réveil à minuit et 4h du mat qui font plaiz). Mis à part ce petit inconvénient, les jours passaient plutôt bien, je sentais que je faiblissais, j'avais de plus en plus mal aux muscles de ma jambe et je perdais des forces. Néanmoins je me sentais encore bien dans ma tête.

Tout cela était avant le retour à la maison :rire:
Là ce fut, l'apocalypse! Je n'avais plus de force et je galérais ne serait-ce qu'à tenir debout et c'était de pire en pire. J'ai passé une nuit horrible avec des reflux à gogo, un mal de bide des familles et des douleurs un peu partout qui me rendaient tout faible. Le deuxième jour à la maison j'ai du demander de l'aide à ma mère pour m'emmener aux chiottes et le film d'horreur a continué. J'ai à peine posé mes fesses pour faire mon affaire que j'ai vomi toute la nourriture que j'avais l'impression d'avoir accumulé dans l'estomac. Puis j'ai douillé, douillé jusqu'au lendemain où les choses sérieuses ont commencé. Je me sentais vraiment pas bien et un infirmier était venu le matin pour faire une prise de sang afin de checker mes globules blanc.
Quelques heures plus tard j'étais au fond de ma vie tout transpirant donc je prends ma température et je vois 39 donc tout de suite ma mère m'emmène aux urgences car elle était dépassé par les événements. Et là, on reprend ma température... 40.5 de température et surtout les résultats de prise de sang : 13 en neutrophiles :rire:

Pour vous situer les kheys, les neutrophiles sont les globules blancs de notre corps chargé de combattre les infections. Un être humain normal possède au minimum dans les 1500 neutro. J'étais à 13, autant dire à POIL et avec une température élevé en prime. Les urgentistes étaient paniqués et ne savaient pas comment réagir. Finalement ils ont réussi à joindre le cabinet de l'hôpital où je suis soigné et on m'a foutu la plus puissante des antibiothérapies qui existe (TAZO) et j'étais de nouveau hospitalisé sous chambre stérile :o))

Au final les jours passent ça va mieux et je dois ensuite me rendre à l'hopital St-Louis à Paris pour qu'on prélève mes cellules souches au cas où j'aurais besoin d'une greffe (pour une éventuelle chimio ultra intensive sachant que la mienne était bien plus vénère qu'une BEP classique). Et là un délire les kheys. On vous fout deux grosses aiguilles dans chaque bras et tout votre sang est comme dyalisé par une machine sophistiquée. En gros tout mon sang, jusqu'au plus petit cl a fini à un moment ou un autre par passer dans la machine avant d'être réinjecté l'instant d'après dans mon autre bras. Le truc chiant c'est que ça durait 4h et que je ne pouvais pas bouger d'un iota donc quand t'as envie de pisser c'est le grand fun!

Bref, les jours passent, je récupère et j'enchaine la deuxième puis troisième et enfin quatrième cure pour terminer vers septembre. A chaque fois c'était pareil sauf que je sentais mon corps de plus en plus faible entre chaque chimio. Au bout de la quatrième cure, j'étais comme complètement détruit. Mes globules rouges étaient en PLS et j'aurais été transfusé dans la majorité des hôpitaux mais le professeur a jugé qu'on pouvait s'en passer malgré tout (7.6 d'hémoglobine au lieu de 13). Les globules blancs ont mis une bonne semaine et demi pour remonter quant à ma forme elle est revenue très lentement mais laissant des séquelles indélébiles comme au niveau de mes pieds où j'ai une perte de sensation très conséquente. Malgré tout, les résultats sont bons puisque les marqueurs s'étaient normalisés dès la troisième cure et le TEP scan a montré qu'il n'y avait plus aucune activité tumorale dans l'organisme.

Néanmoins à la fin du bilan et malgré ma récession complète, le professeur a jugé qu'il était obligatoire de me faire opérer pour retirer les ganglions qui ont causé ma récidive. Ce fut fait le 30 octobre sous caelioscopie. Et là ce fut encore une fois un sketch. L'opération a duré 4h30 et je me suis réveillé à 15h. A 19h j'étais libéré dans la nature :o))
Sauf que, une fois chez moi je n'ai pas réussi à monter les marches pour aller dans ma chambre, je n'arrivais plus à respirer. Etant donné ma tachycardie sur le coup et mon profil ainsi que mes symptômes, les médecins ont tout de suite pensé à l'embolie pulmonaire. Heureusement, le résultat du scanner est tombé... Pneumothorax bilatéral avec l'air de la caelio qui a décollé partiellement mes poumons de la plèvre. J'ai du me taper encore 3, 4 scanners et des radios des poumons quotidiennes afin de surveiller l'évolution du pneumothorax. Une semaine et demi après, je pus sortir de l'hopital et me remettre devant le PC où on m'a fortement déconseillé de trop bouger :rire:

Et maintenant? J'ai vu le professeur il y a peu de temps qui a regardé les derniers résultats de scanners et de prise de sang qui sont bons. J'ai refait hier une prise de sang également bonne ainsi que j'ai obtenu le résultat d'anapathologie qui est plutôt encourageant (seule demeurait un tératome mature donc bénin).

Je suis donc en rémission complète, au moins jusque février. Le moral est revenu, le physique patine encore un peu. Néanmoins, toutes ces épreuves font désormais parti de ma vie et je commence à mieux comprendre certaines choses. Finalement, je prends la maladie comme un cadeau que Dieu me donne pour avancer et ne pas procrastiner ni ressasser en permanence les échecs du passé. J'ai hâte de reprendre une vie un peu plus normale et d'accomplir un tas de projets que j'ai du mettre en suspens. L'angoisse est toujours là et fera parti de moi pendant encore quelques années, mais c'est une épée de damoclès au-dessus de la tête qui me rappellera jusqu'à la fin que je n'ai qu'une vie et que je n'ai pas à la gâcher.

Voilà les kheys, j'ai résumé comme j'ai pu. N'ayant plus les smileys mon discours est sûrement assez indigeste et je m'en excuse mais je devais de clarifier un peu la situation ne serait-ce que pour donner des nouvelles à tous ceux qui m'ont soutenu. C'est pas grand chose ponctuellement, mais la somme de tous les messages que j'ai pu avoir sur le topic m'a fait beaucoup de biens à certains moments charnières :ok:

Tu vas avoir un de ces mental quand tu seras guéri :ouch:

Nofake ya rien qui pourra t'arrêter après avoir vécu ça.

Force mon kheyou tes un guerrier

Le problème c'est que les gens pensent à tort que la rémission complète c'est instant alors qu'il faut attendre non pas en mois mais en années pour parler de rémission complète. Courage khey en tout cas. Je taff en soins palliatifs, tu peux me MP si tu veux des infos (je te souhaite ofc d'y venir seulement dans 90 ans ;) ) Tu as quel âge?

Le 05 décembre 2019 à 23:46:53 MarchandSommeil a écrit :

Le 05 décembre 2019 à 23:21:15 Melanie_Coste a écrit :
Bonsoir à tous les kheys :)

Ca fait maintenant un moment que je n'ai plus donné de nouvelles, donc c'est le bon moment pour le faire. Par contre attention, ça risque d'être long...

Donc pour récapituler, en avril, le jour de la reprise du boulot, je reçois un appel de mon oncologue pour me dire que mes marqueurs biologiques ne sont pas bons du tout et que le cancer est de retour.
Non seulement, il était de retour mais en plus il a changé de forme (d'un séminome, je suis passé à un non séminomateux puisque c'est l'alpha foeto-protéine qui s'est emballé).

Le médecin étant complètement dépassé refile mon dossier au centre anti-cancer de Lille qui lui-même le refile à un grand professeur à Paris spécialisé dans le traitement de ces cancers. Là-bas, on m'a proposé de rentrer dans un protocole d'essai clinique avec potentiellement de la chimio intensive (sous chambre stérile pendant 1 mois avec des injections comportant 5x fois la dose normale). Le discours était assez alarmiste car mon cancer revenait à toute vitesse (x2 toutes les 2 semaines que se multipliaient les cellules).

Vers début juillet a commencé la véritable chimiothérapie, le protocole TIP. Pour se faire j'étais toute la semaine d'injection à l'hopital en chambre stérile. Un des produits étant particulièrement nocif pour la vessie, je devais aller pisser toutes les 4h, y compris la nuit (le réveil à minuit et 4h du mat qui font plaiz). Mis à part ce petit inconvénient, les jours passaient plutôt bien, je sentais que je faiblissais, j'avais de plus en plus mal aux muscles de ma jambe et je perdais des forces. Néanmoins je me sentais encore bien dans ma tête.

Tout cela était avant le retour à la maison :rire:
Là ce fut, l'apocalypse! Je n'avais plus de force et je galérais ne serait-ce qu'à tenir debout et c'était de pire en pire. J'ai passé une nuit horrible avec des reflux à gogo, un mal de bide des familles et des douleurs un peu partout qui me rendaient tout faible. Le deuxième jour à la maison j'ai du demander de l'aide à ma mère pour m'emmener aux chiottes et le film d'horreur a continué. J'ai à peine posé mes fesses pour faire mon affaire que j'ai vomi toute la nourriture que j'avais l'impression d'avoir accumulé dans l'estomac. Puis j'ai douillé, douillé jusqu'au lendemain où les choses sérieuses ont commencé. Je me sentais vraiment pas bien et un infirmier était venu le matin pour faire une prise de sang afin de checker mes globules blanc.
Quelques heures plus tard j'étais au fond de ma vie tout transpirant donc je prends ma température et je vois 39 donc tout de suite ma mère m'emmène aux urgences car elle était dépassé par les événements. Et là, on reprend ma température... 40.5 de température et surtout les résultats de prise de sang : 13 en neutrophiles :rire:

Pour vous situer les kheys, les neutrophiles sont les globules blancs de notre corps chargé de combattre les infections. Un être humain normal possède au minimum dans les 1500 neutro. J'étais à 13, autant dire à POIL et avec une température élevé en prime. Les urgentistes étaient paniqués et ne savaient pas comment réagir. Finalement ils ont réussi à joindre le cabinet de l'hôpital où je suis soigné et on m'a foutu la plus puissante des antibiothérapies qui existe (TAZO) et j'étais de nouveau hospitalisé sous chambre stérile :o))

Au final les jours passent ça va mieux et je dois ensuite me rendre à l'hopital St-Louis à Paris pour qu'on prélève mes cellules souches au cas où j'aurais besoin d'une greffe (pour une éventuelle chimio ultra intensive sachant que la mienne était bien plus vénère qu'une BEP classique). Et là un délire les kheys. On vous fout deux grosses aiguilles dans chaque bras et tout votre sang est comme dyalisé par une machine sophistiquée. En gros tout mon sang, jusqu'au plus petit cl a fini à un moment ou un autre par passer dans la machine avant d'être réinjecté l'instant d'après dans mon autre bras. Le truc chiant c'est que ça durait 4h et que je ne pouvais pas bouger d'un iota donc quand t'as envie de pisser c'est le grand fun!

Bref, les jours passent, je récupère et j'enchaine la deuxième puis troisième et enfin quatrième cure pour terminer vers septembre. A chaque fois c'était pareil sauf que je sentais mon corps de plus en plus faible entre chaque chimio. Au bout de la quatrième cure, j'étais comme complètement détruit. Mes globules rouges étaient en PLS et j'aurais été transfusé dans la majorité des hôpitaux mais le professeur a jugé qu'on pouvait s'en passer malgré tout (7.6 d'hémoglobine au lieu de 13). Les globules blancs ont mis une bonne semaine et demi pour remonter quant à ma forme elle est revenue très lentement mais laissant des séquelles indélébiles comme au niveau de mes pieds où j'ai une perte de sensation très conséquente. Malgré tout, les résultats sont bons puisque les marqueurs s'étaient normalisés dès la troisième cure et le TEP scan a montré qu'il n'y avait plus aucune activité tumorale dans l'organisme.

Néanmoins à la fin du bilan et malgré ma récession complète, le professeur a jugé qu'il était obligatoire de me faire opérer pour retirer les ganglions qui ont causé ma récidive. Ce fut fait le 30 octobre sous caelioscopie. Et là ce fut encore une fois un sketch. L'opération a duré 4h30 et je me suis réveillé à 15h. A 19h j'étais libéré dans la nature :o))
Sauf que, une fois chez moi je n'ai pas réussi à monter les marches pour aller dans ma chambre, je n'arrivais plus à respirer. Etant donné ma tachycardie sur le coup et mon profil ainsi que mes symptômes, les médecins ont tout de suite pensé à l'embolie pulmonaire. Heureusement, le résultat du scanner est tombé... Pneumothorax bilatéral avec l'air de la caelio qui a décollé partiellement mes poumons de la plèvre. J'ai du me taper encore 3, 4 scanners et des radios des poumons quotidiennes afin de surveiller l'évolution du pneumothorax. Une semaine et demi après, je pus sortir de l'hopital et me remettre devant le PC où on m'a fortement déconseillé de trop bouger :rire:

Et maintenant? J'ai vu le professeur il y a peu de temps qui a regardé les derniers résultats de scanners et de prise de sang qui sont bons. J'ai refait hier une prise de sang également bonne ainsi que j'ai obtenu le résultat d'anapathologie qui est plutôt encourageant (seule demeurait un tératome mature donc bénin).

Je suis donc en rémission complète, au moins jusque février. Le moral est revenu, le physique patine encore un peu. Néanmoins, toutes ces épreuves font désormais parti de ma vie et je commence à mieux comprendre certaines choses. Finalement, je prends la maladie comme un cadeau que Dieu me donne pour avancer et ne pas procrastiner ni ressasser en permanence les échecs du passé. J'ai hâte de reprendre une vie un peu plus normale et d'accomplir un tas de projets que j'ai du mettre en suspens. L'angoisse est toujours là et fera parti de moi pendant encore quelques années, mais c'est une épée de damoclès au-dessus de la tête qui me rappellera jusqu'à la fin que je n'ai qu'une vie et que je n'ai pas à la gâcher.

Voilà les kheys, j'ai résumé comme j'ai pu. N'ayant plus les smileys mon discours est sûrement assez indigeste et je m'en excuse mais je devais de clarifier un peu la situation ne serait-ce que pour donner des nouvelles à tous ceux qui m'ont soutenu. C'est pas grand chose ponctuellement, mais la somme de tous les messages que j'ai pu avoir sur le topic m'a fait beaucoup de biens à certains moments charnières :ok:

Tu vas avoir un de ces mental quand tu seras guéri :ouch:

Nofake ya rien qui pourra t'arrêter après avoir vécu ça.

Force mon kheyou tes un guerrier

Oui, ça fait clairement parti du bon côté des choses. J'étais trop fébrile avant mais maintenant je suis ultra cash et direct avec les gens. Je ne me laisse plus marcher sur les pieds et quand un truc ne me plaît pas, je vais pas me gêner pour en parler. Pour ça, que je prends cette année noire comme une épreuve de la vie, une leçon apprise par l'effort.

Le 05 décembre 2019 à 23:54:23 Klatara a écrit :
Le problème c'est que les gens pensent à tort que la rémission complète c'est instant alors qu'il faut attendre non pas en mois mais en années pour parler de rémission complète. Courage khey en tout cas. Je taff en soins palliatifs, tu peux me MP si tu veux des infos (je te souhaite ofc d'y venir seulement dans 90 ans ;) ) Tu as quel âge?

27 ans khey et je ne sais pas, c'est le terme employé par le professeur. Un de mes amis m'avait expliqué qu'une rémission était complète quand la biologie et la scanographie étaient bonnes. Et que c'est seulement au bout de 10 ans que la rémission pourra devenir une guérison. Maintenant, je t'avouerai que c'est ce qu'on m'a dit mais je n'ai jamais approfondi le sujet plus que cela. Dans tous les cas, je suis conscient qu'à tout moment ça peut revenir car malheureusement, il suffit d'une seule cellule pour que tout s'emballe :(

Et je note en tout cas merci. De ce que j'ai compris dans mon cas j'ai encore l'option chimio intensive avec autogreffe de cellules souches en cas de seconde récidive donc je ne suis pas encore en palliatifs mais j'avoue que ça m'a trotté dans la tête un moment donné^^

Bordel khey t'es courageux, force à toi.

Données du topic

Auteur
Melanie_Coste
Date de création
26 décembre 2018 à 12:52:12
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