«Très professionnel», décorations, ancien militaire… Qui est le policier en garde à vue après la mort d'un mineur à Nanterre ?
PORTRAIT - Engagé dans la police nationale depuis dix ans, ce trentenaire, père de famille, a reçu de nombreuses distinctions au cours de sa carrière.
Un policier est toujours en garde à vue ce mercredi après la mort de Nahel, 17 ans, tué par balle lors d'un contrôle routier à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. Visé par une enquête pour «homicide volontaire» ouverte par le parquet de Nanterre, le suspect est actuellement interrogé par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). Il lui est reproché d'avoir tenu en joue le jeune conducteur et de lui avoir tiré dessus à bout portant alors que ce dernier redémarrait sa voiture. Les investigations devront notamment déterminer si ce policier, âgé de 38 ans, était bien confronté à un refus d'obtempérer et s'il a usé de son arme en état de légitime défense ou pas.
Interpellée sur le sujet au Sénat ce mercredi après-midi, la première ministre Elisabeth Borne a déclaré vouloir «que la vérité soit faite le plus rapidement possible» sur cette «intervention qui ne semble manifestement pas conforme aux règles d'engagement» de la police. Pourtant, le mis en cause a toujours été irréprochable aux yeux de ses collègues, tiennent-ils à souligner auprès du Figaro. «C'est quelqu'un de très professionnel», «il a des valeurs et a toujours respecté les règles», le défendent-ils.
Médailles pour actes de courage et de dévouement
Affecté à la direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC) comme motard de la compagnie territoriale de la circulation et de la sécurité routière des Hauts-de-Seine depuis septembre 2022, ce père de famille a reçu une série de distinctions au cours de sa carrière dans la police nationale, entamée il y a dix ans. Selon nos informations, cet ancien militaire a reçu huit lettres de félicitations et une médaille de la sécurité intérieure.
Son action au moment des manifestations des gilets jaunes en 2020, ainsi que son rôle dans l'interpellation d'un auteur de séquestrations et de vol dans le Val-d'Oise en mai 2021, lui ont également valu d'être décoré par le préfet de police de l'époque, Didier Lallement, de deux médailles de bronze pour actes de courage et de dévouement. «Il aime profondément son métier», nous glisse-t-on. «C'est un brigadier de police aguerri, qui avait la confiance de sa hiérarchie», a déclaré sur CNews l'actuel préfet de police, Laurent Nuñez.
Malgré un parcours, semble-t-il, exemplaire, ce policier de 38 ans se retrouve au cœur d'une affaire extrêmement sensible, l'exposant à des menaces de représailles. Son nom a par exemple été inscrit sur le mur d'un lycée de la région parisienne avant d'être recouvert par la proviseur de l'établissement, nous confie-t-on. Afin de limiter les risques pour sa famille, son épouse ainsi que l'école de son enfant ont été placées sous surveillance.
Une intervention «manifestement pas conforme aux règles»
Filmé et diffusé sur les réseaux sociaux, le moment où ce policier tire sur Nahel a en effet ravivé la défiance envers les forces de l'ordre et l'usage des armes lorsqu'ils sont confrontés à des refus d'obtempérer lors de contrôles routiers. En 2022, treize décès ont été enregistrés dans un contexte similaire. Face à la grogne qui enfle depuis mardi soir dans les banlieues parisiennes, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a affirmé que des sanctions administratives seraient prises, «en complément des sanctions judiciaires, s'il est avéré, comme le montrent manifestement les images, que ce geste n'est absolument pas conforme aux instructions et à la loi de la République».
Délégué départemental des Hauts-de-Seine au syndicat SGP Police, Sébastien Héritier appelle toutefois à la «prudence. L'enquête fera la lumière sur la vérité. En attendant, ne portons pas atteinte à sa présomption d'innocence», prévient-il. Afin de déterminer l'enchaînement qui a conduit à ce drame, l'IGPN pourra notamment s'appuyer sur les images de vidéosurveillance de la ville qui couvrent la zone, ainsi que sur les témoignages. Deux amis de Nahel étaient présents dans la voiture au moment où le policier a appuyé sur la gâchette, le passager arrière a été intercepté mais le second a pris la fuite.
