[CRAQUAGE] Pédocriminalité, j'ai besoin de parler
SuppriméSalut les gars,
Je sais, c’est pas le moment idéal pour poster un topic de ce genre avec tous les esprits du forum mis en étuve par les élections. Mais je vais le faire quand même, on verra bien si ça mord.
J’ai été victime de pédocriminalité à l’âge de 8 ou 9 ans. J’ai souffert d’une grosse amnésie traumatique, si bien que certains détails sont flous, ouatés, comme censurés par mon cerveau qui ne voulait pas caner. J’ai eu la « chance » que ça ne m’arrive qu’une fois, mais c’était la fois de trop. Celle qui te bousille un gamin, déchire son sourire et ravage son innocence.
Je sais que je suis pas le seul dans cette situation. On est nombreux, et beaucoup ont vécu immensément pire que moi. Aujourd’hui, j’ai besoin de causer un peu. Je parle pas assez bien anglais pour m’épancher sur reddit (alors que r/adultsurvivors est aussi riche qu’il est glaçant en la matière) et j’ai pas forcément envie de me tourner sur des sites spécialisés francophones : l’ambiance me plaît pas trop. Donc je tente ici, on verra bien si ça marche.
Après l’abus, je suis passé par une énorme phase dépressive, bouffée par l’inquiétude et la sensation que je n’arriverai jamais à être autre chose qu’une proie, un jouet souillé à disposition du plaisir d’un autre. Je suis devenu un ado perclus d’angoisse qui n’avait pas la force de parler à qui que ce soit (et qui portera plus tard la culpabilité de n’avoir pas parlé assez tôt).
J’ai rencontré ma moitié, la personne qui partage encore ma vie, au lycée. Grâce à elle, j’ai pu en parler à mes parents, revivre un peu.
Après le bac, j’ai décroché ma PACES sans trop de galère, et j’ai terminé en dentaire parce que je me voyais pas du tout en médecine et que, faut l’avouer, je suis quand même un bon gros flemmard des familles. Initialement, ça ne partait pas d’un élan passionné, plus d’un compromis lucide.
Après 5 ans d’études, pourtant, j’ai découvert ma vocation. J’ai décidé d’être dentiste pédiatrique. Parce que ça, ça me plaisait vraiment. Si le trauma m’a beaucoup arraché, il m’a aussi donné, dans une moindre mesure. Il m’a offert une sensibilité, une patience et une empathie à l’égard des enfants supérieures à la moyenne. Et je chéris ces qualités-là autant que je hais les séquelles laissées par l’abus.
Bref. Je termine mes études, et je me retrouve à soigner des gosses. J’aime profondément ce que je fais : je ne me suis jamais senti aussi utile. Je me sens compétent, à ma place, et c’est la première fois que je me sens doué, sans complexe.
Mais y a un truc qui coince, et je me hais pour ça. C’est ces foutus flash-back, ces foutus signaux d’alarmes que mon corps m’envoie quand quelque chose me replonge dans l’abus.
Je suis dentiste pour enfants, alors forcément : mon job c’est d’avoir affaire à des gosses qui hurlent et d’autres qui ne se laissent pas faire. C’est aussi se trouver face à des petits qui ont mal à s’en rendre malade, et d’autres maltraités, qui portent sur leur tronche toute la violence que déchaînent contre eux leurs parents.
Je dois gérer des gamins qui beuglent ou qui sanglotent, des gamins qui supplient d’arrêter (même si je fais tous les efforts imaginables, au mépris de toute rentabilité, pour travailler sur mes patients SANS douleur), d’autres qui saignent, d’autres qui se débattent.
Et putain, ça me bute. Parce que ces cris et ces larmes me tirent en arrière comme un élastique trop tendu, et ça me replonge dans des souvenirs dégueulasses. Mon inconscient associe mon travail à une agression. J’en peux plus de voir la tête de mon agresseur quand un gamin phobique hurle avant même que j’aie fait quoi que ce soit. J’en peux plus de ces sensations que mon corps me renvoie comme s’il vivait la chose à nouveau.
Ça me rend DINGUE que ce taré de p*dophile ait bousillé jusqu’à ma vocation. Que SA déviance, que SA pulsion, me vole mon calme et ma logique alors que je demande qu’à bosser sereinement.
Devant mes petits patients, je reste de marbre et je soigne avec la rigueur et le professionnalisme que je leur dois. Mais au fond de moi, c’est comme si on allumait l’enfer tout entier.
Je me demande si ça finira pas par me détruire et putain, les kheys, ça me fait trop mal. C'est le seul métier dans lequel je me projette et je me vois pas heureux autrement
Merci d’avoir lu, n’hésitez pas à partager vos expériences si vous en avez sur ces sujets difficiles.
La petite parenthèse prévention :
Voici quelques chiffres : https://www.lci.fr/social/violences-sexuelles-sur-mineurs-en-france-des-chiffres-tres-sous-estimes-2103628.html
Dans les grandes lignes, on retient que les agresseurs sont dans la majorité des cas connus de la victime. Et que la victime fréquente souvent son bourreau après que l'acte ait été effectué.
Il est important de lever le tabou qui pèse sur ce sujet. Beaucoup sont persuadés que ça n'arrive qu'aux autres. Que ça ne peut pas nous arriver, ni arriver à nos rejetons. Pourtant, c'est extrêmement fréquent, et il est essentiel d'arriver à en discuter sans tabou et d'être aussi capables d'en discuter sans parler complot et politique. A vouloir utiliser ce fléau comme une lance à jeter au flanc d'une strate politique ou sociale, certains oublient ce qui compte réellement : les victimes et leur rétablissement. La protection des futures victimes
Quelques sites ou adresses, donc :
Colosse aux pieds d'argile pour les victimes en milieu sportif : http://www.colosseauxpiedsdargile.org/
Si vous êtes témoins ou connaissez une victime : https://enfantbleu.org/plateforme-dalerte-et-dinformation/
Le numéro 119 qui est laissé à disposition pour parler des maltraitances de manière générale.
Stop aux Violences Sexuelles : http://www.stopauxviolencessexuelles.com/
L'AIVI, pour les victimes d'inceste : https://aivi.org/
Et enfin, le plus polémique mais l'un des plus essentiels à mes yeux, l'Ange Bleu : http://ange-bleu.com/fr/accueil
Cette dernière association est une cellule d'écoute pour les victimes, mais également pour les p-dophiles eux mêmes. Car la prévention ça passe aussi par là, par la sensibilisation des potentiels agresseurs. Je sais que personne ne se manifestera de son plein gré sur le topic, mais si quelqu'un, au fond de lui, sent qu'il a besoin d'aide à ce niveau, je ne peux que l'encourager à cliquer sur le lien du dessus. Des solutions existent, et il faut en parler.
Hey je me rappelle de toi.
C'est pas ici que tu trouveras quoique ce soit
go thérapies. Essaie tous les psy que tu peux.
Le 24 avril 2022 à 20:54:03 :
Hey je me rappelle de toi.C'est pas ici que tu trouveras quoique ce go thérapies. Essaie tous les psy que tu peux.
C'est pas pareil, d'aller chez un psy. (mais je salue ton conseil) T'inquiète que je les ai jamais boudés !
Parfois, ça fait du bien de sortir de l'aspect purement thérapie et de confier ces doutes à des inconnus, comme si t'allais dans la forêt pour les beugler comme un con.
Y a une plus grande proximité avec des gens "comme moi" (ici), qui ont chacun leur bagage, leurs doutes et leurs valeurs... qu'avec un psy, qui, indépendamment de sa compétence, aura toujours un regard professionnel là-dessus.
Si je vois que ça emmerde la majorité je supprimerai, bien sûr. Mais je pense que ça peut aussi être utile à d'autres et moi, ça me fait du bien.
Le 24 avril 2022 à 20:54:03 :
Hey je me rappelle de toi.C'est pas ici que tu trouveras quoique ce soit
go thérapies. Essaie tous les psy que tu peux.
C'est vrai que recevoir de l'aide sur un sujet aussi épineux ici c'est compliqué
Le 24 avril 2022 à 20:58:03 :
Le 24 avril 2022 à 20:54:03 :
Hey je me rappelle de toi.C'est pas ici que tu trouveras quoique ce soit
go thérapies. Essaie tous les psy que tu peux.C'est vrai que recevoir de l'aide sur un sujet aussi épineux ici c'est compliqué
Si ça peut te rassurer, c'est compliqué partout
Le 24 avril 2022 à 20:59:56 :
Tu n'as pas choisi le métier le plus évident pour échapper à ces pensées...
C'est la difficulté, je ne vois aucun autre métier qui m'épanouirait. J'aurais eu les compétences/la détermination pour faire à peu près tout ce qui me serait passé par la tête... mais je n'entrevois rien qui me fasse vibrer autant que ce métier.
J'aime ce taf, et j'aime mes patients. Ça me fait trop mal d'imaginer ne plus pouvoir exercer à cause d'un foutu trauma.
Le 24 avril 2022 à 21:02:19 :
Je te conseille de prendre contact ici avec le dénommé Aneryl, il en connait un rayon sur le sujet.
J'ai jamais dit non plus que le forum était un espace tout à fait sain à ce niveau
Le 24 avril 2022 à 21:04:16 :
Emouvant le passage ou tu expliques te sentir utile
Surtout que j'ai des potes qui envisagent des grandes carrières en économie/historien et qui se foutent de ma gueule quand je leur dis que je veux faire médecin pour aider les gens
On sous-estime souvent le bonheur que c'est d'avoir un travail qui a du sens. Un sens direct, je veux dire, où on te remercie avec des larmes dans les yeux ou où tu sais que tu changes le quotidien de quelqu'un.
Bon courage dans ton parcours pour être médecin !
change de métier peut-être pour un truc plus sain, comme enseignant en maternelle/primaire, accompagnateur, éducateur,
y'a plein de métier ou tu peux aider les gosses sans les charcuter, jettes un coup d'oeil à tout les métier du social dans la petite enfance
Le 24 avril 2022 à 21:05:45 :
le nom de ton agresseur en mp khey
Ça fait un bout de temps que j'ai renoncé à la vengeance (cette perspective m'empoisonnait plus qu'elle me libérait).
Mais le karma s'est occupé de lui, il a eu un accident de la route à moto (la passion de toute sa vie) qui l'a laissé infirme et l'interdit à vie de remonter sur une bécane.
Données du topic
- Auteur
- Ameloblaste
- Date de création
- 24 avril 2022 à 20:50:39
- Date de suppression
- 9 septembre 2022 à 23:43:00
- Supprimé par
- Auteur
- Nb. messages archivés
- 1291
- Nb. messages JVC
- 1176