"Tonton, je te hais"
Ceci est le nouveau topic de ma fic qui a été supprimée, pourquoi ? Juste pas de chance.
Je vais vous reposter les chapitres, bonne lecture.
Vous roulez en voiture, en direction d’une destination que vous n’aimez pas, votre femme ouvre à nouveau la bouche et vous déconcentre dans votre conduite :
- Tu m’expliques pourquoi on va encore chez eux alors que tu ne les supportes pas ?
- Ce n’est pas comme si j’avais vraiment le choix, ça reste ma famille et puis il faut bien soutenir Célestin, ce n’est pas facile tous les jours pour lui.
- Dans ce cas, arrête de faire la gueule, au bout d’un moment ça va se voir que tu y vas sans en avoir envie.
Vous soupirez :
- Vie de merde.
- Je confirme.
Après avoir roulés en silence durant les cinq dernières minutes, vous vous garez. Vous êtes arrivés chez votre cousin et interpellez votre femme :
- N’oublie pas les fleurs dans le coffre.
- Je sais, je sais…
Vous avancez vers la porte qui s’ouvre sans que vous n’ayez eu le temps de frapper, c’est votre tante qui vous accueille :
- Mon petit nono ! Comment ça va ?
Nono de votre prénom Arnaud, forcément, aucune originalité dans cette famille.
- Ne m’appelle plus comme ça, ça me dégoute.
- Oh, c’est pour rire, allez-y entrez ! Oooh, mais elles sont magnifiques ces fleurs ! Merci Karen.
- Il n’y a pas de quoi, Audrey.
Vous entrez puis vous dirigez vers la salle à manger, vous êtes accueillis par votre oncle John, qui n’est pas le mari de votre tante, enfin bon, c’est compliqué. Il crie à pleins poumons :
- Ah ! Arnaud et Karen, on ne vous attendait plus ! Une petite bière ?
John est toujours extrêmement soigné, costume sur mesure, grand sourire avec des dents parfaitement blanches, vous n’avez jamais réussi à savoir dans quoi il travaille, un jour peut-être. Vous lui faites la bise :
- Salut Tonton, ça va ?
- Je pète le feu, ce soir n’est pas un soir comme les autres !
- Et peut-on savoir pourquoi ?
Il réfléchit quelques secondes puis répète :
- Ce n’est pas un soir comme les autres !
Pas la peine d’essayer de comprendre. Vous regardez autour de vous, cherchant votre cousin :
Votre tante hurle :
- Mon poussin ! Sors de ta chambre ! Tout le monde est là !
- Ne t’énerve pas Audrey, laisse-lui le temps d’arriver.
- Il passe son temps dans sa chambre, je me demande ce que je vais faire de lui…
Vous entendez du bruit dans l’escalier, puis apparait un jeune homme de 19 ans, les yeux rouges rongés par la fatigue et les écrans :
Il salue tout le monde à tour de rôle, même sa mère qu’il n’a pas vu de la journée. Vous remarquez que votre femme est beaucoup sur son téléphone, étrange :
- Je peux savoir ce que tu fabriques depuis toute à l’heure ?
Elle le range immédiatement :
- Rien du tout, je discute avec Marie.
Marie, c’est sa meilleure amie. Audrey vous fait signe de vous installer, vous vous posez à côté de John, pour essayer d’enfin savoir dans quoi il bosse.
- Alors Tonton, et le boulot, ça roule ?
- Tout va pour le mieux.
- Quoi de neuf récemment ?
- Rien, tout va bien.
Il persiste avec ses phrases courtes, lui qui est si bavard d’habitude, vous tentez le tout pour le tout, comme à chaque fois que vous discutez avec lui :
- Tu peux me rappeler dans quoi tu bosses ?
Un léger blanc s’installe, il se met à sourire en attrapant une bouteille de vin rouge devant lui et vous regarde l’air moqueur :
- Un peu de vin ?
- … Volontiers.
Vous n’en saurez pas plus ce soir. Comme à chaque repas avec eux, vous vous ennuyez, vous écoutez votre tante sermonner Célestin pour qu’il trouve du travail, votre oncle faire des blagues salaces, Célestin qui se défend comme il peut, tandis que votre femme est sur son téléphone. Comment ? Encore ?
Vous vous penchez pour regarder son écran, elle vous remarque et le range dans sa poche :
- Pardon, c’est encore Marie, elle a beaucoup de choses à raconter.
Vous n’y prêtez pas attention.
Une fois arrivés au dessert, Célestin remonte dans sa chambre soi-disant pour se reposer, puis votre oncle vous tend un bout de papier plié en quatre provenant d’un journal, sans dire un mot, vous lisez :
« Vous souhaitez faire avancer la science ? Vous n’aimez pas notre époque ? Vous rêvez de découvrir le futur ? Participez à notre grand concours et gagnez une cryogénisation pour vous et quelqu’un de votre choix, vous vous réveillerez dans plusieurs siècles, pour découvrir un monde nouveau. Faites avancer la science, faites avancer votre vie, devenez l’homme du futur avec l’O.D.F.
Pour tenter votre chance, rendez-vous sur… »
Cette publicité attise votre curiosité :
- L’O.D.F. ?
- L’organisation de développement futuriste.
- Jamais entendu parler.
- C’est tout nouveau, ils ont terminé leurs prototypes et ont enfin décidés de passer à l’étape suivante. C’est sympa non ? Te connaissant, tu pourrais te faire cryogéniser sans problème.
Pourquoi pense-t-il ça ?
- Je ne sais pas ce qui te fait dire ça.
- Arrête un peu, je vois bien qu’avec Karen, vous êtes blasés de la vie, ça pourrait être un nouveau départ.
- C’est des conneries la cryogénisation, c’est un aller direct vers la mort.
- Des tests ont été effectués et ont été concluants, enfin je ne te force pas, je pensais juste que ça pourrait d’intéresser.
Il replie l’article de journal puis vous le glisse dans une poche :
- Ne sait-on jamais. Je vous laisse, j’ai à faire.
Votre tante Audrey s’inquiète :
- Ce n’est pas dans tes habitudes de partir si tôt.
- Je ne pars pas, je vais juste rendre visite à Célestin dans sa chambre, j’ai quelque chose à lui demander.
- Ah bon, très bien.
Karen vous donne un coup de coude puis vous souffle à l’oreille :
Vous avez juste pris le dîner, mais l’idée de partir maintenant est satisfaisante, vous acquiescez :
- Nous y allons.
- Déjà ? s’inquiète votre tante.
- Oui, la semaine a été dure, nous aimerions nous reposer.
- Génial… Je vais encore me retrouver seule comme une abrutie à faire la vaisselle…
Vous n’avez pas vraiment eu de pitié pour votre tante et êtes rentrés chez vous rapidement, une fois installés dans votre lit, vous ressortez votre morceau de journal que vous montrez à Karen, elle le lit attentivement puis vous regarde l’air étonné :
- Attends, tu es sérieux ?
- Il faudrait tenter, non ?
- Tu penses vraiment que ça peut marcher ?
- Qu’est-ce qu’on a à perdre ? On a déjà essayé d’en finir une fois, au moins si ça foire, on aura juste atteint un objectif qu’on avait dans le passé.
- Originale comme façon de se donner la mort… J’en peux plus de ce monde, j’avoue.
- On y réfléchit ?
- D’accord.
Après vous être dit bonne nuit, vous vous endormez, pensant à la réussite improbable de cette cryogénisation, vous vous imaginez dans un futur incroyable avant de tomber dans les bras de morphée.
Plusieurs jours s’écoulent sans que vous n’ayez reparlé de cette histoire, vous vivez votre routine métro, boulot, dodo, ce n’est pas une vie. Chaque soir vous voulez tout plaquer et recommencer ailleurs. Vous voulez une vie plus attractive, plus dynamique, mais une fois enfermé dans cette boucle infernale, on n’en sort pas si facilement.
Un soir, en rentrant du travail après vous, Karen vient vous voir directement, les larmes aux yeux, vous vous inquiétez :
- Que se passe-t-il ?
- On m’a encore traitée comme de la merde, j’en ai marre, donne-moi le papier de la cryogénisation, je vais nous inscrire.
Rapide comme retournement de situation, elle avait pourtant l’air heureuse ces derniers temps, vous allez chercher le morceau de journal puis vous inscrivez avec elle au concours.
Une fois ceci fait, elle vous regarde avec un grand sourire comme vous n’en avez pas vu depuis longtemps, cela vous fait sourire également puis vous vous enlacez amoureusement avant de vous glisser dans le lit. Ca n’était pas arrivé depuis bien longtemps.
Les jours continuent de filer les uns après les autres, mais vous vous sentez mieux ces derniers temps, vous attendez un retour de ce fameux concours, au fond de vous, vous êtes presque convaincu que vous allez gagner.
Nous y sommes, le jour où votre vie va changer. Au bureau, en pleine après-midi dans votre open-space, vous recevez un coup de téléphone :
Vous reconnaissez cette voix :
- Tonton ? C’est toi ?
- Oui c’est moi. Je t’appelle pour te féliciter, tu viens de remporter le concours de cryogénisation, j’ai eu un petit rôle à jouer évidement.
- Attends… Tu travailles pour eux ?
- Disons que c’est eux qui travaillent pour moi, tu es prêt à faire le grand saut ?
Vous êtes un peu choqué et rien ne sort de votre bouche, il continue :
- Qui ne dit mot consent. Retrouvez-moi avec Karen au 43 rue des brebis dans deux heures. Et n’oublie pas que tu ne reviendras jamais.
Il raccroche. Vous restez assis le temps de reprendre vos esprits puis vous levez brusquement de votre chaise, en direction du bureau de votre patron. Sans même frapper à la porte vous entrez :
- Je démissionne.
- Que… Pardon ?
- Adieu.
Votre patron se lève dans la peur de perdre l’un de ses meilleurs éléments :
Vous ne faites plus attention à lui et passez un coup de téléphone à votre femme, qui est heureuse d’apprendre cette nouvelle. Vous vous mettez en route vers la destination, sans même avertir un proche.
Une fois arrivés rue des brebis, vous vous situés devant un manoir gigantesque, la grille électrique s’ouvre lorsque vous êtes devant, puis votre oncle sort de la bâtisse :
- Parfait, pile à l’heure, suivez-moi.
Karen vous demande, méfiante :
- Qu’est-ce que ton oncle fait ici ?
- C’est lui qui a initié le projet de cryogénisation, enfin, de ce que j’ai compris.
Vous le suivez sans dire un mot, admirant l’état du manoir, c’est très luxueux, mais vous ne comprenez pas ce que vous faites ici. Il vous escorte jusqu’à un sous-sol avec un digicode devant une porte métallisée. Vous voici arrivés dans un espace aseptisé, avec des murs blancs et d’étranges appareils un peu partout.
John vous sourit :
- Bienvenue dans le laboratoire de l’O.D.F, dont je suis le gérant.
- Attends, tu es seul ici ?
- En temps normal, nous sommes une vingtaine, mais pour l’expérience d’aujourd’hui il vaut mieux que je sois seul.
Vous commencez sérieusement à stresser :
- Euh… Je ne suis plus très sûr…
Vous vous tournez vers Karen, quand vos yeux se croisent, elle est confiante :
- Arrête d’avoir peur tout le temps, on était décidés, on ne va pas changer d’avis maintenant. Que doit-on faire John ?
- Regardez ces machines.
Il vous montre d’énormes tubes en verre reliés par des câbles à un liquide bleuâtre.
- Vous allez entrer là-dedans, puis je lancerai la séquence de cryogénisation.
Vous êtes de moins en moins serein :
- Combien on a de chance de survivre à ça ?
- D’après mes tests, plus de 99% de chance de survivre. Le seul risque est que la machine ne doit pas être brisée tant que vous êtes dedans.
- Tu peux nous expliquer un peu le principe ?
- Sans entrer dans les détails, sinon vous n’y comprendrez rien. En gros, vous allez être recouverts d’un liquide, une fois que le tube sera entièrement rempli, le liquide ainsi que votre corps descendront à une température extrêmement froide, en l’espace de quinze millisecondes.
- Et quand nous réveillerons-nous ?
- Une fois que quelqu’un aura décidé de faire le processus inverse, je ne peux pas vous dire précisément, ça sera la surprise pour vous.
Vous commencez déjà à avoir très froid, vous tremblez, mais c’est uniquement dû à la peur. Votre oncle ouvre deux grands tubes à l’aide d’un bouton puis vous fait signer d’y aller. Vous regardez Karen, ce dernier regard vous fait parvenir un grand frisson, puis vous entrez dans le tube de droite.
Vous regardez ensuite devant vous, vous voici là où vous allez passer vos prochaines années, immobiles. Peut-être allez-vous mourir, peut-être pas. Les machines se referment et vous entendez dans un haut-parleur :
Vous faites signe que oui avec la tête. Puis vous commencez à sentir un liquide chaud recouvrir vos pieds, puis vos genoux. Le liquide monte et vous commencez à angoisser, une fois arrivé à hauteur de votre torse, vous commencez à paniquer malgré votre préparation mentale et vous tambourinez sur les parois avec vos poings :
- Stop ! Arrête tout ! Je veux sortir !
Votre oncle n’arrête pas le processus et vous l’entendez une dernière fois :
- Je suis désolé, ça va être extrêmement désagréable mais vous devez vous noyer dans le liquide pour que ce soit efficace.
Le liquide continue de monter jusqu’à remplir le tube dans son intégralité. Vous retenez votre respiration, c’est une blague ? Vous n’avez pas envie de subir une noyade, la sensation doit être horrible. Mais vous êtes coincés, et vous ne tiendrez plus très longtemps.
Le temps vous semble interminable, vous ne pouvez plus retenir votre souffle, votre instinct vous fait reprendre une grande inspiration. Le liquide entre doucement dans vos poumons, vous faisant ressentir une douleur extrême, mais elle ne dure pas longtemps et vous voici inconscient.
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La lumière ambiante est trop forte pour vos yeux, vous essayez de les ouvrir mais n’y parvenez pas. Vous entendez que ça discute autour de vous, mais vous ne comprenez absolument rien à ce qui est dit. Vous réessayez doucement d’ouvrir les yeux, vous y parvenez lentement jusqu’à remarquer des regards posés sur vous.
Votre vision est floue, vous avez une migraine énorme et vous ne savez pas comment vous êtes arrivés ici. Un homme vient vous parler, il est très grand avec le dos courbé, comme tous ceux qui vous entourent d’ailleurs. Vous ne comprenez rien à ce qu’il raconte, il fait signe à quelqu’un derrière lui, qui s’en va. Vous prenez la parole :
L’homme vous regarde sans répondre, il a des oreilles pointues et son visage est fin. L’histoire de la cryogénisation ne vous est pas revenue à la mémoire. L’homme qui venait de partir revient avec un petit appareil, il colle un bout de l’engin sur votre crâne. Puis vous entendez à nouveau l’homme face à vous :
- Me comprenez-vous ?
- Comment… ? Oui bien sûr !
- Parfait. Pouvez-vous vous lever ?
Vous vous redressez tant bien que mal avant de poser les pieds au sol, puis vous vous levez. C’est à ce moment-là que vous vous souvenez de ce qu’il s’est passé, vous criez :
- Merde ! On est en quelle année ? !
Vous regardez autour de vous, vous êtes dans un bâtiment composé d’une sorte de bois. Vous voyant paniquer, l’homme face à vous tente de vous rassurer :
- Tout va bien monsieur, le choc doit être violent, ne vous brusquez pas trop.
- Expliquez-moi où je suis, s’il vous plaît.
- Si l’on se réfère à votre ancien calendrier, vous êtes maintenant en l’an 4192, vous vous trouvez sur la planète Kepler.
Vous posez une main sur votre front, vous demandant si c’est une blague.
- 4192… ? Nous ne sommes pas sur Terre ?
- La Terre est devenue hostile, mais ne vous pressez pas, je ne peux pas vous fournir toutes les informations simultanément, votre cerveau ne le supporterait pas.
- Je ne comprends pas, il y a deux minutes, vous parliez dans une autre langue et maintenant je vous comprends parfaitement.
L’homme face à vous sourit, laissant apparaître plusieurs fines dents pointues :
- Je n’ai pas changé ma langue, nous avons implanté notre façon de dialoguer directement dans votre mémoire, c’est pour ça que nous pouvons communiquer. Dites-moi, comment vous sentez-vous ? Vous êtes l’un des seuls cobayes à avoir survécu à la cryogénisation.
Tout à coup, l’image de Karen vous parvient, vous sursautez :
- Ma femme ! Je veux dire, la femme qui était à côté de moi, où est-elle ?
- Une femme ? Il n’y a pas de femme ici, j’en suis navré. Je suppose que vous avez des milliers de questions à nous poser, aussi, je me ferai un plaisir de vous répondre, mais allons-nous installer ailleurs, suivez-moi.
En effet, énormément de questions de baladent dans votre tête. Vous suivez cet homme, vous passez à côté d’autres individus qui vous regardent comme une bête de foire. Au détour d’un couloir, vous touchez le mur pour en comprendre la matière, il se déforme sous vos doigts, ça vous surprend :
- Ah ! C’est mou !
- La majorité de nos constructions sont faites de napar, c’est un mélange de caoutchouc et de bois, c’est extrêmement solide et ça permet de résister aux nombreux séismes que nous subissons.
Vous commencez à retrouver vos esprits.
« Nom de Dieu, je suis dans le futur ! C’est dingue, je n’en reviens pas… Ils ont sûrement créé des technologies incroyables. »
Vous êtes emmené dans une petite salle, l’homme vous tend un verre rempli :
- C’est bien ce que vous buviez à l’époque ? Nous avons essayé de le reproduire molécule par molécule.
Vous prenez le verre puis sentez, ça n’a pas d’odeur, vous goûtez lentement, pas de doute.
- Je vous le confirme, c’est bel et bien de l’eau.
- Tenez, avalez ça.
Il vous tend un petit cube rouge, vous lui faites confiance et l’avalez avec une gorgée d’eau.
- Qu’est-ce que c’était ?
- De quoi vous nourrir pour la journée. Nous ne perdons pas de temps à manger comme vous le faisiez. Nous cherchons à être le plus productif possible.
- Au fait, vous avez un nom ?
- On m’identifie comme Xerl.
- Xerl ? Vous pouvez m’appeler Arnaud.
- Très bien Arnaud, nous allons collaborer à partir de maintenant, avez-vous besoin de quelque chose en particulier ?
Vous creusez dans votre tête.
- Avez-vous une sorte de bibliothèque avec toute l’histoire depuis ma cryogénisation ? J’aimerais savoir ce qu’il s’est passé entre deux.
- Impossible.
- Pourquoi ?
- Nous sommes arrivés sur Kepler il y a 800 ans, mais nous n’avons rien pu emmener avec nous. Nous avons été chassés.
- Chassés ? De la Terre ?
- C’est exact, l’humanité s’est divisée en deux camps. Nous avons perdu la bataille et nous sommes retrouvés ici.
- Qui est dans l’autre camp ?
- Les femmes.
- Pardon ?
- Les femmes se sont battues contre nous, et nous avons perdus.
Vous vous attendiez à tout sauf à ça.
- Attendez, ça signifie qu’il ne reste que des femmes sur terre ?
- Les femmes sur Terre, les hommes sur Kepler.
- Mais comment faites-vous pour… Enfin pour… Vous reproduire ?
- Nous n’avons plus besoin des femmes, et elles n’ont plus besoin de nous. Nous avons des machines maintenant.
Xerl regarde vos jambes :
- Vous n’avez pas de mal à tenir debout ?
- Pas du tout, pourquoi ?
- La gravité de Kepler est plus élevée que celle de la Terre, nous avons renforcé vos jambes durant votre sommeil, mais nous n’étions pas sûrs que ça fonctionne.
- Pourquoi m’avoir réveillé ? Est-ce vraiment utile ?
- Nous ne savons pas mener une guerre.
- Je ne comprends pas.
- Nous n’avons jamais connu de guerre, et donc nous ne pouvons pas lutter contre les femmes. Elles ont toutes les archives de l’humanité et savent se défendre, vous êtes notre seul atout, c’est pour ça que nous faisions attention à vous durant votre sommeil.
- Vous voulez que je mène la guerre pour vous ?
- Ce n’est pas exactement ça, disons que nous ne réfléchissons pas de la même manière vous et moi. Notre cerveau a effacé toute notion de réflexion, nous pouvons créer des choses, mais voyez-nous surtout comme des mathématiciens extrêmement intelligents, nous ne savons pas élaborer à l’avance des plans, et anticiper ce que vont faire nos ennemis.
- Ouah… Et bien, c’est compliqué tout ça. Pourquoi voulez-vous récupérer la Terre ?
- C’est la planète de nos ancêtres, nous ne pouvons pas nous résigner à laisser les femmes là-bas.
- Très bien, j’accepte de vous aider, mais j’aimerais tout d’abord découvrir votre monde.
- Parfait, je vous nomme général en chef de notre civilisation. Arnaud Nono.
- Arnaud Nono ?
- C’est bien votre nom ?
- Pas du tout, Nono est mon surnom.
- Surnom ? Qu’est-ce que c’est ? Sur votre machine il y avait écrit : Arnaud Nono.
Xerl attrape une tenue dans un tiroir et vous la tend :
- Enfilez ça, c’est du sur-mesure spécialement pour vous.
En baissant les yeux, vous sursautez, vous n’aviez pas remarqué que vous étiez nu. Vous vous habillez devant le grand homme qui n’a pas l’air gêné.
- Vous avez l’air d’avoir préparé beaucoup de choses pour moi, j’ai été sorti de cryogénisation quand ?
- Il y a très longtemps, vous êtes examinés depuis plus de 200 ans en détail.
Vous regardez vos mains avant de faire une remarque :
- Mais je n’ai pas vieilli.
- Nous avons inversé votre cycle de vieillissement comme nous le faisons pour nous. Une fois que nous vous estimons trop vieux, nous vous injectons un produit qui vous fait rajeunir.
- Je… Nous sommes immortels ?
- Ce fameux produit a un gros coût de production. Il est réservé à l’élite uniquement.
Vous recherchez autour de vous et vous dirigez vers une fenêtre pour admirer l’extérieur. La couleur du ciel tend sur le rouge mais les nuages sont blancs, il y a un peu de verdure sur le sol, tout comme sur Terre.
- L’élite ? Vous en faites partie ?
- Nous avons une hiérarchie très précise, je suis le numéro 6, et ma tâche est de m’occuper de vous. Une fois que vous aurez tout assimilé de notre monde, vous changerez de tuteur.
- Combien êtes-vous à vivre ici, sur Kepler ?
- Nous sommes 100 000. Ni plus, ni moins.
- Seulement ?
- Pourquoi dites-vous cela ?
- De mon temps, nous étions plus de 7 milliards.
Xerl vous dit quelque chose mais vous n’entendez pas, vous vous perdez dans vos pensées en fixant l’horizon :
« Seul… Je suis seul… Tous ceux que j’ai connu sont morts… Absolument toutes les personnes que j’ai vu dans ma vie n’existent plus… Je dois être en plein rêve, c’est impossible… »
« Ma place n’est sûrement pas dans ce monde… »
Vous sursautez :
- Oui ? Désolé, vous disiez ?
- C’est impensable que vous soyez plus de 7 milliards, comment faisiez-vous pour gérer toute la population ?
- Nous étions divisés en plusieurs pays, plusieurs gouvernements.
- Plusieurs gouvernements ? Mais c’est de la folie, comment faisiez-vous pour vous mettre d’accord ?
Vous remarquez à son regard qu’il est sérieux et qu’il n’arrive pas à imaginer votre monde, vous essayez d’avoir les propos les plus simples à comprendre :
- Nous n’étions pas d’accord. Tout le monde se faisait la guerre et essayait d’imposer sa puissance économique et militaire.
- La guerre ? Comme nous souhaitons le faire contre les femmes ?
- J’imagine, oui.
- Et bien, quel drôle de monde, c’est intéressant. Je vais maintenant vous laisser, je vous appellerai lorsque nous aurons besoin de vous, prenez ceci pour que je puisse vous contacter à tout moment.
Il vous donne quelque chose qui ressemble fortement à un smartphone de votre époque, étonnant.
- Je peux aller où je le souhaite ?
- Oui.
- Les autres gens comme vous ne vont pas être hostiles envers moi ?
- Hostile ?
- Ils ne vont pas me vouloir du mal ? Je suis différent de vous tout de même.
- Mais vous êtes un homme.
Vous ne comprenez pas vraiment, il reprend :
- Jamais l’un de nous ne ferait de mal à un homme, c’est inconcevable. Vous êtes en sécurité sur Kepler, n’ayez crainte.
- Je n’ai pas besoin de machine pour respirer à l’extérieur ? Mon corps ne connait pas cette planète.
- L’atmosphère est quasiment identique à celle de la terre, j’ai à faire, à bientôt.
Il termine à peine sa phrase et vous le voyez disparaître, instantanément.
« Qu’est-ce que… ? De la téléportation ? C’est dingue. »
Vous avancez vers le couloir le plus proche, essayant de trouver une sortie, les habitants du lieu vous regardent bizarrement mais vous ne lisez que de la curiosité dans leurs yeux. Après quelques minutes à tourner en rond, vous voyez une grande vitre donnant sur l’extérieur que vous approchez. En voulant la toucher, votre main la traverse et vous comprenez que c’est une sortie.
Vous voici le pied dehors, vous inspirez à fond remarquant que l’air ne semble pas pollué, c’est agréable. Vous êtes dans une petite ville, les bâtiments sont tous faits de napar, le bois mou. Soudain une douleur intense se fait sentir dans votre tête, vous fermez les yeux quelques secondes puis la douleur s’en va.
Beaucoup de regards sont posés sur vous mais personne n’ose vous aborder, ils semblent même vous esquiver, vous avancez de quelques mètres puis une sonnerie retentit : c’est l’appareil que Xerl vous a donné. Vous faites glisser votre doigt sur l’écran comme vous en avez l’habitude et entendez sa voix :
- Nous avons besoin de vous.
- Comment ? Déjà ?
- Que voulez-vous dire ?
- Je n’ai même pas eu le temps de me balader.
Vous entendez qu’il discute avec quelqu’un mais le son est trop bas. Xerl reprend :
- Mettez vos bras le long du corps, fermez les yeux et ne bougez plus.
Vous vous exécutez, puis sentez l’air ambiant qui change subitement, vous ouvrez les yeux, vous voici face à Xerl et un autre homme. Vous êtes surpris :
- J’ai été téléporté ?
- C’est du déplacement moléculaire.
C’est difficile à croire :
- Appelez ça comme vous voulez, j’ai été téléporté.
- Tu me disais que tu n’as pas eu le temps de faire beaucoup de chose ?
- Bah oui, vous m’avez laissé une demi-heure grand max.
Les deux hommes se regardent étonnés puis Xerl vous présente son acolyte :
- Voilà Tirra, c’est le numéro 4 ici.
- Enchanté Tirra.
- Bonjour Arnaud, j’ai bien l’impression que votre perception du temps est différente de la nôtre, Xerl vous a laissé énormément de temps pour prendre connaissance de notre monde.
- Je n’ai rien eu le temps de faire, vous rigolez ?
Tirra attrape un patch dans une de ses poches puis le colle sur le dos de votre main gauche :
- Arnaud, dites « Tac ».
- Tac.
Un hologramme sort du patch, et vous voyez apparaître une horloge comme vous en connaissez. Le numéro 4 est intrigué :
- Que voyez-vous ?
- Une horloge.
- Elle fonctionne bien ?
- Parfaitement bien, pourquoi ?
Les deux hommes se regardent à nouveau, Xerl ne comprend pas :
- Il a dû se passer quelque chose dans votre cerveau durant votre congélation, ou alors le fait d’avoir autant d’année derrière vous a détraqué votre perception de la réalité.
Vous avez du mal à saisir ce qu’il raconte :
- Vous pensez que mon corps a mal supporté la cryogénisation ?
- En effet, mais ça ne devrait pas vous empêcher de nous aider à reconquérir la Terre, on nous attend, êtes-vous prêt ?
- Prêt à faire quoi ?
- Nous y allons.
Le patch sur votre main s’illumine, et vous remarquez les mêmes sur leurs mains. Puis dans un flash, vous voici arrivés ailleurs autour d’une grande table métallique. Il y a trois hommes en plus de Xerl, Tirra et vous.
Vous comparez physiquement les cinq individus qui se trouvent avec vous, ils se ressemblent énormément, c’est difficile pour vous de les différencier. Celui face à vous se lève :
- Très bien, ravi de vous rencontrer homme du passé, assis.
« Je rêve ou il vient de me traiter comme un chien ? ! »
Vous prenez une chaise et vous installez dessus avec un peu de mal, elles sont hautes et vos jambes ne touchent pas le sol. L’homme en face reprend.
- Je suis le numéro 2, voici les numéros 3 et 5, vous connaissez déjà 4 et 6.
Votre cerveau s’embrouille avec tous ces chiffres :
- Pourrais-je avoir vos noms plutôt ? J’aurais moins de mal à retenir.
Encore debout, il vous gronde :
- Je ne vous ai pas autorisé à parler.
Vous cherchez Xerl du regard, à la recherche d’assistance, il vous défend :
- Il ne connait pas nos règles, soyez indulgent s’il vous plait.
- Silence Xerl, c’est moi qui dirige ici.
Vous vous levez mécontents :
- Si c’est pour être traité de la sorte, je m’en vais.
Vous avancez vers la sortie et sentez rapidement une grande main sur votre épaule, le numéro 2 vous agrippe. Vous remarquez qu’il y met toute sa force mais également que ces grands hommes n’ont pas l’air d’être très musclés, l’évolution de l’homme a probablement rendu les muscles obsolètes. Vous le regardez, un peu effrayé tout de même d’être si proche de ce qui vous semble être une créature imaginaire :
- Lâchez-moi, ou excusez-vous.
- Assis.
Son arrogance vous irrite :
- Je ne me répèterai pas, numéro 2, veuillez me lâcher.
Il répète inlassablement en vous fixant dans les yeux :
Vous hésitez, peut-être allez-vous commettre une erreur, mais vous ne supportez pas ce comportement et attrapez son bras pour le retirer. En le serrant, vous entendez un énorme craquement, vous venez de lui briser le bras.
Ses hurlements résonnent dans la pièce, vous ne comprenez pas comment ils peuvent-être si fragiles et vous excusez immédiatement :
- Pardon ! Je ne l’ai pas fait exprès ! Excusez-moi !
Le numéro 2 grogne :
Le numéro deux, énervé, tend un doigt de son autre main en direction de votre front, tout est très rapide, vous n’avez pas le temps de comprendre ce qu’il se passe, Xerl apparait à côté de vous puis vous êtes flashé de nouveau, vous avez changé de lieu.
Vous voici maintenant en face de Xerl, paniqué :
- Qu’as-tu fait Arnaud… Blesser un membre des dix te vaudra une mort immédiate.
- Je ne pensais pas le blesser, mais attendez, vous m’avez sauvé ?
- Lorsque nous ressentons une douleur, aussi légère soit-elle, nous perdons toute lucidité, il t’aurait tué sans aucune hésitation, oubliant que sans toi nous n’avons aucune chance de récupérer la Terre.
- Vous allez pouvoir le soigner ?
- Sans aucun problème.
- Pourquoi est-il si froid avec moi ?
- Le numéro 2, dont le nom est Grin, est assez capricieux mais si nous avons une hiérarchie, elle doit être respectée.
- Où est-ce que je me situe dans cette hiérarchie ?
- Je t’avoue que nous n’y avons pas réfléchi, mais nul doute qu’après avoir été choisi comme chef de l’opération Terre, tu seras respecté pour ce que tu es.
- Grin ne va pas m’en vouloir ?
- Nous sommes classés par numéro en fonction de notre intelligence, il saura te pardonner sans aucun problème.
Xerl jette un œil à son hologramme pour regarder l’heure puis vous met en garde :
- Nous y retournons, ne t’énerve pas et soit docile… Pour l’instant.
Vous faites signe que oui avec votre tête, et Xerl vous fixe encore :
- Arnaud ? C’est bon pour toi ?
- Comment ? Oui bien sûr.
Le langage corporel n’a pas l’air d’être utilisé ici. Vous vous retrouvez téléporté dans la salle du conseil face à Grin qui a déjà l’air d’aller mieux, étrange. Il prend la parole calmement :
- Reprenons, oublions cet incident regrettable, il semble que l’homme du passé…
- Je m’appelle Arnaud.
- Il semble que Arnaud ait une force largement supérieure à la nôtre, comme nous l’avions anticipé, il sera l’atout majeur de l’opération Terre. Vous serez accompagnés du numéro 4, Tirra, ainsi que du numéro 3, Faram.
Vous êtes contents de voir qu’il a accepté de vous donner les noms, vous le regardez, attendant qu’il vous donne la parole, ce qui est fait :
- Je vais maintenant répondre à toutes vos questions, Arnaud.
- Merci, tout d’abord j’aimerais savoir comment s’appelle votre peuple ?
- Nous sommes les hommes.
- Simplement ?
- Oui.
- Ah bon… Le numéro 1 n’est pas là, où est-il ?
- Je ne pense pas que vous puissiez le rencontrer dans l’immédiat, il n’a pas de temps à perdre avec nous, personne ne le voit jamais, c’est le seul homme à avoir énormément de connaissances, sur le passé, le présent et même le futur. Mais nos projets ne l’intéressent pas, nous ne pouvons pas compter sur lui.
« Encore un qui a l’air spécial. »
- Pour ce que vous appelez « l’opération Terre », qu’allons-nous faire des femmes ?
- Les exterminer jusqu’à la dernière.
- Pourquoi ne pas essayer de vous entendre ?
Les six numéros éclatent de rire, donc le rire ne s’est pas perdu avec le temps, c’est rassurant, vous attendez quelques secondes que ça se calme :
- J’ai dit quelque chose de drôle ?
- Nous avons essayé maintes fois de les raisonner, elles ne veulent rien savoir.
- Sont-elles autant évoluées que vous, technologiquement parlant ?
- Non, nous avons l’avantage à ce niveau, nous sommes aussi plus intelligents, mais elles sont plus nombreuses et ont étudié l’art de la guerre minutieusement.
- C’est là que j’interviens si j’ai bien compris.
- C’est exact, nous vous laisserons un peu de temps pour mettre l’invasion au point, nous attendrons votre plan.
Vous avez encore du mal à croire que tout cela est réel, vous qui êtes à la base un dépressif perdu dans la masse humaine, vous voici relégué à un poste important, plusieurs millénaires après votre naissance. C’est de la folie, mais vous avez l’impression d’être déjà mort et de n’avoir rien à perdre. S’ils arrivent à vous garder en vie avec leur technologie, vous êtes peut-être parti pour une vie éternelle.
Vous n’avez pas encore répondu, mais une douleur intense s’installe dans votre crâne, qui vous fait fermer les yeux quelques secondes.
Un cri vous fait sursauter :
C’est Tirra qui se trouve devant vous, vous voyez que vous n’êtes plus que deux dans la pièce :
- Qu’est-ce qui se passe ?
- Vous avez eu une absence, ça fait un moment que j’essaye de vous réveiller.
Vous n’avez pourtant pas l’impression de vous être endormi, vous essayez de trouver une explication :
- J’ai l’impression que la cryogénisation ne m’a pas totalement réussie.
- C’est déjà un miracle que vous teniez debout après que votre corps a été en pause durant quatre millénaires.
En entendant ces mots, vous commencez à stresser, vous êtes de plus en plus lucide et comprenez ce que votre corps a traversé, l’évolution des hommes, de l’univers, des technologies, la mort de milliards de personnes, vous avez raté des guerres, des évènements incroyables, des découvertes spectaculaires…
Le numéro 4 vous sort de vos pensées en vous voyant angoisser :
- Quatre mille ans, ce n’est pas tant que ça. Par rapport à la durée de vie de l’Univers ou même au règne de l’humanité, vous n’avez pas à vous inquiéter.
- Vous avez probablement raison.
- Votre vraie vie commence maintenant, essayez de vous souvenir de votre passé et tirez en avantage pour votre futur. Je vais maintenant vous envoyer dans vos quartiers, vous allez pouvoir vous reposer et découvrir nos technologies. Si vous avez une question, il vous suffira de demander à votre assistant personnel.
Un nouveau flash vous envoie dans une suite luxueuse, vous ne voyez pas de lit mais vous n’êtes pas fatigué, pas de toilettes non plus mais vous n’en ressentez pas le besoin. Vous sentez que vos besoins primaires n’existent plus, c’est très étrange mais pas pour vous déplaire.
Le 02 décembre 2020 à 17:42:52 kheydaltoE a écrit :
désolé mais les protagonistes arrogants c'est insupportable, liste des sujets
T'as rien lu Khey. Bonne soirée à toi cependant.
N'hésitez pas à lire, il y a du niveau
Vivement demain pour la suite.
Je sens que le chapitre de demain va partir en couilles
(Les modos au passage, apprenez à lire le sujet avant de supprimer.)
Données du topic
- Auteur
- VictorZolem
- Date de création
- 2 décembre 2020 à 17:41:03
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