Topic de Anigma :

Le vrai pouvoir de la beauté

De la crèche à l'entreprise, en passant par l'école et la vie privée, l'apparence physique est un facteur de discrimination. Même si personne ne l'admet.

Une psychologue française, Scania de Schonen, directrice de recherche au CNRS, s'est livrée sur des nourrissons âgés de trois jours à l'expérience suivante: elle a fait défiler devant leurs yeux, sur un écran, des photos de visages féminins qui, préalablement testés auprès d'un groupe d'adultes, étaient considérés comme beaux et séduisants par opposition à d'autres. Le résultat est étonnant, presque glaçant: «Dès trois jours, raconte-t-elle, les bébés fixent plus longtemps les jolis visages que les autres.» C'est l'insondable pouvoir de la beauté. Par quels sortilèges les humains succombent-ils à l'arrondi d'un sourcil, à la courbe d'une lèvre, au dessin d'une nuque, à la perfection d'un ovale, à l'harmonie d'un profil? Si même de tout petits bébés sont sensibles à l'esthétique, qu'en est-il de nous?

On peut le dire en deux mots: nous sommes à genoux. Fascinés. Ligotés. Parfaitement inhibés, désamorcés, neutralisés, sous l'empire des belles personnes des deux sexes. Plus que nous ne l'admettons. Beaucoup plus que nous ne l'imaginons. Et cette soumission, quand elle ne nous fait pas perdre le nord, nous égare dans notre perception, et nous rend assez grossièrement injustes. Dès la maternelle et jusqu'aux maisons de retraite, nous traitons mal les moches, et nous encensons les beaux comme s'ils étaient responsables de leur physique, comme si ces traits reflétaient leur âme, leur caractère et leurs compétences. «Et si l'apparence physique était l'un des facteurs les plus insidieux de discrimination sociale et de reproduction des inégalités?» demande le sociologue Jean-François Amadieu, dans un livre passionnant, Le Poids des apparences (Odile Jacob).

«La beauté est une meilleure recommandation que n'importe quelle lettre», observait Aristote. A l'heure où, comme le souligne le politologue Jean-Marie Cotteret, les grands de ce monde sont taraudés par une question existentielle - «Est-ce que je passe bien à la télé?» - on se plie sans barguigner à l'injonction sociale assénée par la pub: «Sois beau!» Les slogans vont plus loin - «Adieu les peaux sèches, bonjour les caresses» (Garnier): ils sous-entendent que la beauté est un passeport pour la tendresse, le sexe, l'amour, la réussite et la fortune. La sagesse populaire, depuis des millénaires, enseigne de ne pas s'y fier - «Tout le monde sait que la beauté est belle, voilà à quoi tient sa laideur» (Lao-Tseu). Pourtant, c'est vrai: la beauté est une clef sociale. Même si l'hypocrisie règne. Même si, dans cette société schizophrène, on condamne les idéologies exaltant la beauté physique tout en cédant collectivement à l'obsession du look. Même si, alors que l'un des sports favoris des Français consiste à gloser sur le physique d'autrui, le Parlement a voté, le 16 novembre 2001, une modification du Code du travail qui interdit toute discrimination fondée «sur l'apparence physique», outre l'âge, le sexe, la race, etc.
Désormais, un candidat refoulé à l'embauche parce qu'il n'a pas le physique de l'emploi - ou parce que sa tête ne revient pas au recruteur - pourra traîner l'employeur fautif devant les tribunaux. S'il parvient à prouver qu'on ne veut pas de lui parce qu'il est trop gros, trop petit, trop vilain. Pas facile, en vérité. Car c'est rarement dit. Sauf dans le dos des gens concernés. On peut interdire les gros abus. Pas le jésuitisme. «Les discriminations fondées sur le physique sont d'autant plus efficaces qu'elles sont niées», dénonce Amadieu (lire l'interview ci-contre).

Parce que personne ne lui a jamais rien dit en face, Virginie, 29 ans, 1,62 mètre, 132 kilos, a mis du temps à comprendre qu'elle ne trouverait pas de travail à cause de son poids. Jusqu'au jour où, en 1995, elle a postulé pour un emploi dans une compagnie d'assurances. «Mon dossier a été retenu, on m'a offert mon billet de train pour Paris, j'avais rendez-vous à 9 heures.» A son entrée dans le bureau, le directeur des ressources humaines (DRH) - lui-même bien enrobé - ne cache pas un mouvement de recul: «Ah, vous êtes là? Désolé, le poste a été supprimé.» Virginie prévient l'une de ses amies, candidate sélectionnée elle aussi, qui se présente quand même à l'heure prévue, l'après-midi. Cette fois, l'entretien a lieu. Le poste n'était pas supprimé. Virginie a dû se contenter d'emplois intérimaires. Jusqu'à ce qu'elle finisse par postuler à l'Education nationale: les concours publics sont écrits et anonymes.

«Le charisme, c'est le grand truc»
Pourtant, il faut torturer les professionnels du recrutement pour qu'ils reconnaissent que le physique compte. «Il ne m'est jamais arrivé d'exclure un candidat parce qu'il était trop laid, trop petit ou trop chauve, affirme une chasseuse de têtes, Marie K., mais, une fois, j'ai proposé à une compagnie d'assurances une fille qui avait un bras plus court que l'autre: elle a été éliminée d'emblée.» Une consultante en recrutement du nord de la France raconte qu'elle a reçu un coup de téléphone furieux de l'un de ses clients, une banque, à qui elle avait envoyé une femme trop ronde pour un poste de chargée de clientèle: «Avez-vous pensé à l'image de notre banque?»

Même les syndicats sont gênés par le sujet. Sauf à Air France, où Liliane Debèche, secrétaire adjointe de la CFDT, ne mâche pas ses mots: «On voit rarement une fille de 1,50 mètre derrière un comptoir, et c'est injustifiable: on peut être petite et avoir des qualités de contact.» Elle témoigne qu'une femme en CDD d'agent commercial s'est entendu lancer: «Ce serait bien si vous maigrissiez, pour avoir votre CDI.» Le syndicat a menacé de porter plainte. Un steward, Philippe de Crulle, 50 ans, confirme s'être fait «allumer» pour surcharge pondérale: «A 50 ans, j'ai de l'embonpoint, mais j'ai aussi trente ans d'expérience! Les chefs de cabine me mettent la pression. Ils me reprochent jusqu'à mes cheveux blancs.» Dans une autre compagnie, une femme chef de cabine a suggéré à une hôtesse de s'acheter des soutiens-gorge rembourrés. Bref, dans ce milieu, «on a l'impression que le paraître l'emporte sur la compétence», déplore Liliane Debèche.
Dans tous les métiers dits «de contact» avec le public - commerciaux, assistantes, etc. - on préfère les beaux et on écarte les candidats qui ne correspondent pas aux standards. «Les femmes doivent être jolies, mais aussi très féminines, souligne la psychologue Loubna Romer qui, elle-même conseillère en recrutement, prépare un doctorat sur le sujet. Quant aux hommes, s'ils ont un physique disgracieux, ils ne passeront pas.» Parce qu'un beau vendeur fait mieux vendre, croit-on. Mais les beaux comptables aussi sont préférés aux laids, et que dire des beaux médecins, des beaux dentistes, des beaux avocats, des beaux députés? Par quel aveuglement se laisse-t-on influencer par des critères aussi triviaux qu'un physique avantageux? «La plupart des spécialistes du recrutement n'en ont pas conscience, affirme Loubna Romer. Ils ne se rendent pas compte qu'ils commettent une injustice. Bien qu'ils soient généralement psychologues de formation, ils ont simplement tendance à attribuer tous les défauts au candidat doté d'un physique déplaisant: ils le jugent amorphe, sans motivation, pas très dynamique, manquant de présence et de charisme. Le charisme surtout, c'est le grand truc.» Même les psy doivent réfléchir cinq secondes avant de s'avouer qu'ils utilisent le charisme comme cache-sexe pour la beauté.

Car il est là, le vrai pouvoir de la beauté. Il agit à notre insu. Par ce que les chercheurs nomment un «effet de halo», les beaux irradient: on leur prête toutes les qualités, tandis que les moins gâtés sont affublés de tares variées. En 1972, deux chercheuses canadiennes, K.K. Dion et E. Berscheid, ont envoyé un questionnaire aux lecteurs d'un magazine grand public. A partir de leurs 40 000 réponses, elles ont déduit que les plus beaux sont aussi perçus comme les plus sensibles, les plus aimables, les plus chaleureux, forts, équilibrés, sociables et ouverts... On leur prédit un meilleur mariage qu'aux autres, une carrière plus brillante.

Oui mais au taff entre un bg complètement abruti et un 2/10 qui fait son job le choix est vite fait :-)
Ce pavé à cette heure, il est fou :rire: :hap:

Ce qui est beau est bien
Professeur de psychologie à l'université de Bordeaux, et auteur de plusieurs livres sur le sujet (1), Marilou Bruchon-Schweitzer affirme que même les nourrissons sont victimes de discriminations: «La mère joue davantage avec un beau bébé et le regarde plus. Un bébé moche recevra moins d'attention. C'est patent à la crèche: les puéricultrices passent toujours plus de temps avec les beaux enfants qui, plus tard, sont les plus populaires à la maternelle.» Evidemment, souligne Marilou Bruchon-Schweitzer, pas un enseignant ne se risquerait à l'admettre, c'est contraire à son éthique. «Mais nous avons filmé des classes pendant des mois, insiste-t-elle. Les beaux sont placés au premies rang. A capacité égale, ils obtiennent de meilleures notes, sont mieux suivis. Ensuite, c'est l'effet Pygmalion: un bel élève suscite des attentes. Il bénéficie d'un climat plus stimulant. Les beaux ont plus d'amis. La seule exception que nous ayons pu remarquer concerne les garçons trop mignons qui, entre 8 et 10 ans, se font traiter de filles.» Un chercheur américain a synthétisé 113 études sur les résultats scolaires. Conclusion: partout, les plus beaux sont jugés les plus brillants.

A l'université, cela continue. Cités dans le livre d'Amadieu, deux psychologues américains, D. Landy et H. Sigall, ont soumis à un jury masculin une série de devoirs d'étudiantes avec ou sans photo. «Quand il n'y a pas de photo, le bon devoir reçoit une note moyenne de 6,6 sur 10, et le mauvais 4,7 [...] Quand la photo est jointe, et que l'étudiante est belle, la prime de beauté se traduit par une augmentation de la note pour un devoir médiocre: on passe de 4,7 à 5,2. Quand l'étudiante possède des charmes moins évidents, l'effet est désastreux, puisqu'une bonne copie n'obtient plus que 5,9 au lieu de 6,6.» Si, en plus, elle a rédigé un mauvais devoir, la sanction est brutale: 2,7. En France? Demandez à un universitaire s'il est sensible au charme des candidates. Rémy Rieffel, sociologue des médias et professeur à Paris II, proteste: «Une prime à la beauté? Cela me paraît simpliste. Il y a un rapport de séduction à l'oral, mais qui ne se limite pas à la beauté.» Pourtant, même les étudiantes militant contre le harcèlement sexuel des mandarins se disent, comme Sandrine, exaspérées par ces filles «qui se refont une coiffure avant d'aller voir un prof». Attraction faciale, attraction fatale.

Même les cours de justice sont sensibles aux préjugés liés au physique. Personne aujourd'hui n'oserait se référer à Cesare Lombroso, ce médecin italien qui, en 1874, prétendit lire la propension au crime dans les mentons fuyants, les larges mâchoires, les visages asymétriques, les jambes courtes et autres torses poilus... Mais, là encore, des chercheurs américains l'ont prouvé: à délit égal, les vilains sont jugés plus sévèrement que les beaux. Leslie Zebrowitz, professeur de psychologie, a étudié les visages de délinquants jugés à Boston, dans l'équivalent de nos tribunaux correctionnels. En gros, les gueules d'ange - aux traits peu marqués, enfantins - obtenaient l'indulgence plus souvent que les autres. Trois criminologues ont montré à deux groupes d'étudiants en psychologie une même série de photos d'hommes jeunes: aux premiers, ils ont suggéré de noter la séduction physique, aux autres, ils ont demandé qui, à leurs yeux, était susceptible de commettre un crime violent. Les étudiants ont désigné les moins séduisants.

Dans toute la vie sociale, les beaux sont recherchés. On les dit plus gentils, plus sociables. On les prend pour confidents. On espère s'en faire des amis. Et ce, depuis la nuit des temps. Ce qui est beau est bien - «Ce n'est pas beau de faire ça», dit-on aux enfants. La littérature est nourrie de ces stéréotypes. Les sorcières au nez crochu des contes de fées, les méchantes soeurs de Cendrillon, l'ignoble Cruella des 101 Dalmatiens incarnent le Mal menaçant la perfection des belles héroïnes et de leurs princes charmants. Certes, Cyrano et Quasimodo ont leurs chances. Mais quel boulot, quelle énergie, quelle intelligence faut-il déployer pour surnager face aux bellâtres! A L'Ecole des loisirs, excellente maison d'édition pour la jeunesse, Jérôme Lambert constate: «En général, le personnage principal de nos livres est beau. S'il apparaît avec un physique disgracieux, ce n'est pas anodin: c'est le sujet du livre lui-même. L'auteur fait passer un message.» Un message de tolérance, pour le droit à la différence, comme dans Okilélé, de Claude Ponti, ou dans La Laide au bois dormant, de Grégoire Solotareff et Nadja.

Le regard des autres
Toutes nos stratégies politiquement correctes sont impuissantes contre un phénomène beaucoup plus pervers: en butte à l'indifférence, et même au mépris, les gens les moins beaux se défendent parfois par l'agressivité ou le repli sur soi. De même, les beaux sont d'autant plus sociables et charmeurs qu'ils sont adulés depuis le biberon. «Chacun épouse le rôle qu'on attend de lui», explique Marilou Bruchon-Schweitzer, qui a mené une étude sur des étudiants de Paris X, démontrant ce qu'elle nomme «l'effet Pygmalion». «J'ai trouvé une corrélation terrible entre la beauté et l'estime de soi, surtout chez les femmes, dit-elle. Par ailleurs, nous avons remarqué que les beaux étaient plus sensibles, plus fragiles, comme si les laids, de leur côté, s'étaient blindés. De belles actrices se suicident vers 40 ou 45 ans, faute, peut-être, d'avoir pu se construire une image autonome: on ne passe pas impunément toute une vie à travers le regard des autres.»

Comme dit le proverbe, chacun finit tout de même par trouver chaussure à son pied. La beauté sert de dot, certes. Mais, selon des chercheurs espagnols et californiens, les couples ne durent que si le capital beauté des deux partenaires est équivalent. Tout déséquilibre fragiliserait l'union, à terme. Encore que... l'homme peut compenser une inégalité avec de l'argent, du pouvoir, bref un statut social, constate Jean-François Amadieu. «Avoir une femme belle, c'est un marqueur social, une façon d'affirmer sa puissance, et la beauté sert d'ascenseur social à la femme.»

La beauté, oui, mais quelle beauté? «Demandez à un crapaud ce que c'est que la beauté [...] Il vous répondra que c'est sa femelle avec deux gros yeux ronds sortant de sa petite tête», observe Voltaire, cité par Véronique Nahum-Grape dans un joli numéro spécial de la revue Communication (n° 60). «La beauté est dans les yeux de celui qui regarde», disait Oscar Wilde. En fait, elle est dans les yeux de tous ceux qui regardent. C'est subjectif, l'esthétique. Mais c'est codé. Les canons de la beauté obéissent aux aléas culturels. «J'ai sélectionné au Louvre 12 silhouettes féminines issues de toutes les périodes de l'Histoire, raconte Marilou Bruchon-Schweitzer, et je les ai soumises à 240 personnes en leur demandant de les classer de la plus belle à la moins belle.» Tout le monde a produit le même classement: en tête, les silhouettes «actuelles», élancées, minces tout en gardant des proportions grecques. «Encore que les hommes soient moins sévères avec les grosses, précise la chercheuse. Les physiques les moins appréciés? Les corps lourds et ronds de Rubens ou les Egyptiennes au bassin trop large. Le monde entier s'incline maintenant devant l'impérialisme esthétique de la beauté à l'occidentale.» Voilà pourquoi les «Miss» finissent par se ressembler toutes, d'un bout à l'autre de la planète.

Pourtant, au-delà des goûts individuels, des phénomènes de mode et des normes culturelles, nous sommes peut-être soumis malgré nous à quelques canons universels. «Récemment, on a soutenu que ce standard de beauté correspondrait à la moyenne des apparences observables dans la réalité», raconte Jean-François Amadieu. C'est en effet la conclusion d'un chercheur néo-zélandais, le Pr J. S. Pollard, qui a réalisé un visage de femme à partir de six visages féminins d'origine ethnique différente et l'a proposé, parmi d'autres, à des étudiants de nationalités diverses: l'image composite a été plébiscitée. Le chercheur autrichien Karl Grammer en a même fait un argument pour une exposition antiraciste à Vienne (voir le document pages 50 et 51).

Trois Britanniques de l'université de Saint Andrews ont, eux, prouvé que le visage considéré comme le plus beau «n'était pas la moyenne des visages, rapporte Amadieu, mais plutôt la moyenne des visages eux-mêmes considérés comme les plus beaux». Plus troublant encore, il semble qu'au-delà de nos différences tous les humains obéissent à deux ou trois critères intangibles et archaïques: nous aimons instinctivement les caractères physiques évoquant la différence sexuelle, la jeunesse, et la symétrie.

Mais nos connaissances scientifiques sont encore approximatives, sur le sujet. Scania de Schonen, qui dirige des travaux de recherche sur les nourrissons, explique, par exemple, qu'il est très difficile de déceler avec certitude les clefs de leur attirance pour les visages dits beaux: «Quand, quelques minutes après la naissance, on présente à un nourrisson un visage dans lequel on a remplacé les yeux par deux carrés noirs, le nez et la bouche par deux autres carrés, le bébé fixe et suit de la tête ce schéma plus longtemps que si l'on met les carrés en désordre. C'est probablement le caractère symétrique qui joue, en particulier la symétrie verticale. Nous sommes en train de rechercher pourquoi.»

bref pas lu mais t'es moche et t'es dégoûté parce que c'est pas encore reconnu comme un vrai facteur de discrimination pourtant tu meures d'envie de te plaindre

Le 24 novembre 2017 à 08:20:03 Dupree-03 a écrit :
Ce pavé à cette heure, il est fou :rire: :hap:

Il n'y a pas d'heure pour se cultiver et avoir des discussion intéressantes khey :hap:

Ce genre d'analyse qui me donne la haine et qui me donne des envies de mettre fin à mes jours :)

Le 24 novembre 2017 à 08:20:28 archidiacre a écrit :
bref pas lu mais t'es moche et t'es dégoûté parce que c'est pas encore reconnu comme un vrai facteur de discrimination pourtant tu meures d'envie de te plaindre

Tout faux, j'ai juste copié collé ce que je viens de lire parce que j'ai trouvé le sujet intéressant :)
Par contre toi tu éprouves du plaisir à faire le mec super intelligent qui sait tout :)

Le 24 novembre 2017 à 08:22:16 Leonche_Ier a écrit :
Ce genre d'analyse qui me donne la haine et qui me donne des envies de mettre fin à mes jours :)

Tu n'es pas d'accord avec l'analyse ? :(

Le physique de l'emploi
Dès la naissance, et toute la vie, les mammifères et les oiseaux ont une prédilection pour les faces symétriques, explique Scania de Schonen. Sans doute parce que le réseau de traitement de l'information est plus rapide, parce que le cortex fonctionne comme ça. Mais, pour l'adulte, ce n'est pas une explication suffisante: la symétrie joue un rôle, mais encore? Pour la beauté, il faut rester prudent. On a cru par exemple que les grands fronts, les petits nez, les yeux très larges étaient prisés parce qu'ils évoquaient la jeunesse, donc favorisaient la reproduction.» Mais on ne sait pas comment tout cela se conjugue.

Cruel retour de bâton, la beauté peut se révéler un handicap. Au féminin, seulement. Et au travail, uniquement. «Les jolies femmes sont victimes de stéréotypes négatifs, affirme Loubna Romer. Pour tous les postes d'encadrement et de pouvoir, a fortiori dans les milieux professionnels machistes.» Une chasseuse de têtes raconte comment, après avoir soumis trois candidatures d'ingénieur - dont une femme - à un industriel, elle a reçu un coup de téléphone agacé de ce dernier: «Cette candidate est beaucoup trop belle. Comment voulez-vous qu'elle encadre des hommes de terrain? Vous êtes sûre que le fond correspond à la forme?» C'est un homme qui a été embauché.

Ces dirigeants-là s'accommodent parfois d'une femme, si elle est dotée d'un visage ordinaire et d'une silhouette trapue: «Pour lui donner encore plus de crédibilité, on précise qu'elle est assez masculine, raconte Loubna Romer. Cela rassure!» Un temps. «Mes épaules carrées m'ont d'abord aidée, raconte Frédérique Huard, directrice d'un établissement d'une chaîne hôtelière. J'ai souvent décroché des postes habituellement réservés à des hommes. Mais, depuis, on ne me fait pas de cadeau. Par exemple, en réunion, les hommes sont durs. On félicite une jolie - ?Bravo pour votre intervention! ? - pas moi. A une fille séduisante et menue, on confie un dossier en disant: ?Si vous avez besoin d'aide, appelez-moi.? A moi, on précise juste: ?C'est pour lundi.?»

La beauté n'a pas fini de jouer des tours. Isabelle Conti, directrice associée du cabinet Magic Coaching, affirme que le physique d'une jolie femme joue contre elle quand elle s'élève dans la hiérarchie: «On commence à se demander comment elle a fait pour en arriver là, on suggère des coucheries. Si elle est aimable, on ne le lui pardonne pas. Une jolie femme est obligée de se réfugier derrière un mode opératoire et cassant. Dans un cas on lui reprochera d'être arriviste, dans l'autre d'être prétentieuse.» Confirmé par une ravissante directrice de département travaillant dans un grand groupe: «J'ai toujours été suspecte. On me prenait pour une idiote à 25 ans, pour la maîtresse du patron à 35. Et maintenant, à 45 ans, on me traite de femme de pouvoir...» Et que dire, dans la classe politique, de ces suppléantes qu'on met en gros sur la photo, à côté du candidat, et qu'on ne retrouve jamais à aucune instance hiérarchique une fois l'élection passée, comme le raconte Réjane Sénac, secrétaire générale de l'Observatoire de la parité: «C'était juste pour faire joli, pour faire vendre.»

Vendre, le mot est lâché. Il faut vendre. Se vendre. On n'est pas responsable de son physique. Mais de ce qu'on en fait, oui. Un nouveau diktat martelé par les agences de relooking qui fleurissent. D'abord, savoir mesurer l'effet qu'on produit. Les adeptes de la morphopsychologie, pratique interdite au recrutement, font discrètement des adeptes. Jouant sur cette légère angoisse lancinante - «Qui voit-on quand on me regarde?» - le cabinet Styliscopie invite recruteurs, chirurgiens esthétiques ou particuliers à lui soumettre une photo qui, jugée par 10 ou 100 personnes, sera renvoyée accompagnée d'une analyse de personnalité: «C'est l'homme de la rue qui détermine les normes sociologiques d'une société à une époque donnée», plaide le responsable de cette prétendue «évaluation».

«Les DRH soutiennent qu'ils ont des méthodes très précises pour éviter de recruter sur l'apparence. Je suis bien placée pour savoir que c'est de la langue de bois», lance Marie Casel-Douëzy, consultante en image (Image de marque). Elle ajoute: «Votre image traduit votre milieu social, votre culture et le choix de vos valeurs. La beauté ne sert que si on la met en valeur. L'important, c'est de ne pas détonner.» Responsable de Sciences po emploi, Françoise Benoit propose aux anciens élèves des séances de conseil portant, en particulier, sur l'apparence, dont, dit-elle, ils ne mesurent pas toujours l'importance. «Ils s'estiment trop souvent au-dessus du lot. Nous les aidons, à des moments charnières de leur carrière, à se mettre en adéquation avec les professions qu'ils visent.» Aux sceptiques qui daubent les ateliers d'image - «Qu'on me prenne comme je suis!» - elle répond: «C'est bon pour les séries TV!»

Le culte de l'apparence
Patron de Verbateam, un cabinet de conseil en techniques de communication, Jean-Michel Roche se fonde sur une étude américaine démontrant que, dans la communication interpersonnelle, le sens des mots joue infiniment moins (7% d'impact) que l'image visuelle et le ton de la voix. «Le charisme se travaille grâce à des outils très précis», insiste Roche, qui entraîne des managers et des hommes politiques à doser leur regard, leur sourire, et... leurs silences. La relookeuse Josy Mermet croit dur comme fer à sa méthode personnelle, la chromopsychologie: «Elle me permet de deviner la personnalité profonde de la personne juste en la regardant un court instant, en me basant sur sa texture de peau, sa texture de cheveu, sa structure osseuse, sa façon de bouger. Ensuite, je la découvre à elle-même, et je lui révèle comment se mettre en valeur.» Même l'ANPE s'y met. Depuis 1998, l'Agence nationale pour l'emploi a mis en place des ateliers sur le thème: «Communiquer par l'image». Jean-François Marti, l'un des responsables de ce service, explique qu'il s'agit d'un atelier de réflexion sur l'importance de l'image. «Les candidats se focalisent et culpabilisent sur leurs compétences, alors qu'une bonne partie de l'embauche dépend d'abord d'une bonne image de soi.»

Les Français sont particulièrement réceptifs à ce culte de l'apparence. Selon la Fédération des industries de la parfumerie, la dépense par habitant en produits de beauté serait la plus élevée au monde avec un budget annuel de 162 euros. Elle s'est à peu près multipliée par dix en deux décennies. Un quart des Français ont tenté de maigrir au cours des douze derniers mois: 32% des femmes et 15% des hommes. Les espaces beauté à l'intention des hommes commencent à se multiplier. L'un des clients de l'institut de soins Nickel, cadre important dans une compagnie de télécommunications, explique: «Je vais, à travers le monde entier, à des réunions dans lesquelles je représente l'image de ma profession et de mon entreprise. Mon apparence doit renforcer ma crédibilité et celle de ma boîte.»

Le devoir de look devient pathologique quand il conduit chez le chirurgien esthétique. «La disparition d'un petit détail peut changer la vie, aider à reprendre confiance en soi», affirme Jean-Marie Faivre, chirurgien hospitalier. Certains, outre la course au lisse, se livrent à un combat sans merci pour modeler ce corps qu'ils finissent par haïr. «C'est la dismorphopathie, explique le psychiatre Patrick Hugues. Ces patients sont persuadés d'être difformes, alors qu'ils ne le sont pas. Mais, aujourd'hui, la beauté est devenue une priorité génératrice d'angoisse sociale pour tout le monde, alors que, dans la logique chrétienne, la séduction était associée au mal et à la tentation.» Murielle Chédeville, 49 ans, chanteuse et comédienne, est enchantée de son nouveau visage: «J'ai commencé par le nez et les oreilles. Le menton a été affiné, les yeux rehaussés et légèrement bridés, les paupières désépaissies. La seule chose à laquelle on n'ait pas touché, c'est les lèvres. La chirurgie m'a guérie de mes complexes physiques, et de mes problèmes affectifs.» Elle assure: «Dans mon métier, depuis ma transformation, les gens ont changé d'attitude. Ils sont devenus plus souriants, plus chaleureux: j'ai remarqué que je pouvais faire des erreurs qu'on ne m'aurait pas pardonnées avant.» Mais cette femme qui ne s'aimait pas - peut-être parce que, enfant, on ne l'avait guère aimée - admet aussi: «La chirurgie m'a enlevé des traits sans attraits, mais surtout la croyance que mon physique me fermait les portes.»

Alors, faut-il et peut-on lutter contre les discriminations liées à l'apparence physique comme la loi le prétend? «De plus en plus d'employeurs demandent explicitement qu'on joigne une photo aux CV, témoigne Céline Spiguelaire, directrice de l'agence pour l'emploi d'Aulnay-sous-Bois. On ne peut pas s'y opposer, c'est entré dans les normes.» Alors qu'aux Etats-Unis l'usage de la photo jointe au CV est illégal, l'ANPE ne donne pas pour consigne de refuser les photos. La méthode Lemoine, dite aussi «recrutement par habiletés», utilisée pour contourner le diktat du CV et les discriminations par le diplôme ou le milieu, pourrait éviter l'embauche à la tête du client. Inventée par le sociologue Georges Lemoine, directeur délégué de l'ANPE des Deux-Sèvres, cette méthode qui consiste à tester les compétences des candidats en leur proposant des exercices de simulation a été lancée auprès de Citroën en 1995, et reprise par France Télécom, Leroy Merlin, Intermarché, Aérospatiale, Cegetel: soit, selon l'ANPE, un peu plus de 10 000 embauches. «Mais elle n'a pas pour objectif de déjouer l'importance de l'apparence physique», souligne-t-on à l'ANPE.

D'ailleurs, en bout de course, on se retrouve toujours en tête à tête avec l'autre, employeur, professeur, ami potentiel ou espoir amoureux. Piégé(e) par le jeu de miroirs des apparences. Pas si grave si on en a conscience, des deux côtés. Ce n'est qu'un biais, parmi d'autres, de la grande farce humaine. Simplement, il ne faut jamais oublier que s'il y a un Boileau pour prêcher la lucidité - «Rien n'est beau que le vrai: le vrai seul est aimable» - il y aura toujours un Musset pour lui rétorquer: «Rien n'est vrai que le beau, rien n'est vrai sans beauté.»

Le physique au boulot ça compte aussi pour un mec ?

Le 24 novembre 2017 à 08:23:12 Anigma a écrit :

Le 24 novembre 2017 à 08:22:16 Leonche_Ier a écrit :
Ce genre d'analyse qui me donne la haine et qui me donne des envies de mettre fin à mes jours :)

Tu n'es pas d'accord avec l'analyse ? :(

Je suis plus que d'accord au contraire. Et ça montre l'hypocrisie de la société. Je ne compte plus les fois ou on me jugeait sur mon physique à mort, mais par contre quand on s'intéresse un peu à moi, là étrangement les gens deviennent plus doux et sympathiques. Hypocrisie de merde, je hais les gens, je hais la société, je ferais n'importe quoi pour m'en libérer.

Le 24 novembre 2017 à 08:24:10 Dromadair a écrit :
Le physique au boulot ça compte aussi pour un mec ?

ça dépend du poste, du boulot en question

beaucoup moins que pour une femme des fois un homme trop beau peut avoir des problèmes pour trouver du taf car beaucoup de rh ou recruteurs sont des hommes

C'est étrange, depuis hier ça enchaîne les topics sur la beauté

Cherchez pas les gars, vous êtes juste une bande de gros cons inintéressants :ok:

Le 24 novembre 2017 à 08:27:39 ]AIIoGilbert a écrit :
C'est étrange, depuis hier ça enchaîne les topics sur la beauté

Cherchez pas les gars, vous êtes juste une bande de gros cons inintéressants :ok:

On dénonce l'hypocrisie de la société, un problème ? :)

il suffit de voir les testeurs de jv ils ont tous un charisme à 2 balles pourtant ils sont sur un gros site
Oui donc pour un entretien d'un mec qui veut faire ingénieur par exemple, le physique n'aura aucune incidence

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Anigma
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24 novembre 2017 à 08:18:21
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