[PAVÉ] Les horreurs de la ville de BREST
Est-il possible de prendre trente secondes pour parler de Brest ?
Oui, vous savez, cette cité profane perdue au confins occidentaux de notre nation. Par où commencer ?
Ah, oui, le plus évident: l'architecture.
Un enchevêtrement cauchemardesque de structures monolithiques, un océan de béton armé aux perspectives trompeuses, une ode à la monochromie qui ferait passer les carrés de Malevitch pour des œuvres psychédéliques.
J'ignore si dieu existe, mais si tel est le cas, il a depuis longtemps déserté ce lieu maudit. Notez bien, difficile de le lui reprocher quand les églises se rapprochent davantage de l'abri anti atomique orné que quelque obélisque impie que des cathédrales flamboyantes.
Une ville, qui, dit-on, ferait pleurer Le Corbusier en personne, sans que l'on sache toutefois s'il serait question de larmes de bonheur ou bien d'effroi.
J'avoue par ailleurs ne pas être certain de savoir laquelle de ces hypothèses suscite en moi le plus d'horreur. Il a conçu sa "machine à habiter", qu'importe ! Le breton le surpassa en créant la "machine à déprimer". Une ville portuaire qui prive ses habitants de tout accès à la mer.
Vous espériez profiter d'une promenade rassérénante sur le front de mer après une longue journée à affronter ce pandemonium brutaliste ? Raté, appréciez plutôt les superstructures métalliques et les cuves bétonnés du terminal pétrolier.
Mais je ne suis pas tout à fait honnête, il reste à ces âmes damnées la plage du moulin blanc, excentrée, dépourvue de moulin, et dont le caractère blanc ne se réfère de toute évidence pas à la grève, verte à marée basse et brune à marrée haute. La teneur en hydrocarbures de l'eau suffirait d'ailleurs sans doute à déclencher une invasion américaine.
En évoquant la nature, parlons donc de la météo. Outre une honorable pluviométrie, l'astre solaire est ici une notion abstraite, la ville caracolant régulièrement en tête du classement des cités les moins ensoleillées de l'hexagone, comme si l'inanité chromatique de la métropole se reflétait jusque dans le firmament.
L'air, humide, corrosif et méphitique, ronge l'encéphale de ses habitants dans la mesure où ce dernier n'a pas déjà été irrémédiablement endommagé par un syndrome d'alcoolémie fœtale.
En parlant de cela, intéressons maintenant aux malheureux que l'on nomme les brestois. Ils se divisent essentiellement en trois catégories.
En premier lieu, les marins, ces êtres pour la plupart monosynaptiques dont les préoccupations premières sont d'étancher leur inextinguible soif dans l'un des innombrables débits de boissons de la ville, et de jouir pleinement des plaisirs de la chair.
La deuxième catégorie est celle des étudiants, membres d'illustres établissements tels que la renommée UBO ou la prestigieuse Brest Business School.
Ils sont en tous points identiques à la catégorie précédente, à l'exception près que la société semble pour une raison cryptique les considérer comme l'avenir de la nation.
Et puis, il a les autres, comme dirait le poète. Prisonniers de ce lieu, ils furent jadis des Hommes, désormais dénués de toute forme d'âme, rouages assurant le fonctionnement d'une cité où la raison n'a plus cours.
J'ajouterai une quatrième caste, mineure par sa taille, mais qui représente peut-être le mieux l'esprit de la ville : le peuple de Guérin. Marginaux, punks, excentriques et parias de tous poils animent cette place, vivant de 8.6 chaudes et de rêves contestataires. S'imaginant les Neal Cassady de leur temps, il ne partagent en réalité avec ce dernier que son espérance de vie. Ils occupaient naguère un lieu appelé "L'Avenir", depuis rasé par la municipalité. No future Indeed.
Il faut cependant se montrer juste, et reconnaître à cette ville sa qualité de réserve naturelle dans la mesure où il s'agit du seul endroit où l'on peut encore observer des socialistes à l'état sauvage. Cette proximité historique avec la partie gauche du spectre politique est peut-être à rapprocher de l'aspect architectural des lieux, ces visions horrifiques de champs de monolithes grisâtres ne pouvant émaner que du cauchemar fiévreux d'un communiste malade.
Je terminerai toutefois sur une une note d'espoir: Brest étant un maillon primordial dans le dispositif de riposte nucléaire de l'état, dans l'éventualité où l'humanité, saisie d'un éclair de lucidité, déciderait de se supprimer dans la chaleur radioactive du feu atomique, ce lieu cauchemardesque, creuset de la folie, serait parmi les premiers à être réduit à l'état d'un champs de ruines désolé baignant dans une atmosphère nocive pour les quatorze prochains siècles. Ce qui, je le concède, ne constituerait peut-être pas un changement si notable.
N'ayant jamais mis les pieds à Brest je ne puis confirmer ni infirmer les propos tenus ci-dessus.
Up cependant, ça a été agréable à lire.
On se croirait dans le rivage des syrtes.
Si tu veux marcher c'est sur le gr34.
J'ai été mixé à Brest, après un flixbus de l'enfer, j'arrive un jeudi à 9h du mat en centre ville, premier truc que je vois c'est deux papy complètement déchiré entrain de tituber dans le brouillard.
Par contre les jeunes sont super sympa j'ai rencontré plein de chouettes personnes mais c'est sur qu'ils aiment bien boire
Le 08 octobre 2024 à 13:26:25 :
J'ai été mixé à Brest, après un flixbus de l'enfer, j'arrive un jeudi à 9h du mat en centre ville, premier truc que je vois c'est deux papy complètement déchiré entrain de tituber dans le brouillard.Par contre les jeunes sont super sympa j'ai rencontré plein de chouettes personnes mais c'est sur qu'ils aiment bien boire
Une première expérience somme toute représentative. Plus sérieusement, c'est en réalité une ville chère à mon cœur, mais je ne suis pas frappé de cécité pour autant. De plus, qui aime bien châtie bien. Mais je te rejoins dans tes propos, les gens y sont fort sympathiques, et savent définitivement s'amuser
Pour supporter Brest il faut y être né et ne jamais l'avoir quitté
J'ai pris mon baluchon à l'âge de 25 ans pour découvrir le monde et le ciel bleu
Je ne pourrai plus jamais revenir dans la cité qui m'a vu naître sous peine de sombrer dans l'alcoolisme le plus singulier et finir par rejoindre le peuple "de Guérin" que tu décris si bien
très bon pavé
ahi, habitant à brest après avoir connu de nombreuses autres villes j'ai beaucoup rigolé sur le pavé, nonobstant la ville est sympa en dépit de son horreur architecturale
Bon pavé l'op
J'y ai fait de très belles rencontres, et les habitants compensent l'horreur de la ville avec de resto / bar très accueillants.
L'offre culturelle reste sympa pour une ville de cette dimension : plusieurs salles de concert, pas mal de festival avec des styles variés (3 sessions d'astropolis / an, + jeudis du port, la foire aux croûtes, les évènements du Vauban etc...), une magnifique librairie, la scène nationale du Quartz pour le théâtre... Je regrette juste l'absence de musée sur ce point on doit on avoir 3 à tout péter et une fois que t'as fait le tour y'a plus rien (sinon faut aller à l'expo de landerneau à 10 min de TER)
Sur le plan sportif on retrouve toutes les infrastructures pour pratiquer ce qu'on veut + si vous voulez faire du surf ou de la voile y'a tout ce qui faut.
Sur les évènements sportifs, avec l'effervescence que crée le stade brestois en ce moment il y'a une bonne ambiance autour du foot, mais également autour du hand, tennis (open de brest où t'as 2/3 joueurs un peu connus qui viennent quand même), basket, hockey sur glace...
Par contre faut en avoir rien à foutre du crachin dégueulasse qui dure d'octobre à mai, puis des averses qui peuvent tomber 3 fois par jour en printemps / été
Quand t'en as raz le cul de la ville tu peux prendre l'avion, t'es à 2h de la Corse (moins de temps que pour aller à Rennes), et profiter d'un week end de beau temps et de chaleur
Le 12 octobre 2024 à 10:25:01 :
ahi, habitant à brest après avoir connu de nombreuses autres villes j'ai beaucoup rigolé sur le pavé, nonobstant la ville est sympa en dépit de son horreur architecturaleBon pavé l'op
J'y ai fait de très belles rencontres, et les habitants compensent l'horreur de la ville avec de resto / bar très accueillants.
L'offre culturelle reste sympa pour une ville de cette dimension : plusieurs salles de concert, pas mal de festival avec des styles variés (3 sessions d'astropolis / an, + jeudis du port, la foire aux croûtes, les évènements du Vauban etc...), une magnifique librairie, la scène nationale du Quartz pour le théâtre... Je regrette juste l'absence de musée sur ce point on doit on avoir 3 à tout péter et une fois que t'as fait le tour y'a plus rien (sinon faut aller à l'expo de landerneau à 10 min de TER)Sur le plan sportif on retrouve toutes les infrastructures pour pratiquer ce qu'on veut + si vous voulez faire du surf ou de la voile y'a tout ce qui faut.
Sur les évènements sportifs, avec l'effervescence que crée le stade brestois en ce moment il y'a une bonne ambiance autour du foot, mais également autour du hand, tennis (open de brest où t'as 2/3 joueurs un peu connus qui viennent quand même), basket, hockey sur glace...Par contre faut en avoir rien à foutre du crachin dégueulasse qui dure d'octobre à mai, puis des averses qui peuvent tomber 3 fois par jour en printemps / été
Quand t'en as raz le cul de la ville tu peux prendre l'avion, t'es à 2h de la Corse (moins de temps que pour aller à Rennes), et profiter d'un week end de beau temps et de chaleur
Description assez précise des points positifs de la ville, que j'ai sciemment omis. Rien de tel qu'une bière entre amis sur la pelouse du château avec vue sur la rade (quand il ne pleut pas).
Données du topic
- Auteur
- HomardBleu
- Date de création
- 8 octobre 2024 à 10:51:51
- Nb. messages archivés
- 89
- Nb. messages JVC
- 86