(Fic à choix) Celestin dans la mafia
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Le fusil à pompe c'est trop risqué pour notre complice, le pistolet pas assez efficace, et bien sûr la fuite n'est pas une option
Vos doigts se referment sur la crosse de l'arme. Le fusil, amputé de son canon, pèse moins de 3 kilos, pourtant c'est avec difficulté que vous le tirez hors du sac. L'acier est froid dans vos mains. Toutes vos parties de Call Of vous reviennent à l'esprit alors que vous fixez l'arme, qui paraît si irréelle.
Alors, il faut tirer la pompe...
Vous bandez vos maigres muscles, le mécanisme résiste dans vos mains moites. Finalement, un claquement se fait entendre, une cartouche rouge s'éjecte et ricoche contre la carrosserie de la voiture.
Il est déjà chargé ! Contente toi de tirer et de réarmer !
Votre complice est à moitié allongé sur l'asphalte, occupé à faire feu sur les deux assaillants qui vous canardent depuis l'autre côté de la rue, eux aussi abrités derrière des voitures. Alors que vous fixez leurs silhouettes recroquevillées, vous réalisez soudain qu'il n'y a plus personne pour s'occuper du premier homme cagoulé, à quelques pas de votre couvert...
Vous percevez un mouvement brusque depuis le seuil d'un bâtiment, une main gantée de noir et armée jaillit du coin du mur et tire à plusieurs reprises. Vous baissez la tête instinctivement, les balles filent au dessus de vous sans faire de dégâts.
Pourquoi moi... J'ai pas mérité d'être là...
Votre cœur est au bord de l'explosion. Vous pointez le fusil dans la direction de votre ennemi. Vos mains tremblent. L'espace d'un instant, vous doutez même d'avoir assez de force pour presser la détente.
Depuis votre position, vous pouvez apercevoir l'intérieur de la voiture. Le pare brise est étoilé en plusieurs endroits, les vitres latérales explosées, mais vous apercevez votre second complice couché sur le volant, apparemment inerte.
La main surgit à nouveau, lâche une salve de 4 coups de feu. Vous manquez de tomber sur le cul dans un glapissement de terreur. Soudain, le tireur jaillit de sa cachette et marche droit sur vous, son arme tenue à deux mains.
Deux tirs viennent percer le capot à quelques centimètres de votre torse. Plus le choix.
Vous retenez votre souffle et fermez les yeux. Votre doigt écrase la détente, l'arme se cabre violemment et vous échappe des mains. Vous avez tiré, pour la première fois de votre vie. Peut être la dernière.
Votre ouïe est réduite à néant par la puissante détonation du calibre 12. Vous sentez encore des vibrations dans vos avants bras et votre épaule droite vous renvoie une douleur aiguë. C'est en soit une bonne nouvelle, si vous souffrez c'est que vous vivez. Vous rouvrez prudemment les yeux.
L'homme cagoulé est au sol, parcouru de tressautements. Le mur et le sol sont à présent rouge écarlate. Vous l'avez eu. Vous distinguez quelque chose dans une flaque de sang à quelques mètres du corps. Une jambe. Arrachée à hauteur de cuisse et criblée d'impacts de chevrotine.
Votre estomac cède en même temps que votre santé mentale et vous dégueulez un mélange de bile et de restes de fast food sur le trottoir, vos pompes et votre bas de pantalon. A chaque inspiration, l'odeur de la poudre brulée se rappelle à vous.
Une main à la poigne ferme vous saisit par le col et vous traine à couvert de l'autre côté de la voiture. De l'autre côté de la rue les tirs se poursuivent mais vous êtes désormais plus à l'abri. Peu importe à cet instant. Recroquevillé au sol, vous ne pouvez détacher vos yeux du corps mutilé, gisant à moins de deux mètres de vous.
Il pointe du menton son collègue, avachi sur le volant.
Il doit hurler pour que vous compreniez ce qu'il vous dit. Tandis qu'il reporte son attention sur vos ennemis, vous avancez à quatre pattes vers la portière côté passager. Celle ci est déjà ouverte. Avec précaution pour ne pas vous couper sur les éclats de verre, vous avancez le buste dans l'habitacle. Zach n'a pas bougé depuis tout à l'heure. Son visage est tourné dans votre direction, les yeux clos. Tremblant, vous avancez une main pour le secouer au niveau de l'épaule. Aucune réaction.
Une balle vient perforer l'arrière de la voiture et vous arrache un nouveau cri fébrile. Vous n'avez pas le temps de trainer, il y a toujours des hommes déterminés à vous abattre là dehors. Vous attrapez le bras droit de Zach, dénudez son poignet.
Allez, comme dans les films...
Vous pincez son poignet, en essayant de vous rappeler votre initiation aux gestes qui sauvent. 6 ans après, il ne restait rien de ce que le pompier vous avait patiemment expliqué alors que vous étiez plus intéressé par Nina, la bonasse de la classe qui avait eu le malheur de se retrouver en duo avec vous. Quelle honte, lorsqu'il vous avait fallu la manipuler pour réaliser la PLS...
Vous fermez les yeux, retenez votre souffle. Les secondes passent.
Vous obéissez prestement.
Prends le flingue, maintiens les à distance. Et prépare toi à grimper dans la caisse quand je le dirai.
Sans attendre votre réponse, il vous glisse son arme brûlante dans les mains. Au loin, vous percevez un son normalement familier, qui vous glace le sang : celui d'une sirène, sans aucun doute la police, qui se dirige à vive allure vers votre position.
La scène se fige. De l'autre côté de la rue, vous apercevez vos assaillants filer entre les voitures et remonter la rue, sans doute pour récupérer leur véhicule.
Aide moi à le passer à l'arrière !
Votre complice a déjà extirpé Zach de la voiture, et le traine vers l'arrière, les bras croisés sous ses aisselles. Vous vous dépêchez d'attraper ses jambes et d'aider à l'allonger sur la banquette arrière. En vous relevant, vous vous apercevez que du sang macule vos mains et vos manches. Le fait que ce ne soit pas le votre est déjà une victoire en soit.
Vous vous asseyez prestement à l'avant, le souffle court et refermez la portière. Ce qui restait de la vitre se répand sur vos genoux, comme une poussière de verre pillé.
On va jamais passer inaperçu, la voiture est complètement bousillée...
Votre complice ne répond pas. Il actionne la marche arrière, recule brutalement et d'un coup d'accélérateur rageur précipite la voiture le long du boulevard. Les sirènes vous enveloppent à présent, impossible de dire d'où provient le son. Sans doute de très proche. Au passage, vos yeux accrochent l'une des fenêtres de l'immeuble où vous vivez. Celle du salon, où vous auriez dû finir la soirée avec votre mère, devant le repas qu'elle vous avait préparé. Depuis combien de temps n'avait elle pas cuisiné ? Vous ne vous en rappelez même plus. La vitesse vous enlève cet instant rassurant et vous rappelle à la situation présente.
Votre chauffeur est bon, vous le sentez dès les premiers carrefours négociés habilement. Il sait conduire, il sait où il va. Le problème, c'est qu'il conduit une épave criblée de balles avec un mort en sursis à l'arrière. Vous tentez de raisonner avec intelligence, de trouver une remarque pertinente ou une idée lumineuse à proposer mais rien ne vous vient. Ah si. La nausée, alors que votre estomac ricoche entre vos flancs à chaque virage.
Je vais gerber si ça continue...
Changer de caisse. Ensuite, trouver un médecin.
Il n'a pas décollé les yeux de la route.
Tu devrais en profiter pour te reposer. On va bouger pas mal, une fois arrivé.
Me reposer ? Il faut rester aux aguets ! Si les flics nous trouvent...
Qu'est ce que tu pourras bien y faire ?
Il coule un regard dans votre direction, avant de reprendre d'une voix moins rude.
S'ils nous trouvent, on a plus qu'à lever les mains. Tu t'es bien démerdé tout à l'heure, mais il n'y a plus rien que tu puisses faire actuellement.
Vous hochez doucement la tête et vous laissez aller, façon de parler, contre votre appui tête. Les sirènes de police vous traquent, la voiture poursuit sa course effrénée. Le vent vous cingle le visage, les multiples coupures que vous arborez pulsent en rythme. Vos pensées sont pourtant focalisées sur une seule phrase, qui tourne dans votre tête. Tu t'es bien démerdé.
La nuit commence à tomber lorsque votre complice dirige la voiture vers la rampe d'un parking souterrain. Il ne s'est écoulé qu'une dizaine de minutes depuis la fusillade, pourtant vous avez la sensation de l'avoir rêvée. Seules vos blessures et Zach, mourant à l'arrière, vous prouvent le contraire.
Pas un mot n'est échangé tandis que votre véhicule se glisse silencieusement entre les rangées de voitures stationnées. Votre chauffeur plisse les yeux, les observe une à une. Sans prévenir, il braque et se glisse sur un emplacement libre.
On va prendre la caisse bleue là. Trouve sa blessure, je m'occupe du reste.
Vous n'avez pas le temps de finir, votre collègue est déjà sorti et referme la portière.
Vous passez sur la banquette arrière. Zach est livide. Une pellicule de sueur recouvre sa peau, son corps est secoué de tremblements. Ses yeux clos remuent sous ses paupières. Le tout est assez flippant. Avec autant de précaution que possible, vous lui retirez sa veste. Il ne porte qu'une chemise en dessous, que vous déboutonnez également. Votre malaise est palpable et malgré la situation vous ne pouvez vous empêcher de penser à ce que diraient vos potes du forum s'ils savaient que vous êtes en train de désaper un mec inconscient dans un parking glauque.
Après quelques minutes de pénibles manipulations, vous finissez par trouver la blessure. La balle qui l'a touché est entrée sur le flanc droit, juste sous son aisselle. La vision de la plaie ouverte et des caillots de sang vous arrachent un haut le cœur, une odeur métallique envahit l'intérieur de la voiture.
Ok. Prend un chiffon et essuie nos empreintes. Volant, portières, tableau de bord, tu frottes tout.
Juste... Comment vous vous appelez ?
Oscar. Heureux ? Maintenant au boulot.
Il faut une vingtaine de minutes à votre duo pour astiquer l'épave, terminer les premiers soins sur Zach et le transporter dans la berline bleue dont Oscar a fracturé la portière. Durant tout ce temps, rien ne vient vous interrompre dans votre tâche. Pour un peu, vous redoutez de ressortir à l'air libre.
Alors que Oscar est occupé à démarrer la voiture, vous en profitez pour jeter un œil sur votre téléphone.
Et autant de sms paniqués de votre mère, qui est restée sans nouvelle de vous depuis que la troisième guerre mondiale a éclaté sous ses fenêtres.
Qu'est ce que je vais lui dire moi...
Le ronronnement d'un moteur vous interrompt dans vos pensées. Les phares de votre nouveau carrosse illuminent brusquement le parking.
Vous avez toujours votre téléphone à la main. Et pour la première fois depuis que les balles ont commencé à pleuvoir, vous n'obéissez pas instinctivement. Vos yeux passent de Oscar à votre écran et aux appels désespérés de votre mère.
CHOIX :
1) Monter dans la voiture.
2) Répondre : « Je dois rentrer chez moi, ils s'inquiètent »
3) Partir en courant vers la sortie du parking
Données du topic
- Auteur
- LeGriffard
- Date de création
- 2 septembre 2022 à 18:04:29
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