[récit d'un ambulancier privé]
Le 26 mai 2021 à 22:37:17 :
Je vais ya aller petit à petit ici ;-)
Si tu veux tout voir, recherche sur Facebook le groupe "chroniques ambulancieres", je suis l'admin
Ou sur Reddit, mon profil, r/elleoce,
Au plaisir
Putain j'me disait bien que j'avais déjà lu ça quelque part ! J'pense avoir lu tout ce qui est sur Reddit, j'pensais pas te retrouver ici !
"Poussez-vous, c'est une urgence !!"
Le motif d'appel du SAMU était clair et précis : gêne respiratoire. Délai d'intervention demandé : 20 minutes.
On doit se taper 20 bornes pour rejoindre une station balnéaire très prisée l'été. Et on est en plein mois d'août, en pleine journée. Si on force pas un peu sur la route on va mettre presque une heure pour arriver.
Donc on prend un peu de risques sur le trajet , gyrophare et 2 tons pour passer les bouchons.
On arrive à l'adresse indiquée, une résidence de plusieurs étages.
On saute de l'ambulance avec notre gros sac d'urgence et l'oxygène, on se presse jusqu'à l'entrée où un homme fume nonchalamment sa clope.
Je le bouscule presque : "Poussez-vous, c'est une urgence !!"
Réponse : "Ah mais c'est pour moi !"
La pression redescend direct, on s'attend toujours au pire, à trouver une victime en détresse respiratoire aiguë, avec cyanose, tirage et tout ce qui va avec....
La BLAGUE !!
"Vous avez du mal à respirer ??"
"Oh oui ça va pas du tout !"
"Commencez par écraser votre cigarette^^"
Bref, vis ma vie d'ambulancier privé :-d.
"Aujourd'hui j'ai peur" [ mars 2020 ]
Seulement deux interventions ce matin, et pourtant....
Une simple epistaxis d'abord, sauf que ça ne s'arrête pas depuis plus d'une heure malgré les compresses et les Coalgans.
25 minutes de route les mains dans le sang, à alterner gants et gel hydroalcoolique et à tenter de rassurer le patient, un ancien militaire de carrière désolé et effrayé de devoir sortir dans le "vrai monde", lui qui a scrupuleusement respecté le confinement depuis le début de la pandémie.
Peur de l'hôpital, peur de la Covid.
Et nous ne sommes pas encore arrivés aux urgences que nous sommes déjà attendus ailleurs, cette fois pour un cas de Covid avéré.
Ça se passe dans une maison de retraite ou les cas se multiplient ces derniers jours, dans l'aile réservée aux résidents "suspects" ou testés positifs au virus.
Je commence par "m'habiller" comme on dit maintenant, c'est à dire que je m'équipe de toutes les protections possibles dont on dispose : tenue intégrale, surblouse, charlotte, masque ffp2 et lunettes. Mon collègue reste au propre au volant de l'ambulance pour ne pas multiplier les risques : il y aura bien du personnel pour m'aider à la prise en charge, je l'appellerais si besoin.
C'est donc avec l'infirmier de la structure que je pénétre dans la chambre de la patiente, une dame âgée qui chauffe, tousse, désature. Son état s'est aggravé et le SAMU nous a missionés pour l'emmener dans l'unité Covid de l'hôpital du secteur.
Elle regarde nos tenues de biochimistes et observe nos infinies précautions avec méfiance. On la met sous oxygène et on l'emmaillotte comme un bébé.
15 minutes de route à remettre son masque qu'elle ne cesse d'enlever.
Elle pleure, veut me prendre les mains.
L' affect finit par prendre le dessus, je ne peux m'empêcher de m'approcher d'elle pour la rassurer ; de ses yeux n'emanent que la peur et une tristesse infinie.
Quand en plus une fois arrivés à l'hôpital le service n'est pas le bon ("Ah non c'est l'étage du dessous") et que tout ce que trouve à dire le médecin, c'est : "Et les étiquettes ? Vous avez pas fait l'entrée administrative ?"
Bref, aujourd'hui j'ai peur.
Voilà plusieurs semaines que je transporte plusieurs cas de Covid avérés ou suspectés chaque jour, et j'ai toujours eu l'impression d'être protégé au mieux, de ne pas mettre en danger ni mes patients ni mon entourage.
Pourtant ce jour-là trop de choses m'ont forcément échappé. Trop de personnel différent, trop de paperasses, de poignets de portes, d'ascenseurs, trop d'émotions aussi.
Aujourd'hui j'ai peur et pour la première fois j'ai hésité à rentrer chez moi.
Aujourd'hui j'ai peur et pour la première fois je n'ai pas embrassé ma femme.
Aujourd'hui j'ai peur et pour la première fois j'ai repoussé mes enfants.
Nous sommes très nombreux à avoir vécu des moments intenses et difficiles pendant la pandémie, et la lutte ne semble pas tout à fait terminée.
Bon courage à tous.
Je suis pompier courage à vous nonobstant
Par contre quand on se tape des départs pour carence de moyens privés
Pour un mec qui a pris un coup de jus en changeant une ampoule
Pour une douleur tho où on a juste à transporter
Pour une petite fièvre en période covid
Le 27 mai 2021 à 10:12:11 :
Je suis également ambulancier, salut collègue
Pareil ici, dans le 88
"Une urgence lumineuse"
L'appel du SAMU était un peu flou.
Une dame âgée les a contactés sans qu'on ne sache le réel motif : elle avait l'air confuse, désorientée, paniquée.
On décide donc de l'envoie d'une ambulance privée pour éclaircir la situation.
On arrive sur place 20 minutes plus tard, dans une station balnéaire huppée, on sonne à la porte d' une belle résidence et la dame nous accueille dans son appartement cossu.
"Bonjour madame, que vous arrive-t-il ?"
"Venez voir !"
Elle nous emmène d'abord dans son salon :
"Regardez ! La télévision ne marche plus !"
Puis dans la cuisine : "Ma gazinière également !"
Panique totale. Comment va-t-elle se faire à manger ce midi, et, surtout, regarder ses programmes favoris ??
En fait elle était victime d'une coupure de courant, les plombs ont sauté, et ne voyant plus très bien, elle a composé le seul numéro écrit en gros sur son téléphone, le 15, en cas d'urgence.
Bref, on lui a remis l'électricité.
Données du topic
- Auteur
- Ochoch
- Date de création
- 26 mai 2021 à 17:55:01
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