"Tu viens Célestin ? on décale au bar"
Chapitre vingt et un
Seize heure trente, devant l'immeuble de chez monsieur François.
Bon, il serait peut être temps que je rentre chez moi...
Heu.. bonjour, on se connaît ?
Mon patron te connaît ouais, et il te cherche. Il voudrait discuter avec toi, alors viens au bar du Vieux Trismégiste demain à douze heure tapante. T'as intérêt à être là.
Mais ton patron me connaît d'où ?
Disons que tu fréquentes des gens à problèmes Célestin. Tu risques de t'attirer des ennuis si tu ne fais pas tout ce que mon boss te dit. Donc demain, je te le répète, viens à l'endroit que je t'ai indiqué sans poser de questions.
L'inconnu attrapa Célestin par le col et le plaqua contre le mur.
Qu'est ce que tu piges pas quand je te dis de pas poser de questions ?
Pa... pardon, je serai là demain, promis !
Le voyou relâcha Célestin, puis tourna les talons pour disparaitre dans les ruelles, abandonnant le jeune homme seul et terrifié au milieu de la ville. Ce dernier finit par rentrer chez lui, en tremblant, et ne pouvait s'empêcher de penser à la journée qui l'attendait demain. Il se disait, avec ironie, que s'il s'était fait vacciner il n'aurait pas à subir tout cela. Quand il fut arrivé dans son appartement, il ne trouva pas la force de faire quoi que ce soit. Il commençait à prendre conscience qu'il était empêtré dans une affaire qui le dépassait complètement. Qui était cet homme ? Et surtout qui était son patron ? Et qu'est ce qu'il pouvait bien vouloir à Thérèse ? Tant de questions écartelaient son esprit et serraient son cœur, et Célestin eut bien du mal à trouver le sommeil cette nuit là. Quand le soleil se leva, le jeune homme se prépara lentement, la mort dans l'âme. Il partit de chez lui à onze heure et finit par atteindre le Vieux Trismégiste à onze heure cinquante, avec dix minutes d'avance. La porte étant fermée, Célestin toqua doucement, de peur de faire trop de bruit. Il attendit quelques secondes et finalement, la porte s'ouvrit.
Ah, je vois que t'es venu, c'est bien rentre, mon patron attend.
Les deux hommes traversèrent l'établissement ensemble jusqu'à un escalier qu'ils escaladèrent rapidement. A l'étage, le malfrat toqua à une porte puis reçut l'ordre, depuis l'intérieur de la pièce, d'entrer. Au milieu de la salle se trouvait un luxueux bureau, derrière lequel était assis un homme relativement jeune, d'une trentaine d'années peut être. Celui ci prit la parole :
Beau boulot Charles, tu peux y aller maintenant.
Merci monsieur, je vous salue.
Charles sortit de la pièce, laissant Célestin seul avec l'étranger.
Bonjour Célestin, je m'appelle Lucien, tu peux t'asseoir.
Bon... bonjour monsieur Lucien.
Tu dois te demander ce que tu fais là, non ?
L'existence est déconcertante parfois. Il y a une semaine, tu n'étais qu'un fils de prolétaire étudiant dans une fac de province, et aujourd'hui tu aides un fils d'ambassadeur idéaliste à exfiltrer une vierge folle d'un hôpital psychiatrique. Tu ne t'es pas dit que tu étais en train de perdre le contrôle de ta vie ?
Comment savez vous que je suis étudiant ?
Tu fréquentes des gens importants, et j'ai mené ma petite enquête pour savoir qui tu étais. Si ça peut te rassurer, tu es quelqu'un de tout à fait médiocre et tu n'as pas à t'inquiéter des gens comme moi, ton insignifiance te protège.
Maintenant je vais être direct avec toi : je veux que tu trouves une solution pour me ramener Thérèse ici, dimanche prochain à huit heures. En échange je te donnerai dix mille euros en petites coupures. Ça te convient ?
Pourquoi me demander ça ? Vous ne pouvez pas gérer ça tout seul ?
Elle te fait confiance, ce sera un jeu d'enfant pour toi de la ramener ici. Je prendrais de gros risques si je la faisais kidnapper.
Ça ne te regarde pas. Fais juste ce que je te dis. Je peux compter sur toi ?
Célestin était tétanisé, comme rendu muet par la situation. Mais il se remémorait le dialogue qu'il avait entretenu la veille avec monsieur François sur le rôle que joue l'amour dans notre vie, sur la capacité de ce sentiment à nous transcender, à nous rendre plus brave. Il songeait à cet instant à Setsuko et Anya, et se demandait ce qu'elles penseraient de lui, si il s'effondrait par peur de l'adversité. Alors, il ravala difficilement sa salive, et, dans un bref élan de bravoure répondit à Lucien :
Non, je ne peux pas accepter votre offre je suis désolé, Thérèse est une amie pour moi, je ne peux pas la trahir.
Comme tu veux. Je te laisse une semaine pour te décider, tout ce que je veux c'est que tu la ramènes ici dimanche, à huit heure.
Si tu ne viens pas, c'est moi qui viendrai... Maintenant retourne d'où tu viens, mon temps a plus de valeur que le tien.
Très bon chapitre crayon
Le 01 mai 2021 à 21:46:51 :
Le mystère...
Très bon chapitre crayon
Merci marlou.
Chapitre vingt deux
Dimanche, à treize heure, dans la colocation d'Anya et Setsuko.
Qu'y a t-il, tu ne manges pas ?
Je n'ai pas vraiment faim Annie...
Setsuko soupira et lorgna son portable pour ne pas croiser le regard d'Anya. Constatant qu'il n'y avait pas de notifications, elle remua ses pâtes dans son assiette, comme si elle se demandait ce qu'elles pouvaient bien faire en un tel lieu puis, désemparée, s'affala sur sa chaise avec les bras croisés et le regard dans le vide.
Oh, toi ça ne va pas, qu'est ce qui peut bien te tourmenter ?
Ah, je n'aime pas ça quand tu te fais désirer ! Dis moi ce qui ne vas pas ou va manger ailleurs, j'ai pas envie de passer mon repas avec un zombie.
Bon, d'accord. Mais tu me promets de ne rien dire à personne, hein ?
Voilà, je... je suis jalouse de Thérèse.
Quoi ? Pourquoi ça ? Tu voudrais être amnésique comme elle ?
Non, non... ce n'est pas ça. C'est juste que j'éprouve des sentiments pour Nicolas, et j'ai l'impression qu'il n'a d'yeux que pour elle.
Voilà, c'est tout ce que j'avais à dire.
Tu es vraiment amoureuse de Nicolas ?
Depuis qu'on s'est rencontrés.
Il est beau, intelligent, vertueux...
Moi aussi je suis belle, intelligente et vertueuse, et pourtant tu n'es pas amoureuse de moi !
Annie, je n'ai pas envie de rire là !
Anya et Setsuko observèrent un court silence, puis Anya prit la parole :
Je t'avoue que je ne sais pas trop quoi te dire. Si ça peut te rassurer, peut être que quand Thérèse trouvera son bonhomme, Nicolas se désintéressera d'elle.
Anya, je te rappelle que l'on "cherche" un homme qu'une demi folle amnésique a rencontré dans un livre. Sincèrement, tu évalues nos chances de réussite à quel pourcentage ?
Au fond je ne pense pas que l'on soit vraiment en train de chercher cet homme. Je crois plutôt qu'on essaie d'aider Thérèse à retrouver sa mémoire. Peut être que cet homme existe vraiment, et qu'elle ne l'a pas "rencontré dans un livre". Son traumatisme l'a peut être fait délirer, je ne sais pas...
Nicolas se sert juste de cette histoire pour se rapprocher de Thérèse ! La voilà la vérité !
Tu ne disais pas qu'il était vertueux juste avant ?
Je l'ai dit oui. Mais il m'a déçue.
On finit toujours par décevoir les gens qui nous aiment. Mais toi tu as l'air bien égoïste de le juger car il aime une autre femme que toi.
Setsuko blêmit et jeta un regard noir à Anya.
Tu ne comprends rien ! Je ne le juge pas car il aime une autre femme, je le juge car il se sert de son handicap pour se rapprocher d'elle !
Et toi tu connais mal Nicolas. C'est un idéaliste complètement anachronique, il voit Thérèse comme une princesse à sauver et lui, il se voit comme un chevalier errant luttant contre des forces démoniaques. Et à ses yeux, Thérèse possède une chose que tu ne possèderas jamais plus : l’innocence.
Elle n'est pas innocente, elle est ahurie ! Elle ne se souvient de rien, elle ne comprend rien au monde qui l'entoure ! Sa place n'est pas ici, mais à l'asile !
Alors pourquoi tu as proposé à Nicolas de sortir Thérèse de l'hôpital ?
Comment sais tu ça ? Tu étais avec ton frère quand j'ai proposé cette idée...
C'est Thérèse qui me l'a dit... avec beaucoup de gratitude dans son regard d'ailleurs.
Alors ? Pourquoi tu as voulu aider Thérèse à s'échapper de l’hôpital ?
Pour attirer l'attention de Nicolas, pour l'impressionner même, voilà, tu es contente ?
Setsuko se leva et se dirigea vers la fenêtre en tremblant. Les yeux fermés, elle colla son front contre la vitre glacée et soupira longuement. Anya, visiblement touchée par la détresse de son amie s'approcha d'elle et la serra dans ses bras pour la consoler. La voix chevrotante, Setsuko murmura :
Tu... tu crois que je dois accepter ma défaite Annie ?
Ce n'est pas une guerre Setsi. Tu n'as rien perdue...
Setsuko se mit à sangloter doucement, tandis qu'Anya lui caressait les cheveux.
Données du topic
- Auteur
- Magiciendeter30
- Date de création
- 22 avril 2021 à 21:22:19
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