Topic de Houellebecqued :

Vous avez avalé la Houellebecqpill ?

Le 10 mars 2021 à 18:22:35 Neurothrope a écrit :

Le 10 mars 2021 à 18:22:09 BackWell a écrit :

Le 10 mars 2021 à 18:02:21 Chine_Tok a écrit :
Un des meilleurs livre écrit par un auteur français, une véritable œuvre d'un penseur comme il n'en existe plus beaucoup en France. Quel dommage que Houellebecq ait été condamné à l'oubli dans le meilleur des cas ou au mépris dans le pire.

Tu abuses, ça doit être l'écrivain français le plus connu :hap:

Même en Allemagne il est très connu :)

"meilleur livre écrit par un écrivain français" :rire:

Le niveau ici :rire:

C'est un des meilleurs livre écrit par un écrivain français, c'est mon avis, en effet :(

La blackpill de Péguy est aussi corsée https://image.noelshack.com/fichiers/2017/05/1486215313-sans-titre-20-5.png

Et qu'heureusement la mort viendra plutôt. Car il sait que depuis quelques années, depuis qu'il a passé, depuis qu'il est parvenu à ses trente-trois trente-cinq trente-sept ans et qu'il les a biennalement passés il sait qu'il a retrouvé l'être qu'il est, et qu'il a retrouvé d'être l'être qu'il est, un bon Français de l'espèce ordinaire, et vers Dieu un fidèle et un pécheur de la commune espèce. Mais enfin et surtout il sait qu'il sait. Car il sait le grand secret, de toute créature, le secret le plus universellement connu et qui pourtant n'a jamais filtré, le secret d'état entre tous, le secret le plus universellement confié, de proche en proche, de l'un à l'autre, à demi voix basse, au long des confidences, au secret des confessions, au hasard des routes et pourtant le secret le plus hermétiquement secret. Le vase de secret le plus hermétiquement clos. Le secret qu'on n'a jamais écrit. Le secret le plus universellement divulgué et qui des hommes de quarante ans n'est jamais passé, par dessus les trente-sept ans, par dessus les trente-cinq ans, par dessus les trente- trois ans, n'est jamais descendu aux hommes d'en des- sous. Il sait ; et il sait qu'il sait. Il sait que l'on n'est pas heureux. Il sait que depuis qu'il y a l'homme nul homme jamais n'a été heureux. Et il le sait même si profondément, et d'une science si entrée dans le profond de son cœur, que c'est peut-être, que c'est assurément la seule croyance, la seule science à laquelle il tienne, dans laquelle il se sente et il se sache engagé d'honneur, la seule précisément où il n'y ait aucun entendement, aucun masque, aucune connivence. Pour dire le mot, aucune adhésion, aucun acquiescement, aucune bonne volonté. Aucune complaisance. Aucune bonté. Or voyez l'inconséquence. Le même homme. Cet homme a naturellement un fils de quatorze ans. Or il n'a qu'une pensée. C'est que son fils soit heureux. Il ne se dit pas que ce serait la première fois ; que ça se verrait. Il ne se dit rien du tout, ce qui est la marque de la pensée la plus profonde. Cet homme est ou n'est pas intellectuel. Il est ou il n'est pas philosophe. Il est ou il n'est pas blasé. (Blasé de peine, c'est la pire débauche). Il a une pensée de bête. Ce sont les meilleures. Ce sont les seules. Il n'a qu'une pensée. Et c'est une pensée de bête. Il veut que son fils soit heureux. Il ne pense qu'à ceci, que son fils soit heureux. Il a une autre pensée. Il se préoccupe uniquement de l'idée que son fils a (déjà) de lui, c'est une idée fixe, une obsession, c'est- à-dire un siège, un blocus, une sorte de scrupuleuse et dévorante manie. Il n'a qu'un souci, le jugement que son fils, dans le secret de son cœur, portera sur lui. Il ne veut lire l'avenir que dans les yeux de ce fils. Il cherche le fond des yeux. Ce qui n'a jamais réussi, ce qui n'est jamais arrivé, il est convaincu que ça va arriver cette fois-ci. Et non seulement cela, mais que ça va arriver comme naturellement et planement. Par l'effet d'une sorte de loi naturelle. Or je dis, dit l'histoire, que rien n'est aussi touchant que cette perpétuelle, que cette éternelle, que cette éternellement renaissante inconséquence ; et que rien n'est aussi beau ;

Charles Péguy, Œuvres Posthumes

Après avoir avalé la Houellebecqpill sur l'amour, passons à la Kunderapill sur l'amitié https://image.noelshack.com/fichiers/2016/39/1474977832-sadchanclaloop.gif

A la fin de ma visite à l'hôpital, il a commencé à raconter des souvenirs. Il m'a rappelé ce que j'ai dû dire quand j'avais seize ans. A ce moment, j'ai compris le seul sens de l'amitié telle qu'on la pratique aujourd'hui. L'amitié est indispensable à l'homme pour le bon fonctionnement de sa mémoire. Se souvenir de son passé, le porter toujours avec soi, c'est peut-être la condition nécessaire pour conserver, comme on dit l'intégrité de son moi. Afin que le moi ne rétrécisse pas, afin qu'il garde son volume, il faut arroser les souvenirs comme des fleurs en pot et cet arrosage exige un contact régulier avec des témoins du passé, c'est à dire avec des amis. Ils sont notre miroir ; notre mémoire ; on n'exige rien d'eux, si ce n'est qu'ils astiquent de temps en temps ce miroir pour que l'on puisse s'y regarder. Mais je m'en fous de ce que je faisais au lycée ! Ce que j'ai toujours désiré, depuis ma première jeunesse, depuis mon enfance peut-être, c'a été toute autre chose : l'amitié comme valeur élevée au-dessus de toutes les autres. J'aimais dire : entre la vérité et l'ami, je choisis toujours l'ami. Je le disais par provocation mais je le pensais sérieusement. Je sais aujourd'hui que cette pensée est archaïque. Elle pouvait être valable pour Achille, l'ami de Patrocle, pour les mousquetaires d'Alexandre Dumas, même pour Sancho qui était un vrai ami de son maître, en dépit de tous leurs désaccords. Mais elle ne l'est plus pour nous. Je vais si loin dans mon pessimisme que je suis prêt aujourd'hui à préférer la vérité à l'amitié. "

Après avoir savouré une autre gorgée : " L'amitié était pour moi la preuve qu'il existe quelque chose de plus fort que l'idéologie, que la religion, que la nation. Dans le roman de Dumas, les quatre amis se trouvent souvent dans des camps opposés, contraints ainsi de se battre les uns contre les autres. Mais cela n'altère pas leur amitié. Ils ne cessent pas de s'aider, secrètement, avec ruse, en se moquant de la vérité de leur camps respectifs. Ils ont placé leur amitié au-dessus la vérité , de la cause, des ordres supérieurs, au-dessus du roi, au-dessus de la reine, au-dessus de tout. "

Chantal lui caressa la main et, après une pause, il dit : " Dumas a écrit l'histoire des mousquetaires avec un recul de deux siècles. Était-ce déjà chez lui la nostalgie de l'univers perdu de l'amitié ? Ou la disparition de l'amitié est-elle un phénomène plus récent ?

- Je ne peux pas te répondre. L'amitié, ce n'est pas le problème des femmes.

- Que veux-tu dire ?

- Ce que je dis. L'amitié, c'est le problème des hommes. C'est leur romantisme. Pas le nôtre. "

Jean-Marc avala une gorgée de cognac, puis revint à ses idées : " Comment l'amitié est-elle née ? Certainement comme une alliance contre l'adversité, alliance sans laquelle l'homme aurait été désarmé face à ses ennemis. Peut-être n'a-t-on plus un besoin vital d'une telle alliance.

- Il y aura toujours des ennemis.

- Oui, mais ils sont invisibles et anonymes. Les administrations, les lois. Que peut faire pour toi un ami quand on décide de construire un aéroport devant tes fenêtres ou quand on te licencie ? Si quelqu'un t'aide, c'est encore quelqu'un d'anonyme, d'invisible, une organisation d'aide sociale, une association pour la défense des consommateurs, un cabinet d'avocats. L'amitié n'est plus vérifiable par aucune épreuve. L'occasion ne se prête plus à chercher son ami blessé sur le champ de bataille, ni à dégainer le sabre pour nous défendre contre des bandits. Nous traversons nos vies sans grands dangers, mais aussi sans amitié.

 

( ... ) 

Car l'amitié vidée de son contenu d'autrefois s'est transformée aujourd'hui en un contrat d'égards réciproques, bref, en un contrat de politesse. Or, il est impoli de demander à un ami une chose qui pourrait le gêner ou lui être désagréable."

L'identité, Milan Kundera

Quoi qu’il en soit, dans les douches du Gymnase Club j’ai pris conscience que j’avais une toute petite bite. J’ai vérifié chez moi : 12 centimètres, peut-être 13 ou 14 en tirant au maximum le centimètre pliant vers la racine de la bite. J’avais découvert une nouvelle source de souffrances ; et là il n’y avait rien à faire, c’était un handicap radical, définitif. C’est à partir de ce moment que j’ai commencé à haïr les n****. Enfin il n’y en avait pas beaucoup au lycée, la plupart étaient au lycée technique Pierre-de-Coubertin, là même où l’illustre Défiance faisait du strip-tease philosophique et de la lèche pro-jeunes. Il y en avait juste un dans mes classes, en première A, un grand costaud qui se faisait appeler Ben. Il était toujours avec une casquette et des Nike, je suis sûr qu’il avait une bite énorme. Évidemment, toutes les filles étaient à genoux devant ce babouin ; et moi qui essayais de leur faire étudier Mallarmé, ça n’avait aucun sens.
C’est comme ça que devait finir la civilisation occidentale, me disais-je avec amertume : se prosterner à nouveau devant les grosses bites, tel le babouin hamadryas.

J’ai passé le week-end à rédiger un pamphlet raciste, dans un état d’érection quasi constante ; le lundi j’ai téléphoné à L’Infini. Cette fois, Sollers m’a reçu dans son bureau. Il était guilleret, malicieux, comme à la télé – mieux qu’à la télé, même. "Vous êtes authentiquement raciste, ça se sent, ça vous porte, c’est bien. Boum boum !" Il a fait un petit mouvement de main très gracieux, a sorti une page, il avait souligné un passage dans la marge : "Nous envions et nous admirons les nègres parce que nous souhaitons à leur exemple redevenir des animaux, des animaux dotés d’une grosse bite et d’un tout petit cerveau reptilien, annexe de leur bite."

Ben voyons
Au contraire, la fin de l'adolescence, c'est la fin des esprits animaux, on peut enfin prendre de la hauteur, et s'élever intellectuellement, c'est une barrière qui saute

Je veux bien entendre que la fin de l'adolescence marque la fin des passions déraisonnées, mais aux dernières nouvelles, ce qui fait de nous une espèce à part, c'est notre faculté à trouver notre bonheur dans notre croissance intellectuelle

Non pas d’accord on peut faire plein de choses dans la vie. L’adolescence est pleine d’empechement aussi et encore d’ignorance et d’inexperience
L’auteur préféré des puceaux. Bête, fade, faussement innovant. Suffit de baiser un coup et de connaître quelques couples pour se rendre compte que c’est qu’un amassis de conneries insipides, au marketing grossier visant à attirer le puceau lambda et frustré.

Le 11 mars 2021 à 10:34:10 Houellebecqued a écrit :
Après avoir avalé la Houellebecqpill sur l'amour, passons à la Kunderapill sur l'amitié https://image.noelshack.com/fichiers/2016/39/1474977832-sadchanclaloop.gif

A la fin de ma visite à l'hôpital, il a commencé à raconter des souvenirs. Il m'a rappelé ce que j'ai dû dire quand j'avais seize ans. A ce moment, j'ai compris le seul sens de l'amitié telle qu'on la pratique aujourd'hui. L'amitié est indispensable à l'homme pour le bon fonctionnement de sa mémoire. Se souvenir de son passé, le porter toujours avec soi, c'est peut-être la condition nécessaire pour conserver, comme on dit l'intégrité de son moi. Afin que le moi ne rétrécisse pas, afin qu'il garde son volume, il faut arroser les souvenirs comme des fleurs en pot et cet arrosage exige un contact régulier avec des témoins du passé, c'est à dire avec des amis. Ils sont notre miroir ; notre mémoire ; on n'exige rien d'eux, si ce n'est qu'ils astiquent de temps en temps ce miroir pour que l'on puisse s'y regarder. Mais je m'en fous de ce que je faisais au lycée ! Ce que j'ai toujours désiré, depuis ma première jeunesse, depuis mon enfance peut-être, c'a été toute autre chose : l'amitié comme valeur élevée au-dessus de toutes les autres. J'aimais dire : entre la vérité et l'ami, je choisis toujours l'ami. Je le disais par provocation mais je le pensais sérieusement. Je sais aujourd'hui que cette pensée est archaïque. Elle pouvait être valable pour Achille, l'ami de Patrocle, pour les mousquetaires d'Alexandre Dumas, même pour Sancho qui était un vrai ami de son maître, en dépit de tous leurs désaccords. Mais elle ne l'est plus pour nous. Je vais si loin dans mon pessimisme que je suis prêt aujourd'hui à préférer la vérité à l'amitié. "

Après avoir savouré une autre gorgée : " L'amitié était pour moi la preuve qu'il existe quelque chose de plus fort que l'idéologie, que la religion, que la nation. Dans le roman de Dumas, les quatre amis se trouvent souvent dans des camps opposés, contraints ainsi de se battre les uns contre les autres. Mais cela n'altère pas leur amitié. Ils ne cessent pas de s'aider, secrètement, avec ruse, en se moquant de la vérité de leur camps respectifs. Ils ont placé leur amitié au-dessus la vérité , de la cause, des ordres supérieurs, au-dessus du roi, au-dessus de la reine, au-dessus de tout. "

Chantal lui caressa la main et, après une pause, il dit : " Dumas a écrit l'histoire des mousquetaires avec un recul de deux siècles. Était-ce déjà chez lui la nostalgie de l'univers perdu de l'amitié ? Ou la disparition de l'amitié est-elle un phénomène plus récent ?

- Je ne peux pas te répondre. L'amitié, ce n'est pas le problème des femmes.

- Que veux-tu dire ?

- Ce que je dis. L'amitié, c'est le problème des hommes. C'est leur romantisme. Pas le nôtre. "

Jean-Marc avala une gorgée de cognac, puis revint à ses idées : " Comment l'amitié est-elle née ? Certainement comme une alliance contre l'adversité, alliance sans laquelle l'homme aurait été désarmé face à ses ennemis. Peut-être n'a-t-on plus un besoin vital d'une telle alliance.

- Il y aura toujours des ennemis.

- Oui, mais ils sont invisibles et anonymes. Les administrations, les lois. Que peut faire pour toi un ami quand on décide de construire un aéroport devant tes fenêtres ou quand on te licencie ? Si quelqu'un t'aide, c'est encore quelqu'un d'anonyme, d'invisible, une organisation d'aide sociale, une association pour la défense des consommateurs, un cabinet d'avocats. L'amitié n'est plus vérifiable par aucune épreuve. L'occasion ne se prête plus à chercher son ami blessé sur le champ de bataille, ni à dégainer le sabre pour nous défendre contre des bandits. Nous traversons nos vies sans grands dangers, mais aussi sans amitié.

 

( ... ) 

Car l'amitié vidée de son contenu d'autrefois s'est transformée aujourd'hui en un contrat d'égards réciproques, bref, en un contrat de politesse. Or, il est impoli de demander à un ami une chose qui pourrait le gêner ou lui être désagréable."

L'identité, Milan Kundera

Violent, je partage le même constat bien que j'ai des "amis" :hap:

Houellebecq parle spécifiquement d'un déchet.

Il a jamais dit que tout le monde avait ce genre de vie.

Le 14 mars 2021 à 12:04:34 Campbellrefor11 a écrit :
Ben voyons
Au contraire, la fin de l'adolescence, c'est la fin des esprits animaux, on peut enfin prendre de la hauteur, et s'élever intellectuellement, c'est une barrière qui saute

Je veux bien entendre que la fin de l'adolescence marque la fin des passions déraisonnées, mais aux dernières nouvelles, ce qui fait de nous une espèce à part, c'est notre faculté à trouver notre bonheur dans notre croissance intellectuelle

J’ai passé le week-end à rédiger un pamphlet raciste, dans un état d’érection quasi constante ; le lundi j’ai téléphoné à L’Infini. Cette fois, Sollers m’a reçu dans son bureau. Il était guilleret, malicieux, comme à la télé – mieux qu’à la télé, même. "Vous êtes authentiquement raciste, ça se sent, ça vous porte, c’est bien. Boum boum !" Il a fait un petit mouvement de main très gracieux, a sorti une page, il avait souligné un passage dans la marge : "Nous envions et nous admirons les nègres parce que nous souhaitons à leur exemple redevenir des animaux, des animaux dotés d’une grosse bite et d’un tout petit cerveau reptilien, annexe de leur bite."

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Houellebecqued
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10 mars 2021 à 17:09:42
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