Topic de Eussoudore :

Lecture suivie de J.P Sartre

L’être et le Néant - P2 - Chapitre 4

Dans ce chapitre, Sartre va s’attarder sur les possibilités.

“ Ce qui manque au pour-soi pour s’intégrer au soi, c’est du pour-soi. “ Ce soi ultime qui est visé, c’est l’en-soi en tant que je suis identique à moi-même. Mais pour parvenir à ce soi, il manque du pour-soi, c’est-à-dire les possibilités du pour-soi à combler.

Ce possible surgit de la néantisation du pour-soi qui est la négation d’être ce qu’il est : il à a être ce qu’il est par l’intermédiaire de possible. Or, être ce qu’il est, c’est ce qu’il manque nécessairement, puisque la réalisation de possibles entraîne de nouvelles possibles.

Bien entendu, on parle de possible au sein d’une structure interne : ce n’est pas la possibilité externe réalisé par l’esprit synthétique qui totalise la pleine lune comme possible du quart de lune. Ici, le possible est interne et propre à l’homme : c’est le possible en tant que possibilité d’être qui n’est pas encore. Le quart de lune n’a pas de possibilité : il est ce qu’il est, et ses altérations de causes transcendante ne pourront pas ne pas être. Si l’on peut dire que la lune a la possibilité d’être pleine lune, c’est sous de mode de l’indication subjective de la possibilité : un sujet totalisateur qui fait le lien entre ce quart de lune et le reste de la lune comme manquant.

Seul l’homme permet le surgissement du possible.

La conscience préréflexive renvoie au néant : j’ai conscience d’avoir soif (préréflexivement, donc je sens la soif sans me dire ” j’ai soif “), cette soif renvoie au fait de boire qui n’est pas encore puisqu’il est un possible impliquant sa négation.

Or ce qu’il manque au pour soi à un instant X, c’est du pour-soi possible. Ce qu’il manque à la conscience préréflexive de soif, c’est la conscience préréflexive de boire. Il manque à la présence à soi une présence à soi possible qui n’est pas. Mais cette coïncidence à soi est évanescente puisque immédiatement, notre conscience de boire est l’absence de la conscience de soif, ainsi que l’absence du pour-soi possible.

Ce perpétuel renouvellement des possibles après leur réalisation rend impossible l’atteinte de l’en-soi comme être étant ce qu’il est que vise l’homme.

Le possible est ce de quoi manque le pour-soi pour être soi, mais les possibles ne cessent jamais lorsque certaines sont atteintes.

Puisque le pour-soi se fait être par les possibles, mais qu’il est continuellement en situation de possibles qui manquent, le pour-soi manque d’être et n’est jamais soi.

L’être et le néant - P2 - Chapitre 5

Sartre débute ici une première analyse des trois temporalité.

Passé

Sartre estime que l’on ne peut pas isoler le passé : autrement nous ne pourrions pas être en lien avec lui par l’intermédiaire du souvenir. Le passé n’est pourtant pas le présent sous motif que notre souvenir l’est : le passé est passé de ce présent.

On ne peut pas dire qu’Emmanuel Macron était un lycéen qui n’est plus : le rapport avec le présent serait rompu. Il faudrait dire “ dans le passé, Macron EST lycéen. “

Le passé est en tant que c’est le passé d’un individu (ou société) et il y a donc autant de passé qu’il y a d’individus.

Sartre donne un exemple efficace : Pierre aime la musique, et il meurt. On ne peut pas dire “ Pierre aimait la musique “ comme si le goût pour la musique était devenu passé pour lui : en vérité, le goût pour la musique n’a jamais été passé pour Pierre, c’est Pierre lui-même qui est passé pour nous, vivants. Si un mort est oublié de tous et n’a laissé aucune trace, ou preuve d’existence, il n’est le passé de personne, il est anéantit dans le sens où son être est détruit. Il n’est plus rien, même plus un passé.

L’être pour soi, lui, n’a pas de passé. Il est ce qu’il est, dans un continuel présent. La pleine lune n’a pas le quart de lune pour passé : son mouvement est purement mécanique, c’est le simple effet d’une cause continuellement présent. Les ondulations de l’eau n’ont pas pour passé la pierre lancée : elles sont pur présent en tant que réaction à une cause qui survit en tant que présence qui fonde le présent de son effet.

Puisque l’homme doit devenir ce qu’il est en réalisant des possible, il est le seul être qui peut avoir un passé : les possibles réalisées deviennent un passé inaltérable qui appartient à l’homme et dont il est responsable.

L’être présent est donc lui-même ce passé, il a choisi de l’être parmi des possibles. On ne peut pas dire “ c’est passé, ce n’est plus moi j’ai changé. “. Il n’est pas possible de se désolidariser de son propre passé (sauf mauvaise foi, sincère oubli) puisque ce passé, c’est le nôtre.

Ce passé, je ne peux pas ne pas l’être, il est définitivement mien.

Mais d’un autre côté, je ne suis pas ce passé puisque précisément car je suis devenu autre chose que ce que j’étais, et que je deviens toujours autre chose.
→ Sartre en conclut que j’ai à être mon passé pour ne pas l’être et que j’ai à ne pas l’être pour l’être.

Ce n’est pas si compliqué : mon passé est définitif, il est donc ce qu’il est, c’est-à-dire que mon passé est un être-en-soi. Or, je ne suis pas un être-en-soi puisque j’ai à être ce que je suis. Par conséquent, je suis mon passé sur le mode du n’être pas.

J’ai un en-soi passé qui est moi dans la mesure où ce n’est pas moi car je suis présent en tant que pour-soi. Puisque ce passé ne peut pas ne pas être, je suis obligé d’être ce que je suis pas relativement au passé.

Pour le résumer simplement : le passé est mon en-soi dépassé.

La facticité, c’est le passé, la trace d’en-soi qui demeure dans le pour-soi. En effet, le passé est précisément l’en-soi qui est ce qu’il est mais qui aurait pu ne pas être. Mais maintenant que cela est, cela ne peut pas ne pas être. Le passé se forge comme contingence et se fige comme nécessité.

Une honte éprouvée hier était du pour-soi durant la journée d’hier. En passant au passé, ma honte pour-soi devient de l’être-en-soi, cette honte qui a été, est de la honte, définitivement, sans possibilité de ne plus en être. Elle est éternelle à sa date.

Présent

Le présent est une présence à X, non pas dans le sens d’une contiguïté extérieure comme une table et une chaise l’une à côté de l’autre, mais comme un rapport intérieur entre deux êtres.

Par ailleurs, un être en-soi n’est jamais présence avec un autre en-soi, puisque l’en-soi est, tout simplement, il est cette pure identité de lui-même, et ne se sait pas en présence des autres en-soi. La présence de l’en-soi à l’en-soi ne peut être que le fruit d’une synthèse effectuée par l’homme. La pierre est en tant que pierre, identique à elle-même, et n’est qu’elle-même. Si aucune conscience ne vient totaliser la présence de la pierre à une autre pierre, alors elles ne seront pas en présences l’unes de l’autres, elles seront simplement ce qu’elles sont, isolément de ce qu’elle ne sont pas, car elles sont pleine positivité et que positivité.

Le pour-soi est donc l’être en présence à l’être. Cette présence se caractérise par une relation intérieur négative, c’est-à-dire que le pour-soi se sait être en présence de nombreux êtres qui ne sont pas lui.

L’en-soi n’est que ce qu’il est, le pour-soi est également ce qu’il n’est pas, il pose le néant dans le monde.

L'ipséité est le terme qui désigne le pour-soi est ce qui n’est pas l’être avec lequel il est en présence puisque c’est être est de l’en-soi tandis que lui est un pour-soi qui n’est pas identique à lui-même : il a à être. Le pour-soi est ici ce qu’il n’est pas. (relativement à la présence de l’en-soi hors de lui, et non plus à son propre en-soi passe).

Les Mouches est excellent, le thème des remords et de la liberté athée a été joliment décoré https://image.noelshack.com/fichiers/2017/30/4/1501187858-risitassebestreup.png

Je ne suis pas d'accord avec certaines de tes analyses, mais dans les grandes lignes c'est très pertinent ; continue clef :ok:

Par contre je crains l'arrivée massive de chofas quand tu t'attaqueras à l'analyse de l'ouvrage sur la question ... Enfin tu vois lequel :(

Le 23 septembre 2019 à 23:08:36 Pseudo supprimé a écrit :
Je ne suis pas d'accord avec certaines de tes analyses, mais dans les grandes lignes c'est très pertinent ; continue clef :ok:

Par contre je crains l'arrivée massive de chofas quand tu t'attaqueras à l'analyse de l'ouvrage sur la question ... Enfin tu vois lequel :(

Tu n'es pas d'accord avec Sartre ou avec ma compréhension de Sartre.

En revanche je ne résumerai plus mes chapitres à l'avenir, ça me ralentit énormément et quitte à moins comprendre, je préfère accélérer mon rythme et revenir ensuite comprendre les points obscurs

palu , "L'enfer c'est les autres" ca signifie quoi ? https://image.noelshack.com/fichiers/2019/09/4/1551313792-rohff-sticker.png

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6 septembre 2019 à 22:39:51
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