Topic de Laganosse :

l'Être chez Voegelin et le QUADRIPARTI chez Heidegger sont DEUX CONCEPTS qui se RESSEMBLENT

Vous en pensez quoi de la comparaison entre les deux concepts ? :(

Il est selon moi très intéressant de tisser une filiation (rapport au divin) entre la structure quaternaire de l'Être et le quadriparti d'Heidegger ayant pour origine les poèmes hölderliniens, qui est le « poète du poète » pour tout érudit d'idéalisme allemand.

L’entreprise philosophique de Voegelin résulte d'une tentative pour restituer à la conscience toute son épaisseur et toute son ambiguïté originelles, en l’éclairant à partir de la notion platonicienne de metaxy, cette situation d’« entre-deux » qui est le propre de l’existence questionnante de l’homme dans le monde, ouverte érotiquement au mystère de l’être et à la transcendance divine, oscillant continuellement entre l’ignorance et le savoir, le temps et l’éternité, l’imperfection et la perfection, la mort et la vie. Ce sont les mêmes caractéristiques intrinsèques à la genèse du principe du Geviert dans la pensée heidéggerienne.

Or, en substituant à cette pensée de l’ouverture non dogmatique au mystère divin du fondement de l’existence une pensée de l’appropriation de la vérité, pouvant être réalisée ici et maintenant dans l’immanence du monde, sans plus aucune ouverture questionnante sur le mystère de la transcendance, les sociétés européennes nées de l’époque des Lumières (dont ces deux auteurs sont issus) sont progressivement entrées dans une époque de déformation de la réalité, dans la mesure où ces sociétés ont cherché à évacuer purement et simplement de l’existence des hommes ce qui en constitue pourtant la dimension essentielle, à savoir qu’ils font l’expérience d’eux-mêmes comme étant des êtres qui n’existent pas seulement par eux-mêmes : ils existent dans un monde déjà donné, et ce monde lui-même existe en raison d’un mystère, celui, précisément, de la cause de l’être du monde.

C’est cette expérience qui est désormais comme refusée. Les réalités exclues peuvent sans doute être très diverses, mais l’une de celles qui doivent l’être est l’expérience de la tension de l’homme vers le principe divin de son existence.

L’époque moderne est celle du manque des dieux, de leur absence des affaires humaines. À ce manque mais aussi à la mort de Dieu, qui laisse un lieu métaphysique vide, Heidegger dit dans « Nietzsches Wort : Gott ist tot »  ; par conséquent l’homme de la technique répond par un renforcement de l’échelle des valeurs – renversée mais non dépassée par Nietzsche, déterminée par l’autorité étendue du principium reddendae rationis – et par la culture, liée selon Heidegger à la nouvelle autorité de l’instinct social  et ne représentant qu’un « palliatif du défaut des dieux ». :ok:

Intéressant.

Que la structure quaternaire et le Quadriparti relèvent du même geste, voilà en effet la question. Mais que le principe du Geviert relève génétiquement de la même impulsion que l'entreprise voegelinienne me semble nécessiter de plus amples recherches : d'une part des hypothèses, de l'autre une méthode. Que Voegelin et Heidegger trouvent l'impulsion de leur philosophie dans des problèmes similaires, rien n'est plus vrai (on peut par exemple se référer au problème de la subjectivité : les deux auteurs font la même critique d'Husserl : si l'ego transcendantal est un donné, qu'il est le principe à partir duquel tout phénomène se révèle, d'où vient la condition de possibilité de la donation de l'ego ? etc (voir les lettres à Leo Strauss de Voegelin, par ex.).

De fait, par la remise en exergue du Fondement chez Voegelin ou de l'Être comme efficace et fonction transitive de la donation de l'étant, on peut en effet admettre des similitudes. Pour construire le chemin comparatif il faut, il me semble, comparer le comparable. Par exemple, la possible proximité du terme de metaxy avec le dasein heideggerien. De l'autre, la structure quaternaire avec le Quadriparti.

En ce qui concerne ces similitudes, elles me semblent pour l'instant assez nombreuses: le metaxy est une sensorium de transcendance, constamment en tension vers le Fondement (cf l'article Raison et expérience classique), et le dasein cet être-le-là, la région non-ontique où la transitivité de l'être se fait jour. La structure quaternaire comme le Quadriparti fondent le monde, en ce sens où ils permettent tous deux un évènement appropriant : dans le 28e volume de ses collected works, Voegelin parle en effet de l'évènement ontique que représente l'éruption théophanique (par exemple la vision de l'épekeina tes ousias de la République) au-delà du sujet-objet (la structure quaternaire est à la fois un donné intemporel, condition de possibilité de l'évènement, mais aussi ce qui sera modifié par l'évènement, cf. le problème des différents sauts ontologiques voegeliniens au sein du procès de réalité qui modifient chaque membre de la structure), de la même manière que la quadrature du Quadriparti heideggerien fonde le monde en permettant l'évènement appropriant, l'Ereignis, lui-aussi au-delà du sujet-objet (voir l'article de Franck Darwiche sur le Divin chez Heidegger).

Mais des disparités assez importantes, malgré l'état embryonnaire de mes recherches actuelles, sont assez vite apparues : d'abord le metaxy est ce sensorium de transcendance, mais il est aussi le Monde et l'Histoire (le monde qui n'est ni immanent ni transcendant, voir la lecture voegelinienne de l'apeiron d'Anaximandre dans Order and History volume 4 d'une part et la lecture faire du Timée de Platon dans Order and History volume 3 et 5 ; l'Histoire comme champ de transcendance et eikon de l'éternité tel que développé dans son CW 28 et dans OH 4). Monde et Histoire sont en effet entre-deux seulement en vertu de la conscience metaxyque, mais l'ambiguité terminologique reste. On ne saurait comparer le metaxy au dasein sans pervertir l'un ou l'autre, parce que ce dernier n'est que le domaine de la manifestation de l'être.
D'autre part, l'évènement ontique voegelinien n'est pas l'Ereignis heideggerien, car ce dernier est en fait la condition de possibilité de la manifestation de l'Être comme évènement, et non l'évènement lui-même, il est co-propriation ou Accord.
Enfin, le problème principal que révèle la comparaison entre structure quaternaire voegelinienne et quadriparti, c'est qu'ils ne révèlent pas exactement du même geste à proprement parler. Dans le détail, ils diffèrent, tout simplement là où diffèrent les deux philosophies. L'une a la finesse politique (au sens existentiel) sans en avoir la finesse métaphysique (ce qui implique une bien plus grande acuité sur l'évolution des différentes weltanschauung à travers l'histoire chez Voegelin, jusqu'à sa magistrale leçon sur l'Histoire comme champ de transcendance ou terrain de jeu de Dieu), l'autre la finesse métaphysique sans avoir la finesse existientielle. Le Geviert a le défaut de ses qualités : parce qu'il est extrêmement poétique, il exprime avec une rare intensité les conditions de possibilité de l'avènement de l'Être et sa relation avec l'homme, mais il me semble plus ambivalent que la structure quaternaire voegelinienne. Cette dernière n'a pas seulement pour but de traduire la relation de l'Homme au Fondement ou à l'Être, mais d'en déduire toutes les implications existentielles telles qu'elles se manifestent sous formes symboliques dans les sociétés à travers l'histoire, ce qui n'est pas le cas chez Heidegger.

Je m'arrête là, vu le pavé, et parce qu'il est totalement improvisé (ça fait quelques temps que je n'ai plus lu Voegelin), mais je crois avoir montré ce qui me semblait être comparable ou non chez les deux auteurs. Sans doute une partie te semblera obscure (parce qu'elle nécessite une connaissance de Voegelin assez poussée, notamment en ce qui concerne le Monde et l'Histoire comme metaxy, domaine assez peu traité même chez les rares spécialistes existant), mais au mieux elle peut pousser à la recherche.

Du coup, il me semble que tu dis vrai dans ce que tu dis, mais ça oblitère des problèmes qui relèvent de l'ordre du détail, à savoir qu'au fond, quand même, Heidegger est un moins bon critique de la modernité que Voegelin, alors qu'il est meilleur métaphysicien (je mets à part le traitement de la question de la technique, qui par contre est sublime).

Du coup, il me semble que tu dis vrai dans ce que tu dis, mais ça oblitère des problèmes qui relèvent de l'ordre du détail, à savoir qu'au fond, quand même, Heidegger est un moins bon critique de la modernité que Voegelin, alors qu'il est meilleur métaphysicien (je mets à part le traitement de la question de la technique, qui par contre est sublime).

Voegelin apparaît moins comme un antimoderne que comme le partisan d’une modernité de compromis, qui tempère l’immanence de son geste fondateur en s’entourant de garde-fous contre les tentations nihilistes attachées à ce geste. À la généalogie des religions politiques contemporaines, il oppose une autre généalogie de la modernité, qui passe par Machiavel, Bodin, Vico, les grands pragmatistes américains ou encore Bergson. Tous ont en commun d’avoir résisté à l’esprit de dogmatisation des temps modernes en préservant le caractère zététique de la pensée. La religion, prise en ce sens, est l’un de ces garde-fous – un autre en seraient les études classiques, dont Voegelin déplorait l’abandon dans les cursus universitaires.

Le 18 août 2021 à 19:24:29 :

Du coup, il me semble que tu dis vrai dans ce que tu dis, mais ça oblitère des problèmes qui relèvent de l'ordre du détail, à savoir qu'au fond, quand même, Heidegger est un moins bon critique de la modernité que Voegelin, alors qu'il est meilleur métaphysicien (je mets à part le traitement de la question de la technique, qui par contre est sublime).

Voegelin apparaît moins comme un antimoderne que comme le partisan d’une modernité de compromis, qui tempère l’immanence de son geste fondateur en s’entourant de garde-fous contre les tentations nihilistes attachées à ce geste. À la généalogie des religions politiques contemporaines, il oppose une autre généalogie de la modernité, qui passe par Machiavel, Bodin, Vico, les grands pragmatistes américains ou encore Bergson. Tous ont en commun d’avoir résisté à l’esprit de dogmatisation des temps modernes en préservant le caractère zététique de la pensée. La religion, prise en ce sens, est l’un de ces garde-fous – un autre en seraient les études classiques, dont Voegelin déplorait l’abandon dans les cursus universitaires.

Intéressant, je ne savais pas du tout ! Toujours mieux que la posture quiétiste d'un Evola encourageant à chevaucher le tigre pour mieux s'y briser les couilles - ou les laisser se dissoudre oklm.
Les études classiques, je dis oui et mille fois oui. D'ailleurs il est intéressant de constater qu'en France, en histoire médiévale et contemporaine, ainsi qu'en philosophie et en filières de langues anciennes (grec, latin), ces milieux demeurent relativement préservés de la SJWisation intégrale du discours. Aux Etats-Unis par contre ces sphères se font de plus en plus attaquées, toute entreprise critique et intellectuelle visant à sortir de cette immanentisation systématique de l'expérience humaine étant de plus en plus labellisée du label "alt-right".

Voegelin réactualise la structure quaternaire du symbole qu'Heidegger déduisait des poèmes d'Hölderlin comme le quadriparti de l'être.

Voegelin est le meilleur bouffeur de marxistes jamais, il me semble que dans sa correspondance avec Leo Strauss il qualifiait le marxisme et l'hégélianisme de "philosophies pour enfant de 8 ans". Vu l'étendue de la sienne ainsi que son érudition, il n'avait franchement pas tort.

Ce genre de textes écœurants parsemés de termes techniques inutiles qui pourraient tout aussi bien se résumer en quelques lignes toutes simples.
Mais non, ça préfère faire les kékés à blablater pendant des siècles. C'est pour ça que j'ai arrêté de lire de la philo. Trop chiant. Pour moi la plupart des philosophes sont des mathématiciens des mots. Ils utilisent la langue comme on utiliserait les chiffres dans des calculs. Scientifiquement, je les soupçonne également de penser par calculs.
Soit, tant mieux que cet angle existe. Mais ce n'est pas du tout mon approche des choses.

Le 18 août 2021 à 19:28:49 :

Le 18 août 2021 à 19:24:29 :

Du coup, il me semble que tu dis vrai dans ce que tu dis, mais ça oblitère des problèmes qui relèvent de l'ordre du détail, à savoir qu'au fond, quand même, Heidegger est un moins bon critique de la modernité que Voegelin, alors qu'il est meilleur métaphysicien (je mets à part le traitement de la question de la technique, qui par contre est sublime).

Voegelin apparaît moins comme un antimoderne que comme le partisan d’une modernité de compromis, qui tempère l’immanence de son geste fondateur en s’entourant de garde-fous contre les tentations nihilistes attachées à ce geste. À la généalogie des religions politiques contemporaines, il oppose une autre généalogie de la modernité, qui passe par Machiavel, Bodin, Vico, les grands pragmatistes américains ou encore Bergson. Tous ont en commun d’avoir résisté à l’esprit de dogmatisation des temps modernes en préservant le caractère zététique de la pensée. La religion, prise en ce sens, est l’un de ces garde-fous – un autre en seraient les études classiques, dont Voegelin déplorait l’abandon dans les cursus universitaires.

Intéressant, je ne savais pas du tout ! Toujours mieux que la posture quiétiste d'un Evola encourageant à chevaucher le tigre pour mieux s'y briser les couilles - ou les laisser se dissoudre oklm.
Les études classiques, je dis oui et mille fois oui. D'ailleurs il est intéressant de constater qu'en France, en histoire médiévale et contemporaine, ainsi qu'en philosophie et en filières de langues anciennes (grec, latin), ces milieux demeurent relativement préservés de la SJWisation intégrale du discours. Aux Etats-Unis par contre ces sphères se font de plus en plus attaquées, toute entreprise critique et intellectuelle visant à sortir de cette immanentisation systématique de l'expérience humaine étant de plus en plus labellisée du label "alt-right".

Il y a un certain phénomène d'ASJW en France justement, qui a su anticiper les dérives et après coups de la SJWisation américaine, ce qui nous a permis de nous préserver des idées progressistes, nivellantes et révisionnistes de domaines historiques, philosophiques voire linguistiques tout en gardant une honnêteté intellectuelle dans les recherches.

Le 18 août 2021 à 19:33:25 :
Ce genre de textes écœurants parsemés de termes techniques inutiles qui pourraient tout aussi bien se résumer en quelques lignes toutes simples.
Mais non, ça préfère faire les kékés à blablater pendant des siècles. C'est pour ça que j'ai arrêté de lire de la philo. Trop chiant. Pour moi la plupart des philosophes sont des mathématiciens des mots. Ils utilisent la langue comme on utiliserait les chiffres dans des calculs. Scientifiquement, je les soupçonne également de penser par calculs.
Soit, tant mieux que cet angle existe. Mais ce n'est pas du tout mon approche des choses.

Bof, pour Heidegger, Voegelin, Nietzscne, Schürmann et compagnie, on est très, très loin d'un formalisme mathématique - je t'assure. On ne parle vraiment pas de philosophes de l'esprit contemporains ou de logiciens hardcore comme Frege et ses épigônes, voire Wittgenstein.

Au fond dans les philosophes classiques avec une approche très mathématisée de la pensée, il y a Leibniz ou Whitehead, peut-être Schelling aussi qui glissait quelques équations pour faire comprendre des concepts, et encore. Sans doute Pythagore, aussi.

Le 18 août 2021 à 19:33:25 :
Ce genre de textes écœurants parsemés de termes techniques inutiles qui pourraient tout aussi bien se résumer en quelques lignes toutes simples.
Mais non, ça préfère faire les kékés à blablater pendant des siècles. C'est pour ça que j'ai arrêté de lire de la philo. Trop chiant. Pour moi la plupart des philosophes sont des mathématiciens des mots. Ils utilisent la langue comme on utiliserait les chiffres dans des calculs. Scientifiquement, je les soupçonne également de penser par calculs.
Soit, tant mieux que cet angle existe. Mais ce n'est pas du tout mon approche des choses.

Je pense c'est extrêmement difficile de ne pas passer par la sémantique et le cadre conceptuel fourni dans un tel pavé si on veut en faire un commentaire ou une analyse approfondie

Le 18 août 2021 à 19:17:36 :
Intéressant.

Que la structure quaternaire et le Quadriparti relèvent du même geste, voilà en effet la question. Mais que le principe du Geviert relève génétiquement de la même impulsion que l'entreprise voegelinienne me semble nécessiter de plus amples recherches : d'une part des hypothèses, de l'autre une méthode. Que Voegelin et Heidegger trouvent l'impulsion de leur philosophie dans des problèmes similaires, rien n'est plus vrai (on peut par exemple se référer au problème de la subjectivité : les deux auteurs font la même critique d'Husserl : si l'ego transcendantal est un donné, qu'il est le principe à partir duquel tout phénomène se révèle, d'où vient la condition de possibilité de la donation de l'ego ? etc (voir les lettres à Leo Strauss de Voegelin, par ex.).

De fait, par la remise en exergue du Fondement chez Voegelin ou de l'Être comme efficace et fonction transitive de la donation de l'étant, on peut en effet admettre des similitudes. Pour construire le chemin comparatif il faut, il me semble, comparer le comparable. Par exemple, la possible proximité du terme de metaxy avec le dasein heideggerien. De l'autre, la structure quaternaire avec le Quadriparti.

En ce qui concerne ces similitudes, elles me semblent pour l'instant assez nombreuses: le metaxy est une sensorium de transcendance, constamment en tension vers le Fondement (cf l'article Raison et expérience classique), et le dasein cet être-le-là, la région non-ontique où la transitivité de l'être se fait jour. La structure quaternaire comme le Quadriparti fondent le monde, en ce sens où ils permettent tous deux un évènement appropriant : dans le 28e volume de ses collected works, Voegelin parle en effet de l'évènement ontique que représente l'éruption théophanique (par exemple la vision de l'épekeina tes ousias de la République) au-delà du sujet-objet (la structure quaternaire est à la fois un donné intemporel, condition de possibilité de l'évènement, mais aussi ce qui sera modifié par l'évènement, cf. le problème des différents sauts ontologiques voegeliniens au sein du procès de réalité qui modifient chaque membre de la structure), de la même manière que la quadrature du Quadriparti heideggerien fonde le monde en permettant l'évènement appropriant, l'Ereignis, lui-aussi au-delà du sujet-objet (voir l'article de Franck Darwiche sur le Divin chez Heidegger).

Mais des disparités assez importantes, malgré l'état embryonnaire de mes recherches actuelles, sont assez vite apparues : d'abord le metaxy est ce sensorium de transcendance, mais il est aussi le Monde et l'Histoire (le monde qui n'est ni immanent ni transcendant, voir la lecture voegelinienne de l'apeiron d'Anaximandre dans Order and History volume 4 d'une part et la lecture faire du Timée de Platon dans Order and History volume 3 et 5 ; l'Histoire comme champ de transcendance et eikon de l'éternité tel que développé dans son CW 28 et dans OH 4). Monde et Histoire sont en effet entre-deux seulement en vertu de la conscience metaxyque, mais l'ambiguité terminologique reste. On ne saurait comparer le metaxy au dasein sans pervertir l'un ou l'autre, parce que ce dernier n'est que le domaine de la manifestation de l'être.
D'autre part, l'évènement ontique voegelinien n'est pas l'Ereignis heideggerien, car ce dernier est en fait la condition de possibilité de la manifestation de l'Être comme évènement, et non l'évènement lui-même, il est co-propriation ou Accord.
Enfin, le problème principal que révèle la comparaison entre structure quaternaire voegelinienne et quadriparti, c'est qu'ils ne révèlent pas exactement du même geste à proprement parler. Dans le détail, ils diffèrent, tout simplement là où diffèrent les deux philosophies. L'une a la finesse politique (au sens existentiel) sans en avoir la finesse métaphysique (ce qui implique une bien plus grande acuité sur l'évolution des différentes weltanschauung à travers l'histoire chez Voegelin, jusqu'à sa magistrale leçon sur l'Histoire comme champ de transcendance ou terrain de jeu de Dieu), l'autre la finesse métaphysique sans avoir la finesse existientielle. Le Geviert a le défaut de ses qualités : parce qu'il est extrêmement poétique, il exprime avec une rare intensité les conditions de possibilité de l'avènement de l'Être et sa relation avec l'homme, mais il me semble plus ambivalent que la structure quaternaire voegelinienne. Cette dernière n'a pas seulement pour but de traduire la relation de l'Homme au Fondement ou à l'Être, mais d'en déduire toutes les implications existentielles telles qu'elles se manifestent sous formes symboliques dans les sociétés à travers l'histoire, ce qui n'est pas le cas chez Heidegger.

Je m'arrête là, vu le pavé, et parce qu'il est totalement improvisé (ça fait quelques temps que je n'ai plus lu Voegelin), mais je crois avoir montré ce qui me semblait être comparable ou non chez les deux auteurs. Sans doute une partie te semblera obscure (parce qu'elle nécessite une connaissance de Voegelin assez poussée, notamment en ce qui concerne le Monde et l'Histoire comme metaxy, domaine assez peu traité même chez les rares spécialistes existant), mais au mieux elle peut pousser à la recherche.

Du coup, il me semble que tu dis vrai dans ce que tu dis, mais ça oblitère des problèmes qui relèvent de l'ordre du détail, à savoir qu'au fond, quand même, Heidegger est un moins bon critique de la modernité que Voegelin, alors qu'il est meilleur métaphysicien (je mets à part le traitement de la question de la technique, qui par contre est sublime).

Je pense que tu as raison de différencier la critique de modernité dans leur intensité chez les deux, malgré qu'elle puisse aboutir à un même constat, par le rapport et l'usage de la métaphysique (sous couvert d'une forme poétique reprise d'Hölderlin) par l'un et une trajectoire du mystique à but ethico-politique par l'autre.

Il est aussi audacieux de se pencher de plus près à la différence pneumatique instrumentalisée par la figure de Paul dont Voegelin le rappelle dans sa philosophie de l'ordre, qui est l'une des dissemblances dont tu as peut-être occulté pour une préférence envers une différence noétique.

Cet événement theophanique qui marquera selon moi profondément l'Occident dans son rapport à lui même, à savoir la vision paulinienne de la Résurrection, comme une autre forme de symbolisation de l'expérience metaxyque de l'homme que tu évoquais plus tôt. Ce second problème apparaît certes comme plus délicat que l'analyse de la noèse grecque, d'une part parce que la question de la Révélation religieuse a été obscurcie et déformée par des siècles de théologie dogmatique tout comme de ressentiment laïque, mais d'autre part aussi parce que Paul n'a pas écrit dans le langage d'un philosophe, mais dans celui plus troublant d'un visionnaire. Aussi, Voegelin tentera à nouveau de décrire l'événement dans sa pureté originelle, en prêtant une grande attention aux termes grecs utilisés par Paul pour symboliser son expérience. La vision paulinienne du Christ ressuscité après la mort sur la route de Damas conduit à un traitement du rapport entre mort et immortalité (aphtharsia) différent de celui qu'avait formulé la noèse grecque, mais avec un même recours à la narration mythopoétique. La question de la mort, du dépérissement, la phthora, y est traitée dans une nouvelle perspective : alors que dans la théophanie noétique des philosophes grecs, la psyche est maintenue en équilibre dans le cosmos, dans le rythme de la genèse et du dépérissement, la théophanie de Paul sera dite pneumatique car elle introduit une différence nouvelle dans le traitement de l'au-delà : la vision paulinienne de la Résurrection exprime la quête de l'homme vers l'immortalité, s'il s'ouvre à l'esprit (pneuma) divin. La chair et le sang, le soma psychikon, ne pouvant pas entrer dans le royaume de Dieu ; ils doivent se transformer en soma pneumatikon, et la foi en la personne du Christ marquera la participation active dans la même pneuma divine que celle du Jésus de la Résurrection. La vision est en cela plus qu'un simple événement theophanique, mais elle est le début de ce que Voegelin désignera comme l'expérience de la transfiguration elle-même : « une telle compréhension de la vision est néanmoins seulement possible si l'expérience d'une réalité paradoxalement en mouvement vers l'au-delà divin de sa structure, si le mouvement de la psyche vers la profondeur divine se poursuit jusqu'au point où l'existence dans les conditions de genesis et de phthora se révèle comme un événement dans l'histoire de l'au-delà ».

C'est ici que je juge primordial de féliciter cette vision qui exprime donc aussi la nature de l'existence comme metaxy, car elle ne peut dès lors devenir objet de savoir : « il n'y a pas d'objet de la vision autre que la vision telle qu'elle est reçue ; et il n'y a pas de sujet de la vision autre que la réponse dans l'âme de l'homme à la présence divine. La vision émerge par nitescence comme un symbole à partir de la metaxy, et le symbole est à la fois humain et divin ». La question de « croire », « d'accepter » cette symbolisation en devient dès lors une question virtuellement dénuée de sens : le philosophe au sens large du terme devra seulement tenter de la comprendre, de percevoir quelle expérience de l'existence elle est supposée exprimer et symboliser.
Cette même vision doit être comprise comme une différenciation de la conscience face à l'irruption d'une réalité immaîtrisée, désignée comme divine, qui situe l'histoire et l'existence de l'homme comme ouverte sur cet au-delà immaîtrisé. La vision paulinienne telle que la conçevait Voegelin, au-delà de tout débat christologique, exprime à travers un schéma mythique donc avant tout une expérience de l'homme face à une réalité qu'il ne maîtrise pas.
C'est pourquoi l'événement théophanique de la différenciation pneumatique introduit du sens dans l'histoire, avec une certitude presque apocalyptique, et là réside son influence décisive pour le devenir ultérieur : avec Paul, l' « attente métastatique de la Seconde Venue a commencé la longue histoire de déceptions ».
L'apocalypse paulinienne, comme quête de l'illumination pneumatique, inaugure une tradition propre à l'Occident et induit ce désir d'accomplissement sans lequel l'histoire telle que nous sommes habitués à la lire n'existerait pas. Cette temporalisation nouvelle de l'existence affirmée par la Révélation, valorisant l'histoire comme manifestation directe et irréversible de Dieu dans le monde et la foi comme unique moyen de salut, a selon moi apporté une rationalité nouvelle dans la compréhension de l'homme et de son devenir.

Le 18 août 2021 à 19:33:25 :
Ce genre de textes écœurants parsemés de termes techniques inutiles qui pourraient tout aussi bien se résumer en quelques lignes toutes simples.
Mais non, ça préfère faire les kékés à blablater pendant des siècles. C'est pour ça que j'ai arrêté de lire de la philo. Trop chiant. Pour moi la plupart des philosophes sont des mathématiciens des mots. Ils utilisent la langue comme on utiliserait les chiffres dans des calculs. Scientifiquement, je les soupçonne également de penser par calculs.
Soit, tant mieux que cet angle existe. Mais ce n'est pas du tout mon approche des choses.

Quand on sait que ton Marx n'aura fait que piquer son concept de lutte des classes à celui de lutte des races des proto-racialistes français tels que Boulainvilliers, on peut pas lui donner tort :(

Le 18 août 2021 à 19:46:56 :

Le 18 août 2021 à 19:33:25 :
Ce genre de textes écœurants parsemés de termes techniques inutiles qui pourraient tout aussi bien se résumer en quelques lignes toutes simples.
Mais non, ça préfère faire les kékés à blablater pendant des siècles. C'est pour ça que j'ai arrêté de lire de la philo. Trop chiant. Pour moi la plupart des philosophes sont des mathématiciens des mots. Ils utilisent la langue comme on utiliserait les chiffres dans des calculs. Scientifiquement, je les soupçonne également de penser par calculs.
Soit, tant mieux que cet angle existe. Mais ce n'est pas du tout mon approche des choses.

Quand on sait que ton Marx n'aura fait que piquer son concept de lutte des classes à celui de lutte des races des proto-racialistes français tels que Boulainvilliers, on peut pas lui donner tort :(

Non, il l'a piqué à Auguste Compte.
Et est-ce que tu troll ou est-ce que tu considères vraiment que Marx est Médiocre ?

Je comprends rien de rien putain. Pourtant j'ai un master en maths.

Les golems qui perdent du temps à faire ce genre de pavés https://image.noelshack.com/fichiers/2016/24/1466366209-risitas24.png

Sélection naturelle https://image.noelshack.com/fichiers/2016/24/1466366209-risitas24.png

Le 18 août 2021 à 19:48:07 :

Le 18 août 2021 à 19:46:56 :

Le 18 août 2021 à 19:33:25 :
Ce genre de textes écœurants parsemés de termes techniques inutiles qui pourraient tout aussi bien se résumer en quelques lignes toutes simples.
Mais non, ça préfère faire les kékés à blablater pendant des siècles. C'est pour ça que j'ai arrêté de lire de la philo. Trop chiant. Pour moi la plupart des philosophes sont des mathématiciens des mots. Ils utilisent la langue comme on utiliserait les chiffres dans des calculs. Scientifiquement, je les soupçonne également de penser par calculs.
Soit, tant mieux que cet angle existe. Mais ce n'est pas du tout mon approche des choses.

Quand on sait que ton Marx n'aura fait que piquer son concept de lutte des classes à celui de lutte des races des proto-racialistes français tels que Boulainvilliers, on peut pas lui donner tort :(

Non, il l'a piqué à Auguste Compte.
Et est-ce que tu troll ou est-ce que tu considères vraiment que Marx est Médiocre ?

Non non il a bien piqué à Boulainvilliers.

Tout comme Foucault qui a repris la dialectique hégélienne et marxiste en une lutte des sexes dans la 3ème vague du féminisme.

Tous ses mémoires pour finir bouclé sur la planète forum https://image.noelshack.com/fichiers/2016/38/1474488555-jesus24.png
Tous ses mémoires pour finir bouclé sur la planète forum https://image.noelshack.com/fichiers/2016/38/1474488555-jesus24.png

Le 18 août 2021 à 19:49:56 :
Je comprends rien de rien putain. Pourtant j'ai un master en maths.

:rire:

Le 18 août 2021 à 19:51:15 :

Le 18 août 2021 à 19:48:07 :

Le 18 août 2021 à 19:46:56 :

Le 18 août 2021 à 19:33:25 :
Ce genre de textes écœurants parsemés de termes techniques inutiles qui pourraient tout aussi bien se résumer en quelques lignes toutes simples.
Mais non, ça préfère faire les kékés à blablater pendant des siècles. C'est pour ça que j'ai arrêté de lire de la philo. Trop chiant. Pour moi la plupart des philosophes sont des mathématiciens des mots. Ils utilisent la langue comme on utiliserait les chiffres dans des calculs. Scientifiquement, je les soupçonne également de penser par calculs.
Soit, tant mieux que cet angle existe. Mais ce n'est pas du tout mon approche des choses.

Quand on sait que ton Marx n'aura fait que piquer son concept de lutte des classes à celui de lutte des races des proto-racialistes français tels que Boulainvilliers, on peut pas lui donner tort :(

Non, il l'a piqué à Auguste Compte.
Et est-ce que tu troll ou est-ce que tu considères vraiment que Marx est Médiocre ?

Non non il a bien piqué à Boulainvilliers.

Tout comme Foucault qui a repris la dialectique hégélienne et marxiste en une lutte des sexes dans la 3ème vague du féminisme.

Je vais me renseigner plus sur le sujet, mais de ce que j'en sais c'est qu'Auguste Comte est le premier à avoir utilisé le concept ( après pas sûr que l'influence vient forcément de lui).

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Laganosse
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18 août 2021 à 18:40:59
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