Topic de HideakiAnonyme :

Mektoub, my Love : Canto uno

Personne, absolument personne, ne parvient à mieux capturer la sensualité féminine qu’Abdellatif Kechiche.

Cette pensée m’avait déjà frappé il y a cinq ans de cela lorsque, dans l’obscurité d’une salle de cinéma, je découvris La Vie d’Adèle. Aujourd’hui, je me trouve à nouveau confronter au talent singulier de Kechiche, à cette faculté de capter l'érotisme dans son caractère le plus évident, le plus proche de réel. L’une des premières scènes voit une baise passionnelle entre le personnage d’Ophélie, muse inassumée du héros, et Toni, cousin de ce dernier. Devant la caméra de Kechiche, aucun artifice. L'épiderme se plisse, les vergetures se dessinent, les corps s’entrechoquent dans une confusion exaltante.

Mektoub, my Love est une ode à la grâce, un poème magnifique dédié à la beauté des moments les plus communs. Le film s’ouvre sur deux citations, l’une du Nouveau Testament et l’autre du Coran, qui place toutes les deux la Lumière au centre de ce film. Une Lumière qui submerge la plupart des plans et qui apporte une grâce solaire, que dis-je Divine, à chaque instant en apparence insignifiant.

Qu’il filme des chutes de reins callipyges ou la naissance de brebis, le réalisateur nous montre, à travers les yeux de son héros - tour à tour voyeur, spectateur et lâche - les fragments fugaces d’une esthétique encore ancrée de nos vies malgré la caractère liquide de notre époque. Les relations sont volages, les désirs mimétiques, les relations triangulaires, mais il y a une bienveillance, une authenticité, derrière chaque geste filmé.

L’amour véritable n’est jamais présent dans les relations dépeintes mais au contraire dans la manière dont Kechiche traite ses personnages. Le réalisateur comme Amine, son protagoniste, observe chaque âme de cette Divine Comédie avec une certaine candeur douce-amère.

Car comme Slavoj Zizek le disait en substance, en amour, on perçoit la beauté éternelle dans l’individu vulgaire.

Eh bordel, la scène de baise du début du film est accompagnée de cette musique intradiégétique :
https://youtu.be/65OWpRz9yYA :content:
Mes kheys d’origine maghrébine, osez me dire que c’est pas une idée de génie ! :bave:

Et le héros est un Célestin bg timide qui se montre trop passif avec les filles et voit toutes ses tentatives lui filer sous le nez. :ok:

Ça devrait parler à tout le monde ici :ok:

Flemme mais comme t'as cité Slavoj Zizek t'as un lien pour lire ce qu'il dit à ce propos ? :hap:
Un film francais? non merci

Le 22 mars 2018 à 17:43:49 tomscholz a écrit :
Flemme mais comme t'as cité Slavoj Zizek t'as un lien pour lire ce qu'il dit à ce propos ? :hap:

http://youtu.be/AoNNG9byXuw

Le 22 mars 2018 à 17:43:59 DopeLemon a écrit :
Un film francais? non merci

Je suis le premier à chier sur ce que devient le cinéma français depuis la dégénérescence de la Nouvelle Vague mais il y a des exceptions. Le cinéma de Kechiche est de ces exceptions. C’est un film SUBLIME !

https://image.noelshack.com/fichiers/2018/12/4/1521737352-gal.jpg
Cette déesse :cimer:
Véritable Vénus Callipyge :cimer:

Le 22 mars 2018 à 17:54:09 Jaylal a écrit :
Forum Cinéma.

Non merci.

Le 22 mars 2018 à 19:19:00 Nirolo a écrit :
Tu l'as vendu du rêve :bave:
j'irai voir ça ce week-end end

Fonce mon khozolozo, j’ai même envie d’y retourner dès ce soir :bave:

Les films de Kechiche sont toujours guidés par la saturation, le trop plein, l’ivresse sous toutes ses formes. Dans l’Esquive, l’ivresse est plutôt langagière; dans la Vie d’Adèle elle est plutôt sexuelle mais le cinéma de Kechiche oscille généralement entre ces deux pôles indissociables : la profusion verbale et l’électricité des corps. La parole échauffe les corps comme les corps génèrent la parole, et le film est la circulation des corps et des paroles, les paroles étant les commentaires de l’action des corps. Contrairement aux films de Desplechin, où les dialogues sont très intellectualisés et où la parole provient directement de la culture du personnage et des livres qu’il a lus, la parole est une secrétion corporelle, comme les larmes ou le sperme.
C’est cet élément qui fait de son cinéma un cinéma proprement naturaliste, car formellement il a beaucoup plus d’analogies avec le ballet surtout dans ce film où les personnages passent d’un bras à l’autre selon une mécanique du désir qu’orchestre le film avec un brio certain. Dans Mektoub my Love, le trop-plein kechichien est représenté par une paire de fesses qui déborde du minishort. Le cul féminin est omniprésent, il déborde du minishort des protagonistes comme il déborde du cadre. Le cul symbolise aussi l’ambition formelle de Kechiche, comme si il cherchait à épuiser les culs, à les vider de leur tension sexuelle à force de les faire se dandiner pendant trois heures. A propos de tension érotique, il faut louer la performance de Lou Luttiau qui incarne Céline, révélation du film et dont la carrière me paraît prometteuse.
Sur le plan politique, le film est cependant assez consternant. Il nous dépeint des français(es) complètement acculturé(e)s à la culture maghrébine et des maghrébins tels qu’ils pourraient être si ils étaient européens; certes c’est un film de vacances et la légèreté et l’insouciance est la norme dans ce type de films (et ce, aussi bien dans les films de Rohmer que dans les Bronzés, le film de vacances est une spécialité française) mais le spectateur ne peut s’empêcher d’éprouver un certain malaise devant ce spectacle. Il est fort probable que la réconciliation, après avoir été le mot d’ordre de la mouvance soralienne, soit devenu aussi celui du cinéma français. Il aurait mieux valu que le film soit exempt de ce contexte ethnico-politique. C’est la raison pour laquelle je vais préférer, dans le même genre, l’excellent Spring Breakers d’Harmony Korine, qui a le mérite d’aller jusqu’au bout de la décadanse sans pour autant la saupoudrer de vivre-ensemble et d’idéalisation de l’ "Autre".

Le 22 mars 2018 à 20:52:36 [Poleyde a écrit :
Les films de Kechiche sont toujours guidés par la saturation, le trop plein, l’ivresse sous toutes ses formes. Dans l’Esquive, l’ivresse est plutôt langagière; dans la Vie d’Adèle elle est plutôt sexuelle mais le cinéma de Kechiche oscille généralement entre ces deux pôles indissociables : la profusion verbale et l’électricité des corps. La parole échauffe les corps comme les corps génèrent la parole, et le film est la circulation des corps et des paroles, les paroles étant les commentaires de l’action des corps. Contrairement aux films de Desplechin, où les dialogues sont très intellectualisés et où la parole provient directement de la culture du personnage et des livres qu’il a lus, la parole est une secrétion corporelle, comme les larmes ou le sperme.
C’est cet élément qui fait de son cinéma un cinéma proprement naturaliste, car formellement il a beaucoup plus d’analogies avec le ballet surtout dans ce film où les personnages passent d’un bras à l’autre selon une mécanique du désir qu’orchestre le film avec un brio certain. Dans Mektoub my Love, le trop-plein kechichien est représenté par une paire de fesses qui déborde du minishort. Le cul féminin est omniprésent, il déborde du minishort des protagonistes comme il déborde du cadre. Le cul symbolise aussi l’ambition formelle de Kechiche, comme si il cherchait à épuiser les culs, à les vider de leur tension sexuelle à force de les faire se dandiner pendant trois heures. A propos de tension érotique, il faut louer la performance de Lou Luttiau qui incarne Céline, révélation du film et dont la carrière me paraît prometteuse.
Sur le plan politique, le film est cependant assez consternant. Il nous dépeint des français(es) complètement acculturé(e)s à la culture maghrébine et des maghrébins tels qu’ils pourraient être si ils étaient européens; certes c’est un film de vacances et la légèreté et l’insouciance est la norme dans ce type de films (et ce, aussi bien dans les films de Rohmer que dans les Bronzés, le film de vacances est une spécialité française) mais le spectateur ne peut s’empêcher d’éprouver un certain malaise devant ce spectacle. Il est fort probable que la réconciliation, après avoir été le mot d’ordre de la mouvance soralienne, soit devenu aussi celui du cinéma français. Il aurait mieux valu que le film soit exempt de ce contexte ethnico-politique. C’est la raison pour laquelle je vais préférer, dans le même genre, l’excellent Spring Breakers d’Harmony Korine, qui a le mérite d’aller jusqu’au bout de la décadanse sans pour autant la saupoudrer de vivre-ensemble et d’idéalisation de l’ "Autre".

Putain, encore un post cancéreux de ta part. Avec une lecture totalement superficielle en plus.

Les français d’origine maghrébine issus de la bourgeoisie ou de la moyenne bourgeoisie sont totalement intégrés. Leurs mœurs sont occidentales et, plus précisément, bourgeoises (libertaires, dans ce contexte, contrairement à une bourgeoisie plus puritaine et religieuse, qui disparaît de toutes façons).

Kechiche, que je connais indirectement, est issu d’une famille tunisienne déclassée, il y a des valeurs et des attitudes différentes entre les générations (sa famille n’a aucun mal à regarder ses films, pourtant explicites dans leur manière de dépeindre les corps, ce qui est un tabou dans les familles maghrébines plus conservatrices). Tu noteras d’ailleurs qu’il n’y a pas de vieux, pas de grands-parents, ces derniers représentent le puritanisme et l’ordre absent du film. Il y a définitivement des aspects culturels dans le film, principalement la musique (la baise au début qui ouvre le film avec un authentique morceau de raï), la danse (le cousin d’Amin qui apprend à Céline comment se déhancher) et le langage (“n’habek” ou bien “nèbrik” ?).

Autant d’éléments que tu ne saisis pas parce que tu n’as aucune idée du fonctionnement de certains groupes sociaux. Tu n’en as ni la connaissance théorique, ni la connaissance empirique.

Putain mais en plus tu cites Spring Breakers :rire:
Spring Breakers traite de l’hyperréalité, on est loin du naturalisme de Kechiche. Quel rapport avec le film hormis les scènes explicites et les séquences festives ? T’es un cotorep ou quoi ? :pf:

J’ai envie d’y retourner cet après-midi, les kheys :-(

On fait un film français mais on arrive à caser trois langues dans son titre SAUF du français. :)

Arabe, Anglais, Espagnol. :)

Et on se sent COSMOPOLITE et PROGRESSISTE. :)

Le 23 mars 2018 à 11:36:43 Saint-Celestin a écrit :
On fait un film français mais on arrive à caser trois langues dans son titre SAUF du français. :)

Arabe, Anglais, Espagnol. :)

Et on se sent COSMOPOLITE et PROGRESSISTE. :)

On devrait interdire l’accès à internet dans les centres pour handicapés mentaux. :(

“Canto Uno”, c’est de l’italien, une référence à des poèmes épiques comme ceux de Dante ou Ezra Pound.

Le 23 mars 2018 à 11:40:56 HideakiAnonyme a écrit :

Le 23 mars 2018 à 11:36:43 Saint-Celestin a écrit :
On fait un film français mais on arrive à caser trois langues dans son titre SAUF du français. :)

Arabe, Anglais, Espagnol. :)

Et on se sent COSMOPOLITE et PROGRESSISTE. :)

On devrait interdire l’accès à internet dans les centres pour handicapés mentaux. :(

“Canto Uno”, c’est de l’italien, une référence à des poèmes épiques comme ceux de Dante ou Ezra Pound.

Propre. Net. Sans bavure.

Ophélie bau seigneur ce cul béni de Dieu. Des la première scène c'est elle qui ouvre le bal, merci kechiche. Concernant le film, il est original et simple, j'ai passé un bon moment.

Le 23 mars 2018 à 21:00:30 Nirolo a écrit :
Je suis tout seul dans la salle :bave:

Ah bon ? Putain, moi c’était blindé de vieux. :(

Le 23 mars 2018 à 22:16:32 EspritSauvage a écrit :
Ophélie bau seigneur ce cul béni de Dieu. Des la première scène c'est elle qui ouvre le bal, merci kechiche. Concernant le film, il est original et simple, j'ai passé un bon moment.

Véritable déesse, je vous dis.

Données du topic

Auteur
HideakiAnonyme
Date de création
22 mars 2018 à 17:35:26
Nb. messages archivés
33
Nb. messages JVC
33
En ligne sur JvArchive 122