Il y a 1300 ans : le siège arabe de Constantinople (717-718).
t'es pas impartial et t'emploies les mauvais termes
L'Empire contre-attaque, 1
La flotte arabe s'était massée dans le golfe de Nicomède, et commençait à décharger une partie de sa cargaison, pour établir une base temporaire sur terre.
(Le golfe de Nicomède, aujourd'hui Golfe d'Izmit :
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/3/3e/Gulf_of_Izmit%2C_Turkey.JPG/1920px-Gulf_of_Izmit%2C_Turkey.JPG
https://c1.staticflickr.com/3/2789/4464708259_d951df7878_z.jpg?zz=1 )
Le moral avait sans doute décliné devant la défection des chrétiens, mais la flotte restait forte, et très supérieure en nombre à celle des Romains.
Mais le pouvoir de la rumeur était terrible. Tous avaient entendu que les Romains étaient des sorciers, des démons maniant le feu. Les survivants du premier combat racontaient, en murmurant, comment leur avancée triomphale et arrogante devant ce qu'ils imaginaient être le futur califat universel, s'était transformée en plongée en enfer. Chacun scrutait nerveusement l'horizon. Les officiers essayaient de maintenir un moral élevé, en expliquant que les Romains étaient des lâches et n'oseraient pas venir s'attaquer ici, en eaux ouvertes, à la puissance de la flotte du Calife.
C'est là qu'un cri perça l'air. "Flotte ennemie à l'horizon ! Les Romains arrivent !". Le cri se transmit de navire en navire, et la panique s'empara de chacun.
Une pleine escadre romaine fondait droit sur eux.
Léon III avait pris le trône juste avant le siège, par un coup d'état habile qui l'avait vu saisir sa chance quand elle s'était présentée. Là où d'autres empereurs étaient hésitants ou lâches, lui savait agir de manière décisive quand l'occasion se présentait. Dès qu'il apprit par les déserteurs égyptiens que les Arabes s'étaient regroupés dans le golfe de Nicomède, il ordonna à toutes les escadres romaines d'attaquer.
La flotte romaine arriva à toute vitesse sur les Arabes. A bord de leurs navires, les hommes préparaient les Siphons, le conduit qui permettait de lancer le Feu Liquide. Les Siphonarii étaient des hommes courageux, car manier le feu ainsi était extrêmement dangereux, d'autant plus sur un navire.
Les Arabes, massés dans le golfe, l'ancre jetée, n'avaient pas la place ou la capacité de manoeuvre pour se présenter en formation, ou même de fuir. Son destin fut scellé.
Les Romains attaquèrent, crachant leur feu sur les navires arabes massés. Ce fut une vision d'apocalypse. La mer toute entière était enflammée, un gigantesque brasier consumant chaque bateau, l'un après l'autre. Il est impossible de savoir exactement combien d'hommes périrent lors de ce combat. Les navires qui le purent s'enfuirent, fuyant l'enfer que les Romains avaient déchaîné contre eux.
Puis, manoeuvrant soigneusement, les Romains débarquèrent et mirent à sac le camp établi par les Arabes, et mirent la main sur l'ensemble des provisions qui devaient aller à l'armée de Maslama.
Chargeant les armes, la nourriture et les matériaux qui devaient servir au siège, ils voguèrent de nouveau dans la ville, où ils furent accueillis en héros triomphants.
Le 30 avril 2017 à 01:21:36 Hagenberg a écrit :
Bien mais j'aime pas comment tu prends partie
t'es pas impartial et t'emploies les mauvais termes
Quels mauvais termes ?
L'Empire contre-attaque, 2
Les troupes arabes marchaient en bon ordre. Leur trajet avait été long - rassemblées en Syrie sous l'ordre du Calife Omar II, elles avaient traversé toute l'Anatolie, ravagée par la guerre de presque cent ans entre eux, disciples de leur Prophète, et la nation qu'ils appelaient Al-Rûm. Rome.
Leur objectif : sécuriser la rive asiatique du Bosphore et la ville de Chalcédoine. Menacer ainsi les Romains et se préparer à l'assaut quand la flotte aurait fait son travail. Ils y étaient presque - ils arrivaient à Sophon (aujourd'hui Sapanca). Une ultime étape avant Chalcédoine. Et après, Constantinople.
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f7/Sapanca_Lake.jpg
L'Histoire ne nous dit pas ce que pensaient Mardasan et ses hommes à ce moment là. Mais il y a de fortes chances qu'ils marchaient en confiance. Après tout, le Califat n'avait connu que victoires jusqu'ici. Les Romains ? Des adversaires certes redoutables et implacables, mais qu'ils avaient systématiquement battu jusque là. Et, de toute façon, les Romains n'avaient plus de soldats. Les éclaireurs avaient été formels : ce qui restait des armées romaines s'était retiré. Il n'y avait ici plus que des brigants des montagnes et des collines.
L'armée arabe avançait ainsi. Les hommes rêvant sans doute de leur future gloire, de leur conquête, des montagnes de richesses de Constantinople, et bien évidemment des femmes romaines, qu'ils estimaient comme les plus belles et les plus désirables au monde.
C'est là, dans les collines de Sophon, au sud de Nicomède, que Mardasan et son armée rencontrèrent leur Waterloo.
Les soldats romains s'étaient tenus cachés dans les collines, en réserve, attendant le moment propice pour frapper. Le moment était venu. En bon ordre, ils se lancèrent au combat.
C'étaient les hommes du Thème de l'Opsikion. Depuis les désastres du 7e siècle, l'armée romaine avait été réorganisée. L'ancienne organisation, entre limitanei et comitatenses fut abandonnée. Désormais, c'était le système thématique : une armée dans chaque province, ou theme, stationnée là en permanence. Le Thème de l'Opsikion était le plus proche de la capitale. Ses hommes étaient bien armés et équipés.
Aucun détail de la bataille ne nous est parvenu. Nous savons seulement que les troupes romaines prirent Mardasan et son armée en embuscade, que l'infanterie romaine, dont l'entraînement, l'équipement et la tactique restait supérieurs, brisa l'armée arabe et la força à fuir. L'armée sur laquelle les Arabes avaient fondé tant d'espoirs fut détruite, là, dans les collines de Sophon.
Le jugement de Dieu
Les espoirs arabes étaient ruinés. La flotte avait été détruite, surtout, avec toutes ses provisions. La famine sévit de plus belle dans le camp de Maslama. L'armée de renfort avait été écrasée. La campagne devait être un triomphe pour les soldats d'Allah. Elle ne fut qu'un désastre.
Et le désastre n'était pas fini. Car les Bulgares étaient de retour.
Nul ne sait réellement pourquoi les Bulgares s'engagèrent ainsi. Deux théories : ils comptaient réellement respecter pleinement le traité qui les liait avec Léon III. Ou, dans leur volonté désespérée de trouver de la nourriture, les Arabes s'étaient aventurés en territoire bulgare.
Dans tous les cas, les Bulgares étaient là. Leur cavalerie était pratiquement sans pareil, leur férocité au combat, légendaire. Les Arabes connaissaient leur valeur, ayant souffert de leurs attaques, mais ce fut la première bataille entre les deux nations.
Tout ce que nous savons, c'est que l'armée arabe fut annihilée par la fureur de la cavalerie bulgare. A la fin des combats, 22 000 soldats arabes gisaient sur le champ de bataille. Minée par la faim, la fatigue et la maladie, l'armée de Maslama venait de recevoir le coup de grâce.
Lorsque le calife Omar II reçut ses nouvelles, il eut la même conclusion que tous les autres. Le siège de Constantinople avait échoué de manière catastrophique. Il n'y avait pas d'autre choix : il envoya un message à Maslama, lui demandant de se retirer et de revenir en Syrie.
Pour la première fois, l'expansion de l'Islam venait d'être stoppée.
Le 15 août 718, après treize mois de siège, l'armée arabe se retira. Signe du destin : c'était le jour de l'Assomption.
Partout, la liesse à Constantinople. Dans la majestueuse église de Sainte Sophie - ou plutôt, l'Eglise de la Sagesse Divine - la foule se rassemblé pour remercier la Vierge Marie. Dieu, semblait-il, n'avait pas abandonné son peuple.
Pour les Arabes, le calvaire ne faisait que commencer.
La flotte arabe, sur le chemin du retour, fut prise dans une violente tempête dans la mer de Marmara, perdant encore des navires. Puis, au large de l'île de Santorin, le volcan de Santorini entra en éruption, enflammant une partie des survivants. Au-delà, la flotte romaine lança également des attaques rapides, harcelant les Arabes jusqu'au bout.
Lorsque les Arabes rentrèrent enfin en Syrie, ils furent accueillis par un ultime coup du destin : Yersinia Pestis. La bactérie responsable de la peste bubonique, qui avait ravagé les Romains il y a près de 200 ans, lors de la Peste de Justinien, faisait de temps en temps des retours. Et elle fit son retour en Syrie à cette occasion.
Pour le califat omeyyade, l'échec du siège fut un désastre, la première grande défaite du califat qui jusque là n'avait connu que la victoire. Nul ne sait combien d'hommes périrent - les sources parlent de chiffres probablement très exagérés, 100 000, 150 000 ou même 300 000 morts. Probablement faux. Mais ils donnent une idée de l'ampleur que le désastre avait aux yeux des Arabes.
Le siège marqua la fin de l'expansionnisme et de l'impérialisme djihadiste. Le califat ne se remit jamais réellement de cet échec. Affaibli, il sombrerait bientôt dans l'anarchie, pour être remplacé par l'empire abasside.
Pour Léon III L'Isaurien, le siège marqua des débuts glorieux pour sa dynastie. 10 ans plus tard, il vainquit de nouveau les Arabes à Nicée. Puis, en 740, écrasa une armée arabe à la bataille d'Akrainion. Pour le Califat, la conquête de Constantinople ne serait plus à l'ordre du jour. Léon III, et son fils, Constantin V, entreprirent de reprendre l'Anatolie.
Je vais terminer en citant l'une des sources que nous avons pour cette période : le récit de Théophane, chroniqueur de cette époque. Voici comment il conclut son récit du siège :
"De nombreuses et terribles choses arrivèrent aux Arabes à ce moment, et, de leurs propres efforts, ils comprirent que Dieu et la Sainte Vierge, Mère de Dieu, veillaient sur cette ville, et sur l'Empire des Chrétiens."
Le 30 avril 2017 à 02:27:38 Houdino- a écrit :
Magnifique. Mieux qu'un pierre bellemare ce khey.
Je sais pas comment le prendre ça
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- SamiumAbisare
- Date de création
- 29 avril 2017 à 18:07:40
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