Partons de cette idée d’âme comme concept intrinsèquement mystérieux et non définissable par la seule méthode scientifique.
Si nous ne pouvons pas, au moyen d’expériences empiriques et reproductibles, prouver l’existence d’une âme, il n’en demeure pas moins qu’un phénomène profondément singulier se produit au cœur du processus de développement humain : la constitution d’une entité individuelle, consciente de sa propre identité.
C’est comme si, au creux du ventre maternel, avant même que nous ayons la capacité de formuler une pensée consciente, quelque chose se tisse, quelque chose qui va bien au-delà de l’ADN, de la génétique, ou de la simple organisation des cellules.
On pourrait voir dans ce "quelque chose" une forme d’empreinte initiale, un "noyau conscientiel" encore informel, qui va s’épanouir en une personnalité unique, une sensibilité, un regard sur le monde.
Il ne s’agit pas là nécessairement d’une entité immatérielle indépendante de la matière, mais plutôt d’un principe d’organisation, un point de convergence où le biologique, le psychique et le potentiel symbolique d’un être convergent.
Qu’est-ce qui nous distingue fondamentalement l’un de l’autre, dès avant la naissance, sinon une certaine manière propre de "ressentir" le monde, une inclinaison innée à être "soi-même" ?
On pourrait également considérer que cette émergence prend racine dans une complexité croissante : le cerveau en développement ne se contente pas de s’organiser mécaniquement ; il acquiert la capacité de ressentir, puis de se reconnaître lui-même dans des stimuli, dans des sensations primordiales.
Cette cohérence interne, cette unité subjective qui se met en place très tôt, fait penser à une sorte de continuité, un champ d’expérience potentiel qui se tend entre le rien et le tout, ouvrant l’espace pour ce que certains nommeraient "âme", d’autres "soi", ou encore "conscience primordiale".
Si la science peine à prouver l’existence de l’âme au sens classique, elle constate cependant cette singularité irréductible, cette impossibilité de réduire l’individu à un simple assemblage standardisé.
Chacun de nous émerge comme un être qui non seulement occupe un corps particulier, mais qui aurait, d’une certaine manière, toujours été "destiné" à être cet organisme complexe, assemblage de chair, d'organes, de nerfs et de fluides vitaux, ou tout du moins cette configuration singulière et irremplaçable.
Reste la question du lien entre ce principe insaisissable et notre identité finale. Serait-ce la marque d’un déterminisme spirituel, ou simplement l’effet de lois biologiques complexes, de facteurs environnementaux subtils agissant dès le stade fœtal, couplés à une configuration unique d’expériences sensorielles et émotives ?
Qu’en pensez-vous ?