De l’âge d’or à la surcharge numérique : pourquoi on décroche
Nous, les années 90, on a grandi dans un Internet encore jeune, où tout semblait possible. On était à l’âge d’or des années 2000, une époque où les outils étaient simples et accessibles, mais incroyablement formateurs. On bidouillait avec des logiciels comme ResHacker, on créait des thèmes, on animait des sites en Flash, on apprenait le PHP, le Java. Tout reposait sur un apprentissage autodidacte : tu voulais faire quelque chose ? Tu apprenais, et tu le faisais toi-même. Le Web était ouvert, collaboratif, et chaque nouvelle connaissance semblait à portée de main.
Mais avec les années, tout ça a changé. Internet s’est ouvert à tout le monde, et avec cette ouverture est arrivée une explosion de services, d’outils, de technologies. Aujourd’hui, il y a Arduino, des IAs locales à développer, des langages de programmation nouveaux qui naissent à chaque instant. Pourtant, cette surabondance n’est pas une opportunité pour nous ; c’est une barrière. Pourquoi ? Parce qu’on a grandi avec un Web où on créait, où on comprenait, alors qu’aujourd’hui, tout repose sur des API et des blocs prêts à l’emploi. Ce n’est plus de la programmation à proprement parler, c’est de l’assemblage. Et pour nous qui avons connu une époque plus technique, cette manière de "faire sans vraiment savoir comment ça marche" est frustrante.
Ce qui complique encore les choses, c’est le rythme de la vie. On a des familles, un boulot, des responsabilités qui grignotent tout le temps qu’on pourrait consacrer à apprendre. On a toujours envie, bien sûr, mais le temps et l’énergie manquent. Alors on regarde de loin ces nouvelles technologies incroyables, comme l’intelligence artificielle ou des projets open-source comme Arduino, en se disant : "Je sais que c’est possible, je comprends l’idée, mais je ne sais pas par où commencer, et je n’ai pas le temps." Et plus on attend, plus on oublie ce qu’on savait déjà.
Et puis, il y a une autre réalité qui nous frappe de plein fouet : nos données ne nous appartiennent plus. Ça, on le sait, nous qui avons grandi en apprenant à protéger nos machines, nos systèmes, nos vies numériques. On sait que chaque service, chaque abonnement, chaque application collecte, revend, exploite. Alors, pour résister, on essaie de reprendre le contrôle. On essaye de sécuriser nos données, de "domotiser" nos maisons avec des protocoles locaux, de garder une main totale sur ce qu’on utilise. Mais là encore, c’est une lutte.
Les solutions existent, bien sûr : ZigBee, Z-Wave, d’autres protocoles encore. Mais chaque fois, c’est un nouveau langage, une nouvelle technologie à maîtriser, et nous, avec notre emploi du temps déjà plein, on est largués. On a conscience des risques. On sait qu’on devrait le faire. Mais on manque de temps, on manque de connaissances, on manque de constance.
C’est ça, le pire : on sait. On sait que tout ça est faisable, mais on n’a plus les moyens, ni les compétences, ni l’énergie de le faire. Et cette frustration, elle ne fait que grandir, parce qu’on reste attachés à ce qu’on était, à ce qu’on pouvait faire avant. On essaie de tester des outils en ligne, comme Adobe Firefly ou DALL·E, juste pour se donner l’illusion qu’on est encore dans le coup. Mais au fond, on sait bien que ce n’est qu’un pansement.
Alors, on vieillit. On décroche. On est mal à l’aise parce qu’on sait qu’on est en train de perdre cette bataille. On n’arrive pas à s’avouer que c’est foutu pour nous, qu’on est dépassés, qu’on n’y arrivera pas. Et c’est ça, le vrai problème : ce décalage entre ce qu’on voudrait faire, ce qu’on pourrait faire, et ce qu’on arrive réellement à faire. On reste bloqués, à regarder le monde avancer sans nous, et à se demander si on finira par accepter que c’est la fin de notre époque.