« Mauvaise jonction, deux roues, casque intégral, attention ça va rafaler, rafaler, rafaler ». La voix du rappeur Kaaris résonne dans l’habitacle. Fenêtres ouvertes, Younès (tous les prénoms ont été changés), 49 ans, circule au volant de son Audi dans les petites rues de l’arrière de la place de Clichy (Paris XVIIe). Nous sommes la veille de France-Israël, une rencontre considérée comme à « haut risque » par les autorités, à quelques jours des hommages pour les attentats du 13 novembre et dans le contexte de guerre au Proche-Orient.
À un passage clouté, Younès ralentit devant un restaurant spécialisé en cuisine israélienne pour laisser passer des piétons et s’arrête quelques secondes. « J’ai vu des mecs me regarder bizarrement, se rappelle Younès. Je n’ai pas trop calculé, j’ai tracé ma route. » Le quadragénaire rentre chez lui dans le Val-d’Oise. Le lendemain, Nadia, sa compagne, propriétaire de la voiture, et lui seront placés en garde à vue près de 70 heures. Motif ? Selon les policiers, les piétons auraient entendu Younès menacer de les « rafaler ». Le couple sera relâché sans poursuite mais compte bien déposer plainte pour dénonciation calomnieuse et engager une procédure pour « dysfonctionnement du service public de la justice ».
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