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Chapitre 1: Souvenirs perdus
Jacques, enfant du Gard, naquit d’une lignée modeste mais stable, son père enseignant et sa mère fonctionnaire. Ils menaient une vie sans éclat, mais l’assurance des privilèges d’État, des horaires légers et des longs étés payés leur offrait une certaine quiétude, loin des remous de la société. C’était un début d’été, l’année de ses huit ans, lorsque la famille décida de traverser le pays, empruntant les routes sinueuses de la France pour atteindre un gîte reculé en Normandie. Jacques, comme dans un demi-rêve, passa l’essentiel du trajet dans cet état d’assoupissement où les ombres et les souvenirs se mêlent aux premières teintes du crépuscule.
La voiture glissait sur l’asphalte brûlant de l’autoroute A14 lorsque son père décréta une halte, presque anodine, mais lourde de nécessité. À demi conscient, Jacques émergea du véhicule, ses jambes se mouvant sans volonté propre, le menant au cœur de cette aire de repos, qui semblait à première vue semblable à toutes celles traversées jusque-là. Mais l’air portait en lui une lourdeur étrange, comme saturée de quelque chose d’invisible, une ombre diffuse, pressante.
En traversant le terrain sablonneux et dénudé, il longea d’imposants camions aux structures métalliques, figés comme des monstres d’acier sous le soleil déclinant. Lorsqu’il poussa la porte du bâtiment, une vague d’odeurs méphitiques l’envahit, un parfum qui ne relevait ni de la crasse humaine ni de la décomposition naturelle, mais de quelque chose d’ancien, de profondément inhumain. Ses narines se remplirent d’un relent suffocant, lourd de ce que son esprit, incapable de nommer, rejetait avec instinct.
Les murs étaient gravés de symboles cryptiques d'une langue inconnue . Des glyphes étalés en volutes incompréhensibles s’accrochaient aux parois comme autant de murmures muets. Chaque pas dans ce couloir exhalait une morbidité grandissante, comme si l’air lui-même devenait une entité vivante et menaçante.
Jacques, dans un état de transe éveillée, posa sa main tremblante sur une porte écaillée. La surface métallique semblait moite et poisseuse, suintant d’une substance invisible. En l’ouvrant, il découvrit une pièce plongée dans des ténèbres où se tenait… quelque chose. Dans la pénombre moite, une forme difforme et gargantuesque émergeait d’un coin où toute perspective était perdue. Ce n’était pas un être fait de chair et de sang, mais plutôt une construction grotesque de courbes non euclidiennes, des angles impossibles qui semblaient danser dans son champ de vision, se tordant et s’étirant avec une logique qui échappait aux lois naturelles.
La forme ondulait....Sous l’effet de cette apparition cauchemardesque, l'esprit de Jacques se déconnecta de la réalité.
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Données du topic
- Auteur
- CloverFatAss
- Date de création
- 6 novembre 2024 à 02:51:49
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