Nous finirons par comprendre que non seulement Dieu n'était rien, mais que l'homme également n'était rien, et que tout cela n'était vraiment rien de rien. Un pur et libre jeu de l'Esprit, tout plein d'innocence, qui n'avait d'autres finalités que d'être joué, puisqu'il était à lui-même son propre but. Un jeu où il n'y avait ni rien à perdre, ni rien à gagner.
Comme le conclut Platon à la toute fin du Parménide, son oeuvre de la maturité : "Si l’Un n’est pas, rien n’est".
Il s'agira alors du véritable nihilisme, celui que professait les anciens sages. La réalisation finale que "Tout est néant"
Mais l'humanité dans toute sa déviation moderne ne comprend pas encore la Vérité qu'elle couve en elle et qu'elle bégaie au dehors. L'homme moderne dit bien que Dieu n'est rien, mais il ne comprend pas la portée de son affirmation, car au lieu de voir toute l'universalité de son affirmation, il la limite à Dieu. Un esprit universel, un esprit libre, ne se limite pas à dire que Dieu n'est rien, il dit également et par surcroît que "Tout est néant". Telle fût la foi des hommes d'antan, telle sera la foi des hommes à venir.
Or, comme il est dit dans l'Apocalypse (qui signifie "Dévoilement") il faut que l'humanité souffre les douleurs indicibles de l'enfantement afin de mettre au monde cette vérité. Et en cela, l'on rejoint tout à fait la signification profonde de la maïeutique qu'enseignait Platon, à savoir que la Vérité nous était immanente et que l'âme avait le pouvoir de l'enfanter au terme de son introspection.
Puisse les hommes retrouver la voie des anciens sages, eux qui sont comme le chantait autrefois Dante dans sa divine comédie, égarés dans une forêt obscure symbole de la multiplicité.
Amen