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« Vous l’avez détruite », chaque semaine, ce Deux-Sévrien violait une adolescente.
Jeudi 31 octobre 2024, un homme de 73 ans a été condamné à de la prison avec sursis pour des viols commis entre 2006 et 2008 sur une victime à peine adolescente à l’époque des faits.
L’homme fait presque peine à voir. Quand il est appelé à la barre du tribunal correctionnel de Niort par son président, Éric Duraffour, ce septuagénaire, le corps courbé et le visage en partie paralysé, a du mal à se mouvoir. Pourtant, il faut l’imaginer avec près de vingt ans de moins, car s’il est jugé ce jeudi 31 octobre, c’est pour des faits d’agressions sexuelles datant de 2006 à 2010, à Niort.
L’une de ses deux victimes était âgée de seulement 13 ans en 2006. Elle a porté plainte en 2020 seulement, avant qu’il ne soit mis en examen pour viol. « Vous étiez un ami de ses parents, mais surtout le compagnon de sa sœur », signale le magistrat. « Très vite, vous vous êtes montré très généreux avec elle et ses parents, en offrant des cadeaux. »
À 13 ans on ne sait pas ce que c’est que l’amour
Ce que la juridiction cherche à savoir, c’est si l’homme de 73 ans n’a pas profité de sa position pour exercer une emprise sur la jeune fille. Car les relations sexuelles entre l’enfant et lui, alors qu’il avait 55 ans, ont été nombreuses, « toutes les semaines pendant deux ans », selon l’audition de la victime, aujourd’hui âgée de 31 ans.
Cette dernière n’est pas présente à l’audience. « Je l’ai vue hier, elle n’a pas pu s’arrêter de pleurer. Même après toutes ces années, elle est traumatisée », tient à signaler Me Gaëlle Kerjan, avocate de la victime, au septuagénaire qui venait de dire qu’elle avait « une bonne vie » aujourd’hui.
On parle ici de relations sexuelles commencées dans un champ, lors d’une balade à vélo. « Elle est venue vers moi, m’a pris dans ses bras, a enlevé ses vêtements et on a fait l’amour, se remémore le mis en cause. Je n’aurais pas dû mais je n’allais pas bien dans ma tête à cette époque. » Une version que goûte très peu Me Kerjan. « Ma cliente s’en souvient très bien : c’est vous qui vous déshabillez d’abord, avant d’enlever son bas. »
Face à elle, Me Olivier Martinez, avocat du désormais retraité, veut nuancer. « Ces viols ont été requalifiés en agressions sexuelles car le juge d’instruction a retenu une phrase prononcée par la victime. Elle expliquait qu’elle ne savait pas vraiment si elle était amoureuse ou non de lui, elle était ambivalente. » Un argumentaire qui ne passe pas trop du côté de la partie civile. « À 13 ans, on ne sait même pas ce que c’est que l’amour. »
Une autre victime a été retenue. Un homme de 16 ans à l’époque, petit ami passager de la jeune victime, mais qui entretenait aussi des relations sexuelles régulières avec le prévenu. Une scène est d’ailleurs décrite par le tribunal, quand le mis en cause surprend le jeune couple en plein ébat et décide de s’inviter de force. « C’est faux, je n’ai jamais fait ça », jure le septuagénaire. Le tribunal lui donnera raison à la fin de l’audience en le relaxant intégralement pour les viols commis sur le jeune homme.
Pour ce que lui reproche la jeune femme, c’est une autre histoire. « Elle se sent coupable, elle survit aujourd’hui, c’est une combattante », plaide son avocate. « Toute sa vie elle restera victime », rebondit la procureure. Cette dernière veut une peine forte et requiert trois ans d’emprisonnement dont deux ans ferme.
Mais l’âge avancé et la mauvaise santé du prévenu lui éviteront la prison : le tribunal le condamne à quatre ans de prison avec un sursis probatoire pendant deux ans. Enfin, il devra verser 8.000 € à la victime pour le préjudice moral qu’il lui a fait subir. « Vous l’avez détruite », lui dira Éric Duraffour en guise de point final à son procès.
juste de quoi payer 10 loyer 