Le droit pénal français a emprunté une tendance victimaire et rétributive (selon l'expression juridique consacrée : "remettre la victime au centre de la procédure pénale"). L'objectif de la justice pénale n'est plus de protéger la société et de rétablir l'ordre social brisé par l'infraction, mais de donner justice à la victime. La conséquence en est la réduction logique de la présomption d'innocence, des droits de la défense et même de la prescription qui est devenue virtuellement impossible depuis les réformes de 2018.
On peut donc afficher l'identité des accusés sans vergogne en invoquant la dissuasion pour les autres personnes susceptibles de les imiter, ou le "besoin" de la victime de voir ses persécuteurs faire face aux conséquences de leurs actes (à quoi sert la justice, alors ?). Le plus drôle, c'est que sous couvert de progrès, c'est une mesure juridique médiévale : dans une société où l'honneur était capital, l'affichage par les crieurs publics de l'identité d'une personne condamnée était vu parfois comme plus infamant que la peine elle-même.
Comme tu le remarqueras, cette propension à afficher l'accusé ne s'étend pas à tous les crimes et délits... Elle est dictée par des considérations idéologiques. Je suis dans le droit pénal et une journaliste justice-police de Ouest-France m'a dit elle-même si la divulgation de telles informations est susceptible de donner lieu à une "instrumentalisation" et d'attiser des sentiments d' "hostilité" dans la société, ils ont pour consigne de taire l'identité de la personne, ou de donner seulement les initiales. J'imagine que ça n'est pas exclusif à un journal et que la plupart des médias doivent s'en tenir à cette ligne.