Alors oui, on pourrait se dire que tout le monde mérite de connaître ça un jour. Personnellement, je ne vous le souhaite pas.
Chérissez votre petite routine, prenez soin de vous, et si vous en avez l'occasion (ce que pour le coup, je vous souhaite), limitez-vous à des plans d'un soir.
Parce que sinon, vous allez vous habituer à avoir quelqu'un à qui parler. A avoir quelqu'un qui s'inquiète pour vous. A rentrer du boulot tous les jours et voir ce même sourire s'illuminer de manière sincère grâce à votre simple présence. A sentir ce corps chaud, la nuit, se coller derrière vous en cuillère sous la couette. Aussi non-viril que ça puisse paraître, vous allez adorer ça.
Mais nous sommes restés seuls trop longtemps, et les dégâts sont irréversibles.
Un jour, les névroses qui ont germé pendant vos années de solitaire prendront le dessus sur les moments que vous auriez dû savourer, et que vous auriez pu savourer, si vous n'étiez pas déjà à moitié mort de l'intérieur. Vous allez tout saboter malgré vous. Et la rupture arrivera inévitablement.
Du jour au lendemain, vous retrouverez votre vie d'avant, celle dont aviez honte. Mais si autrefois elle ne vous paraissait que fade et vide, cette fois elle sera devenue angoissante et douloureuse, physiquement parlant. La prise de conscience de votre vie de solitude absurde sera plus violente que jamais, elle vous tordra les tripes, vous n'en dormirez plus.
Et vous allez devoir accepter le fait qu'à chaque fois que vous penserez à cette personne, la seule qui ai compté dans votre vie depuis des lustres, elle sera au même moment potentiellement en train de s'offrir à un autre homme pour vous oublier. Cette réalité vous détruira, et vous ne pourrez vous en prendre qu'à vous-même.
Le pire, c'est que je le savais.
"Le jour où je me donne une chance de connaître une relation de couple, c'est le jour où je signe mon arrêt de mort". C'est ce que je me disais à l'époque, les samedis soirs, seul chez moi, où je commençais à déprimer et à fantasmer de cette vie que je n'avais jamais connue. J'avais visé on ne peut plus juste.
Quel enfer.