Quarante piges, et c’est là que tout se casse la gueule. Tu te réveilles un matin, et tu te rends compte que t’es plus rien. Pas que t’aies jamais été grand-chose, hein, mais là c’est le trou noir, le néant, le vrai. À quoi bon ? Tu pensais que t’allais conquérir le monde, toi, avec tes rêves d’idiot, tes ambitions de petit con ? T’as couru après l’avenir, et regarde où t’en es : juste une ombre qui s’efface, qui traîne sa carcasse jusqu’au cimetière sans même qu’on la remarque. Personne ne te regarde plus, personne ne te parle, et ceux qui le font, c’est pour te rappeler que t’es qu’un vieux débris.
Quarante ans, bordel. L’âge où les illusions s’écroulent comme des châteaux de cartes sous la pluie. T’as beau t’accrocher à des conneries, t’es déjà foutu. Le boulot ? Un cirque grotesque où t’as jamais été qu’un pantin, un pion qu’on déplace et qu’on jette quand il a servi. L’amour ? Ah, l’amour... cette foutue farce qu’on te vend à longueur de journée. T’as cru que t’allais trouver une âme sœur, quelqu’un qui te sauverait du vide ? Putain de naïf. T’as juste eu des histoires qui t’ont laissé plus vide qu’avant, plus aigri, plus seul. Et les amis ? Parlons-en ! Des ombres, des fantômes qui se dispersent au premier coup de vent, qui se barrent dès que t’as plus rien à leur filer. Quarante ans, mec, et t’es là, à parler au mur, à t’entendre crever doucement.
Et puis cette société... Cette espèce de foutoir sans nom où tout le monde se marche dessus, où t’as intérêt à être un chacal ou à crever dans un coin. On t’a vendu des rêves, des promesses, et t’es là, à bouffer des restes, à te demander quand le grand coup viendra pour tout arrêter. Parce qu’au fond, c’est ça que t’attends, non ? Le moment où tout s’éteint, où tu pourras enfin souffler, enfin lâcher prise. Mais t’as pas les couilles, c’est ça le pire. T’attends, tu te consumes, et tu sais que rien ne changera. C’est terminé, rideau, fin de la putain de pièce. Quarante ans, c’est l’âge où tu comprends que t’es déjà mort.
