Ce ne sont pas la science et la foi qui se complètent, mais la philosophie, et corollairement la doctrine hylémorphique, qui répondent aux incomplétudes de la science, qui pallient à ses lacunes, en comblent les insuffisances, en résorbent la béance face aux questions métaphysiques qui ne relèvent, ultimement, pas de sa compétence ni de ses attributions, parce qu'elles l’excèdent. La philosophie étant le trait d'union légitime entre science et foi, mais plus encore, une propédeutique à cette dernière. C'est à ce niveau que l'hylémorphisme entre dans la bataille, démontrant que toute la réalité visible et invisible ne se borne pas à la matérialité pure (le champ d'action légitime de la science et rien d'autre), mais qu'une coexistence étroite entre le matériel et l'immatérialité, puis l'indépendance plénière de celle-ci sur celui-là est envisageable, qui plus est objectivable et inclusive de ces trois catégories extra-matérielles : l'âme, les anges et Dieu. Là est toute la différence entre l'authentique rationalité scientifique et le frauduleux scientisme rationaliste qui n’en est, en dernier ressort, que l’adultération : la science sortant du domaine de ses applications propres quand elle déclare qu'il n'y a que la matière par laquelle l'entièreté de la connaissance se doive de découler, qu’en dehors de la seule matière il n'est rien, qu'un au-delà de la matière est inconcevable, ce qui est excès de "rationalisation" contraire à la véritable rationalité. Le rationalisme et l'irrationalité, en ce cas, n'étant que les deux faces d'une même médaille matérialiste, nonobstant leur antinomie apparente. Tel est le milieu conceptuel nous semblant le plus pertinent à tenir et qui soit susceptible d'éteindre la querelle entre discordisme et concordisme.