Je m'appelle Dev, j'ai 19 ans, et comme beaucoup d'âmes qui ont arpenté cette terre, j'ai toujours rêvé de rencontrer ma moitié.
En 5e, le petit être que j'étais a commencé à observer ses camarades découvrir les premiers frissons de l'amour. Bien que jeune, je me surprenais à les envier, moi qui étais seul. Je n'avais que trois copains, que je ne voyais jamais en dehors de l'école. Quand je rentrais chez moi, mes seules compagnies étaient virtuelles, derrière la console. Pourtant, j'avais tout essayé pour me faire une place dans un groupe. Mais au final, personne ne me voyait vraiment, et les trois copains que j'avais mentionnés ne faisaient que tolérer ma présence.
En arrivant au lycée, j'avais grandi. En seconde, j'ai rencontré celui qui allait devenir mon meilleur ami, ainsi que d'autres avec qui allait devenir des potes. C'est aussi à cette période que je suis tombé follement amoureux pour la première fois. Elle s'appelait Emma. Notre rencontre s'est faite sur Instagram, un hasard numérique. En parcourant mon fil de suggestions, je suis tombé sur son profil et j'ai été immédiatement captivé par sa beauté. En voyant qu'un de mes amis était abonné à elle, j'ai pris mon courage à deux mains et lui ai envoyé un message. Je me souviens encore du moment précis où j'ai appuyé sur "envoyer" ; je sortais alors d'une cérémonie de ma préparation militaire marine.
Emma m'a répondu, et pendant un mois, ce fut comme un rêve. Nous nous sommes finalement rencontrés chez elle, et j'ai fait connaissance avec ses parents. Tout semblait parfait, jusqu'à ce qu'elle m'envoie un message deux jours plus tard pour me dire que son ex était revenu dans sa vie et qu'elle avait décidé de lui redonner une chance.
Rien que d'y repenser, je ressens encore cette douleur silencieuse, comme un poison qui se diffuse lentement dans le cœur. Je n'avais jamais parlé à une fille avant elle. Il m'a fallu six mois pour m'en remettre, jusqu'à ce qu'elle me rajoute à nouveau. J'étais à la fois heureux et en colère. Nous avons échangé quelques mots, mais je lui ai finalement exprimé tout ce que je ressentais, depuis elle a rencontré quelqu'un d'autre.
En première, j'ai commencé à envoyer des messages à des filles sur les réseaux sociaux, sans jamais oser les aborder dans la vraie vie. Il y avait une fille, Juliette, à qui j'avais écrit et avec qui j'avais commencé à discuter. Mais à ce moment-là, je parlais aussi avec une autre fille. Dans un élan d'immaturité, j'ai choisi de ne plus répondre à Juliette, car l'autre me plaisait davantage physiquement.
Quand l'autre fille a fini par se lasser de moi, j'ai tenté de revenir vers Juliette. Trois jours plus tard, j'ai appris que je l'avais fait pleurer. C'était une sensation étrange, nouvelle pour moi, sachant qu'elle avait souhaité que l'on se rencontre. Nous vivions dans la même ville. Je m'en veux encore aujourd'hui. J'espère qu'elle m'a pardonné, si toutefois elle se souvient de moi.
C'est aussi durant cette période que j'ai goûté à mon premier baiser lors d'une soirée.
En terminale, le vide s'était installé en moi. Je rigolais beaucoup avec mes amis, mais sur le plan des relations, tout semblait figé. J'avais pris soin de moi, adopté un nouveau style vestimentaire, et une nouvelle façon de voir la vie.
Fatigué de l'école, je suis parti en milieu d'année pour m'engager dans l'armée de terre, en tant que mécanicien dans un régiment de ma ville.
Alors que mes amis passaient leur bac, j'avais déjà terminé mes classes un mois plus tôt. Je ne regrette pas ce choix.
Je sortais beaucoup en boîte, je buvais pour oublier que je ne serais jamais comme les autres sur le plan des relations, et je m'étais mis à fumer (tabac). Malgré tout, j'ai réussi à me transformer : j'ai perdu du gras, gagné en muscles, et mon visage est désormais plus marqué, plus défini.
Aujourd'hui, je ne ressens plus le besoin d'aller en boîte. Juste sortir au bar avec deux potes me suffit. Me perdre dans l'alcool, je le fais toujours, mais avec plus de modération et surtout beaucoup moins souvent.
Maintenant, j'ai l'impression que toutes les femmes me fuient, qu'aucune ne veut de moi. Et quand elles apprennent que je suis dans l'armée, c'est l'unfollow immédiat, ou elles cessent simplement de me parler. Heureusement, il me reste mon meilleur ami et les amis du régiment.
J'ai demandé ma mutation, à plus de sept heures de chez moi. J'ai besoin de voir d'autres horizons, de changer de vie.
Rester ici me tue à petit feu.
J'avais besoin de partager cela, car je suis constamment envahi par la tristesse. J'évite de le montrer au travail, mais quand je vois tous mes amis se mettre en couple, vivre leurs plus beaux moments...
Je suis heureux de m'être engagé. L'armée, c'est un milieu où la routine n'existe pas, où tout peut changer du jour au lendemain.
Si j'étais resté seul, je le sais, que vous me croyez ou non, je serais probablement passé de l'autre côté entrain d'observer ma mère pleurer sur ma tombe.
Merci d'avoir pris le temps de lire, vraiment.
Désolé si cela étais long
