[Norwood] Le BOOMER Jankélévitch livre ses impressions sur sa popularité tardive

- Vous aimez la musique, vous avez des préférences pour la musique française ?

- Française oui, mais aussi russe; j'aime bcp Ravel, Fauré, Debussy j'ai écrit des livres sur eux, 3 sur Debussy, ils ont un charme on peut démontrer un certain d'esprit sur le monde extérieur, mettons la lumière de Monet, ses vibrations c'est déjà proche de Debussy, ce n'est pas pour rien qu'on qualifiait ce dernier d'impressionniste musical (terme qu'il ne réemploiera pas contrairement à Charles Koechlin), attentif à l'air, la lumière, le jeu des ombres, c'est une vertu de la musique française; prenez l'eau, tout ce qui est inconsistant en apparence, fluide; le vent, un arc-en-ciel, un étang comme dans les nymphéas ou reflets dans l'eau (Images, Livre 1, L. 110)

- Parlez-nous des femmes, comment les aimez-vous ?

- Question difficile à répondre, je n'aime pas qu'on dise Les femmes, comme s'il s'agissait d'un troupeau, on n'aime qu'une femme à la fois, je ne considère pas la gente féminine comme une espèce à part, vous en parlez comme si vous aimez les chats, les oiseaux, les lapins
Je dois dire que mes amies sont principalement des femmes, dans l'ensemble plus que d'amis d'hommes; ça se fait tout seul, pê qu'elles ont davantage confiance en moi, avec les hommes je me sens intimidé, toujours un peu et je ne sais de quoi leur parler; tandis qu'avec les femmes la conversation se fait plus aisément c'est plus spontané, porte sur les choses essentielles et je n'ai pourtant aucune tendance homosexuelle mais je suis un peu comme une femme, je me sens à l'aise dans les conversations qu'elles choisissent

- Même si elles parlent de libération féminine ?

- Eh bien ça ne m'intéresse pas trop, si elles veulent ressembler aux hommes c'est perdre leur identité, mais si elles veulent la liberté totale ça d'accord elles ont raison, rien à redire là-dessus; j'attend leurs messages, il y a un roman féminin, une poésie féminine; même les plus vieilles et démodées conservent à travers les siècles un style féminin
Leur laisser l'autonomie aucune raison de ne pas leur donner mais s'imposent des problèmes sociaux, quid des enfants, comment travailler, écrire des romans, mener une vie d'homme et éduquer des enfants
La femme n'a pas à jouer un rôle, les femmes réussissent aussi bien si ce n'est mieux aux activités dites d'hommes, certaines de mes meilleures étudiantes sont des femmes

- Vous ne pardonnez pas professeur les crimes nazis, il est important de garder tout cela en souvenir, en mémoire

- Je crois que c'est important car beaucoup de gens justement nous reprochent de freiner le mouvement d'être attaché maladivement au passé, nous n'y sommes pas attachés nous y serions moins attachés si la majorité du peuple français était moins oublieuse qu'elle ne l'est et si les crimes n'étaient pas restés impunis, malgré qques punitions lors des derniers procès, malgré tout dans l'ensemble le fond du peuple est très indifférent et l'a toujours été, tels ils sont maintenant tels ils étaient au lendemain de la guerre; je ne vous étonnerais pas en vous disant qu'un an après la guerre des français allaient passer leurs vacances en Allemagne, oubliant que leur pays a été rançonné, piétiner, radié pendant 5 années maudites

- Mais il m'aurait semblait que le pardon et la morale auraient étés inscrits dans votre démarche de moraliste

- Le pardon n'a pas de sens lorsqu'on ne vous demande pas pardon, il faut que le pardon soit appelé, qu'on vous le demande; les professeurs de philosophie et de morale allemands ne m'ont pas demandés pardon, ils ne se sentent pas coupables, qu'est-ce que je vais pardonner à des gens ignorants qu'ils ont des choses à nous rendre mais ils ont eu des responsabilités, tous plus ou moins officiers dans l'armée allemande; personne n'a été nazi à leur croire, on se demande d'où est né le nazisme alors

- Vous avez coupé les ponts avec l'Allemagne ?

- Oui je n'ai jamais remis les pieds et je n'irai jamais [...] nous sommes des vieux nous maintenant, un résistant ça a au minimum la 50aine de nos jours (1980), par conséquent de plus en plus nous serons isolés, disons qu'on maintient la présence d'une flamme, fêter la victoire du 8 mai, de la victoire eh bien bcp de français ignorent pourquoi nous fêtons cela; faute de professeurs de facultés que cela n'intéressent pas en revanche nos jeunes collègues professeurs de lycée apprennent aux jeux gens ce que ça a été la résistance

- J'ai une dette de reconnaissance envers vous je dois vous l'avouer, vous avez écrit un long bouquin sur la mort bien avant que ce sujet soit à la mode, et vous y disiez à la toute fin que "ce sera une chose simple, extraordinairement simple, d'une éblouissante simplicité, simple comme bonjour et bonsoir, si simple que nous nous demanderons le jour où nous seront morts comment nous nous n'y avons pas pensé plus tôt" je dois dire que je me suis accrochée pour ma part à ces qques mots, est-ce toujours votre sentiment et qu'est-ce qui vous donne cette certitude de cette très grande simplicité ?

- C'est une certitude indéterminée, ça n'est pas une devinette, ce n'est pas non plus un secret que j'aurais dans la poche de mon veston autrement je l'aurais dit à tout l'univers, je n'en sais rien comme tout le monde, personne n'en sait rien, je dis que c'est une chose qui est un je-ne-sais-quoi dont je ne peux pas dire ce qu'elle est mais c'est le "ce que" qui m'échappe, qui échappera toujours à l'homme de chair et d'os, mais le fait que lui-même me paraît une évidence, par la possibilité, d'abord, de donner un sens intelligible au néant qui est bien un argument quand même: qu'est-ce que cela veut dire que je disparaisse moi, corps et bien, non seulement mon corps qu'on peut comprendre mais aussi mon âme, mon esprit/conscience par lequel on pense la mort, l'homme est capable de penser la mort !
L'homme n'est pas un objet, par exemple il peut prendre conscience qu'ici dans ces deux fauteuils nous parlons de la mort, nous disons qu'elle est irrémédiable, incurable que jamais on ne sera, quel est son secret - mais ça veut dire que nous la pensons
Cela signifie qu'on pense la mort, mais qu'est ce que c'est que ce qui en moi pense la mort, et en là pensant manifeste qu'il est étranger à la mort
Ce qui pense la mort est supérieur à la chose qu'il pense, puisqu'il la pense, il la pense donc la domine d'une certaine manière; alors qu'est-ce que c'est que ça l'âme, qu'est-ce qu'elle devient elle, c'est pas un oiseau qui s'envolerait en quittant le corps, elle est inséparable du corps, lorsque ce dernier se décompense l'âme ne peut plus subsister, alors qu'est-ce qu'elle est devenue ?
La paragénèse est intelligible, enfin la métempsychose, la deuxième naissance sous autre forme, on ne sait rien dessus mais elle est intelligible je comprend ce qu'on me dit
Mais en revanche que l'âme, principe spirituel par lequel je pense l'âme et le corps s'anéantisse ça personne ne me fera jamais comprendre cela

- Ce sera simple comme bonjour mais vous ne pouvez pas dire ce que ce sera et ce que ce sera après ?

- Je peux pas dire ce que ce sera, dans cette dernière phrase le je-ne-sais-quoi est déjà contenu, c'est le "ce que" qui est mystérieux pour moi, c'est ce que j'appelle un mystère, le "ce que" m'échappera éternellement

Le 07 septembre 2024 à 09:56:37 :
Il se fait draguer par la journaliste CASH

On la voit à un moment donné ?
Il y a un time code ?

Le 07 septembre 2024 à 11:33:16 :
Je vais refaire le topic, je peux pas éditer les qques fautes d'orthographe et le titre est pas assez putaclic

le problème c'est que tes posts sont beaucoup trop longs