For last year's words belong to last year's language and next year's words await another voice.
On replie les blanches robes d'été,
et toi, tu descends sur le méridien,
doux Octobre, et sur les nids.
Le dernier chant tremble sur les terrasses
où l'ombre était soleil et ombre le soleil,
parmi les angoisses apaisées
Tandis que tiède s'attarde la rose
déjà l'amère baie distille la saveur
des souriants adieux.
Nous mourrons éloignés. Et ce sera déjà beaucoup
si je pose ma joue dans ta paume
au jour de l'an; et si dans la mienne tu contemples la trace d'une autre migration.
De l'âme nous savons
bien peu. Elle boira, peut-être, aux bassins
des nuits creuses, sans pas,
ou reposera sous d'aériennes plantations germées parmi les pierres...
Ô seigneur et frère ! Mais de nous
sur une seule châsse de cristal
des peuples studieux écriront,
peut-être, dans mille hivers:
«aucun lien n'unissait ces morts
dans la nécropole déserte».
Maintenant que la clepsydre est retournée,
que l'avenir, ce chaud soleil,
déjà monte derrière moi, avec les oiseaux
je reviendrai sans douleur
à Bellosguardo: là, j'ai posé ma gorge
sur les vertes guillotines des grilles,
et d'un rose éternel
vibraient mes mains, privées de fleurs.
Oscillant dans le feu des oliviers,
brillait Octobre ancien, nouvel amour.
Muette, j'aiguisais mon cœur
au fil d'impensables aquilons
(déjà proches, déjà nôtres, déjà lointains): cercueils aériens, tumuli neigeux
de mon jeune lendemain, du soleil.
Campo l'essayiste, c'est brillant, mais la poétesse, on bascule encore dans une autre dimension, je crois.