Notre bonheur ne sera jamais simple, nous n'avons pas d'ornière à suivre, nous voici rendus au monde privés de cette existence évidente, bornée, où l'enfant, l'épouse, le foyer, comblent les hommes, et c'est peut-être ici notre plus grand malheur et notre plus insolente liberté, car nous ne sommes attachés à rien, notre pays sera l'errance, et alors cette vie singulière, romanesque, qui nous appelle, vaudra tout de même d'être vécue, dans le deuil et l'amertume, peut-être même dans les larmes, ce sera tout à la fois notre martyr et notre sacerdoce