C'est la jungle l'école
Moi qui avaient des défauts qui faisaient de moi une la cible par excellence, je me dis qu'on vivait quand même dans une autre réalité par rapport au gens dans la norme.
Il fallait peser chaque mot, réfléchir à des tactiques et des stratagèmes, être prêt à tous les imprévus, tout calculer, essayer de détourner les pulsions de domination sur d'autres personnes, essayer de faire rire pour être le bouffon sur lequel on allait pas trop taper car il est drôle, ne pas perdre le contrôler. Chaque erreur pouvait être fatale et déchainée contre soi un torrent d'humiliations. Il fallait que j'utilise toute mon intelligence pour trouver des parades. L'une de mes techniques c'était de trouver un petit groupe de gars un peu à la marge et des les isoler des autres comme ça je crée une zone tampon entre moi et les menaces potentielles (surtout que j'ai eu la chance de souvent tomber avec les mêmes personnes au fil des ans). Après ce qui est triste c'est que même l'humour devient un moyen de survivre, tu n'as pas le droit à l'erreur, tu DOIS faire rire sinon tu vas être victimiser. Donc il faut se renouveler encore et encore, rebondir sur les situations. Et même ça ne suffit pas, c'est qu'une technique de survie parmi d'autres.
Je me suis relativement peu fait victimiser alors qu'avec les handicaps que j'avais de base j'aurais du me faire défoncer, mais au prix de combien d'efforts j'ai réussi à survivre.
Quand t'as eu une enfance comme ça à l'école, au collège et au lycée, ça change ton rapport au monde. Tu ne peux t'empêcher de voir dans les autres un danger potentiel et à te poser 1000 questions avant de parler à quelqu'un. C'est exténuant mentalement ; t'es toujours en train de réfléchir et de calculer comme si tu étais dans un état de guerre permanent. Après tu n'es pas forcément mauvais pour manipuler les gens dans les conditions adéquats car tu as passé toute ton enfance et ton adolescence à les manipuler pour survivre.
Mais du coup tu acquiers dans mon cas une mentalité qui envisage la vie comme de la survie. J'ai souvent tendance à me dire que "la fin justifie les moyens". En gros tu finis un peu sociopathe si tu ne prends pas garde.