Connaissez-vous les bêtes dévorantes ?

« Il courait des bêtes qui dévoraient les gens : on faisait nombre de plus de 100 personnes mangées ou blessées dans les paroisses voisines de 5 ou 6 lieues à la ronde. On les tirait et on les blessait sans pouvoir les tuer, ce qui faisait croire au peuple que c’était des sorciers ; mais les plus sensés dirent que c’était de véritables bêtes et qu’on nommait panthères : elles étaient plus grosses que les loups, la tête fort grosse, les oreilles courtes, une collerette blanche, plus rouges que ne sont les loups ; la queue grosse et touffue, la patte large et de grands ongles à ce que disaient ceux qui les avaient vues. »

Note du curé de St Vaury, Creuse - 1698

« Il y eu deux loups élevretés male et femelle qui dévoroient les hommes. De ma connaissance cet animal est plus gros qu’un loup mâtin, la teste plus grosse, le nez plus allongé, le poile plus gros et comme rouge, la queut beaucoup plus courte et plus garnie de poile que celle du loup ordinaire. Ces animaux étant élevés sur les pieds de derrière avoient sept pieds d’hauteur. Ils ne dévoraient que les hommes et non les animaux. […] Les urlements de cette espèce d’animal est différent de celuy du loup mâtin. »

Registres paroissiaux de Champigny-le-Sec ADV 1745-1755, page 68

« Il s’est répendu dans les environs de Saint Gaudens, Diocès de Comminges, une sorte de Loups Cerviers qui font beaucoup de ravages. Ces animaux font de la taille d’un chien ordinaire ; ils ont un grouin de cochon, le dessous de la gorge blanc, le ventre et la queue de même couleur, et le reste du corps d’un gris sale ; ils ont le ventre grêle, et les jambes de devant fort courtes. Ils s’attaquent principalement aux femmes et aux enfans. Les habitans de quatre villages ont pris les armes pour les détruire, et il y a plus de 200 chiens braques, mâtins et autres, employés à les relancer. »

Affiches, annonces, et avis divers, feuilles hebdomadaires. Paris. 30 septembre 1761

« Cet animal étoit plus gros qu’un renard, d’un poil rougeâtre ; il avoit une cravate blanche et fort étroite qui lui partoit du milieu du ventre et arrivoit au museau ; il avoit deux rangs de dents fort aigues, le corps éfilé, vigoureux et leste ; il étoit si rusé qu’il s’élevoit quelquefois sur ses deux pieds, jettoit un coup d’œil rapide autour de lui, de peur de quelque surprise, et pour fixer sa proire qu’il ne perdoit jamais de vue. Quand il se sentoit poursuivi, il se mettoit ventre à terre, se trainoit sur une patte avec une vitesse étonnante. »

Bordages. Les bergers de Cagire. Revue de Comminges. Saint Gaudens - 1904

« Cet animal est mâle et, autant qu’on peut en juger, il n’avait que douze ou quinze mois. Sa longueur entière est de 4 pieds, 4 pouces, ses jambes de derrière sont un peu plus longues que celles de devant, il a les oreilles grandes et larges, la tête carrée et est assez ressemblante à celle d’un renard, le museau pointu, la gueule large et garnie de quarante crochets. Il a quelques parties ressemblantes à celles d’un lévrier, ordinaire et approche assez de celui du renard. Le seigneur, sensible aux vœux de malheureux et toujours prêt à leur faire sentir les effets de sa clémence inspira au sieur Dubex de Descamps ce courage et cette activité si nécessaires pour délivrer le pays d’un animal si redoutable. »

Mémoires de la Société Royale de médecine, 1778-79 - Bête de Sarlat

« Les loups cerviers sont trop plus cruels et furieux que ceux dont nous avons maintenant parlé. Et de cette efpèce on en vid un, en France, n’y ha pas long tems, lequel fortant de la forest d’Orléans au païs de berry, lan mil cinq cens quarantes huit, dévora plufieurs perfonnes : lequel fut tué par un gentilhomme huissier de la chambre du Roy, nommé Sébaftien de Rabutin, seignior de Savigny. Or, n’éftoit toutefois ledit loup (comme ledit seignior m’a dit, moy eftant à Fontainebleau, lan mil cinq cens cinquante quatre) femblable à nos loups communs mais avoit le poil tirant sur le léopard. »

André Thévet, écrivain, explorateur, géographe, auteur de la Cosmographie du Levant (1554)

« 1782 »
« 4 avril. Grands ravages causés dans les montagnes du Beaujolois par cinq loups cerviers. Ils ont dévoré, dit-on, plus de 40 personnes. Les paroisses se sont réunies pour leur donner la chasse ; on en a déjà tué trois ; ils ont la peau si dure que les balles glissent dessus, et il n’y a que les carreaux d’acier qui peuvent percer. »

La Revue du Lyonnais, nouvelle série, tome N°19, publiée en 1859